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DISTRIBUÉ
D'APRÈS SON ORGANISATION ,
POUR SERVIR r>E BASE A l'hISTOIPiE NATURELLE DES ANI- MAUX ET d'introduction A l'aNATOMIE COMPARÉE.
Par m. le Cii^\ CUVIER,
Conseiller d'État ordinaire, Secrétaire perpétuel de rAcadémie des Sciences de l'Institut Royal , Membre des Académies et Sociétés Royales des Sciences de Londres , de Berlin , de Pélersboiirg , de Stockholm, d'Edimbourg, de Copenhague, de GœLtiugue, de Turin> de Bavière , des Pays-Bas, etc. ^ etc.
■4
Avec Figures , dessinées d'après nature,
TOalE I,
CONTENANT
L'l>rrRODUCTÎON, LES MAMMIFÈRES ET LES OLSEAÙX,
À PARIS
Chez DETERVILLE , Libraire , rue lîantefeuilîe , n", S.
PE L IMPRIMERIE D E A. BEL IN. 1817.
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PRÉFACE.
iyi'ETANT Youé par goùt^ dés ma première jeu- nesse, àrefudede rauatoiriie coiriparée, c'est-à-dire des lois de rorgauisatioii des animaux et des inodi- fîccitîoiis que cefîe organisation éprouve dans les di- verses espèces ^ et ayant depuis près de trente ans consacré à cette science tous les momens dont mes devoirs m'ont permis de disposer, j'ai eu pour but constant de mes travaux, de la ramener à des règles générales , et à des propositions qui en continssent Texpression la plus simple. Mes premiers essais me firent bientôt apercevoir que je n'y parviendrais qu'autant xjue les animaux dont j'aurais à faire con- naître la structure , seraient distribués conformément à cette structure même , en sorte que l'on pût em- brasser sous un seul nom , de classe 5 d'ordre, de genre, etc. toutes les espèces qui auraient entre elles, dans leur conformation tant intérieure qu'exiérieure, des rapports plus généraux ou plus particuliers. Or c'est ce que la plupart des naturalistes de cette époque n'avaient point cherclié à faire , et ce que bien peu d'entre eux auraient pu faire quand ils l'eusseiîl: voulu , puisqu'une distribution pareille supposait déjà une connaissance assez étendue des structures dont elle devait être en quelque sorte la représen- ta iion.
VJ PREFx\CE.
li est vrai que Daubenton et Camper avaient fourni des faits; que Pallas avait indiqué des vues: mais les idées de ces savans hommes n'avaient point encore exercé sur leurs contemporains Tinfluence qu'elles méritaient dWoir. Le seul catalogue général des animaux que Ton possédât alors et que Ton ait encore aujourd'liui, le S3^sième de Linnœus^ venait d'être défiguré par un éditeur malheureux qui ne s'était pas même donné le soin d'approfondir les principes de cet ingénieux méthodiste^ et qui partout où il avait rencontré quelque désordre , avait semblé faire des efforts pour le rendre plus inextricable.
Il est vrai encore qu'il existait sur des classes particulières, des travaux très-étendus, qui avaient fait connaître un grand nombre d'espèces nou- velles; mais leurs auteurs n'avaient guère considéré que les rapports extérieurs de ces espèces, et per- sonne ne s'était occupé de coordonner les classes et les ordres d'après Fensemble de la structure; les caractères de plusieurs classes restaient faux ou incomplets, même dans des ouvrages anaîomiques justement célèbres; une partie des ordres étaient arbitraires; dans presque aucune de ces divisions, les genres n'étaient rapprochés conformément à la nature.
Je dus donc , et cette obligation me prit un temps considérable , je dus faire marcher de front fanato- mia et la zoologie , les dissections et le classement ; chercher dans mes premières remarques sur l'or- ganisation, des distributions meilleures; m'en servir pour arriver à des remarques nouvelles ; employer
PREFACE. Vl|
encore ces remarques à perfectionner les distribu- tions; faire sortir enfin de cette fécondation mu- iuelle des deux sciences Fune par Tautre , un sys- tème zoologiqae propre à servir d'introducteur et de guide dans le champ de Tanatomie , et un corps^ de doctrine anatomique propre à servir de dévelop- pement et d'explication au système zoologique.
Les premiers résultats de ce double travail pa- rurent en 1795 5 dans un mémoire spécial sur une nouvelle division des animaux à sang blanc. Une ébauche de leur application aux genres et à leur division en sous-genres , fit l'objet de mon Tableau élémentaire des Animaux, imprimé en 1798 , et j'améliorai ce travail avec le concours de M. Du- méril ^ dans les tables annexées au premier volume de mes Leçons d'Anatomie comparée^ en 1800. Peut-être me serais-je contenté de perfectionner ces tables , etaurais-je passé immédiatement à la pu- blication de ma grande anatomie, si dans le cours de mes recherches, je n'avais été bien souvent frappé d'un autre vice de la plupart des systèmes géné- raux ou partiels de zoologie ; je veux dire de la confusion où le défaut de critique y a laissé un grand nombre d'espèces, et même plusieurs genres. Non-seulement les classes et les ordres n'étaient pas assez conformes à la nature infime des ani- maux, pour servir commodément de base à mi traité d'anatomie comparée, mais les genres, quoi- que d'ordinaire mieux constitués, n'offraient eux- mêmes, dans leur nomenclature, que des ressources insuiïîpantes, parce que Jcs espèces n'avaient pas
vil] pi\eface\
été rangées sous cliacun d'eux ^ conformément à leurs caractères. Ainsi, en plaçant le lamantin sous le genre des morses, la sirène sous celui des anguilles, Gmelin avait rendu toute proposition générale re- lative à l'organisation de ces genres impossible; tout comme en rapprochant dans la même classe , dans le même ordre, et à côté Tmi de l'autre, la seiche et le polype à bras, il avait rendu impos- sible de dire rien de général sur la classe et sur l'ordre qui embrassaient des êtres si disparates.
Je cite là des exemples pris parmi les plus frap- pans ; mais il en existait une infinité de moins sensi- bles au premiercoup d'œil , qui n'avaient pas des inconvéniens moins réels.
Il ne suffisait donc pas d'avoir imaginé de nou- velles distributions de classes et d'ordres , d'y avoir placé convenablement les genres ; il fallait en- core examiner toutes les espèces , afin de savoir si effectivement elles appartenaient aux genres où on les avait mises.
Or quand j'en vins là, je trouvai non-seulement des espèces groupées ou dispersées contre toute raison, mais je remarquai que plusieurs n'étaient pas même éttiblies d'une manière positive, ni par les caractères qu'on leur assignait, ni parles figures et les descriptions que l'on en alléguait.
Tantôt l'une d'elles, au moyen des synonymes, en représente sous un seul nom plusieurs , et sou- vent tellement différentes , qu'elles ne doivent pas entrer dans le même genre; tantôt une seule est doublée , triplée , et reparaît successivement dans
rnÉFACE. îx
plusieurs sous- genres 3 dans plusieurs genres, 4^^^" quefois dans des ordres dilTërens.
Que dire 5 par exemple , du Irichecus manatus de Gmelin j qui, sous un seul nom spécifique, com- prend trois espèces et deux genres, deux genres difTerens presque en tout? Sous quel nom parler de la véîelle qui y figure deux fois parmi les mé- duses et une parmi les holothuries ? Comment y rassembler h s biphores, qui y sont appelées les unes du nom de dagysa , le plus grand nombre de celui de saîpa, et dont plusieurs sont rangées parmi les holothuria?
Ainsi il ne suffisait pas , pour atteindre complète- ment le but, de revoiries espèces; il aurait f^ilhi revoir jusqu'à leurs synonymes ; c''est-à-dire qu'il aurait fallu refaire le système des animaux.
Une telie entreprise, après le prodigieux déve- loppement que la science a pris depuis quelques années, eût été inexécutable dans son entier pour tout homme isole, même en lui supposant la plus longue vie, et nulle autre occupation; je n'aurais pas même été en état de préparer la simple esquisse que je donne aujourd'hui, si j'avais été livré à mes seuls moyens; mais les ressources de ma position me parurent pouvoir suppléer à ce qui me man- quait de temps et de talent. Vivant au milieu de tant d'habiles naturalistes; puisant dans leurs ou- vrages à mesure qu'ils paraissaient; usant avec au- tant de liberté qu'eux des collections rassemblées par leurs soins; en ayant moi-même formé une très- coiisidcrablc spécialement appropriée à mou objet ^
% PRÉFACE.
une grande partie de mon travail ne devait consister que dans Femploi de tant de riches matériaux. II n'était pas possible qu'il me restât beaucoup à faire, par exemple, sur des coquilles étudiées par M. de Lamarck , ni sur des quadrupèdes décrits par M. GeofTroi. Les nombreux rapports nouveaux saisis par M. de Lacépède, étaient autant de traits pour mon tableau des poissons. M. Levaillant , parmi tant de beaux oiseaux rassemblés de toute part ^ apercevait des détails d'organisation que j'adaptais aussitôt à mon plan. Mes propres recherclies employées et fécondées par d'autres naturalistes ^ produisaient pour moi des fruits c/u'elles n'eussent pas donnés tous entre mes seules mains, Ainsi M. de Blainville, M. Oppel 5 en examinant les préparations anato- miques que je desfinais à fonder mes divisions des reptiles^ en tiraient d'^ivance, et peut-être mieux que je n'aurais pu le faire, des résultats que je ne fesais encore qu'entrevoir , etc., etc.
Ces réflexions m'encouragèrent , et je me déter- minai à faire précéder mou Traité d'Anatomie comparée , d'une espèce de système abrégé des animaux , où je présenterais leurs divisions et sub- divisions de tous les degrés, établies parallèlement sur leur structure intérieure et extérieure; où je don- nerais l'indication des espèces bien authentiques qui appartiennent avec certitude à chacune des subdi- visions 5 et où, pour mettre plus d'intérêt, j'entre- l'ais dans quelques détails sur celles de ces espèces que leur abondance dans noire pays, les services que nous eu lirons, les dommages qu'elles nous
PREFACE. X)
^ Causent, les singularités de leurs mœurs et de leur , économie^ leurs formes extraordinaires , leur beauté ou leur grandeur, rendent plus remarquables.
J'ai espéré par là devenir utile aux jeunes natu- ralistes qui, pour la plupart, se doutent peu de la confusion et des erreurs de critique dont fourmillent les ouvrages les plus accrédités, et qui, surtout dans ]es pays étrangers^ ne s'occupent point assez de l'étude des vrais rapports de conform^ition des êtres ; j'ai cru rendre encore un service plus di- rect aux anatomistes qui ont besoin de connaître d'avance, sur quelles classes, sur quels ordres ils doivent porter leurs recherches, lorsqu'ils se propo- sent d'éclairer par l'anatomie comparée quehjue problème d'anatomie humaine ou de ph^^siologie ^ mais que leurs occupations ordinaires ne pré- parent point assez à bien remplir cette condition essentielle à leur succès.
Cependant, je n'ai pas prétendu étendre égale- ment cette double vue à/ toutes les classes du règne; les animaux vertébrés ont dû m'occuper de préfé- rence comme plus intéressans sous tous les rap- ports. Parmi les non vertébrés , j'ai dû étudier plus particulièrement les mollusques nus et les grands zoophytes ; mais les innombrables variations des formes extérieures des coquilles et des coraux, les animaux microscopiques, et les autres familles qui ne jouent pas dans la nature un rôle très apparent , ou dont l'organisation offre peu de prise au scalpel, ne demandaient pas d'être traitées avec le même détail. Je pouvais d'ailleurs , pour la partie des
Xlj rKÉFACÏÏ.
coquilles et des coraux, m'en rapporter à l'ou- vrage que M. de Lamarck publie en ce moment , et 011 Ton trouvera tout ce que le plus ardent désir de savoir peut exiger.
Quant aux- insectes , si intéressans par leurs formes extérieures , par leur organisation , par leurs habitudes , par leur influence sur toute la nature vivante , j'ai eu le bonheur de trou- ver un secours qui , en rendant mon ouvrage infiniment plus parfait qu'il n'aurait pu sortir de ma plume , en a beaucoup accéléré la publica- tion. Mon confrère et mon ami M. de Latreiile , l'homme de TEurope qui a le plus profondément étudié ces animaux, a bien voulu présenter en un seul volume , et à peu près dans l'ordre que j'ai suivi pour les autres parties, le résumé de ses im- menses recherches , et le tableau abrégé de ces innombrables genres que les entomologistes ne ces- sent d'établir.
Au reste, si dans cfuelques endroits j'ai donné moins d'étendue à l'exposition et des sous-genres et des espèces, cette inégalité n'a pas eu lieu pour ce qui concerne les divisions supérieures et les indications des rapports, que j'ai fondées partout sur des bases également solides en fesant partout des recherches également assidues.
J'ai examiné une à une toutes les espèces que j'ai pu me procurer en nature; j'ai rapproché celles qui ne différaient l'une de fautre que par la taille, la couleur ou le nombre de quelques parties peu imporiantes , et j'en ai fait ce que j'ai nommé un
«C'js-gcnre.
PRÉFACE. XV]
Toutes les fois que je l'ai pu , j'ai disséqué au moins une espèce de chaque sous-genre ; et si l'on excepte ceux auxquels le scalpel ne peut pas être appliqué , il existe dans mon livre très-peu de groupes de ce degré dont je ne puisse produire au moins quelque portion considérable des organes.
Après avoir déterminé les noms des espèces que j'ai observées, et qui avaient été auparavant bien re- présentées ou bien décrites, j'ai placé dans les mêmes sous-genres celles que je n'ai point vues , mais dont j'ai trouvé dans les auteurs des figures assez exactes, ou des descriptions assez précises pour ne laisser aucun doute sur leurs rapports na- turels; mais j'ai passé sous silence ce grand nombre d'indications vagues sur lesquelles on s'est trop pressé selon moi d'établir des espèces , et dont l'adoption est ce qui a le plus contribué à mettre dans le cata- logue des êtres , cette confusion qui lui ôte une si grande partie de son utilité.
J'aurais pu ajouter presque partout des espèces nouvelles en quantité notable; mais comme je ne pouvais renvoyer à des figures , il aurait fallu eu étendre les descriptions au delà de ce que l'espace me permettait; j'ai donc mieux aimé priver mon ouvrage de cet ornement, et je n'ai indiqué que celles qui , par une conformation singulière , don- nent lieu à des sous- genres nouveaux.
Une fois mes sous-genres établis sur des rapports certains et composés d'espèces bien constatées , il ne s'agissait plus que d'en construire ce grand écha- faudage de genres , de tribus, de familles, d'ordres ,
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51V PREFACE. ,
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de classes et d'embranchemeus qui constitue fen semble du règne animal.
Ici j'ai marché en partie en montant des divisioi inférieures aux supérieures par voie de rapproclie- mens et de comparaisons; en partie aussi en des- cendant des supérieures aux inférieures par le principe de la subordination des caractères; compa- rant soigneusement les résultats des deux méthodes, les vérifiant Tune par l'autre, et ayant soin d'établir toujours la correspondance des formes extérieures et intérieures qui, les unes comme les autres, fout partie intégrante de l'essence de chaque animal.
Telle a été ma marche toutes les fois qu'il a été nécessaire et possible d'introduire de nouveaux ar- rangemens; mais je n'ai pas besoin de dire que dans plusieurs parties du règne, les résultats auxquels elle m'aurait conduits, avaient déjà été obtenus à un degré si satisfesant qu'il ne m'est resté d'autre peine que celle de suivre les traces de mes prédé- cesseurs. Néanmoins, dans ces cas mêmes où je , n'avais rien à faire de plus qu'eux, j'ai vérifié et constaté par des observations nouvelles ce qu'ils avaient reconnu avant moi , et je ne l'ai adopté qu'après l'avoir soumis à des épreuves sévères.
liC public a pu prendre une idée de ce genre d'examen dans les mémoires sur l'anatomie des mollusques qui ont paru dans les Annales du Mu- séum, et dont je donne en ce moment une coîiec^ tion séparée et augmentée. J'ose l'assurer que j'ai fait un travail tout aussi étendu sur les animaux
PREFACE. XV
vertébrés, les annélides, les zoophytes et sur beau- coup d'insectes et de crustacés. Je n'ai pas cru né- cessaire de le publier avec le même détail ; mais toutes mes préparations sont exposées au cabinet d'Anatomie comparée dn Jardin du Roi, et servi- ront ultérieurement à mon Traité d'Anatomie.
Un autre travail bien considérable , mais dont les pièces ne peuvent être rendues aussi authentiques , c'est Texamen critique des espèces. J'ai vérifié toutes les figures alléguées par les auteurs, et l'ap- porté chacune autant que je l'ai pu à sa véritable espèce, avant de faire choix de celles, que j'ai indiquées; c'est aussi uniquement d'après cette vé- rification , et jamais d'après le classement des mé- thodistes précédens , que j'ai rapporté à mes sous-genres les espèces qui y appartenaient Voilà pourquoi l'on doit voir sans éfonnement que tel genre de Gmelin, est aujourd'hui réparti même dans des classes et des embranchemens différens ; que de nombreuses espèces nominales sont réduites à une seule ; et que des noms vulgaires sont appli- qués tout autrement qu'auparavant. Il n'est pas un de ces changemens que je ne sois en état de justifier, et dont le lecteur ne puisse trouver lui-même la preuve, s'il veut recourir aux sources que je lui indique.
Afin d'alléger sa peine, j'ai eu soin de choisir pour chaque classe un auteur principal , d'ordinaire le plus riche en bonnes figures originales , et je ne cite des ouvrages secondaires qu'autaiit que celui-là
XVJ PREFACE.
ne me fonniitrien^ ou qa'il est bon d'établir quelque
comparaison pour mieux constater des synonymes.
Ma matière aurait pu remplir bien des volumes ;
mais je me suis fait un devoir de la resserrer, en
imaginant des moyens abrégés de rédaction. C'est
par des généralités graduées que j'y suis parvenu.
En ne répétant jamais pour une espèce ce que l'on
peut dire pour fôut un sous-genre ^ ni pour un genre
ce que Ton peut dii-e pour tout un ordre, et ainsi
de suite , on arrive à la plus grande économie de
paroles. C'est à quoi j'ai tendu par-dessus tout,
d'autant que c'était là au fond le but principal de
mon ouvrage. On remarquera cependant que ]&
n'ai pas employé beaucoup de termes techniques , et
que j'ai cherché à rendre mes idées sans tout cet
appareil barbare de mots factices qui rebute dans
îes ouvrages de tant de naturalistes modernes; il ne
me semble pas que ce soin m'ait rien fait perdre
en précision ni eu clarté.
Il m'a fallu malheureusement introduire beau- coup de noms nouveaux , quoique j'aie mis une grande attention à conserver ceux de mes devan- ciers; mais les nombreux sous-genres que j'ai éta- blis 5 exigeaient ces dénominations ; car dans des choses si variées , la mémoire ne se contente pas d'indications numériques. Je les ai choisies , soit de manière à indiquer quelque caractère, soit dans les dénominations usuelles que j'ai latinisées, soit enfin, à l'exemple de Linnœus, parmi les noms de la mythologie , qui sont en général agréables à l'oreillcj çt que l'on est loin d'avoir épuisés.
PREFACE. V XViJ
Je conseille néanmoins ^ quand on nommera les espèces 5 de n'employer que le substantif du grand genre, etle nom trivial. Les noms de sous-genres ne sont destinés qu'à soulager la mémoire , quand on voudra indiquer ces subdivisions en particulier. Autrement, comme les sous-genres, déjà très- niultipliés , se multiplieront beaucoup plus par la suite, à force d'avoir de substantifs à retenir con- tinuellement, on sera exposé à perdre les avantages de cette nomenclature binaire si heureusement imaginée par Linnœus.
C'est pour la mieux consacrer que j'ai démembré le moins qu'il m'a été possible, les grands genres de cet illustre réformateur de la science. Toutes les fois que les sous-genres dans lesquels je les divise n'ont pas dû aller à des familles différentes, je les ai laissés ensemble sous leur ancien nom générique. C'était non-seulement un égard que je devais à la mémoire de Linnaeus , mais- c'était aussi une atten- tion nécessaire pour conserver la tradition et l'in- telligence mutuelle des naturalistes des différens pays.
Pour faciliter encore davantage l'étude de ce livre, car il est fait pour être étudié pins que pour être lu , j'y ai fait employer les divers caractères de l'imprimerie, de manière à correspondre aux divers degrés de généralité des idées. Tout ce qui peut se dire des divisions supérieures, jusqu'aux tribus ou sous-familles inclusivement, est en saint- augustin ; tout ce qui regarde les genres en cicéro ; les sous- genres et autres subdivisions en petit- TOME I. ij '
XVllj PREFACE*
romain; les espèces dont j'ai cru devoir parler eu particulier 5 sont aussi en petit-romain , mais à lignes plus cour tes^ ou rentrées d'un quadrat; enfin les notes placées au bas des pages, contenant l'indication des espèces moins impor taji tes ^ et les discussions sur la synonymie ou sur quelques erreurs que je reprends dans les ouvrages de mes prédécesseurs, sont en petit texte. Partout les noms des divisions supérieures sont en grandes majuscules ; ceux des familles , des genres et des sous-genres, en petites majuscules, corres- pondantes aux trois caractères employés dans le texte; ceux des espèces en italiques; le nom latin est à la suite du nom français, mais entre deux parenthèses, et Ton a observé des règles à peu près semblables dans les tables méthodiques qui pré- cèdent chaque vokime, et qui sont destinées à gui- der d'abord les commençans. Ainsi l'œil distiiiguera d'avance l'importance de chaque chose et l'ordre de chaque idée, et l'imprimeur aura secondé l'au- teur de tous les artifices que son art peut prêter à la mnémonique.
Cette habitude que Ton prend nécessairement en étudiant l'histoire naturelle , de classer dans son esprit un très -grand nombre d'idées, est l'un des avantages de cette science dont on a le moins parlé, et qui deviendra peut-être le principal, lorsqu'elle aura été généralement introduite dans l'éducation commane ; on s'exerce par -là dans cette paiiie de la logique qui se nomme la mé- thode , à peu près comme on s'exerce par l'étude de la géométrie dans celle qui se nomme le syllo-
PREFACK. XIX
gîsme, par la raison que Thistoire naturelle est la science qui exige les méthodes les plus précises, comme la géométrie celle qui demande les raison- nemens les plus rigoureux. Or cet art de la mé- thode , une fois qu'on le possède bien ^ s'applique avec un avantage iafîni aux études les plus étran- gères h rhistoire naturelle. Toute discussion qui suppose nn classement des faits ^ toute recherche qui exige une distribution de matières ^ se fait d'après les mêmes lois; et tel jeune homme qui n'avait cru faire de ceiïe science qu'un objet d'a- musement, est surpris lui-même , à l'essai, de la facilité qu'elle lui a procurée pour débrouiller tous les genres d'affaires.
• Elle n'est pas moins utile dans la solitude. Assez étendue pour suffire à l'esprit le plus vaste , assez variée, assez intéressante pour distraire l'ame la plus agitée, elle console les malheureux, elle calme les haines. Une fois élevé à la contemplation de cette harmonie de la Nature irré.sistiblement réglée par la Providence, que l'on trouve faibles et petits ces ressorts qu'elle a bien voulu laisser dépendre du libre arbitre des hommes ! Que l'on s'éionne de voir tant de beaux génies se consumer si inuti- lement, pour leur bonheur et pour celui des aufres, à la recherche de vaines combinaisons dont quel- ques années suffisent pour faire disparaître jusqu'aux traces.
Je l'avoue hautement : ces idées n'ont jamais été étrangères à mes travaux , et si j'ai cherché de tous mes moyens à propager cette paisible étude, c'est
XX . PREFACE.
que dans mon opinion elle est plus capable qu'au* cune autre , d'alimenter ce besoin d'occupation qui a tant contribué aux troubles de notre siècle ; mais il est tems de revenir à mon objet.
Il me reste à rendre compte des principaux cbangemens que j'ai faits aux méthodes dernière- ment reçues, et à témoigner ce que je dois aux naturalistes dont les ouvrages m'en ont fourni ou suggéré une partie.
Pour prévenir une critique qui se présentera na- iurellemenl: à beaucoup de personnes , je dois remarquer d'abord, que je n'ai eu ni la préten- tion , ni le désir de classer les êtres de manière à en former une seule ligne , ou à marquer leur supériorité réciproque. Je regarde mciuc toute V tentative de ce genre comme inexécutable ; ainsi je n'entends pas que les mammifères ou les oi- seaux, placés les derniers, soient les plus impar- faits de leur classe ; j'entends encore moins que le dernier des mammifères soit plus parfait que le premier des oiseaux, le dernier des mollus- ques plus parfait que le premier des annélides ou des zoopliy tes; même en restreignant ce mot vague de plus parfait , au sens de plus com- plètement organisé. Je n'ai considéré mes divisions et subdivisions que comme l'expression graduée de la ressemblance des êtres qui entrent dans chacune; et quoique il y en ait où l'on obsei've une sorte de dégradation et de passage d'une espèce à l'autre, qui ne peut être niée , il s'en faut de beaucoup que cette disposition soit générale. L'échelle pré-
PREFACE. XXJ
fendue des êtres n'est qu'une application erronée à la totalité de la création de ces observations par- tielles ^ qui n'ont de justesse qu'autant qu'on lesr restreint dans les limites où elles ont été faites ^ et cette application , selon moi ^ a nui, à un degré que l'on aurait peine à imaginer , aux progrès de This- foire naturelle dans ces derniers tems.
C'est en conformité de cette manière de voir, que j'ai établi ma division générale en quatre em- brancliemens , qui a déjà été exposée dans un mé- moire particulier ; je crois toujours qu'elle exprime les rapports réels des animaux plus exactement que l'ancienne division en vertébrés et non vertébrés ^ par la raison que les anima^ux vertébrés se ressem- l^lent beaucoup plus entre eux que les non verté- brés, et qu'il était nécessaii-e de rendre cette diffé- rence dans l'étendue des rapports.
M. Virey, dans un article du nouveau Diction- naire d'Histoire naturelle, avait déjà saisi une partie des bases de cette division, et principalement celle qui repose sur le système nerveux.
Le rapprochement particulier des vertébrés ovi- pares entre eux , a pris sa source dans les curieuses observations de M. Geoffroy sur la composition des têtes osseuses, et dans celles que j'y ai ajoutées re- lativement au reste du squelette et à la myologie.
Dans la classe des mammifères, j'ai ramené les solipèdes aux pachydermes; j'ai divisé ceux-ci en familles d'après de nouvelles vues; j'ai rejeté les ruminans à la fin des quadrupèdes ; j'ai phicé le la-
X5Îj PREFACE.
nianliii près des cétacés; j'ai distribué un peu aufre- tiient Tordre des carnassiers; j'ai séparé les ouistitis de tout le genre des singes ; j'ai indiqué une sorte de parallélisme des animaux à bourse avec les autres mammifères digités, le tout d'après mes propres études anatomiques. Les travaux récens et approfon- dis de mon ami et collègue M. Geoffroy de Saint- Hilaire^ ont servi de base à tout ce que je donne sur les quadrumanes et sur les chauves-souris. Les recberclies de mon frère ^ M. Frédéric Cuvier , sur les dents des carnassiers et des rongeurs ^ m'ont été d'une grande utilité pour les sous-genres de ces deux ordres. Les genres de feu M. Illiger ne sont guère que le résultat de ces inêmes recherches et de celles de quelques naturalistes étrangers; cepen- dant j'ai adopté ses noms toutes les fois que ses genres se sont rencontrés avec mes sous -genres. M. de Lacépède avait aussi saisi et indiqué plu- sieurs excellentes divisions de ce degré ^ que je me suis également empressé d'adopter; mais les carac- tères de tous les degrés et toutes les indications d'espèces ont été faites d'après nature, soit dans le cabinet d'Anatoraie, soit dans les galeries du Muséum.
Il en a été de même des oiseaux; j'ai examiné avec la pins grande attention plus de quatre mille individus au Muséum; je les ai rangés d'après mes vues dans la galerie publique, depuis plus de cinq ans, et j'en ai tiré tout ce que je dis de cette classe dans cctic partie de mon ouvrage. Ainsi, les rapports que mes subdivisions pourraient avoir avec quel-
PREFACE, XXllj
qiies iabîeaiix récents ^ soiît de ma part purement accidentels.
J'espère que les naturalistes approuveront les nombreux sous-genres que j'ai cru devoir établir parmi les oiseaux de proie , les passereaux et les oiseaux de rivages; ils me paraissent avoir apporté la plus grande clarté dans des genres au- paravant fort embrouillés. J'ai marqué aussi exac- tement que je l'ai pu , la concordance de ces sub- divisions avec les genres de MM. de Lacépède , Meyer, Wolf, Temmink^ Savigny, et j'ai rap- porté à chacune toutes les espèces dont j'ai pu avoir une connaissance bien positive. Ce travail fatigant sera agréable à ceux qui s'occuperont à Fcivenir d'une véritable histoire des oiseaux. Les beaux ouvrages d'ornithologie pubUés depuis quel- ques années, et principalement ceux de M. le Vail- lant, qui sont remplis de tant d'observations inté- ressantes, et ceux de M. Vieillot, m'ont été fort utiles pour désigner avec- précision les espèces cju'ils représentent.
La division générale de cette classe est restée telle que je l'avais publiée en 1798, dans mon Ta- bleau élémentaire (t).
J'ai cru aussi devoir conserver pour les reptiles
(1) Je n'en fais l'observation, que parce qu'un naturaliste estimable (M. Vieillot) s'est allribué par oubli, clans un ouvrage de cette année 1816 , la révinion des picœ avec les passeres. Je l'avais faite dès 1798. Je dois consigner ici le regret de n'avoir pu profiter de son travail , qui n'a paru que long-temps après que mon premier volume était déjà achevé d'imprimer.
XXÎV PREFACE.
ia division générale de mon ami M. Brongnîartj mais j'ai fait de grands travaux anatomiqnes pour arriver aux subdivisions ultérieures. M. Oppel, comme je Tai dit ^ a profilé en partie de ces travaux préparatoires; et toutes les fois qu'en définitif mes genres se sont accordés avec les siens, j'en ai averti. L'ouvrage de Daudin, tout médiocre qu'il est, m'a été utile pour des indications de détail ; mais les di- visions particulières que j'ai données dans les genres des monitors et des geckos , sont le produit de mes propres observations , faites sur un grand nombre de reptiles nouvellement apportés au Muséum par Péron et par M. Geoffroy.
Mes travaux sur les poissons me paraissent ce que }'ai fait de plus considérable toucbant les animaux vertébrés. Notre Muséum ayant reçu un grand nombre de poissons, depuis que le célèbre ouvrage de M. de Lacépède a été publié, j'ai pu ajouter plu- sieurs subdivisions à celles de ce savant naturaliste , combiner autrement plusieurs espèces, et multiplier les observations anatomiques. J'ai eu aussi àes moyens de mieux constater les espèces de Com- merson et de quelques autres voyageurs; et, à cet égard, je dois beaucoup à une revue qu'a faite M. Duméiil des dessins de Commerson, et des pois- sons secs qu'il avait apportés , mais qui n'ont été recouvrés que depuis peu : ressources auquelles j'ai joint celles que m'offraient les poissons rapportés par Péron de l'Océan et de l'Archipel des bides; ceux que j'ai recueillis dans la Méditerranée, et les collections faites à la cote de Coromandel par
PREFACE. XXV
feu Sonneraf 5 à l'Isle de France par M. Mathieu , danà le Nil et dans la Mer rouge par M. GeofFroi , etc. J'ai pu ainsi vérifier la plupart des espèces de Blocli, de Russe! et d'autres, et faire préparer les sque- lettes et les viscères de presque tous les sous-genres, en sorte que cette partie offrira, j'espère, beaucoup de nouveautés aux Ichthyologistes.
Quant à ma division de cette classe, je conviens qu'elle est peu commode pour l'usage , mais je la crois au moins plus naturelle qu'aucune des pré- cédentes; en la publiant, il y a quelque temps, je ne l'ai donnée que pour ce qu'elle vaut; et si quelqu'un découvre un principe de division plus net et aussi conforme à l'organisation, je m'em- presserai de l'adopter.
Il est connu que tous les travaux qui ont eu lieu sur la division générale des animaux sans vertèbres ^ ne sont que des moditîcatious de ce que j'ai proposé en 1795, dans le plus ancien de mes mémoires, et l'on sait en particulier combien de soins et de temps j'ai consacré à l'anatomie des mollusques en général, et principalement à la connaissance des mollusques nus. La détermination de cette classe , ainsi que ses divisions et subdivisions , reposent sur mes observations; le magnifique ouvrage de M. Poli, m'avait seul devancé par des descriptions et des anatomies utiles à mon but, mais des multivaîves et des bivalves seulement. J'ai vériiié.tous les faits que cet habile anatomiste m'a fournis^ et je crois avoir marqué avec plus de justesse les fonctions de quelques organes. J'ai chei'ché aussi à détei'miner
XXVJ PnEFACE.
les animaux auxquels appartiennent les principales formes (-es coquilles, et à répartir celles-ci d'après cette considération ; mais quant anx divisions ulté- rieures des coquilles dont les animaux se ressem- blent, je ne m'en suis guères occupé , que pour me mettre en état d'exposer brièvement celles qu'ont admises MM. de Lamark et de Montfort; et même le petit nombre de genres ou de sous -genres qui me sont propres, dérivent principalement de l'ob- servation des animaux. Je me suis borné à citer par voie d'exemple, un certain nombre des espèces de Martini , de C.hemnitz, de Lister, de Soldani, et cela uniquement parce que le volume où M. de Lamark doit traiter de cette partie n'ayant pas en- core para, j'étais obligé de fixer sur des objets précis l'attention de mes lecteurs. Mais je n'ai pas prétendu mettre dans le choix et la détermination de ces espèces, la même critique que pour celles des animaux vertébrés et des mollusques nus.
Les belles observations de MM. Savign}^ Lesueur el Desmare ts sur les ascidies composées , rappro- chent cette dernière famille de mollusques, de cer- tains ordres de zoophyte^; c'est un rapport curieux et une preuve de plus que les animaux ne peuvent être rangés sur une même ligne.
Je crois avoir retiré les annélides, dont l'établis- sement m'appartient de fait, quoique je n'aie pas imaginé leur nom, du mélange oii ils étaient con- fondus auparavant, parmi les mollusques, les ies- tacés et les zoophytes, et les avoir rapprochés dans l'ordre naturel ; leurs genres mêmes n'ont acquis
PnEFACE. XXVlj
tpelcpe clarté que par les détermîiiafîons que j'ea ai données dans le Dictionnaire des Sciences na- turelles et ailleurs.
Je ne parlerai point des trois classes contenues dans le troisième volume; M. Latreille, seul auteur de cette partie, si l'on excepte quelques détails d'anatomie que j'ai intercalés dans son texte, d'après mes observations et celles de M. Ramdolir, expo- sera dans un avertissement ce que son travail a de particulier.
Quant aux zoophj^tes qui terminent le règne animal, je me suis aidé pour les écîiioodermes du travail récent de M. de Lamarck ; et pour les vers intestinaux, de l'ouvrage de M. Rudolplii , intitulé Entozoa; mais j'ai fait moi-même l'anatomie de tous les genres, dont quelques-uns n'ont encore été dé- terminés que par moi. Au reste il existe sur l'ana- tomie des échiiiodermes un travail excellent de M. Tiedemann , que l'Institut a couronné il y a quelques années et qui paraîtra bientôt ; il ne lais- sera rien à désirer sur ces curieux animaux. Les coraux et les infasoires n'offrant presque point de prise à l'anatomie , j'en ai traité fort brièvement, li'ouvrage nouveau de M. de Lamarck suppléera à ce qui me manque (i).
Je n'ai pu rappeler ici que les auteurs qui m'ont fourni ou qui ont fait naître en moi des vues géné-
(i) Je reçois à l'instant même Y Histoire des Polypiers coraîUgènes Jlexihles de M. Lamouronx , qui donnera elle-même un excellent supplément à M. Lamarct.
Xxviij PREFACE.
raies (i). Il en est beaucoup d'autres auxquels J^ai dû des faits particuliers, et que j'ai cités avec soin aux articles où je profite de leurs observations. On pourra voir leurs noms à toutes les pages de mon livre. Si j'avais négligé de rendre justice à quel- qu'un d'entre eux, ce serait un oubli bien invo- lontaire, et j'en demande excuse d'avance; il n'est à mes yeux aucune propriété plus sacrée que celle des conceptions de l'esprit, et l'usage devenu trop commun parmi les naturalistes, de masquer des plagiats par des cbangemens de noms, m'a tou- jours paru un véritable délit.
Je vais maintenant m'occuper sans relâche de la publication de mon Anatomie comparée ; les maté- riaux en sont prêts , une grande quantité de pré- parations et de dessins sont terminés et classés ; et j'aurai soin de diviser cet ouvrage par parties , dont chacune fera un tout, en sorte que si mes forces ne suffisent pas pour exécuter la totalité de mon plan , ce que j'aurai donné au public formera cepen- dant des suites complètes, chacune dans son objet ; et que les matériaux que j'aurai rassemblés, pour- ront être employés immédiatement par ceux qui voudront bien entreprendre la continuation de mes travaux.
Au Jardin du Roi , ocùohre i8i6.
(l) M. do Blainvillo vient de publier récemment sur toute la zoologie des lahles, dont j'ai aussi le regret de n'avoir pu proûter, parce qu'elles ont paru au moment où mon oayrage était presque en-. tièrcmetit imprimé.
TABLE METHODIQUE
DU PREMIER VOLUME.
Introduction pag. i
De l'Histoire Naturelle et de ses méthodes en
• général Tl?,
Des Etres vivans et de Torganisation en général . 1 2 Division des Etres organisés en animaux et
végétaux 2L
Des formes propres aux élémens organiques du
corps animal , et des combinaisons principales
de ses élémens chimiques 25
Des forces qui agissent dans le corps animal. . . . 5o Idée sommaire des fonctions et des organes du
corps des animaux, ainsi que des divers degrés
de leur complication ........,.....; 06
Exposé rapide des fonctions intellectuelles des
animaux 47
De la méthode dans son application au règne
animal * 55
Distribution du règne animal en quatre grandes
divisions 67
Animaux vertébrés en général 62
Leur subdivision en quatre grandes classes G7
MAMMIFERES, pag. 70
Leur division en ordres. 76
Î3ÏMANES 81
Homme Ib.
tonformalion particu-
lière de l'homme ... 82. Développement phy- sique et moral de l'homme
Variétés de l'espèce;
f"| f\ f\ <\ F«V
■^ ''' ■» ' '' ' /
XXX
TABLE MET
humaine 94
QUADRUMANES.. 100 Sinj^es 101
Singes proprement diis 102
Orangs Ib.
Guenons io4
Babouins 107
Magots IL.
Macaqiies 108
CynocépLales.. 109
ManUiils 111
Pongos Ib.
Sapajous 112
Sapajous propre- ment dits Ib.
Alouattes. .... Ib. Sapajous ordi- naires.. . , . . . 1 15
Aièlcs Ib.
Sajous ii4
Sakis 1 15
Ouistitis Ib.
Makis 116
M;ikis proprem.dils. 117
Indris. r i(S
Loris Ib.
Galago Ib.
Tarsiers; 119
CARNASSIERS .... Ib.
Chéiroptères 21
Chauve-souris 122
Roussettes ^110
Boussetifs pro- prement dites.. Ib.
Cépbaloles 124
Cliauve-souris pro-
ment dites Ib.
Molosses 125
HODIOUE.
Nyctinomes ... « Ib,
Noclilions Ib.
Phyilostomes. . . • 126
Rliinoloplies Ib,
Mégadermes.... 127
■ Nyclères 128
Rliinopomes. . . . Ib.
Taphiens Ib,
Vespertilions. . . . 129
Oreillards i3o
Galeopiîhècjues Ib.
Insectivores i3i
Hérissons i32
Musaraignes Ib,
Desmans j34
Scalopes Ib.
Chrysoclilores. . . i35
Tenrecs 137
Taupes l'àj
Carnivores i38
Plantigrades. ...... 141
Ours Ih.
Ratons i43
Coatis Ib.
Kinkajous i44
Blaireaux Ib.
Gloutons. . . c. . • . . i45
Digitigrades 147
Martes Ib,
Putois.. . . , Ib.
Maries proprement
diles 149
Mouffettes i5o
Loutres i5i
Chiens iSz
Renards 1 54
Civettes i56
Civettes propre-
BU PREMIER
meni diles Ib.
Geneltes Ib.
Mangoustes iSy
Suricales i58
Hyènes Ib.
Cliats. i5g
Amphibies i63
Phoques ......... 164
PliO(jues propre- ment (lits
Otaries
Morses
Marsupiaux
Didelpliis
Chironectes
Dasyures . ......
Pern mêles
Plialajigers
Phalangers pro- prement dits. .
Pelanrus
Hypsiprimnus. . . .
Kangnroos. •
Koala
Pliascolomes
RONGEURS
A CLAVICULES
Castors..
Rats
i65
166
167
169
172
Ib.
1-5
176
178
Ib. 179 iSo 182
i84 Ib.
186 189
Ib.
191
Campagnols Ib.
Ondatras 192
Campagnols pro- prement dits. , Ib.
Ijemmings igô
Ecliimys ig4
Loirs 195
Hydromys 196
Balsproprem. dits. 197
VOLUME XXXJ
Hamsters 1 98
Gerboises 199
Rals-laupes du cap ou Bailiyergiis* . 201
HéiaillJS 202
Marmottes 2o3
Ecureuili* 204
• PoLttouches, . » . . . 206 Aye- Aye 207
Sans CLAVICULES.. . . 208
Porc-Épics Ib»
Lièvres 209
Lièvres proprem,
dits 210
Lagomys ........ 211
Cabiais , . 212
Cochons d'Inde.. . 2i3
Agoutis 2i4
Pacas. , Ib,
ÉDENTJÉS 2i5
Tardigraçes Ib.
Par^seux ..,,.... Ib.
Megaflieriuin. Voyez les additions et corrections, au 4^. vol.
EdentÉs ordinaires 218
Tatous Ib,
Orycteropes 121
Eourriuliers 222
Pangolins 223
MONOTREBIES 224
Echidnés 226
Ornithorin.|ues. . . . Ib.
PACHYDERMES. .. 227
Proboscidiens 228
Eléphans 2^0
XXxij TABLE
ivlaslodontes
Pachydermes ordin. Hippopotames ....
Cochons
Cochons propre- ment dits
Phacochœres
Pécaris ,. . .
Anoplotlierium. ..
Rhinocéros
Daman..
Palseotherium
Tapirs
SOLIPEDES
Chevaux
RUMINANS
Sans cornes
Chameaux
Chameaux propre
ment dits
Lamas
Chevrotains
Avec cornes. ®
Cerfs
Girafes
Antilopes
Chèvres
Moutons
Bœufs
CÉTACÉS
Herbivores
Lamantins
Dugongs
Rjlines
Ordinaires
A PETITE TÊTE.
METHODIQUE
232,
233
234
235
ib, 256
238 239 240
241 242 243
Ih. 246 249
Ib.
25o
25 1
Ib.
253 258 269 265 266 269
271
273
Ib.
274
275
Ib.
Dauphins 277
Dauphins propre- ment dits.. •... . Ib,
Marsouins 279
Delphinaplères. . 280
Hypéroodons Ib.
Narvals .' Ib.
A GROSSE TÊTE.
Cachalots 282
Fhysélères 284
Baleines Ib.
Balénoptères à ven- tre lisse 286
Balénoptères à ven- tre plissé 287
Vertébrés ovipares en général 3 04
OISEAUX 290
OISEAUX DE PROIE. 3o3
Diurnes 3o4
Vautours Ib,
Vautours propre- ment dits 3o5
Sarcorauiplies. . . . 3o6
Percuoptères 5o7
Griffons SoS
Faucons 809
Faucons propre- ment dils //;.
Gerfiinls 012
Ignobles 5i5
Aigles Ib.
Aigles propre- ment dils. .... Jb. Aigles pécheurs, 5i5 OiTrayes., . . . Ib. Ealbusards,.. 3 16 Ilarpies Tnj
DU PRE MIE
'Aigles-aulours. ♦ 3i8
Cymimlis Sig
Autours Ih.
Epeiyiers Sai
Milans Ib,
Milans propt. dits. 322
Bondrées Ib.
Buses ,. » 32 0
Buzards 024
■ Messager SaS
KOCTURNES 3^6
Strix 327
Hibous , . . . . Ib.
Chouelles Ssg
Effrayes Ib.
Chal-liuans 53o
Ducs 55 1
Chevêches Ib.
Ch. H aigreltes.. . . Ib.
Scops 553
PASSEREAUX 334
Dentirostres., . . . 336
Piegrièches Ib.
Piegr. propr» dites. Ib. à Macli. sup. arq. à M. sup. droite. à bec renflé, à huppes.
Vangas 009
Langrayens Ib.
Cassicans 34o
Bécardes Ib.
Choucaris 54 1
Belhyles Ib.
Tangaras 342
Tang. euphones. . . Ib. Tang. gros becs. . . Ib. Tang. propr. dits. . Ib
TOME I.
R
VOLUME. xxxiij
Tang. loiiiots 343
, Tang. cardiuals.. . Ib. Tang. ramphocèles Ib>
Gobe-moucbes. . . . Ib.
Tyrans Ib.
Moucherolles .... 344 Gobe - mouches
proprement dits.. 345 Gymnocéphales. . . 346 Céphaloptères. . . . 347
Colingas Ib.
Colingas ordin.. Ib. Echen illeurs. . . 348
Jasenrs ôég
Procnias ■ . Ib,
Gymnodères . . . Ib. Drongos 55o
Merles Ib.
Merles propr. dits. 35i
Grives. .^ 352
Chocards. ....... 355
Loriots 556
Fourmiliers.. .... Ib.
Ciucles.' 558
Philedons., Ib.
Martins 36o
Msenura 36r
Manakins 362
Co(j de roches .... 365 ■ Vrais Manakins . Ib..
Becs-fins 7/..
Traquets Ib.
Rubiettes 364
Fàuvetlcs ,,..... 3G5
Accenlor 368
Boilelets 3Ô9
Troglodiles 370
Hochcaueues . , .. 3rt>
A l
m • %
XXXI V TABLE ME
Hochequeues pro- prement dits.. Ib. Bergeroneltes . . Syi
Farlouses Ib.
FlSSIROSTRES 372
Hirondelles SyS
Martinets Ib,
Hirondelles propr. 374 Engoulevents SyS
Podarges. (Voy. les addit. et corr. )
CONIROSTRES Syy
Alouettes Ib.
Alouelles propre- ment dites Ib.
Calandres. . » SyS
Sirlis • 079
Mésanges 379
Mésanges propre- ment dites Ib.
Moustaches 38o
Remiz 58 1
Bruants Ib.
Moineaux 383
Tisserins. ....... Ib.
Moineaux propre- ment dits 385
Pinçons 586
Linottes et Char- donnerets Ib,
Veuves 388
Gros-becs 089
Pitylus 390
Bouvreuils Ib.
Becs-croisés 391
Dur-becs Ib.
Colious . . . c 392
Glaucopes 393
THODIQUE
Piquebœuf . •.*.... Ih»
Cassiques 898
Cassiques propre- ment dits. •. . . . 594
Troupiales Ib.
Carouges Ib.
Pitpils 595
Etourneaux Ib,
Sittelles 896
Corbeaux Ib.
Corbeaux propre- ment dits 397
Pies 398
Geais 599
Cassenoix Ibm
Témia 4oo
Rolliers Ib,
RoUiera proprem.
dits Ib.
Rolles 4oi
Mainates Ib.
Oiseaux de paradis. 4o2 Tenuirostres 4*^5
Huppes 4^6
Craves Ib.
Huppes proprem. ment dites Ib.
Promerops 407
Epimaques Ib.
Grimpereaux 4^8
Grimpereaux pro- prement dits. . . . Ib.
Picucules 409
Echelettcs Ib.
Sucriers 4io
Dicées Ib,
Héorotaires 4ii
Souïmangas Ib,
Colibris 4'^
DU PREMIER VOLUME.
XXXV
Colibris propre- ment dits 4i3
Oiseaux mouches. . 4i4
Syndactyles Ib.
Guêpiers 4^^
Motmots Ih.
Martins-Pêcheurs., ^\G
Ceix 4^7
Todiers Ib.
Calaos 4'^
GRIMPEURS 419
Jacamars ^2.0
Jacamars propre- ment dits Ih.
Jacamerops Ih.
Pics 4^^
Picoïdes 4^3
Torcols Ib,
Coucous 4H
Vrais Coucous. . . . Ib.
Couas 4^^
Coucals Ib.
Courols 4^6
Indicateurs Ib.
Barbacous Ib.
Malcohas 437
Sc^lhrops Ib.
Barbus Ib.
Barbicans 428
Barbus propres. . . Ib. Tamatias 429
Gouroucous Ib.
Anis 4^0
Toucans Ib.
Toucans propr.dils. 43i Aracaris Ib.
Perroquets Ib,
Aras « 432
Perruches Ih.
Cacatoès 433
Perroquets pro- prement dits. .. . 434 Perroquets à trompe Ib. Pézopores.. . . ». , . Ib.
Touracos , . , 4^^
Musophages l^dG
GALLINACÉS Ib.
Paons 433
Dindons Ib.
Alectors 4^9
Hoccos Ib.
Pauxi 44o
Guans 44i
Parraquas 442
Hoazin 44^^
Faisans Ib.
Coqs Ib.
Faisans propre- ment dits.. ! . . . . 444 Houppifères. ..... 445
Lophophores 445
Cryptonyx Ih.
Peintades 44?
Tétras Ib.
Coqs de bruyères. . Ib.
Perdrix 45o
Francolins / .
Cailles 452
Colins Ib.
Tridactyles 453
Turnix Ib,
Syrrhaptes Ib.
Tinamous 454
Pigeons Ib.
Colombigallines,. , 455
XX.WJ TABLE ME
Colombes 456
Colombars., 467
ECHASSIERS 458
Breyipennes 4^9
Autruclies. ........ 460
Casoar 4^^
Fressirostres .... 463
Outardes 4^4
Pkîviers ^65
(lEdicnèmes. . . . . . Ib.
Pluviers propre- ment dits 466
Vamieaux 4^7
Vanneau-pluviers. Ib, Vanneaux propre- ment dits Ib'
Huîlriers, . 4^^
Coure-vile 4^9
Canama Ib.
CULTRIROSTRES. . . . 4?^
Grues 4?^
• Agami. Ib.
Numidiqiies 472
Grues propre^ menh dites Ib.
Coinlans 473
Cau raies ........ Ib.
Savacous i^'j.'l
Hérons 47^
Cigognes 477
Jabirus 47^
Ombrelles 479
Bec-ouverts. ...... Ib.
Taiiiale 4^^"^
Spatules . ^Bt
LONGIROSTRES 4^^^
Ibis £ù.
THODIOUE
Courlis 485
Corlieus Ib,
Falcinelles. ..>;.. . 485
Bécasses . //>•
Bécasses Ib,
Rhyncbées • 487
Barges 483
Maubèclies 489
Alouettes de mer. . 490
Combattans. Ib.
Sanderliugs 491
Plialaropes Ib,
Tournepierres . . . 492
Chevaliers Ib.
Lobipèdes 495
Ec basses Ib.
Avoceltes 49^
Macrodagtyles.. . Ib.
Jacanas 497
Kamiclii.. 409
Raies 5oo
Foulques 5or
Poules d'eau Ib.
Talève 5o3
Foulques propre- ment dites Ib,
Giaroles 5o3
Flaiiimans 5o4
PALMIPÈDES 5o5
Plongeurs 006
Plongeons 607
Grèbes Ib.
Plongeo/is propre-
meuLdits 5o8
Guilleinots 609
Cépbns 5io
Pingouins. ........ lu.
Maciueux., ...... Oii
DU PREMIER
Pingouins propre- ment dits 5n
Manchots 5i2
Manchots prop. dit» Ib.
• Gorfous 5i3
Sphénisques Ib>
LONGIPENNES 5l4
Pétrels //,.
Pétrels propr. dils. 5i5
Puffins 5i6
Pelecanoïdes 75,
Prions 617
Albatrosses Ib.
Goélands 5i8
Goélands et Mouet-
t<^S 5lg
Labbes 520
Hirondelles de mer. Ib. Noddis. . , . / 521
Becs en ciseau 622
TOTIPALMES 522
Pélicans 5^3
VOLUME. XXX vlj
Pélicans propre- ment dits S-iS
Cormorans 524
Frégaltes 5^5
Fous ib,
Anhinga 526
P.'tille-en-queue. . 527 Labiellirostres.. . Ih.
Canards 528
Cignes ih.
Oies 55o
Bernaches 55j
Canards propres.. 532
Macreuses /5.
Garrots ....... 553
Eiders 534
Millouins Ib,
Souchets ...... 536
Tadornes Ih.
Canards spécia- lement dils. . . 557
Sarcelles 539
Ilarles,.,,. /|.
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kf-i't LE
RÈGNE ANIMAL,
DISTRIBUÉ
DAPRÈS SON ORGANISATION.
INTRODUCTION.
DE L'HISTOIRE NATURELLE ET DE SES MLTHODES
EN GÉNÉRAL.
Jl EU de personnes se faisant une idée juste de riiistoiie naturelle , il nous a paru nécessaire de commencer notre ouvrage, en définissant bien l'objet que celte science se propose, et en établissant des limites rigoureuses entre elle et les sciences qui l'avoisioent.
Dans notre langue et dans la plupart des autres, le mot nature signifie : tantôt, les pro- priétés qu'un être tient de naissance, par oppo- sition a celle qu'il peut devoir à l'art; tantôt, 1 ensemble des êtres qui composent l'univers; tantôt enfin , les lois qui régissent ces êtres. Tome j. i
2l IjSTP»ODUCTIO^\
C'est surtout dans ce dernier sens que l'on a coutume de personnifier la nature et d'employer par respect son nom pour celui de son auteur.
l^di physique ou science naturelle considère la nature sous ces trois rapports. Elle est , ou générale 5 ou particulière. \^^ physique générale examine, d'une manière abstraite, chacune des propriétés de ces êtres mobiles et étendus , que nous appelons les corps. Sa partie, appelée dyna- mique 5 considère les corps en masse , et fixe mathématiquement, en partant d'un très-petit nombre d'expériences , les lois de l'équilibre , celles du mouvement et de sa communication , elle prend dans ses différentes divisions les noms de statique , de mécanique , (^ihydrosta- tique y iï hydrodyna77iique ^d'aérostatique ^elc, selon la nature des corps dont elle examine les mouvemens. JJoptique ne s'occupe que des mouvemens particuliers de la lumière, et les phénomènes qui n'ont pu encore être détermi- nés que par l'expérience y deviennent plus nombreux.
La chimie^ autre partie de la physique géné- rale , expose les lois selon lesquelles les molé- cules élémentaires des corps agissent les unes sur les autres à des distances prochaines , les combinaisons ou les séparations qui résultent
MÉTHODES. 3
de la tendance générale de ces molécules à s'unir, et des modifications que les diverses circonstances, capables de les écarter ou de les rapprocher, apportent a cette tendance. C'est une science presque toute expérimentale et qui n'a pu être réduite au calcul.
La théorie de la chaleur et celle de l'électricité, selon le côté par lequel on les envisage , appar- tiennent presque également à la dynamique on à la chimie,
La méthode qui domine dans toutes les par- ties de la physique générale , consiste a isoler les corps , à les réduire à leur plus grande sim- plicité, à mettre séparément en jeu chacune de leurs propriétés , soit par la pensée , soit par l'expérience, à en reconnaître ou en calculer les effets , enfin a généraliser et à lier ensemble les lois de ces propriétés pour en former des corps de doctrine , et s'il était possible pour les rap- porter toutes à une loi unique , qui serait l'ex- pression universelle de toutes les autres.
Ijdi physique particulière ou V histoire natu- relle ( car ces deux termes ont la même signifi- cation) a pour objet d'appliquer spécialement aux êtres nombreux et variés qui existent dans la nature, les lois reconnues par les diverses bran- ches de la physique générale , afin d'expliquer
4 INTnODUCTIOr<.
les phénomènes que chacun de ces êtres présente.
Dans ce sens étendu elle embrasserait aussi l'astronomie ; mais cette science suffisamment éclairée par les seules lumières de la mécanique, et complètement soumise à ses lois, emploie des méthodes trop différentes de celles que permet l'histoire naturelle ordinaire , pour être cultivée par les mêmes personnes.
On restreint donc cette dernière aux objets qui n'admettent pas de calculs rigoureux , ni de mesures précises dans toutes leurs parties ; encore lui soustrait-on d'ordinaire la météorologie ^ pour la réunir à la physique générale, X histoire naturelle ne considère donc proprement que les corps bruts, appelés minéraux, et les diverses sortes d'êtres vivans , dont il n'est presque au- cun où l'on ne puisse observer des effets plus ou moins variés des lois du mouvement et des attractions chimiques, et de toutes les autres causes analysées par la physique générale.
L'histoire naturelle devrait , a la rigueur , employer les mêmes procédés que les sciences générales , et elle les emploie réellement toutes les fois que les objets Cju'elle étudie sont assez simples pour le lui permettre. Mais il s'en faut de beaucoup qu'elle le puisse toujours.
En effet;, une différence essentielle entre les
MÉTHODES. 3
sciences générales et l'histoire naturelle, c'est que dans les premières on n^examine c[ue des phénomènes dont on règle toutes les circons- tances pour arriver , par leur analyse , a des lois générales , et que dans l'autre les phéno- mènes se passent sous des conditions qui ne dépendent pas de celui c[uî les étudie et qui cherche à démêler, dans leur complication , les effets des lois générales déjà reconnues. Il ne lui est pas permis de les soustraire successivement k chaque condition , et de réduire le problème à ses élémens , comme le fait l'expérimentateur; mais il faut qu'il le prenne tout entier avec toute , ses conditions a la fois , et ne l'analyse que par la pensée, Que l'on essaie, par exemple, d'isoler les phénomènes nombreux dont se compose la vie d'un animal un peu élevé dans l'échelle : un seul d'entre eux supprimé, la vie entière s'anéantit.
Ainsi la dynamique est devenue une science • presque toute de calcul : la chimie est encore une science toute d'expérience ; l'histoire natu- relle restera long-temps dans un grand nombre de ses parties , une science toute d'observation. Ces trpis épithètes désignent assez bien les procédés qui dominent dans les trois branches des sciences naturelles ; mais en établissant
6 INTRODUCTION.
entre eîles des degrés très-différensde certitude^ elies indiquent en même temps le bat auquel les deux dernières de ces sciences doivent tendre poîH' s'élever de plus en plus vers la perfection.
Le calcul commande, pour ainsi dire, à la nature ; il en détermine les phénomènes plus exactement que l'observation ne peut les faire connaître ; rexpérience la contraint k se dévoi- ler ; l'observation Tépie quand elle est rebelle , et cherche à la surpendre.
L'histoire naturelle a cependant aussi un principe rationel qui lui est particulier , et qu'elle emploie avec avantage en beaucoup d'occasions ; c'est celui des conditions d exis- tence^ vulgairement nommé des causes finales^ Comme rien ne peut exister s'il ne réunit les conditions qui rendent son existence possible , les différentes parties de chaque être doivent être coordonnées de manière à rendre possible l'être total , non-seulement en lui même , mais dans ses rapports avec ceux qui l'entourent , et l'analyse de ces conditions conduit souvent à des lois g<'néîales tout aussi démontrées que celles qui dérivent du calcul , ou de l'expérience.
Ce n'est que lorsque loutes les lois de la phy- sique générale et celles qui résultent des condi- tions d'existence sont épuisées que l'on est ré- duit aux simples lois d'observations.
METHODES. "J
Le procédé le plus lëcond pour les obtenir est celui de la comparaisou. Il consiste h observer successivement le même corps dans les diffé- rentes positions oii la nature le place , ou à com- parer entre eux les différens corps jusqu^à ce que Ton ait reconnu des rapports constans entre leurs structures et les phénomènes qu'ils mani- festent. Ces corps divers sont des espèces d'ex- périences toutes préparées par la nature , qui ajoute ou retranche à chacun d'eux différentes parties , comme nous pourrions désirer de le faire dans nos laboratoires, et nous montre elle- même les résultats de ces additions ou de ces retranchemens.
On parvient ainsi a établir de certaines lois qui règlent ces rapports, et qui s'emploient comme celles qui ont été déterminées par les sciences générales.
La liaison de ces lois d'observation avec les lois générales , faite , soit directement, soit par le principe des conditions d'existence , compléterait le système des sciences naturelles en faisant sentir dans toutes ses parties Finfluence mutuelle de tous les êtres : c'est a quoi daivent tendre les efforts de tous ceux qui cultivent ces sciences.
Mais toutes les recherches de ce genre sun-
IISTRODUCTIOIV.
posent que Ton a les moyens de distinguer sûrement et de faire distinguer aux autres les corps dont on s'occupe; autrement l'on, serait sans cesse exposé a confondre les êtres innom- brables que la nature présente. L'histoire na- turelle doit donc avoir pour base ce c|ue l'on nomme un système de la nature^ ou un grand catalogue dans lequel tous les êtres portent des noms convenus 5 puissent être reconnus par des caractères distinctifs, et soient distribués en divisions et subdivisions, elles-mêmes nommées et caractérisées, oii l'on puisse les chercher.
Pour que chaque être puisse toujours se reconnaître dans ce catalogue, il faut qu'il porte son caractère avec lui : on ne peut donc prendre les caractères dans des propriétés ou dans des habitudes dont l'exercice soit mo- mentané, m^ais ils doivent être tirés de la conformation.
presque aucun être n'a de caractère simple , ou ne peut être recoimu seulement par un des traits de sa conformation ; il faut presque toujours la réunion de plusieurs de ces traits pour dis- tinguer un être des êtres voisins cjûi en ont bien aussi quelques-uns, mais qui ne les ont pas tous, ou les ont combinés avec d'autres qui manquent au premier être 5 et, plus les êtres
MÉTHODES. 9
que l'on a a distinguer sont nombreux, plus il faut accumuler de traits; en sorte que, pour distinguer de tous les autres un être pris isolément, il faut faire entrer dans son caractère sa description complète.
C'est pour éviter cet inconvénient que les divisions et subdivisions ont été inventées. L'on compare ensemble seulement un certain nombre d'êtres voisins, et leurs caractères n'ont besoin qhe d'exprimer leurs différences qui, par la supposition même, ne sont cpie la moindre partie de leur conformation. Une telle réunion s'appelle un genre.
On retomberait dans le même inconvénient pour distinguer les genres entre eux , si l'on ne répétait l'opération en réunissant les genres voi- sins, pour former un oindre y les ordres voisins, pour former une classe., etc — On peut en- core établir des subdivisions intermédiaires.
Cet échafaudage de divisions, dont les su- périeures contiennent les inférieures, est ce qu'on appelle une jnélJiode. C'est, à quelques égards, une sorte de dictionnaire où l'on part des propriétés des choses pour découvrir leurs noms, et cjuî est l'inverse des dictionnaires ordinaires oii l'on part des noms pour apprendre a connaître les propriétés.
10 IJVTRODUCTION.
Mais, quand la méthode est bonne, elle ne se borne pas à enseigner les noms. Si les subdi- yisions n'ont pas été établies arbitrairement, mais si on les a fait reposer snr les véritables rapports fondamentaux , sur les ressemblances essentielles des êtres , la méthode est le plus sur moyen de réduire les propriétés de ces êtres à des règles générales, de les exprimer dans les moindres termes et de les graver aisément dans la mémoire.
Pour la rendre telle , on emploie une com- paraison assidue des êtres dirigées par le prin- cipe de la subordination des caractères y qui dérive lai-même de celui des conditions d'exis- tence. Les parties d'un être devant toutes avoir une convenance mutuelle , il est tels traits de conformation qui en excluent d'autres; il en est qui, au contraire, en nécessitent; cjuand on connaît donc tels ou tels traits dans un être ^ on peut calculer ceux qui coexistent avec ceux- là , ou ceux qui leur sont incompatibles; les parties , les propriétés ou les traits de confor- mation qui ont le plus grand nombre de ces rap- ports d'incompatibilité ou de coexistence avec d'autres, on en d'autres termes, qui exercent sur l'ensemble de l'être, l'influence la plus mar- quée , sont ce que Ton appelle les caractères^
MÉTHODES. ir
importans , les caractères dominateurs y les autres sont les caractères subordonnés , et il y en a ainsi de différens degrés.
Cette influence des caractères se détermine quelquefois d'une manière rationnelle par la considération de la nature de l'organe ; quand cela ne se peut , on emploie la simple observa- tion , et un moyen sur de reconnaître les caractères importans , lequel dérive de leur nature même , c'est qu'ils sont les plus rons- tans; et que dans une longue série d'êtres divers , rapprochés d'après leurs degrés de si- militude , ces caractères sont les derniers qui varient.
De leur influence et de leur constance ré- sidte également la règle, qu'ils doivent être préférés pour distinguer les grandes divisions ; et qu'a mesure que l'on descend aux subdivi- sions inférieures , on peut descendre aussi aux caractères subordonnés et variables.
Il ne peut y avoir qu'une méthode parfaite , qui est la méthode naturelle; on nomme ainsi un arrangement dans lecpiel les êtres du même genre seraient plus voisins entre eux que de ceux de tous les autres genres; les genres du même ordre 5 plus que de ceux de tous les autres ordres ; et ainsi de suite. Cette méthode est
12 INTRODUCTION.
ritlëal auquel riiistoire naturelle doit tendre ; car il est évident que si l'on y parvenait, l'on aurait l'expression exacte et complète de la nature entière. En effet, chaque être est déter- miné par ses ressemblances et ses différences avec d'autres, et tous ces rapports seraient par- faitement rendus par l'arrangement que nous venons d'indiquer.
En un mot, la méthode naturelle serait toute la science , et chaque pas qu'on lui fait fiiire approche la science de son but.
La vie étant de toutes les propriétés des êtres la plus importante, et de tous les caractères le plus élevé , il n'y a rien d'étonnant que l'on en ait fait dans tous les temps le plus général des principes de distinction , et que l'on ait toujours réparti les êtres naturels en deux immenses divisions , celle des êtres vlçans ^ et celle des êtres bruts.
DES ETRES VIVAlS^S , ET DE L'ORGANISATION EN
GÉNÉRAL.
Si pour nous faire une idée juste de l'es- sence de la vie nous la considérons dans les êtres oli ses effets sont les plus simples , nous
ORGANISATION EN GÉNÉRAL. l3
nous apercevrons prornptement qu'elle consiste dans la faculté cjuont certaines combinaisons corporelles de durer pendant un temps et sous une forme déterminée , en attirant sans cesse dans leur composition une partie des substances environnantes , et en rendant aux élémens des portions de leur propre substance.
La vie est donc un tourbillon plus ou moins rapide , plus ou moins compliqué , dont la direction est constante , et cjui entraîne tou- jours des molécules de mêmes sortes, mais oii les molécules individuelles entrent et d'oii elles sortent continuellement , de manière que la forme du corps vivant lui est plus essentielle que sa matière.
Tant que ce mouvement subsiste, le corps oîi il s'exerce est vivant ; il vit. Lorsque le ^ mouvement s'arrête sans retour, le corps meurt. Après la mort, les élémens qui le composent , livrés aux affinités chimiques ordinaires , ne tardent point à se séparer , d'oii résulte plus ou moins promptement la dissolution du corps c[ui a été vivant. C'était donc par le mouve- ment vital que la dissolution était arrêtée, et que les élémens du corps étaient momenta- nément réunis.
Tous les corps vivans meurent après un
l4 INTRODUCTION.
temps dont la limite extrême est déterminée pour chaque espèce , et la mort parait être un effet nécessaire de la vie , qui , par son action même , altère insensiblement la structure du corps où elle s'exerce , de manière à y rendre sa continuation impossible.
Effectivement, le corps vivant éprouve des changemens graduels , mais constans, pendant toute sa durée. Il croit d'abord en dimensions, suivant des proportions et dans des limites fixées pour chaque espèce et pour chacune de ses parties : ensuite il augmente en densité dans la plupart de ses parties : c'est ce second genre de changement qui paraît être la cause de la mort naturelle.
Si l'on examine de plus près les divers corps vivans, on leur trouve une structure commune qu'un peu de réflexion fait bientôt juger essen- tielle k un tourbillon tel que le mouvement vital.
Il fallait, en effet, h. ces corps des parties so- lides pour en assurer la forme, et des parties fluides pour y entretenir le mouvement. Leur tissu est donc composé de réseaux et de mailles, ou de fibres et de lames solides qui renferment des liquides dans leurs intervalles; c'est dans les liquides que le mouvement est le plus continuel et le plus étendu; les substances étrangères pé-
ORGANISATION EN GÉNÉRAL. l5
nètrent le tîssu intime du corps en s'incorporant à eux ; ce sont eux qui nourrissent les solides en y interposant leurs molécules ; ce sont eux aussi qui détachent des solides les molécules superflues ; c'est sous la forme liquide ou gazeuse que les matières qui doivent s'exhaler traversent les pores du corps vivant; mais ce sont à leur tour les solides qui contiennent les liquides et qui leur impriment une partie de leur mouve- ment par leurs contractions.
Cette action mutuelle des solides et des liquides , ce passage des molécules des uns aux autres, nécessitait de grands rapports dxins leur composition chimique ; et effectivement, les so- lides des corps organisés sont en grande partie composés d'élémens susceptibles de devenir facilement liquides ou gazeux.
Le mouvement des liquides, exigeant aussi une action continuellement répétée de la part des solides, et leur en faisant éprouver une, demandait que les solides eussent à la fois de la flexibilité et de la dilatabilité; et c'est, en effet, encore là un caractère presque général des solides organisés.
Cette structure commune à tous les corps \ivans, ce tissu aréolaire dont les fibres ou les lames plus ou moins flexibles interceptent des
l6 Ij\TKODUCTIO^^
liquides plus ou moins abondans, est ce quon Sip^eWeV organisai ion '^ et, en conséquence de ce c[ue nous venons de dire, il n'y a que les corps organisés qui puissent jouir de la vie.
L'organisation résulte, comme on voit, d'un grand nombre de dispositions qui sont toutes des conditions de la vie 5 et l'on conçoit que le mouvement général de la vie doive s'arrêter, si son effet est d'altérer quelqu'une de ces conditions, de manière a arrêter seulement l'un des mouvemens partiels dont il se compose.
Chaque corps organisé, outre les qualités
communes de son tissu, a une forme propre,
non-seulement en général et a l'extérieur, mais
jusque dans le détail de la structure de chacune
de ses parties, et c'est de cette forme, qui
détermine la direction particulière de chacun
des mouvemens partiels qui s'exercent en lui,
que dépend la complication du mouvement
général de la vie, qui constitue son espèce, et
fait de lui ce qu'il est. Chaque partie concourt
à ce mouvement général par une action propre
et en éprouve des effets particuliers, en sorte
que, dans chaque être, la vie est un ensemble
qui résulte de l'action et de la réaction mutuelle
de toutes ses parties.
La vie , en général , suppose donc l'organisa-
ORGANISATION EN GÉNÉRAL. ly
tîon en général , et la vie propre de chaque être suppose Forganisatîon propre de cet être, comme la marche d'une horloge suppose l'hor-. loge ; aussi ne voyons - nous la vie que dans des êtres tout organisés et faits pour en jouir; et tous les efforts des physiciens n'ont pu encore nous montrer la matière s'organi- sant 5 soit d'elle - même , soit par une cause extérieure quelconque. En effet , la vie exer- çant sur les élémens qui font à chaque instant partie du corps vivant , et sur ceux qu'elle y attire 5 une action contraire à ce que produi- raient sans elle les affinités chimiques ordi- naires, il répugne qu'elle puisse être elle-même produite par ces alfinités , et l'on ne connaît cependant dans la nature aucune autre force capable de réunir des molécules auparavant séparées.
La naissance des êtres organisés est donc le plus grand mystère de l'économie organique et de toute la nature ; jusqu'à présent nous les voyons se développer, mais jamais se former; il y a plus : tous ceux a l'origine desquels on a pu remonter , ont tenu d'abord a un corps de la même forme cju'eux , mais développé avant eux ; en un mot, a un parent. Tant que le petit na point de vie propre, mais participe
TOME ïc 3
iS INTRODUCTION.
à celle de son parent , il s'appelle un germe.
Le lieu ou le germe est attaché , la cause occasionnelle qui le détache et lui donne une vie isolée varient, mais cette adhérence primi- tive à un être semblable est une règle sans exception. La séparation du germe est ce qu'on nomme génération.
Tous les êtres organisés produisent leius semblables; autrement la mort étant une suite nécessaire de la vie , leurs espèces ne pour- raient subsister.
Les êtres organisés ont même la faculté de reproduire dans un degré variable, selon leurs espèces , certaines de leurs parties quand elles leur sont enlevées. C'est ce qu'pn nomme le pouvoir de reproduction.
Le développement des êtres organisés est plus ou moins prompt et plus ou moins étendu, selon que les circonstances lui sont plus ou moins favorables. La chaleur, l'abondance et l'espèce de la nourriture , d'autres causes encore y influent, et cette influence peut être générale sur tout le corps, ou partielle pour certains organes; de la vient que la ^àmilitude des descendans avec leurs parens ne peut jamais être parfaite.
Les dilférences de ce genre, entre les êtres
ORGAIN'ISATION EN GÉNÉRAL. IQ
organisés , sont ce qu'on appelle des variétés* On n'a aucune preuve que toutes les dif- férences^ qui distinguent aujourd'hui les êtres, soient de nature à être ainsi produites par les circonstances. Tout ce que l'on a pu dire sur ce sujet est hypothétique; l'expérience paraît montrer au contraire que, dans Fétat actuel du globe, les variétés sont renfermées dans des limites assez étroites , et, aussi loin que nous pouvons remonter dans l'antiquité , nous voyons que ces limites étaient les mêmes qu'aujourd'hui. On est donc obligé d'admettre certaine^ formes, qui se sont perpétuées depuis l'origine des choses , sans excéder ces limites ; et tous les êtres appartenans à l'une de ces formes cons- tituent ce que l'on appelle une espèce. Les variétés sont des subdivisions accidentelles de l'espèce.
La génération étant le seul moyen de con- naître les. limites auxquelles les variétés peuvent s'étendre, on doit détinir l'espèce, la réunion des individus descendus l un de r autre ou de parens communs, et de ceux qui leur res- semblent autant qiiils se ressemblent entre eux; mais, quoique cette définition soit rigou- reuse, on sent que son application k des Individus déterminés peut êtje fort difficile
20 INTRODUCTION.
quand on n'a pas fait les expériences nécessaires. En résumé , l'absorption , l'assimilation , l'exhalation, le développement, la génération, sont les fonctions communes a tous les corps vivans; la naissance et la mort, les termes universels de leur existence ; un tissu aréolaire, contractile, contenant dans ses mailles des li- quides ou des gaz en mouvement , l'essence gé- nérale de leur structure; des substances presque toutes susceptibles de se convertir en liquides ou en gaz, et des combinaisons capables de se transformer aisément les unes dans les autres, le fonds de leur composition chimique. Des formes fixes, et qui se perpétuent par la géné- ration, distinguent leurs espèces, déterminent la complication des fonctions secondaires propres à chacune d'elles, et leur assignent le rôle qu'elles doivent jouer dans l'ensemble de l'univers. Ces tbrmes ne se produisent ni ne se changent elles-mêmes; la vie suppose leur existence; elle ne peut s'allumer que dans des organisations toutes préparées; et les méditations les plus profondes, comme les observations les plus délicates, n'aboutissent qu'au mystère de la préexistence des germes.
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX. 21
DIVISION DES ETRES ORGANISÉS EN ANIMAUX ET
EN VÉGÉTAUX.
Les êtres vivans ou organisés ont été subdi^ visés, dès les premiers temps, en êtres animés^ c'est-a-dire 5 sensibles et mobiles, et en êtres inanimés^ qui ne jouissent ni de l'une ni de l'autre de ces facultés, et qui sont réduits à la faculté commune de végéter. Quoique plusieurs plantes retirent leurs feuilles quand on les touche, que les racines se dirigent constamment vers l'humidité, les feuilles vers l'air et vers la lumière, que quelques parties des végétaux paraissent même montrer des oscillations aux- quelles l'on n'aperçoitpoint de cause extérieure, ces divers mouvemens ressemblent trop peu à ceux des animaux pour qu'on y trouve des preuves de perception et de volonté
La spontanéité dans les mouvemens des ani- maux a exigé des modifications essentielles même dans leurs organes simplement végé- tatifs. Leurs racines né pénétrant point la terre, ils devaient pouvoir placer en eux-mêmes des provisions d'alimens et en porter le réservoir avec eux. De là dérive le premier caractère des
Q2 INTRODUCTION.
animaux , ou leur cavité intestinale , d'où leiu' fluide nourricier pénètre leurs autres parties par des pores ou par des \ aisseaux , qui sont des espèces de racines intérieures.
L'organisation de cette cavité et de ses appar- tenances a du varier selon la nature des ali- mens, et les opérations qu'ils ont à subir avant de fournir des sucs propres a être absorbés ; tandis que l'atmosphère et la terre n'apportent aux végétaux que des sucs déjà prêts à être absorbés.
Le corps animal, qui avait à remplir des fonctions plus nombreuses et plus variées que la plante , pouvant en conséquence avoir une organisation beaucoup plus compliquée ^ ses parties ne pouvant d'ailleurs conserver entre elles une situation fixe, il n'y avait pas moyen cjue le mouvement de leurs fluides fut pro- duit par des causes extérieures, et il devait être indépendant de la chaleur et de l'atmosphère; telle est la cause du deuxième caractère des animaux , ou de leur système circulatoire, qui est moins essentiel que le digestif, parce qu'il n'était pas nécessaire dans les annnaux les plus simples.
Les Jonctions animales exigeaient des sys- tèmes oigaiiiques dont les végétaux n'avaient
A^^IMAUX HT VÉGÉTxVUX. ^3
pas besoin : celui des muscles pour le mouve- ment volontaire, et celui des nerfs pour la sensi- bilité 5 et ces deux systèmes n'agissant , comme tous les autres , que par des mouvemens et des transformations de liquides ou de fluides , il fallait que ceux-ci fussent plus nombreux dans les animaui 5 et que la composition chimique du corps animal fut plus compliquée que celle de la plante ; aussi y entre-t-il une substance de plus (l'azote), comme élément essentiel, tandis qu'il ne se joint qu'accidentellement dans les végétaux aux trois autres élémens généraux de l'organisation , l'oxygène , l'hydrogène et le carbone. C'est là le troisième caractère des ani- maux.
Le sol et l'athmosphère présentent aux végé- taux pour leur nutrition de l'eau , qui se com- pose d'oxigène et d'hydrogène , de l'air qui contient de l'oxigène et de l'azote 5 et de l'acide f arl)onique qui est une combinaison d'oxygène et de carbone. Pour tirer de ces alimens leur composition propre, il fallait qu'ils conservassent Fhydrogène et le carbone, qu'ils exhalassent l'oxygène superflu, et qu'ils absorbassent peu ou point d'azote. Telle est aussi la marche de la vie végétale, dont la fonction essentielle est l'exha-
^4 INTRODUCTION.
lation de l'oxygène , qui s'exécute à l'aide de la lumière.
Les cinîmaux ont de plus que les végétaux , pour nourriture médiate ou immédiate , le composé végétal , ou l'hydrogène et le car- bone , entrent comme parties principales. Il faut pour les ramener à leur composition pro- pre , qu'ils se débarrassent du trop d'hydro- gène, surtout du trop de carbone, et qu'ils accumulent davantage d'azote , c'est ce qu'ils font dans la respiration , par le moyen de l'oxygène de l'atmosphère qui se combine avec l'hydrogène et le carbone de leur sang , et s'exhale avec eux sous forme d'ean et d'acide carbonique. L'azote, de quelque part qu'il pé- nètre dans leur corps, parait y rester.
Les rapports des végétaux et des animaux avec l'atmosphère sont donc inverses; les pre- miers défont de l'eau et de l'acide carbonique , et les autres en reproduisent. La respiration est la fonction essentielle à la constitution du corps animal ; c'est elle en quelque sorte qui Tanim alise , et nous verrons aussi que les ani- maux exercent d'autant plus complètement leurs fonctions animales , qu'ils jouissent d'une res- piration plus complète. C'est dans ces diffé-
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX. nS
rences de rapports que consiste le quatrième caractère des animaux.
•> DES FORMES PROPRES AUX ÉLÉMENS ORGANIQUES ^ DU CORPS ANIMAL , ET DES COMBINAISONS PRIN- ^- GIPALES DE SES ÉLÉMENS CHIMIQUES.
Un tissu aréolaire et trois élémens chimiques sont essentiels à tous les corps vivans; un quatrième élément Test en particulier aux ani- maux 5 mais ce tissu se compose de diverses formes de mailles, et ces élémens s'unissent en diverses combinaisons.
Il y a trois sortes de matériaux organiques ou de formes de tissu, la cellulosité , \di Jibre musculaire et la matière médullaire; et, à chaque forme , appartient une combinaison propre d'élémens chimiques ainsi qu'une fonc- tion particulière.
La cellulosité se compose d'une infinité de petites lames jetées au hasard et interceptant de petites cellules qui communiquent toutes ensemble. C'est une espèce d'épongé qui a la même forme que le corps entier, et toutes les autres parties la remplissent ou la traversent. Sa propriété est de se contracter indéfinimeuS
20 Il^rniODUCTION.
quand les causes qui la tiennent étendue viennent à cesser : cette force est ce qui retient le corps dans une forme et dans des limites déterminées.
La ceîlulosité Serrée forme ces lames plus ou moins étendues que Ton appelle membranes ; les membranes contouri^ées en cilindres forment ces tuyaux plus ou moins ramifiés que l'on nomme vaisseaux ; les filamens , nommés fibres^ se résolvent en ceîlulosité ; les os ne sont que de la ceîlulosité durcie par Taccumulation de substances terreuses.
La matière générale de la ceîlulosité est cette combinaison cjui porte le nom de gélatine, et dont le caractère consiste a se dissoudre dans Feau bouillante et à se prendre , par le refroi- dissement, en une gelée tremblante.
La matière médullaire n'a encore pu être réduite en ses molécules organiques; elle parait a l'œil comme une sorte de bouillie molle oîi Ton ne distingue que des globules infiniment petits \ elle n'est point susceptible de mouvemens apparens , mais c'est en elle que réside le pouvoir admirable de transmettre au moi les impressions des sens extérieurs et de porter aux muscles les ordres de la volonté. Le cerveau en est composé en giamîe partie 5 la mocliê épinière
ÉLÉMENS ORGANIQUES. I^J
€t les nerfs, qui se distribiieiit a tontes les par- ties sensibles, ne sont, quant à leur essence , que des faisceaux de ses ramifications.
La Jibre charnue ou musculaire est une sorte particulière de filamens dont la propriété distinctive, dans l'état de vie, est de se con- tracter c]uand ils sont touchés ou frappés par quelque corps, ou quand ils éprouvent, par Fintermédiaire du nerf, l'action de la volonté.
Les muscles , organes immédiats du mouve- ment volontaire, ne sont que des faisceaux de fibres charnues; toutes les membranes, tous les vaisseaux qui ont besoin d'exercer ime com- pression quelconque sont armés de ces fibres ; elles sont toujours intimement unies à des filets nerveux; mais celles qui concourent aux fonctions purement végétatives se contractent à l'insçu du moi, en sorte c[ue la volonté est bien un moyen de faire agir les fibres , mais ce moyen n'est ni général , ni unique.
La fibre charnue a pour base une substance particulière appeléej^èrm^, qui est indissoluble dans l'eau bouillante, et dont la nature semble être de prendre d'elle - même cette forme filamenteuse.
ï^e fluide nourricier ou le sang, tel qu il est dans les vaisseaux de la circulation, non-
^8 INTRODUCTION.
seulement peut se résoudre, pour la plus grande partie, dans les élémens généraux du corps animal, le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote; mais il contient déjà la fibrine et la gélatine presque toutes disposées à se con- tracter et a prendre les formes de membranes ou de filamens qui leur sont propres, du moins suffit-il d'un peu de repos pour quelles s'y manifestent. Le sang manifeste aussi aisément une combinaison qui se rencontre dans beau- coup de solides et de fluides animaux , V albu- mine dont le caractère est de se coaguler dans l'eau bouillante , et l'on y trouve presque tous les élémens qui peuvent entrer dans la compo- sition du corps de chaque animal , comme la chaux et le phosphore qui durcissent les os des animaux vertébrés, le fer qui colore le sang lui-même et diverses autres parties, la graisse ou l'huile animale qui se dépose dans la celhi- losité pour l'assouplir, etc. Tous les liquides et les solides du corps animal se composent d'élémens chimiques contenus dans le sang ; et c'est seulement par quelques élémens de moins ou par d'autres proportions que chacun d'eux se distingue, d'oii l'on voit que leur formation ne dépend que de la soustraction de tout ou partie d'un ou de plusieurs des élémens du
ÉLÉMENS ORGA.NIQUES. 2g
sang, et dans un petit nombre de cas 5 de l'addition de quelque élément venu d'ailleurs.
Ces opérations, par lesquelles le fluide nour- ricier entretient la matière solide ou liquide de toutes les parties du corps , peuvent prendre en général le nom de sécrétions. Cependant on réserve souvent ce nom a la production des liquides, et on donne plus spécialement celui de nutrition à la production et au dépôt de la matière nécessaire a Tentretien des solides.
Chaque organe solide , chaque fluide a la composition convenable pour le rôle qu'il doit jouer, et la conserve tant que là santé subsiste, parce que le sang la renouvelle à mesure qu'elle s'altère. Le sang, en y fournissant continuelle- ment , altère lui - même la sienne à chaque instant; mais il y est ramené par la digestion qui renouvelle sa matière, par la respiration qui le délivre du carbone et de l'hydrogène superflus, par la transpiration et diverses autres excrétions qui lui enlèvent d'autres principes surabondans.
Ces transformations perpétuelles de compo- sition chimique forment une partie non moins essentielle du tourbillon vital que les mouve- mens visibles et de translation : ceux-ci n'ont même poar objet que d'amener les premiers.
3o 1 ]N T K o D u c T 1 0 :?r.
Ï)ES FORCES QUI AGISSENT DANS LE COPtPS
ANIMAL.
La fibre musculaire n'est pas seulement Tor- gane du mouvement volontaire ; nous venons de voir qu'elle est encore le plus puissant des moyens que la nature emploie pour opérer les mouvemens de translation nécessaire a la vie végétative. Ainsi les fibres des intestins pro- duisent le mouvement péristaltique qui fiait parcourir ce canal aux alimens ; les fibres du cœur et des artères sont les agens de la circu- lation, et par elle, de toutes les sécrétions, etc.
La volonté met la fibre en contraction par l'intermède du nerf; et les fibres involontaires , telles que celles que nous venons de citer, sont aussi toutes animées par des nerfs qui s'y ren- dent; il est donc probable que ce sont ces nerfs^ qui les font contracter.
Toute contraction, et en général tout chan- gement de dimension dans la nature, s'opère par un changement de composition chimique, ne fut-ce cjue par l'afflux ou la retraite d'un fluide impondérable , tel que le calorique 5 c'est même ainsi cpe se font les plus violens
FORCES ORGANIQUES. 3l
mouvemens connus sur la terre, les inflamnici- tions, les détonnations, etc.
Il y a donc grande apparence que c'est par un fluide impondérable que le nerf agît sur la fibre, d'autant qu'il est bien démontré qu'il n'y agit pas mécaniquement.
La matière médullaire de tout le système nerveux est homogène, et doit pouvoir exercer partout oîi elle se trouve les fonctions qui appartiennent à sa nature ; toutes ses ramifi- cations reçoivent une grande abondance de vaisseaux sanguins.
Tous les fluides animaux étant tirés du sang par sécrétion , il n'y a pas a douter que le fluide nerveux ne soit dans le même cas , ni que la matière médullaire ne le sécrète.
D'un autre côté, il est certain que la ma- tière médullaire est le seul conducteur du fluide nerveux 5 tous les autres élémens organiques lui servent de cohibants , et l'arrêtent^ comme le verre arrête l'électricité.
Les causes extérieures qui sont capables de produire des sensations ou d'occasionner des contractions dans la fibre, sont toutes des agens chimiques , capables d'opérer des décomposi- tions , tels que la lumière , le calorique , les
32 INTRODUCTION.
sels, les vapeurs odorantes, la percussion, la compression, etc., etc. n^
Il y a donc grande apparence que ces causes agissent sur le fluide nerveux d'une manière chimique , et en altèrent sa composition ; cela est d'autant plus vraisemblable , que leur ac- tion s'émousse en se continuant , comme si le fluide nerveux avait besoizi de reprendre sa composition primitive pour pouvoir être altéré de nouveau.
Les organes extérieurs des sens sont des sortes de cribles qui ne laissent parvenir sur le nerf que l'espèce d'agent qui doit l'affecter à chaque endroit ; la langue a des papilles spon- gieuses qui s'imbibent des dissolutions salines; l'oreille , une pulpe gélatineuse qui est ébran- lée par les vibrations sonores ; l'œil , des len- tilles transparentes qui ne sont perméables qu'à la lumière , etc.
Ce que l'on appelle les irritans ou les agens qui occasionnent les contractions de la fibre, exercent probablement cette action en faisant produire sur la fibre, par le nerf, le même effet qu'y produit la volonté ; c'est-a-dire en altérant le fluide nerveux de la manière nécessaire pour changer les dimensions de la fibre sur laquelle il influe: mais la volonté n'est pour rien dans leur
FORCES Or.GANIQUES. 33
action ; souvent même le moi , \\e\\ a accune connaissance. Les muscles séparés clu corps sont encore susceptibles d'irritation tant c[ue la por- tion de nerf restée avec eux conserve le pouvoir d'agir sur eux , et la volonté est évidemment étrangère a ce phénomène.
Le fluide nerveux s'altère par l'irritation musculaire aussi-bien que par la sensibilité, et que par le mouvement volontaire , et a de même besoin d'être rétabli dans sa compo- sition.
Les mouvemens de translation nécessaires à la vie végétative sont déterminés par des irri- tations : les alimens irritent l'intestin , le sancr irrite le cœur , etc. Ces mouvemens sont tous soustraits à la volonté, et en général (tant que la santé dure ) , à la connaissance du moi ^ les nerfs Cjui les produisent ont même dans plu- sieurs parties une distribution différente des nerfs affectés aux sensations ou soumis k la volonté, et cette distribution paraît avoir pré- cisément pour objet de les y soustraire.
Les fonctions nerveuses , c'est-à-dire la sen- sibilité et l'irritabilité musculaire, sont d'autant plus fortes dans chaque point , cjue leur agent y est plus abondant; et comme cet agent, ou
TOME I. . 3
34 IIS T II OD UCT ION.
le fluide nerveux , est produit par une sécrë- lion 5 il doit être d'autant plus abondant qu'il y a plus de matière médullaire ou sécrétoire, et que cette matière reçoit plus de sang.
Dans les animaux qui ont une circulation , le sang arrive aux parties par les artères qui le transportent , au moyen de leur irritabilité et de celle du cœur. Si ces artères sont irritées, elles agisseut plus vivement et amènent plus de sang; le fluide nerveux devient plus abondant et aug- mente la sensibilité locale ; il augmente à son tour rirrilabilité des artères , et cette action mutuelle peut aller fort loin. On Tappelle or^ gasme , et quand elle devient douloureuse et permanente , inflammation. L'irritation peut aussi commencer par le nerf quand il éprouve des sensations vives.
Cette influence mutuelle des nerfs et des fibres, soit du système intestinal, soit du sys- tème artériel , est le véritable ressort de la vie végétative dans les animaux.
Comme chaque sens extérieur n'est perméa- ble qu'à telle ou telle substance sensible , de même chaque organe intérieur peut n'être ac- cessible qu'à tel ou tel agent d'irritation. Ainsi le mercure irrite les glandes salivaires, les can-
FORCES ORGANIQUES. 35
tharides irritent la vessie , etc Ces ageiis
sont ce que Ton nomme des spécifiques.
Le système nerveux étant homogène et con- tinu 5 les sensations et irritations locales le fa- tiguent tout entier; et chaque fonction, portée trop loin , peut affaiblir les autres. Trop d'ali- mens empêchent de penser ; des méditations trop prolongées affaiblissent la digestion, etc.
Une irritation locale excessive peut affaiblir le corps entier , comme si toutes les forces de la vie se portaient en un seul point.
Une seconde irritation produite sur un autre point peut diminuer ou, comme on dit, détour- ner la première ; tel est l'effet des purgatifs , des vessîcatoires , etc.
Tout rapide qu'est notre énoncé , il doit suffire pour établir la possîbiHté de se ren- dre compte de tous les phénomènes de la vie physique , par la seule admission d'un fluide tel que nous venons de le définir, d'après les propriétés qu'il présente.
3(3 INTRODUCTION.
IDEE SOMMAIRE DES FONCTIONS ET DES ORGANES DU CORPS DES ANIMAUX , AINSI QUE DES DIVERS DEGRÉS DE LEUR COMPLICATION
x\pBÈs ce que nous venons de dire des ëlé- mens organiques du corps , de ses principes chimiques et des forces qui agissent en lui, nous n'avons plus qu'a donner une idée sommaire des fonctions de détail dont la vie se compose ^ et des organes qui leur sont affectés.
Les fonctions du corps animal se divisent en deux classes.
Les fonctions animales ou propres aux ani- maux 5 c'est-à-dire la sensibilité et le mouve- ment volontaire.
Les fonctions vitales, végétatives, ou com- munes aux animaux et aux végétaux, c'est- à<lire la nutrition et la génération.
La sensibilité réside dans le système ner- veux.
Le sens extérieur le plus général est le tou- clier \ son siège est à la peau , membrane en- veloppant; le corps entier, et traversée de toute part par des nerfs dont les derniers fdets s'épa-
FONCTIONS ORGANIQUES. '5']
nouîssent en papilles k sa surface, et y sont garantis par l'épidernie , et par cVaiitres tégu- mens insensibles, tels qne poiis,. écailles, etc. Le goùt et Fodorat ne sont que des touchers plus délicats , pour lesquels la peau de la langue et des narines est particulièrement organisée ; la première , au moyen de papilles plus bom- bées et plus spongieuses; la seconde , par son extrême délicatesse et la multiplication de sa snrface toujours humide. Nous avons déjà parlé de l'oeil et de l'oreille en général. L'organe de la génération est doué d'un sixième sens qui est dans sa peau intérieure ; celle de l'estomac et des intestins fait connaître aussi , par des sensations propres , l'état de ses viscères, il peut naître enfin dans toutes les parties du corps, par des accidens ou par des maladies , des sen- sations plus ou moins douloureuses.
Beaucoup d'animaux manquent d'oreilles et de narines ; plusieurs d'yeux ; il y en a cpii sont réduits au toucher , lequel ne manque amais.
L'action reçue par les organes extérieurs se propage par les nerfs jusqu'aux masses cen- trales du système nerveux qui, dans les ani- maux supérieurs , se composent du cerveau et de la moelle épinière. Plus l'animal est d'ime
38 INTRODUCTION.
nature élevée, plus le cerveau est volumineux, plus le pouvoir sensitif y est concentré ; à me- sure que l'animal est placé plus bas dans l'é- chelle 5 les masses médullaires se dispersent ; dans les genres les plus imparfaits, la substance nerveuse toute entière semble se fondre dans la substance générale du corps. ^ On nomme tête , la partie du corps qui con- tient le cerveau et les principaux organes des sens.
Quand l'animal a reçu une sensation , et quelle détermine en lui une volonté, c'est en- core par les nerfs qu'il transmet cette volonté aux muscles.
Les muscles sont des faisceaux de fibres char- nues dont les contractions produisent tous les mouvemens du corps animal. Les extensions des membres, tous les prolongemens des par- ties, sont l'effet de contractions musculaires, aussi-bien c[ue les flexions et les raccourcisse- mens. Les muscles de chaque animal sont dis- posés en nombre et en direction pour les mou- vemens qu'il peut avoir à exécuter ; et quand ces mouvemens doivent se faire avec quelque vigueur , les muscles s'insèrent a des parties dures articulées les unes sur les autres , et qui peuvent être considérées comme autant de le-
FONCTIONS ORGANIQUES. 3^}
\iers. Ces parties portent le nom d'os dans les animaux vertèbres , où elles sont intérieures et formées d'une masse gélatineuse, pénétrée de molécules de phosphate de chaux. On les appelle coquilles , croûtes , écailles dans les mollusques, les crustacés, les insectes, où elles sont extérieures et composées de substance cal- caire ou cornée, qui transsude entre la peau et ré])iderme.
Les fibres charnues s'insèrent aux parties dures , par le moyen d'autres fibres d'une na- ture gélatineuse , qui ont l'air d'être la conti- nuation des premières, et qui forment ce que l'on appelle des tendons.
Les configurations des faces articulaires des parties dures limitent leurs mouvemens , cpi sont encore contenus par des faisceaux ou des enveloppes attachées aux côtés des articula- tions , et qu'on appelle des ligamens.
C'est d après les diverses dispositions de ces appareils osseux et musculaires , et d'après la forme et la proportion des membres qui en ré- sultent , que les animaux sont en état d'exé- cuter les innombrables mouvemens qui entrent dans la marche , le saut, le vol et la natation.
Les fibres musculaires affectées a la dii[?estioa et a la circulation ne sont pas soumises à
4 O INTRODUCTION.
volonté; elles reçoivent cependant des nerfs , mais 5 comme nous l'avons dit , les principaux de ceux qui s'y rendent éprouvent des subdi- visions et des renflemens qui paraissent avoir pour objet de les soustraire à l'empire du moi. Ce n'est que dans les passions et les autres affections fortes de l'àme que l'empire du moi se fait sentir malgré ces barrières, et presque tou- jours c'est pour troubler l'ordre de ces fonc- tions végétatives. Ce n'est aussi que dans l'état maladif que ces fonctions sont accompagnées de sensations. Ordinairement la digestion s'o- père sans que l'animal s'en aperçoive.
Les aîimens , divisés par les mâchoires et par les dents , ou pompés quand l'animal n'en prend que de liquides , sont avalés par des mouvemens musculaires de l'arrière-bouche et du gosier, et déposés dans les premières parties du canal alimentaire, ordinairement renflées en un ou plusieurs estomacs; i!s y sont pénétrés par des sucs propres à les dissoudre.
Conduits ensuite dans le reste du canal, ils y reçoivent encore d'autres sucs destinés à achever leur préparation. Les parois du canal ont des pores qui tirent de cette masse alimen- taire la portion convenable pour la nutrition , et le résidu inutile est rejeté comme excrément.
FONCTIONS ORGANIQUES. 4^
Le canal dans lequel s'opère ce premier acte de la nutrition, est une continuation de la peau, et se compose de lames semblables aux siennes; les fibres même c|ui l'entourent sont analogues à celles qui adhèrent a la face interne de la peau, et cju'on nomme la pannicule charnue 5 il se fait dans tout l'intérieur du canal une transsu- dation qui a des rapports avec la transpira- tion cutanée , et qui deyient plus abondante cjuand celle-ci est supprimée ; la peau exerce même une absorption iojt analogue à celle des intestins,
îl n'y a crue les derniers des animaux oii les excrémens ressortent par la bouche , et dont l'intestin ait la forme d'un sac sans issue.
Le nombre de ceux 011 le suc nourricier, ab- sorbé par les parois de TiiUeslio , se répand im- médiatement dans toute la spongiositédu corps, est plus considérable , car toute la classe des insectes parait aussi y appartenir.
Mais à compter des arachnides et des \ers 5 le suc nourricier circule dans un système de vaisseaux clos , dont les derniers rameaux seuls en dispensent les molécules aux parties c[ui doivent en être entretenues; les vaisseaux cjui portent ainsi le fluide nourricier aux parties se nomment artères ; ceux qui le rapportent
4^ INTRODUCTION.
an centre de la circulation se nomment veines^ le tourbillon circulatoire est tantôt simple , tantôt double , et même triple ( en comptant celui de la veine porte ) ; la rapidité de son mouvement est souvent aidée par les contrac- tions de certains appareils charnus que l'on nomme cœurs ^ et qui sont placés à l'un ou a l'autre des centres de circulation, quelque- fois à tous les deux.
Dans les animaux vertébrés et a sang rouge , le fluide nourricier sort blanc des intestins , et porte alors le nom de chyle ; il aboutit par des vaisseaux particuliers , nommés lactés, dans le système veineux , oii il se mcle avec le sang. Des vaisseaux semblables aux lactés , et for- mant avec eux un ensemble appelé système lymphatique , rapportent aussi dans le sang veineux le résidu de la nutrition des parties ^ et les produits de Tabsorpiion cutaure.
Pour que le sang soit propre a nourrir les parties , il faut qu'il éprouve de la part de i'é- lément ambiant, par la respiration, la modifi- cation dont nous avons parlé ci-dessus. Dans les animaux qui ont une circulation, une partie des vaisseaux est destinée a porttr le sang dans des organes oii ils le subdivisent sur une grande surface, pour que l'action de l'élément ambiant
FONCTIONS ORGANIQUES. 4^
soît plus forte. Quand cet élément est de l'air , la surface est creuse et se nomme poumon ; quand c'est de Teau ^ elle est saillante , et s'ap- pelle hrarichie. Il y a toujours des organes de mouvement disposés pour amener l'élément ambiant dans ou sur l'organe respiratoire.
Daiis les animaux qui n'ont pas de circula- tion 5 l'air se répand dans tous les points du corps par des vaisseaux élastiques appelés tra- chées 5 où l'eau agit ^ soit en pénétrant aussi par des vaisseaux , soit en baignant seulement la surface de la peau.
Le sang qui a respiré est propre à rétablir la composition de toutes les parties , et a opérer ce qu'on appelle la nutrition proprement dite. C'est une grande merveille que cette facilité qu'il a de se décomposer dans chaque point de manière à y laisser précisément l'espèce de mo- lécules qui y est nécessaire ; mais c'est cette merveille qui constitue toute la vie végétative. On ne voit, pour la nutrition des solides, d'au- tre arrangement qu'une grande subdivision des dernières branches artérielles ; mais pour la production des liquides, les appareils sont plus variés et plus compliqués ; tantôt ces dernières extrémités des vaisseaux s'épanouissent simple- ment sur de grandes surfaces d'oii s'exhale le
44 INTRODUCTION.
liquide produit; tantôt c'est dans le fond de pe- tites cavités 5 d'où ce liquide suinte ; le plus sou- vent ces extrémités artérielles, avant de se changer en veines, donnent naissance à des vais- seaux particuliers qui transportent ce liquide j et c'est au point d'union des deux genres de vaisseaux qu'il paraît naître; alors les vaisseaux sanguins et ces vaisseaux 'à^^iAés propres , for- ment, par leur entrelacement , des corps nom- més glandes conglomérées ou sécrétoires.Dans les animaux qui n'ont pas de circulation, le fluide nourricier baigne toutes les parties; cha- cune d'elles y puise les molécules nécessaires à son entretien ; s'il faut que quelque liquide soit produit , des vaisseaux propres flottent dans le fluide nourricier, et y pompent , parleurs pores , les élémens nécessaires a la composition de ce liquide.
C'est ainsi que le sang entretient sans 'cesse la composition de toutes les parties et y répare les altérations qui sout la suite continuelle et nécessaire de leurs fonctions. Les Idées géné- rales que nous pouvons nous faire de cette opé- ration, sont assez claires, quoique nous n'ayons pas de notion distincte et détaillée de ce qui se passe sur chaque point; et que, faute de connaî- tre la composition chimiqtie de chaque partie
FONCTIONS ORGANIQUES. 4^
avec assez de précision , nous ne puissions nous rendre un compte exact des transformations né- cessaires pour la produire.
Outre les glandes qui séparent du sang les liquides qui doivent jouer quelque rôle dans l'économie intérieure, il en est qui en séparent des liquides destinés à être rejetés au dehors , soit simplement comme matières superflues , telles que V urine qui est produite par les reins ^ soit pour quelcjue utilité de l'animal, comme l'encre des sèches, la pourpre de divers autres mollusques, etc. . .
Quant à la génération, il y a une opération ou un phénomène encore bien autrement diffi- cile à concevoir que les sécrétions, c'est la production du germe. Nous avons vu même qu'on doit la regarder a peu près comme in- compréhensible; mais, une fois l'existence du germe admise , il n'y a point sur la génération de difficulté particulière. Tant qu'il adhère à sa mère, il est nourri comme s'il était un de ses organes; et une fois qu'il s'en détache , il a lui- même sa vie propre cjui est au fond semblable à celle de l'adulte.
Le germe, Fembrion , le fétus, le petit nou- veau-né ne sont cependant jamais parfaitement de la même forme que l'adulte , et leur différence
46 INTRODUCTION.
est quelquefois assez grande pour que leur assimilation ait mérité le nom de métamorphose. Ainsi 5 personne ne devinerait, s'il ne l'avait observé ou appris, qu'une chenille dût devenir mi papillon.
Tous les êtres vivansse métamorphosent plus ou moins dans le cours de leur accroissement, c'est-k-dire , qu'ils perdent certaines parties et en développent qui étaient auparavant moins considérables. Les antennes, les ailes, toutes les parties du papillon étaient enfermées sous la peau de chenille; cette peau disparait avec des mâchoires, des pieds et d'autres organes qui ne restent pas au papillon. Les pieds de la grenouille sont renfermés dans la peau du têtard, et le têtard, pour devenir grenouille , perd sa queue, sa bouche et ses branchies. L'enfant même, en naissant, perd son placenta et ses enveloppes; a un certain âge, il perd presque son tymus, et il gagne petit à petit des cheveux , des dents et de la barbe ; les rapports de grandeur de ses organes changent, et son corps augmente à proportion plus que sa tête, sa tête plus que son oreille interne, etc.
Le lieu où les germes se montrent, l'assem- blage de ces germes se nomme Voçaire; le canal , par où les germes une fois détachés se
FONCTIONS ORGANIQUES. 4?
rendent au dehors, Yoçjcluctiis ; la cavité où ils sont obligés, dans plusieurs espèces, de séjourner un temps plus ou moins long avant de naître , la matrice ou Vutériis ; l'orifice extérieur par lequel ils sortent, la vuUe. Quand il y a des sexes, le sexe mâle est celui qui féconde ; le sexe femelle celui dans lequel les germes paraissent. La li 'uenr fécondante se nomme sperme ; les glîuides qu! la séparent du sang, testicules'^ et, quand il laut qu'elle soit introduite dans le corps de la femelle, l'organe qui l'y porte s'appelle verge-
EXPOSE RAPIDE DES FONCTIONS INTELLEC- TUELLES DES ANIMAUX.
L'impression des ol)jets extérieurs sur le MOI , la production d'une sensation , d'une image, est un mystère impénétrable pour notre esprit, et le matérialisme une hypothèse d'au- tant plus hasardée que la philosophie ne peut donner aucune preuve directe de l'existence effective de la matière. Mais le naturaliste doit examiner quelles paraissent être les conditions matérielles de la sensation; il doit suivre les opérations ultérieures de l'esprit, reconnaître
48 INTRODUCTION.
jusqu'à quel point elles s'élèvent clans chaque être, et s'assurer s'il n'y a pas encore pour elles des conditions de perfection dépendantes de l'organisation de chaque espèce ou de l'état momentané du corps de chaque individu.
Pour que le moi perçoive, il faut cju'il y ait une communication nerveuse non interrompue entre le sens extérieur et les masses centrales du système médullaire. Ce n'est donc que la modification éprouvée par ces masses que le moi perçoit; aussi peut-il y avoir des sensations très-réelles sans que l'organe extérieur soit affecté, et qui naissent, soit dans le trajet nerveux^ soit dans la masse centrale même : ce sont les rêves et les visions, ou certaines sen- sations accidentelles.
Par masses centrales, nous entendons une partie du système nerveux d'autant plus cir- conscrite que l'animal est plus parfait. Dans l'homme , c'est exclusivement une portion res- treinte du cerveau; mais dans les reptiles, c'est déjà le cerveau et la moelle entière de chacune de leurs parties prise séparément, en sorte que l'absence de tout le cerveau n'empêche pas de sentir. L'extension est bien plus grande encore dans les classes inférieures.
La perception acquise par le moi produit
FONCTIOISS INTELLECTUELLES. 49
Vîmage de la sensation éprouvée. Nous re- portons hors de nous la cause de la sensation, et nous nous donnons ainsi Vidée de l'objet qui l'a produite. Par une loi nécessaire de :notre intelligence, toutes les idées d'objets matériels sont dans le temps et dans l'espace.
Les modifications éprouvées par les masses médullaires y laissent des impressions qui se reproduisent, et rappellent à l'esprit les images et les idées : c'est la m^'mo/r^, faculté corporelle qui varie beaucoup selon l'âge et la santé.
Les idées qui se ressemblent, ou qui ont été acquises en même temps , se rappellent l'une l'autre : c'est X association des idées. L'ordre , l'étendue et la promptitude de cette association constituent la perfection de la mémoire.
Chaque objet se présente à la mémoire avec toutes ses qualités ou avec toutes les idées accessoires.
Uintelligence a le pouvoir de séparer ces idées accessoires des objets, et de réunir celles qui se retrouvent les mêmes dans plusieurs objets, sous une idée générale, dont l'objet n'existe réellement nulle part et ne se présente non plus nullement isolé : c'est Y abstraction.
Toute sensation étant plus ou moins agréable ou désagréable, lexpérience et des essais répétés
T03IE I. 4 .
5o INTRODUCTION.
moatreat promptement les mouvemens qu'il faut faire pour se procurer les unes et éviter les autres, et l'intelligence s'abstrait, a cet égard , des règles générales pour diriger la volonté.
Une sensation agréable pouvant avoir des suites qui ne le sont pas , et réciproquement les sensations subséquentes s'associent à l'idée de la sensation primitive, et modifient a son égard les règles abstraites par l'intelligence : c'est la prudence.
De l'application des règles aux idées géné- rales, résultent des espèces de formules qui s'adaptent ensuite aisément aux cas particuliers : c'est le raisonnement.
Un vif souvenir des sensationis primitives et associées, et des impressions de plaisir et de peine qui s'y rattachent : c'est V imagination.
Un être privilégié , l'homme , a la faculté d'associer ses idées générales à des images par- ticulières et plus ou moins arbitraires, aisées à graver dans la mémoire, et qui lui servent à rappeler les idées générales qu'elles représentent. Ces images associées sont ce qu'on appelle des signes ; leur ensemble est le langage. Quand le langage se compose d'images relatives au sens <le l'ouïe ou de sons^ on le nomme la parole.
FONCTIONS INTELLECTUELLES. 5l
Quand ce sont des images relatives au sens de la vue, on les nomme hyéroglyphes. Uécritm^e est une suite d'images relatives au sens de la vue nar lesquelles nous représentons les sons élémentaires, et, en les combinant , toutes les images relatives au sens de l'ouïe dont se com- pose la parole ; elle n'est donc qu'une repré- sentation médiate des idées.
Cette faculié de représenter les idées gé- nérales par des signes ou images particulières qu'on leur associe, aide à en retenir distinctement dans la mémoire, et a s'en rappeler sans con- fusion , une quantité immense, et fournit au raisonnement et à l'imagination d'innombrables matériaux, et aux individus des moyens de communication qui font participer toute l'espèce à l'expérience de chacun d'eux ;, en sorte que les connaissances peuvent s'élever indéfiniment par la suite des siècles : elle est le caractère distinctif de l'intelligence humaine.
Les animaux les plus parfaits sont infiniment au-dessous de l'homme pour les facultés intel- lectuelles, et il est cependant certain que leur intelligence exécute des opérations du même genre. Ils se meuvent en conséquence des sen- sations qu'ils reçoivent; ils sont susceptibles d'affections durables ; ils acquièrent parl'expé-
52 INTRODUCTION.
rience une certaine connaissance des choses^ d'après laquelle ils se conduisent, indépendam- ment de la peine et du plaisir actuels, et par la seule prévoyance des suites. En domesticité, ils sentent leur subordination, savent que l'être qui les punit est libre de ne le pas faire, prennent devant lui Fair suppliant quand ils se sentent coupables ou qu'ils le voient fâché. Ils se perfectionnent ou se corrompent dans la société de l'homme 5 ils sont susceptibles d'ému- lation et de jalousie; ils ont entre eux un langage naturel qui n'est, a la vérité, que l'expression de leurs sensations du moment; mais l'homme leur apprend k entendre un lan- gage beaucoup plus compliqué par lequel il leur fait connaître ses volontés et les détermine à les exécuter.
En un mot, on aperçoit dans les animaux supérieiu^s un certain degré de raisonnement avec tous ses effets bons et mauvais, et qui parait être a peu près le même que celui des enfans lorsqu'ils n'ont pas encore appris à parler. A mesure qu'on descend à des animaux plus éloignés de Fliomme, ces facultés s'affaiblissent; et, dans les dernières classes, elles finissent par se réduire à des signes, encore quelquefois équi- voques 5 de sensibilité,, c'est-à-dire, à quelques
FONCTIONS INTELLECTUELLES. 53
mouvemens peu énergiques pour échapper à la douleur. Les degrés entre ces deux extrêmes sont infinis.
Mais il existe dans un grand nombre d'ani- maux une faculté différente de l'intelligence; c'est celle qu'on nomme instinct. Elle leur fait produire de certaines actions nécessaires a la conservation de l'espèce, mais souvent tout à fait étrangères aux besoins apparens des indi- vidus, souvent aussi très-compliquées, et qui, pour être attribuées a l'intelligence, suppo- ^ seraient une prévoj^ance et des connaissances infiniment supérieures k celles qu'on peut ad- mettre dans les espèces qui les exécutent. Ces actions, produites par l'instinct, ne sont point •non plus l'effet de l'imitation, car les individus qui les pratiquent ne les^ont souvent jamais vu faire à d'autres; elles ne sont point en proportion avec l'intelligence ordinaire , mais deviennent plus singulières, plus savantes, plus désinté- ressées, k mesure que les animaux appartiennent a des classes moins élevées, et, dans tout le reste, plus stupides. Elles sont si bien la pro- priété de l'espèce , que tous les individus les exercent de la même manière sans y rien perfectionner.
Ainsi les abeilles ouvrières construisent^ de-
54 INTRODUCTION.
puis le commencement du monde, des ëdiiices très-ingénieux , calcules d'après la plus haute géométrie , et destinés à loger et a nourrir une postérité qui n'est pas même la leur. Les abeilles et les guépe^ solitaires forment aussi des nids très-compliqués pour y déposer leurs oeufs. Il sort de cet œuf un ver qui n'a jamais vu sa mère, qui ne connaît point ia structure de la pri- son où il est enfermé, et qui, une fois méta- morphosé , en construit cependant une parfaite- ' ment semblable pour son propre œuf.
On ne peut se faire d'idée claire de l'instinct, qu'en admettant que ces animaux ont dans leur sensorium des images ou sensations innées et constantes, quiîes déterminent a agir comme les sensations ordinaires et accidentelles détermi- nent communément. C'est une sorte de rêve ou de vision qui les poursuit toujours et dans tout ce qui a rapport à leur instincî;; on peut les regarder comme des espèces de somnambules.
L'instinct a été accordé aux animaux comme supplément de Finteîîigence 5 et pour concourir avec elle, et avec la force et ia fécondité, au juste degré de conservation de chaque espèce.
L'instinct n'a aucune marque visible dans la conformation de l'animal ; mais l'intelligence , autant qu'on a pu l'observer, est dans une pro-
FONCTIONS INTELLECTUELLES. 55
portion constante avec la grandeur relative du cerveau, et surtout de ses hémisphères.
DE LA MÉTHODE DANS SON APPLICATION AU
RÉGNE ANIMAL.
D'après ce que nous avons dît sur les mé- thodes en général, il s'agît de savoir quels sont dans les animaux les caractères les plus influens dont il faudra foire les bases de leurs premières divisions. Il est clair que ce doivent être ceux qui se tirent des fonctions animales; c'est-à-dire, des sensations et du mouvement, car non-seu- lement ils font de l'être un animal , mais ils établissent en quelque sorte le degré de son ani- malité.
L'observation confirme ce raisonnement , en montrant que leurs degrés de développement et de complication concordent avec ceux des or- ganes des fonctions végétatives.
Le cœur et les organes de la circulation son t une espèce de centre pour les fonctions végétatives , comme le cerveau et le tronc du système ner- veux pour les ibnciions animales. Or , nous voyons ces deux systèmes se dégrader et dispa- raître Tun avec l'autre. Dans les derniers de*
56 INTRODUCTION.
animaux , lorsqu'il n'y a plus de nerfs visibles*, il n'y a plus de fibres distinctes , el les organes de la digestion sont simplement creusés dans la niasse homogène du corps. Le système vascu- laire disparaît même avant le système nerveux dans les insectes ^ mais, en général, la dispersion des masses médullaires répond a celle des agens musculaires , une moelle épinière sur laquelle des nœuds ou ganglions représentent autant de cerveaux , correspond a un corps divisé en an- neaux nombreux et porté sur des paires de membres réparties sur sa longueur , etc.
Cette correspondance des formes générales , qui résultent de l'arrangement des organes mo- teurs, de la distribution des masses nerveuses , et de l'énergie du système circulatoire, doit donc servir de base aux premières coupures k faire dans le règne animal.
Nous examinerons ensuite , dans chacune de ces coupures, quels caractères doivent succéder immédiatement à ceux-îa et donner lieu aux premières subdivisions.
DIVISÎON DES ANIMAUX. 5j
DISTRIBUTION GÉNt RALE DU RÈGNE ANIMAL EN QUATRE GRANDES DIVISIONS.
Si l'on considère le règne animal d'après les principes que nous venons de poser , en se dé- barrassant des préjugés établis sur les divisions anciennement admises, en n'ayant égard qu'à l'organisation et à la nature des animaux , et non pas a leur grandeur , a leur utilité , au plus ou moins de connaissance que nous en avons , ni a toutes les autres circonstances ac- cessoires, on trouvera qu'il existe c[uatre formes principales, cpiatre plans généraux, si l'on peut s'exprimer ainsi, d'après lesquels tous les ani- maux semblent avoir été modelés , et dont les divisions ultérieures, de, quelque titre que les naturalistes les aient décorées , ne sont que des modifications assez légères , fondées sur le déve- loppement ou l'addition de quelques parties, qui ne changent rien a l'essence du plan.
Dans la première de ces formes, qid est celle de l'homme et des animaux qui lui ressemblent le plus, le cerveau et le tronc principal du sys- tème nerveux sont renfermés dans une enve- loppe osseuse , qui se compose du crâne et des vertèbresp aux côtés de cette colonne mitoyenne
58 INTRODUCTION.
s'attachent les côtes et les os des membres qui forment la charpente du corps ; les muscles recouvrent en général les os qu'ils font agir, et les viscères sont renfermés dans la te te et dans le tronc.
Nous appelerons les animaux de cette forme les ANIMAUX vEKTÉBPvÉs. {jlniniaUa veriehrata^
Ils ont tous le sang rouge , un cœur muscu- laire ; une bouche a deux mâchoires horizon- tales; des organes distincts de la vue, de l'ouïe, de l'odorat et du goiU, placés dans les cavités de la face ; jamais p!us de quatre membres ; des sexes toujours séparés , et une distribution k peu près la même des masses médullaires et des principales branches du sytème nerveux.
En examinant de plus près chacune des par- ties de ce grand système, on y trouve toujours quelque analogie , même dans les espèces les plus éloignées l'une de l'autre, et Ton peut sui- vre les dégradations d'un même plan , depuis Thomme jusqu'au dernier des poissons.
Dans la deuxième forme, il n'y a point de squelette ; les muscles sont attachés seulement à la peau, qui forme une enveloppe molle, con« tractile en divers sens , dans laquelle s'engen- drent, en beaucoup d'espèces, des plaques pier- reuses , appelées coquilles , dont la position et
DIVISION DES ANIMAUX. 5g
la production sont analogues a celle du corps muqueux ; le système nerveux est avec les vis- cères dans cette enveloppe générale, et se com- pose de plusieurs masses éparses, réunies par des filets nerveux 5 dont les principales , placées sur l'œsophage , portent le nom de cerveau. Des quatre sens propres , on ne dis lingue plus que les organes de celui du goût et de celui de la vue^ encore ces derniers manquent-ils souvent. Une seule famille montre des organes de l'ouïe. Du reste il y a toujours un système complet de circulation, et des organes particuliers pour la respiration. Ceux de la digestion et des sécré- tions sont à peu près aussi compliqués que dans les animaux vertébrés.
Nous appeîerons ces animaux de la seconde forme. Animaux mollusques. {Animalia mol- liisca, )
Quoique le plan général de leur organisa- lion ne soit pas aussi uniforme , c|uant à la configuration extérieure des parties , que celui des animaux vertébrés, il y a toujours entre ces parties une ressemblance au moins du même degré dans la structure et dans les fonctions.
La troisième forme est celle qu'on observe dans les insectes , les vers , etc. Leur système nerveux consiste en deux longs cordons régnans
60 INTRODUCTION.
le long du ventre , renflés d'espace en espace en nœuds ou ganglions. Le premier de ces nœuds , placé sur l'œsophage, et nommé cerveau, n'est guère plus grand que les autres. L'enveloppe de leur tronc est divisée par des plis transverses en un certain nombre d'anneaux , dont les tégu- mens sont tantôt durs, tantôt mous, mais où les mu^scles sont toujours attachés à l'intérieur. Le tronc porte souvent à ses côtés des membres articulés ; mais souvent aussi il en est dé- pourvu.
Nous donnerons à ces animaux le nom d' Ani- maux ARTICULÉS. ( Animalia articulata. )
C'est parmi eux que s'observe le passage de la circulation dans des vaisseaux fermés , à la nutrition par imbibition, et le passage corres- pondant de la respiration dans les organes cir- conscrits , k celle qui se fait par des trachées ou vaisseaux aériens répandus dans tout le corps. Les organes du goût et de la vue sont les plus distincts chez eux : une seule famille en montre pour l'ouïe. Leurs mâchoires ^ quand lis en ont, soilt toujours latérales.
Enfin la quatrième forme, qui embrasse tous les animaux connus sous le nom de ZoophyteSy peut aussi porter le nom d' Animaiix rayonnes. ( Animalia radiata^ )
DIVISION DES a:nimaux. 6ï
Dans tous les précédens, les organes du mouve- ment et des sens étaient disposés symétrique- ment aux deux côtés d'un axe. Dans ceux-ci , ils le sont circulairement autour d'un centre. Ils approchent de riiomogénéité des plantes; on ne leur voit ni système nerveux bien distinct , ni organes de sens particuliers : à peine aper- çoit-on dans quelques-uns des vestiges de cir- culation ; leurs organes respiratoires sont pres- que toujours à la surlace de leur corps *, le plus grand nombre n'a qu'un sac sans issue , pour tout intestin , et les dernières familles ne présentent qu'une sorte de pulpe homogène , mobile et sensible (i).
(i) IS"". B. Avant moi, les naturalistes divisaient tous les animaux non verle'brés en deux classes, les insectes et les vers. J'ai commence à atta- quer cette manière de voir, et pre'senté une autre division, dans un mé- moire lu à la société d'Histoire naturelle de Paris , le 21 floréal an III, ou le 10 mai lygS , et imprimé dans la Décade philosophique , où je marque les caractères et les limites des mollusques , des crustacés , des insectes , des vers , des échinodermes et des zoophytes. J'ai distingué les vers à sang rouge ou annelides , dans un mémoire lu à l'Institut le 1 1 nivôse an X , ou le 3i décembre 1801. J'ai ensuite réparti ces diverses classes en trois embran- chemens comparables chacun à celui des animaux vertébrés , dans un mé- moire lu à l'Institut en juillet 1812, imprimé dans les annales du mus. d'Hist. nat. , tome XIX.
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PREMIÈRE GRANDE DIVISION DU RÈGNE ANIMAL.
LES ANIMAUX VERTÉBRÉS.
LeuPv corps et leurs membres étant soute- nus par une charpente composée de pièces liées et mobiles les unes sur les autres , ils ont plus de précision et de vigueur dans leurs mouvemens ^ la solidité de ce support leur permet d'atteindre une grande taille , et c'est parmi eux que se trouvent les plus grands des animaux.
Leur système nerveux plus concentré ^ ses parties centrales plus volumineuses , donnent a leurs sentimens plus d'énergie et plus de durée , d'où résulte une intelligence supérieure et plus de perfectibilité.
Leur corps se compose toujours de la tète , du tronc et des membres.
La tête est formée du crâne qui renferme le cerveau 5 et de la face, qui se compose des deux mâchoires et des réceptacles des organes des sens.
Leur tronc est soutenu par l'épine du dos , et les cotes.
L'épine est composée de vertèbres mobiles
ANIMAUX VERTÉBRÉS. 63
les unes sur les autres, dont la première porte la tête, et qui ont toutes une partie annulaire et forment ensemble un canal , où se loge ce faisceau commun du système nerveux , qu'on appelle moelle de Fèpine.
Le plus souvent l'épine se prolonge en une queue, en dépassant les membres postérieurs.
Les côles sont des demi-cerceaux qui garan- tissent les côtés de la cavité du tronc ; le plus souvent elles s'articulent par une extrémité aux vertèbres, et par -devant au sternum : elles sont quelquefois à peine visibles.
Il n'y a jamais plus de deux paires de mem- bres ; mais elles manquent cjuelquefois Tune ou l'autre , ou toutes les deux , et prennent des formes relatives aux mouvemens qu'elles doi- vent exécuter. Les membres antérieurs peuvent être faits en mains , en pieds , en ailes ou en nageoires ; les postérieurs , en pieds ou en na- geoires.
Le sang est toujours rouge et parait avoir une composition propre a entretenir cette éner- gie de sentiment et cette vigueur de muscles, mais dans des degrés divers et qui correspon- dent à la quantité de respiration, ce cfui motive la subdivision des animaux vertébrés en cjuatre classes.
64 ANIMAUX \ERï£BRÉS.
Les sens extérieurs sont toujours deux yeux , deux oreilles, deux narines, les tégumens de la langue, et ceux de la totalité du corps.
Les nerfs se rendent a la moelle par les trous des vertèbres, ou par ceux du crâne; ils pa- raissent s'unir tous en un double faisceau cpi forme cette moelle , et qui , après avoir croisé ses filamens , s'épanouit pour former en se ren- flant les divers tubercules dont le cerveau se compose , et pour se terminer dans les deux voûtes médullaires appelées hémisphères, dont le volume correspond a l'étendue de l'intel- ligence.
Il y a toujours deux mâchoires j le principal mouvement est dans l'inférieure , qui s'élève ou s'abaisse ; la supérieure est quelquefois entière- ment fixe 5 l'une et l'autre sont presque toujours armées de dents , excroissances d'one nature particulière, assez semblable à celle des os pour la composition chimique , mais qui croissent par couches et par transsudation ; une classe entière , cependant (celle des oiseaux), a les mâchoires revêtues de cornes , et le génie des tortues, dans la classe des reptiles, est dans le même cas.
Le canal intestinal va de la bouche a l'anus , éprouvant divers renflemens et rétrécissemens,
EN GÉNÉRAL. 65
ayant des appendices, et recevant des liqueurs dissolvantes , dont les unes , qui se versent dans la bouche , sont appelées salive ; les au- tres 5 c[ui n'entrent que dans les intestins vP^^'- tent divers noms : les deux principales sont le suc de la glande nommée le pancréas, et la bile qui est produite par une autre glande fort con- sidérable appelée le toie.
Pendant que les alimens digérés parcourent le canal alimentaire , leur partie propre à la nutrition , et qui se nomme le chyle , est ab- sorbée par des vaisseaux particuliers, nommés lactés , et portée dans les veines; le résidu de la nutrition des parties est aussi reporté dans les veines par des vaisseaux analogues aux lac- tés , et formant avec eux un même système , nommé système des vaisseaux lymphatiques.
Les veines reportent au cœur le sang cjui a servi à nourrir les parties , et que le chyle et la lymphe viennent de renouveler ; mais ce sang est obligé de passer en tout ou en partie dans l'organe de la respiration , pour y repren- dre sa nature artérielle , avant d'être reportéaux parties par les artères. Dans les trois premières classes , cet organe de respiration est un pou- mon, c'est-à-dire, un assemblage de cellules oii l'air pénètre. Dans les poissons seulement , ce TOME I. 5
66 Al>ÎIMiaJX VERTÉBRÉS.
sont des branchies ou des séries de lames entre lesquelles Feau passe.
Dans tous les animaux vertébrés , le sang qui fournit au foie les matériaux de la bile, est du sang veineux qui a circulé dans les intes- tins, et qui 5 après s'être rassemblé dans un tronc Siipipelé veine porte ^ se subdivise de nou- veau au foie.
Tous ces animaux ont aussi une sécrétion particulière , qui est celle de Yurine , et qui se fait dans deux grosses glandes attachées aux côtés de l'épine du dos , et appelées reins : la Kqueur que ces glandes produisent , séjourne le plus souvent dans un réservoir appelé la vessie.
Les sexes sont séparés ; la femelle a toujours un ou deux ovaires 5 d'où les œufs se détachent au moment de la conception.
Le mâle les féconde par la liqueur séminale; mais le mode de cette fécondation varie beau- coup.
Dans la plupart des genres des trois pre- mières classes , elle exige une intromission de la liqueur 5 dans quelques reptiles , et dans la plupart des poissons , elle se fait c[uand les oeufs sont déjà pondus.
LEUR DIVISION. 6^
SUBDIVISION DES ANIMAUX VERTÉBRÉS^ EN q;UATRE CLASSES.
On vient de voir à quel point les animaux vertébrés se ressemblent entre eux ; ils offrent cependant quatre grandes subdivisions ou clas- ses, caractérisées par l'espèce ou la force de leurs mouvemens , qui dépendent eux-mêmes de la quantité de leur respiration , attendu que c'est de la respiration que les fibres musculaires tirent l'énergie de leur irritabilité.
La quantité de respiration dépend de deux facteurs ; le premier est la quantité relative du sang qui se. présente dans l'organe respira- toire dans un instant donné ; le second , la quantité relative d'oxigène qui entre dans la composition du fluide ambiant.
La quantité du sang qui respire dépend de la disposition des organes de la respiration et de ceux de la circulation.
Les organes de la circulation peuvent être doubles, de sorte que tout le sang qui arrive des parties par les veines , est obligé d'aller cir- culer dans l'organe respiratoire avant de retour-* ner aux parties par les artères j ou bien ils peu- vent être simples , de sorte qu'une portion seu-
68 ANIMAUX VERTÉBRÉS.
lement du sang qui revient du corps est obligée de passer par l'organe respiratoire , mais que le reste retourne au corps sans être allé respirer.
Ce dernier cas est celui des reptiles. Leur quantité de respiration et toutes les qualités qui en dépendent varient selon la proportion du sang qui se rend dans le poumon à chaque pulsation.
Les poissons ont une circulation double, mais leur organe respiratoire est formé pour respirer par l'intermède de l'eau; et leur sang n'y éprouve d'action que de la part de la portion d'oxigène dissoute ou mêlée dans cette eau 5 en sorte que leur quantité de respiration est peut-être moindre encore que celle des reptiles.
Dans les mammifères , lacirculation est double et la respiration aérienne est simple, c'est-à- dire, qu'elle ne se fait que dans le poumon seulement; leur quantité de respiration est donc supérieure à celle des reptiles à cause de la forme de leur organe circulatoire, et a celle des poissons a cause delà nature de leur élément ambiant.
Mais la quantité de respiration des oiseaux est encore supérieure à celle des quadrupèdes, parce que non-seulement lis ont une circulation
LEUR DIVISION. 69
double et une respiration aérienne , mais encore parce qu'ils respirent par beaucoup d'autres cavités que le poumon , l'air pénétrant par tout leur corps, et baignant les rameaux de l'aorte, ou artère du corps, aussi-bien que ceux de l'artère pulmonaire.
De là résultent les quatre sortes de mou* vemens auxquelles les quatre classes d'animaux vertébrés sont plus particulièrement destinées j Les quadrupèdes, oii la quantité de respiration est modérée , sont généralement faits pour mar- cher et courir en développant de la force ; les oiseaux , oîi elle est plus grande , ont la légèreté et la vigueur de muscles nécessaires pour le vol; ks reptiles, oii elle est plus faible, sont condamnés à ramper, et plusieurs d'entre eux passent une partie de leur vie dans une sorte de torpeur; les poissons enfin ont besoin, pour exécuter leurs mouvemens, d'être soutenus dans un liquide spécifiquement presque aussi pesant qu'eux.
Touteslescîrconstancesd'organisation propres à chacune de ces quatre classes , et nommément celles qui concernent le mouvement et les sensations extérieures , sont en rapport néces- saire avec ces caractères essentiels.
Cependant, la classe des mammifères a des
^O MAMMIFÈRES.
caractères particuliers dans leur génération vivipare, dans la manière dont leur fœtus se nourrit dans la matrice, au moyen du placenta et dans les mammelles qui allaitent leurs petits. Au contraire, les autres classes sont ovipares, et, si on les oppose en commun a la première, on leur trouve des ressemblances qui annoncent pour elles un plan spécial d'organisation dans le grand plan général de tous les vertébrés.
PREMIÈRE CLASSE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS,
LES MAMMIFERES.
Les mammifères doivent être placés à la tète du règne animal , non-seulement parce que c'est la classe à lacjuelle nous appartenons nous- mêmes, mais encore parce que c'est celle de toutes qui jouit des facultés les plus multipliées, des sensations les plus délicates , des mouvemens les plus variés, et où l'ensemble de toutes les propriétés parait combiné pour produire une intelligence plus parfaite, plus fécoude en ressources, moins esclave de l'instinct et plus susceptible de perfectionnement.
Comme leur quantité de respiration est mo« dérée,ils sont en général disposés pour marcher
EN GÉNÉRAL. 'J l
sur la terre , mais pour y marclier avec force et d'une manière continue. En conséquence, toutes les articulations de leur squelette ont des formes très-prëcises qui déterminent leurs mou- vemens avec rigueur.
Quelques-uns cependant peuvent s'élever en Tair au moyen de membres prolongés et de membranes étendues; d'autres ont les membres tellement raccourcis qu'ils ne se meuvent aisé- ment que dans l'eau , mais ils ne perdent pa^^ pour cela ks caractères généraux de la classe.
Ils ont tous la mâchoire supérieure fixée au crâne, l'inférieure composée de deux pièces seulement, articulée par un condyle saillant a un temporal fixe, le cou de sept, et une seide espèce de neuf vertèbres; les côtes antérieures attachées en avant a un sternum formé d'un certain nombre de pièces à la file; leur extré- mité de devant commence par une omoplate non articulée, mais seulement suspendue dans les chairs , s'appuyant souvent sur le sternum par un os intermédiaire nommé clavicule. Cette extrémité se continue par un bras, un avant-bras et une main formée elle-même de deux rangées d'osselets appelées poignet ou carpe, d'une rangée d'os nommée métacarpe, et de doigts composés chacun de deux ou trois os nommés phalanges.
72 MAMMIFÈRES.
Si l'on excepte les cétacés, ils ont tous la première partie de Textrémité postérieure fixée à Tépine et formant une ceinture ou un bassin qui dans la jeunesse se divise en trois paires d'os, l'iléon qui tient à l'épine, le pubis qui forme la ceinture antérieure, et l'ischion qui forme la postérieure. Au point de réunion de ces trois os est la fosse oii s'articule la cuisse , qui porte elle-même la jambe, formée de deux os , le tibia et le péroné; cette extrémité est terminée par le pied , lequel se compose de parties analogues à celles de la main; savoir, d'un tarse, d'un métatarse et de doigts.
La tête des mammifères s'articule toujours par deux condyles sur leur atlas ou première vertèbre.
Leur cerveau se compose toujours de deux hémisphères réunis par une lame médullaire dite corps calleux , renfermant deux ventricules , et enveloppant les quatre paires de tubercules appelées corps cannelés , couches optiques , nates et testes. Entre les couches optiques est un troisième ventricule qui communique avec le quatrième situé sous le cervelet; les jambes de leur cervelet forment toujours sous la moelle allongée une proéminence transverse appelée pont de varole.
EN GÉNÉRAL. 73
Leur œil, toujours logé dans son orbite, préserve par deux paupières et un vestige de troisième, a son cristallin fixé par le procès- ciliaire et sa sclérotique simplement celluleuse.
Dans leur oreille, on trouve toujours une cavité nommée caisse, fermée en dehors par une membrane nommée tympan , avec quatre osselets appelés marteau, lenticulaire, enclume et étrier ; un vestibule sur l'entrée duquel appuie l'étrier et qui communique avec trois canaux semi-circulaires; enfin, un limaçon qui donne par une de ses rampes dans la caisse , par l'autre dans le vestibule.
Leur crâne se subdivise comme en trois cein- tures formées : l'antérieure, par les deux fron- taux et l'étlimoïde ; l'intermédiaire , par les pariétaux et le sphénoïde,; la postérieure , par l'occipital ; entre l'occipital , les pariétaux et le sphénoïde, sont intercalés les temporaux, dont une partie appartient proprement à la lace.
Dans le fœtus, l'occipital se divise en quatre parties : le corps du sphénoïde en deux , et trois de ses paires d'ailes sont séparées; le tem- poral en trois , dont l'une sert à compléter le crâne , l'autre à renfermer le labyrinthe de l'oreille , la troisième a former les parois de la
'j4 MAMMIFÈRES.
caisse, etc. Ces parties d'os s'unissent plus ou moins promptement selon les espèces , et les os eux - mêmes finissent par s'unir dans les adultes.
Leur face est formée essentiellement par les deux maxillaires , entre lesquels passe le canal des narines, et qui ont en avant les deux in- termaxillaires 5 en arrière les deux palatins ^ entre eux descend la lame impaire de Tëth- moïde 5 nommée vomer ; sur les entrées du canal nazal sont les os propices du nez; à ses pa- rois externes adhèrent les cornets inférieurs, les cornets supérieurs qui occupent sa partie su- périeure et postérieure , appartiennent a Téth- moïde. Le jugal unit de chaque côté Tos maxil- laire au temporal, et souvent au frontal; enfin, le lacrymal occupe l'angle interne de l'orbite, et quelquefois une f>artie de la joue.
Leur langue est toujours cliarnue et attachée à un os appelé hyoïde , suspendu au crâne par des ligamens.
Leurs poumons, au nombre de deux , com- posés d'une infinité de cellules , sont toujours renfermés sans adhérence dans une cavité for- mée par les côtes et le diaphragme, et tapissée par la plèvre ; leur organe de la voix toujours a rextrémité supérieure de là trachée artère 5
EN GÉNÉRA.L. ^5
lin prolongement charnu ^ nommé voile du pa- lais , établit une communication directe entre leur larynx et leurs arrières-narines.
Leur séjour a la surface de la terre les expo- sant moins aux alternatives du froid et du chaud, leur corps n'a que l'espèce moyenne de tégument, le poil , qui même est généralement rare dan3 ceux des pays chauds»
Les cétacés qui vivent entièrement dans l'eau, sont les seuls qui en manquent absolument.
Leur canal intestinal est suspendu a un re- pli du péritoine , nommé mésentère, qui con- tient de nombreUvSes glandes conglobées pour les vaisseaux lactés ^ une autre production du péritoine, nommée épiploon, pend au-devant et au-dessous dès intestins.
L'urine retenue pendant quelque temps dans une vessie, sort, dans les deux sexes, à un très-petit nombre d'exceptions près , par les orifices de la génération.
Celle-ci dans tous les mammifères est essen- tiellement vivipare; c'est-à-dire que le fœtus, immédiatement après la conception , descend dans la matrice , enfermé dans ses enveloppes , dont la plus extérieure, nommée chorion , se iixe aux parois de cet organe par un ou plur sieurs plexus de vaisseaux ^ a'pçdés placentas ,
76 MAMMIFÈRES.
qui établissent entre lui et sa mère une cpm- munîcation, d'où il tire sa nourriture, et pro- bablement aussi son oxygénation. Cependant , les fœtus de mammifères ont au moins dans les premiers temps de la grossesse une vésicule analogue à celle qui contient le jaune dans les ovipares; et recevant de même des vaisseaux du mésentère. Ils ont aussi une autre vessie , qui communique avec celle de l'urine, et qu'on a nommée allantoïde.
La conception exige toujours un accouple- ment effectif 5 011 le sperme du mâle soit lancé dans la matrice de la femelle.
Les petits se nourrissent pendant quelque temps 5 après leur naissance , d'une liqueur par- ticulière a cette classe ( le lait ) , laquelle est produite par les mammelles , dès l'instdnt du part 5 et pour aussi long-temps que les petits en ont besoin. Ce sont les mammelles qui ont valu a cette classe son nom de mammifères , at- tendu que lui étant exclusivement propres, elles la distinguent mieux qu'aucun autre caractère extérieur.
Dm'sion de la classe des marrmiifères en
ordres.
Les caractères variables qui établissent les
DIVISION EN ORDKES. 77
diversités essentielles des mammifères entre eux 5 sont pris des organes du toucher , d'oîi dépend leur plus ou moins d'habileté ou d'a- dresse, et des organes de la manducation qui déterminent la nature de leurs alimens , et entraînent après eux, non -seulement tout ce qui a rapport à la fonction digestive, mais en- core une foule d'autres différences relatives , même a l'intelligence.
La perfection des organes du toucher s'es- time d'après le nombre et la mobilité des doigts, et d'après la manière plus ou moins profonde dont leur extrémité est enveloppée dans l'ongle ou dans le sabot.
Un sabot qui enveloppe tout-a-fait la partie du doigt qui touche à terre , y émousse le tact, et rend le pied incapable de saisir.
L'extrême opposé est quand un ongle formé d'une seule lame ne couvre qu'une des faces du bout du doigt , et laisse à l'autre face toute sa délicatesse.
Le régime se juge par les dents mâchelières^ k la forme desquelles répond toujours l'articu- Jation des mâchoires.
Pour couper de la chair , il faut des mâ- rhelières tranchantes comme une scie, et des
y 8 MAMMIFÈRES.
mâchoires serrées comme des ciseaux , qui aè puissent que s'ouvrir ou se fermer.
Pour broyer des grains ou des racines , il faut des mâclielières à couronne plate , et des mâchoires qui puissent se mouvoir horizonta- lement; il faut encore, pour que la couronne de ces dents soit toujours inégale comme une meule , que sa substance soit formée de par- ties inégalement dures, et dont les unes s'usent plus vite que les autres.
Les animaux a sabot sont tous de nécessité herbivores ou k couronnes des mâchelières plates , parce que leurs pieds ne leur permet- traient pas de saisir une proie vivante.
Les animaux à doigts onguiculés étaient sus- ceptibles de plus de variétés ; il y en a de tous les régimes ; et outre la forme des mâchelières , ils diffèrent encore beaucoup entre eux par la mobilité et la délicatesse des doigts. On a sur- tout saisi a cet égard un caractère qui influe prodigieusement sur l'adresse et multiplie leurs moyens d'industrie ; c'est la faculté d'opposer le pouce aux autres doigts, pour saisir les plus petites choses , ce qui constitue la main pro- prement dite; faculté qui est portée à son plus haut degré de perfection dans l'homnxe, où l'ex-
DIVISION EN OLDKES. 'JQ
trémité antérieure toute entière est libre et peut être employée k la préhension.
Ces diverses combinaisons qui déterminent ri- goureusement la nature des divers mammifères , ont donné lieu à distinguer les ordres suivans : Parmi les onguiculés , le premier, qui est en même temps privilégié sous tous les autres rapports , l homme , a des mains aux extré- mités antérieures seulement; ses extrémités postérieures le soutienneut dans une situation verticale.
L'ordre le plus voisin de l'homme, celui des ^uadrum^anes ^ a des mains aux quatre extré- mités.
Un autre ordre , celui des carnassiers , n'a point de pouce libre et opposable aux extré- mités antérieures.
Ces trois ordres ont d'ailleurs chacun les trois sortes de dents, savoir : des mâchelières, des canines et des incisives.
Un quatrième, celui des rongeurs^ dont les doigts diffèrent peu de ceux des carnassiers , manque de canines et porte en avant des incisives disposées pour une sorte toute particu- lière de manducation.
Viennent ensuite des animaux dont les doigts sont déjà fort gênés ; fort enfoncés daii§ de
8o MAMMIFÈRES.
grands ongles, le plus souvent croclius , et qui ont encore cette imperfection de manquer d'in- cisives. Quelques-uns manquent même de ca- nines, et d'autres n'ont point de dents du tout. ^ Nous les comprenons tous sous le nom d'édentés.
Cette distribution des animaux onguiculés serait parfaite et formerait une chaîne très-ré- gulière , si la Nouvelle-Hollande ne nous avait pas fourni récemment une petite chaîne colla- térale, composée des animaux à bourse, dont tous les genres se tiennent entre eux par l'en- semble de l'organisation , et dont cependant les uns répondent aux carnassiers ; les autres aux rongeurs ; les troisièmes aux édentés , par les dents et par la nature du régime.
Les animaux à sabots , moins nombreux , ont aussi moins d'irrégularité.
Les ruminans composent un ordre très-dis- linct , par ses pieds fourchus, sa mâchoire supé- rieure sans vraies incisives , et ses quatre es- tomacs.
Tous les autres quadrupèdes à sabots se laissent réunir en un seul ordre que j'appellerai pachydermes ou jumenta , excepté V éléphant qui pourrait faire un ordre a part, et qui se lie par quelques rapports éloignés avec l'ordre des
rongeurs.
I
DIVISION ExN ORDllES. 8l
Enfin viennent les mammifères , qui n'ont point du tout d'extrémités postérieures , et dont la forme de poisson et la vie aquatique pour- raient engager à faire une classe particulière, si tout le reste de leur économie n'était pas la même que dans la classe où nous les laissons. Ce sont les poissons à sang cliaud des anciens ou les cétacés qui, réunissant à la force des autres mammifères l'avantage d'être soutenus par l'élément aqueux , comptent parmi eux les plus gigantesques de tous les animaux.
PREMIER ORDRE DES MAMMiEÉRES.
1
LES BIMANES OU L'HOMME.
L'homme ne forme cju'un genre, et ce genre est unlcpie dans son ordre. Comme son histoire nous intéresse plus directement et doit former l'objet de comparaison auquel nous rapporterons celle des autres animaux, nous la traiterons avec plus de détail.
Nous exposerons rapidement ce que l'homme offre de particulier dans chacun de ses systèmes organiques, parmi tout ce qu'il a de commua a^ec les autres mammifères*, nous examinerons les avantages que ces particularités lui donnent
ÏOME I. 6
82 MAMMIFÈRES.
sur les autres espèces; nous ferons connaître ses principales races et leurs caractères distinctifs; enfin, nous incliquerons Tordre naturel du développement de ses facultés , soit indivi- duelles p soit sociales.
Conformation particulière de Vhoînme,
Le pied de Thomme est très-différent de celui des singes : ii est large; la jambe porte verticalement sur lui; le talon est renflé en dessous; ses doigts sont courts et ne peuvent presque se ployer; le pouce , plus long, plus gros que les autres , est placé sur la même ligne ^ ne leur est point opposable; ce pied est donc propre à supporter le corps ^ mais il ne peut servir, ni à saisir , ni à grimper , et comme de leur côté les mains ne servent point à la marche , l'homme est le seul animal vraiment bimane et bipède.
Le corps entier de Thomme est disposé pour la station verticale. Ses pieds, comme nous venons de le voir, lui fournissent une base plus large que ceux d'aucun mammifère ; les muscles qui retiennent le pied et la cuisse dans fétat d'extension sont plus vigoureux , d'où résulte la saillie du mollet et de la fesse ; les fléchisseurs de la jambe s'attachent plus haut^ ce qui permet au genou une extension com- plète, et laisse mieux paraître le mollet ; le bassin est plus large, ce qui écarte les cuisses et les pieds, et <lonne au tronc une forme pyramidale favorable à Téquilibre : les cois des o^ de$ cuissç§ forment, avej:
f
l'homme» 83
le corps de l'os, un angle qui augmente encore Técar- tement des pieds et élargit la base du corps; enfin la léte , dans cette situation verticale , est en équilibre sur le tronc , parce que son articulation est alors sous le milieu de sa masse.
Quand l'homme le voudrait, il ne pourrait mar- cher commodément à quatre ; son pied de derrière court et presque inflexible, et sa cuisse trop longue^ ramèneraient son genou contre terre; ses épaules écar- tées et ses bras jetés trop loin de la ligne moyenne, soutiendraient mal le devant de son corps ; le muscle grand dentelé qui , dans les quadrupèdes , suspend le tronc entre les omoplates comme une sangle, est plus petit dans Thomme que dans aucun d'entre eux 3 la tête est ])lus pesante à cause de la graîideur du cer- veau et de la petitesse des sinus ou cavités des os , et cependant les moyens de la soutenir sont plus faibles, car l'homme n'a ni ligament cervical, ni disposition des vertèbres propre à les empêcher de se fléchir en avant ; il pourrait donc tout au plus maintenir sa tête dans la ligne de l'épine , et alors ses yeux et sa bouche seraient dirigés contre terre; il ne verrait pas devant lui ; la position de ces organes est au contraire par- faite, en supposant qu'il marche debout.
Les artères qui vont à son cerveau ne se subdi- visant point, comme dans beaucoup de quadrupèdes, et le sang nécessaire pour un organe si volumineux , s'y portant avec trop d'affluence , de fréquentes apo*- plexies seraient la suite de la position horizontale.
L'homme doit donc se soutenir sur ses pieds seu- lement, îl conserve la liberté entière de ses mains
84 M ArvîrjiFÈr, Es.
pour les arts, et ses organes des sens sont situés le
plus favorablement pour l'observation.
Ces mains, qui tirent déjà tant d'avantages de leur liberté , n'en ont pas moins dans leur structure. Leur pouce, plus long à proportion que dans les singes, donne plus de facilité pour la préhension des petits objets; tous les doigts, excepté l'annulaire , ont des mouvemens séparés, ce qui n'est pas dans les autres animaux, pas même dans les singes. Les ongles ne garnissant qu'un des côtés du bout du doigt , prêtent un appui au tact sans rien ôter à sa délicatesse. Les bras qui portent ces mains ont une attache solide par leur large omoplate et leur forte cla- vicule, etc.
L'homme, si favorisé du coté de l'adresse, ne Test point du côté de la force. Sa vitesse à la course est beaucoup moindre que celle des animaux de sa taille; n'ayant ni mâchoires avancées, ni canines saillantes, ni ongles crochus , il est sans armes offensives; et, son corps n'ayant pas même de poils à sa partie supé- rieure ni sur les côtés, il est absolimient sans armes défensives; enfui, c'est de tous les animaux celui qui est le plus long-temps à prendre les forces nécessaires pour se subvenir à lui-même.
Mais cette faiblesse a été pour lui un avantage de plus , en le contraignant de recourir à ses moyens intérieurs, et surtout à cette intelligence qui lui a été accordée à un si haut degré.
Aucun quadrupède n'approche de lui pour \'d grandeur et les replis des hémisphères du cerveau j, c'est-à-dire, de la partie de cet organe qui sert d'ins-
l' HO 31 ME. 85
trument principal aux opérations intellectuelles; la partie postérieure du même organe s'étend en arrière de façon à recouvrir le cervelet ; la forme même de son crâne annonce cette grandeur du cerveau ^ comme la petitesse de sa face montre combien la parliedu système nerveux, affectée aux sens externes, est peu prédominante.
Cependant ces sensations extérieures, toutes d'une force médiocre dans Fiiomme, y sont aussi toutes délicates et bien balancées.
^Q.^ deux yeux sont dirigés en avant; il ne voit point de deux côtés à la fois comme beaucoup de quadrupèdes , ce qui met plus d'unité dans les résultats de sa vue et fixe davantage son attention sur les sensations de ce genre. Le globe et l'iris de son œil sont l'un et l'autre peu variables, ce qui restreint factivité de sa vue à une distance et à uu degré de lumière déterminés; la conque de son oreille peu mobile et peu étendue n'augmente pas l'intensité des sons, et cependant, c'est de tous les animaux celui qui distingue le mieux les intonations; ses narines, plus compliquées que celles des singes, le sont moins que celles de tons les autres genres^ et cependant il parait le seul dont l'odorat soit assez délicat pour être affecté par les mauvaises odeurs. La délicatesse de l'odorat doit influer sur celle du goût, et Ihomme doit d'ailleurs avoir de l'avantage, à cet égard, au moins sur les animaux dont la langue est revêtue d'écaillés ; enfin , la finesse de son toucher résulte, et de celle de ses tégumens, et de l'absence de toutes parties insensibles, aussi-bien que d^ la.
86 MAMMIFÈRES,
forme de sa main mieux faite qu'aucune autre pour s'adapter à toutes les petites inégalités des surfaces.
L'homme a une prééminence particulière dans les organes de sa voix; il peut seul articuler des sons; la forme de sa houclie et la grande mobilité de ses lèvres en sont probablement les causes; il en résulte pour lui un mojen de communication bien précieux , car des sons variés sont, de tous les signes que Ton pourrait employer commodément pour la transmis- sion des idées, ceux que Ton peut faire percevoir le plus loin et dans plus de directions à la fois.
11 semble que jusqu'à la position du cœur et des gros vaisseaux soient relatives à la station verticale ; le cœur est posé obliquement sur le diaphragme et sa pointe répond à gauche, ce qui occasionne une distribution de l'aorte différente de celle de la plupart des quadrupèdes.
L'homme parait fait pour se nourrir principalement de fruits, de racines et d'autres parties succulentes des végétaux. Ses mains lui donnent la facilité de les cueillir; ses mâchoires courtes et de force médiocre d'un côté , ses canines égales aux autres dents , et ses m.olaires tuberculeuses de l'autre, ne lui permet- traient guère ni de paître de Fherbe , ni de dévorer de la chair, s'il ne préparait ces alimens par la cuisson ; mais une fois qu'il a possédé le feu , et que ses arts l'ont aidé à saisir ou à tuer de loin les animaux^ tous les êtres vivans ont pu servir à sa nourriture, ce qui lui a donné les moyens de multiplier infiniment son espèce.
Ses orcnncs de la di^estion sont conformes à ceux
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de la maslicalion ; son estomac est simple , son cai^I intestinal de longueur médiocre, ses gros intestins bien marqués, son coecum court et gros, augmenté d'un appendice grêle, son foie divisé seulement en deux lobes et un lobule ; son épiploon pend au-devant des intestins jusque dans le bassin.
Pour compléter Tidée abrégée de la structure anatomique de l homme, nécessaire pour cette in- troduction, nous ajouterons qu'il a trente -deux vertèbres, dont sept cervicales, douze dorsales, cinq lombaires , cinq sacrées, et trois coccygiennes. De ses côtes, sept paires s'unissent au sternum par des allonges cartilagineuses et se nomment vraies cotes ; les cinq paires suivantes sont nommées fausses côtes. Son crâne a huit os; savoir, un occipito-basilaire, deux temporaux, deux pariétaux, un frontal, -un ethmoïde et un sphénoïdal. Les os de sa face sont au nombre de quatorze ; deux maxillaires , deux jugaux^ dont chacun se joint au maxillaire du même côté par ime espèce d'anse nommée arcade zygoma- tique , deux naseaux , deux palatins en arrière du palais, un vomer entre les narines, deux cornets du nez dans les narines, deux lachrymaux aux côtés internes des orbites et Tos unique de la mâchoire inférieure. Chaque mâchoire a seize dents, quatre incisives tranchantes au milieu, deux canines pointues aux coins , et dix molaires a couronne tuberculeuse j, cinq de chaque côté : ce sont en tout trente-deux dents. Son omoplate a au bout de son épine ou arrête saillante une tubérosité , dite acromion^ â laquelle s'attache la clavicule et, au-dessus de son
88 MAMMIFÈRES.
articulation ^ une pointe , nommée bec coracoïde, pour rattache de quelques muscles. Le radius tourne com- plètement sur le cubitus à cause de la manière dont il s articule avec Thumerus. Le carpe a huit os , quatre par chaque rangée; le tarse en a sept; ceux du reste de la main et du pied se comptent aisément d'après le nombre des doigts.
L'homme jouissant^ au moyen de son industrie, d'une nourriture uniforme, est en tout temps disposé aux plaisirs de l'amour sans y être jamais entraîné avec fureur; son organe mâle n'est point soutenu par un axe osseux ; le prépuce ne le retient pas attaché à labdomen, mais il pend au-devant du pubis : des veines grosses et multipliées , qui reportent aisément dans la masse de la circulation le sang des testicules, paraissent contribuer à cette modération de désirs.
La matrice de la femme est une cavité simple et ovale ; ses mammelles , au nombre de deux seule- ment, sont situées sur la poitrine, et répondent à la facilité qu'elle a de soutenir son enfant sur ses bras.
J)évelopvemeiit physique et moral de l'homme.
La portée ordinaire n'est que d'un petit; sur cinq cents accouchemens, il n'y en a qu'un de deux en- fans ; il est beaucoup plus rare encore d'en voir de plus nombreux. La durée de la gestation est de neuf mois. Un fœtus d'un mois a ordinairement un pouce de haut; à deux mois, il a deux pouces et un quart; à trois mois, cinq pouces; à cinq mois, six ou sept
l'homme. 89
pouces; à sept mois, onze pouces ; à huit mois, qua- torze pouces ; à neuf mois , dix-huit pouces. Ceux qui naissent à moins de sept mois ne vivent point pour la plupart. Les dents de lait commencent à pousser quelques mois après la naissance. Il y en a vingt à deux ans qui tombent successivement vers la septième année, pour être remplacées par d'autres. Des douze arrières-molaires qui ne doivent pas tom- ber, il y en a quatre qui paraissent à quatre ans et denii^ quatre à neuf ans ; les quatre dernières ne pa- raissent quelquefois qu'à la vingtième année.
Le fœtus croît davantage à mesure qu'il approche de la naissance. L'enfant, au contraire, croit toujours de moins en moins. Il a à sa naissance plus du quart de sa hauteur : il en atteint moitié à deux ans et demi; les trois-quarts à neuf ou dix ans. Ce n'est guère qu'à dix-huit ans qu'il cesse de croître. L'h.ommc surpasse rarement six pieds , et il ne reste guère au- dessous de cinq. La femme a ordinairement c[uel-= ques pouces de moins.
La puberté se manifeste par des signes extérieurs, de dix ou douze ans dans les filles , de douze à seize dans les garçons. Elle commence plus tôt dans les pays chauds. L'un et l'autre sexe produisent ra- rement avant fépoque de cette manifestation.
A peine le corps a-t-il atteint le terme de son accroissement en hauteur, qu'il commence à épais- sir ; la graisse s'accumule dans le tissu cellulaire. Les diiférens vaisseaux s'obstruent graduellement ; les solides se roidissent ; et après une vie plus ou moin s longue , plus ou moins agitée , plus ou moin*
go MAM3IIFÈRES.
douloureuse , arrivent la vieillesse , la caducité , îa décrépitude et la mort. Les hommes qui passent cent ans sont des exceptions rares; îa plupart pé- rissent long-temps avant ce terme , ou de maladies , ou d'accidens , ou même simplement de vieillesse.
L'enfant a besoin des secours de sa mère bien plus long-temps que de son lait, d'où résulte pour lui une éducation intellectuelle en même temps que physique , et entre tous deux un attachement dura- ble. Le nombre égal des individus des deux sexes, la difficulté de nourrir plus d'une femme quand les richesses ne suppléent pas à îa force , montrent que îa monogamie est la liaison naturelle à notre espèce; et comme dans toutes celles où ce genre d'union existe, le père prend part à l'éducation du petit. La longueur de cette éducation lui permet d'avoir d autres enfans dans l'intervalle, d'où résulte la perpétuité natu- relle de l'union conjugale ; comme de la longue fai- blesse des enfans résulte la subordination de famille ^ et par suite tout l'ordre de la société , attendu que les jeunes gens qui forment les familles nouvelles, con- servent avec leurs parens les rapports dont ils ont eu si long-temps la douce habitude. Cette disposition à se seconder mutuellement multiplie à l'infini les avantages que donnaient déjà à l'homme isolé, son adresse et son intelligence ; elle l'a aidé à dompter ou à repousser les autres animaux, et à se préserver partout des intempéries du climat , et c'est ainsi qu'il est parvenu à couvrir la face de îa terre.
Du reste, Fhomme ne parait avoir rien qui ressemble à de Finstinct, aucune industrie constante et produite
L HOMME. gi
par des images innées ; toutes ses connaissances sont le résultat de ses sensations , ou de celles de ses devanciers. Transmises par la parole , fécondées par la méditation , appliquées à ses besoins et à ses jouissances , elles lui ont donné tous ses arts. La parole et Técriture ^ en conservant les connaissances acquises, sont pour Fespèce la source d'un perfec- tionnement indéfini. C'est ainsi qu'elle s'est fait des idées 5 et qu'elle a tiré parti de la nature entière.
11 y a cependant des degrés très-différens dans le développement de Fliomme.
Les premières hordes , réduites à vivre de chasse , de pèche, ou de fruits sauvages, obligées de donner tout leur temps à la recherche de leur subsistance , ne pouvant beaucoup multiplier parce qu'elles au- raient détruit le gibier , faisaient peu de progrès ; leurs arts se bornaient à construire des huttes et des canots ; à se couvrir de peaux , et à se fabriquer des flèches et des filets ; elles n'observaient guère que les astres qui les guidaient dans leurs courses, et quel- ques objets naturels dont les propriétés leur ren- daient des services ; elles ne s'associèrent que le chien , parce qu'il avait un penchant naturel pour le même genre de vie. Lorsque Ton fut parvenu k dompter des animaux herbivores , on trouva dans la possession de nombreux troupeaux une subsistance toujours assurée, et quelque loisir, que l'on employa à étendre les connaissances; on mit quelque indus- trie dans la fabrication des demeures et des véte- mens ; on connut la propriété et par conséquent les échanges, la richesse et l'inégalité des conditions.
9^ ma:vI3IIfères.
sources d'une émulation no])^ le passions viles ;
mais une vie errante pon ciulivci ;ie nouveaux pâ- turages, et suivre le courci Jes saic>onSj retint encore dans des bornes assez elroites.
L'homme n'est parvenu réellement à multiplier son esjjèce à un haut degré, et à porter très -loin ses connaissances et ses arts, que depuis Tinvention de Fagriculture et la division du sol en propriétés héréditaires ; au moyen de Tagriculture , le travail manuel d'une partie seulement des .membres de la société nourrit tous les autres , et leur permet de se livrer aux occupations moins nécessaires, en même temps que Tespoir d'acquérir par l'industrie une exis- tence douce pour soi et pour sa postérité, a donné à l'émulation vm nouveau mobile. La découverte des valeurs représentatives a porté cette émulation au plus haut degré , en facihtant les échanges , en ren- dant les fortunes à la fois plus indépendantes et susceptibles de plus d'accroissement ; mais par une suite nécessaire , elle a porté aussi au plus haut degré les vices de la mollesse et les fureurs de l'am- bition.
Dans tous les degrés de développement de la so- ciété , la propension naturelle à tout réduire à âes idées générales, et à chercher des causes à tous les phénomènes, a produit des hommes méditatifs, qui ont ajouté des idées nouvelles à la masse de celles que Ton possédait ; et tant que les lumières n'ont pas été communes^ ils ont presque tous cherché à se faire de leur supériorité un moyen de domination en exagérant leur mérite aux yeux des autres , et
l'homme, g3
en déguisant la faiblesse de leurs connaissances par la propagation d'idées superstitieuses.
Un mal plus irrémédiable est Fabus de la force ; aujourd'hui que Thomme seul peut nuire à l'homnie, il est aussi la seule espèce qui soit continuellement en guerre avec elle-même. Les sauvages se disputent leurs forets , les nomades leurs pâturages , ils font aussi souvent qu'ils le peuvent des irruptions chez les agi'iculteurs pour s'emparer sans peine des résul- tats de longs travaux. Les peuples civilisés eux- mêmes, loin d'être satisfaits de leurs jouissances, combattent pour les prérogatives de l'orgueil ou pour le monopole du commerce. De là, la nécessité des gouvernemens pour diriger les guerres nationales, et pour réprimer ou réduire à des formes réglées les querelles particulières.
Des circonstances plus ou moins favorables ont re- tenu l'état social à certains degrés^ ou ont avancé son développement.
Les climats glacés du nord des deux -continens ^ les impénétrables forêts de l'Amérique , ne sont en- core habités que par des sauvages chasseurs ou pê- cheurs.
Les immenses plaines sablonneuses ou salées du centre de TAsie et de l'Afrique, sont couvertes de peuples pasteurs et de troupeaux innombrables ; ces hordes , à demi-civilisées , se rassemblent chaque fois qu'un chef enthousiaste les appelle, et fondent sur les pays civilisés qui les entourent, pour s y établir et sV amollir , jusqu'à ce que d'autres pasteurs vien- nent les y subjuguer : c'est la véritable cause du des-
gi MA.MMIFÈRES.
potisme qui a écrasé dans tous les temps riiidustrîe née dans les beaux climats de la Perse , de l'Inde et la Chine.
Des climats doux, des sols naturellement arrosés, et riches en végétaux , sont les véritables berceaux de Vagriculture et de la civih'sation ; et quand leur posi- sition les met à l'abri des irruptions des Barbares , tous les genres de lumières s'y excitent mutuellement : telles furent les premières en Europe, la Grèce et l'Italie; telle est aujourd'hui presque toute cette heu- reuse partie du monde.
Il y a cependant aussi des causes intrinsèques qui paraissent arrêter les progrès de certaines races j même au milieu des circonstances les plus favorables*
J^anétés de V espèce humaine.
Quoique l'espèce humaine paraisse unique, puis- que 4:ous les individus peuvent se mêler indistincte-^ ment, et produire des individus féconds, on y re- marque de certaines conformations héréditaires qui constituent ce qu'on nomme des races.
Trois d'entre elles surtout paraissent éminemment distinctes : la blanche, ou caucasujue j la jaune, ou mongoUcjiœ^ la nègre , ou éthiopùjue,
La caucasique, à laquelle nous appartenons, se distingue par la beauté de l'ovale que forme sa têtfe ; et c'est elle qui a donné naissance aux peuples les * plus civilisés , à ceux qui ont le plus généralement dominé les autres : elle varie par le teint et par la couleur des cheveux.
lia mongolique se reconnaît à s^s pommettes sail-
l'homme. g5
lanteSj à son visage plat, à ses yeux étroits et obli- ques, à ses cheveux droits et noirs , à sa barbe grêle , à son teint olivâtre. Elle a formé de grands empires à la Cbine et au Japon , et elle a quelquefois étendu ses conquêtes en-deça du grand désert; mais sa civi- lisalion est toujours restée stationnaire.
La race nègre est confinée au midi de l'Atlas ; son teint est noir, ses cheveux crépus, son crâne com- primé, et son nez écrasé; son museau saillant et ses grosses lèvres, la rapprochent manifestement des sin- ges : les peuplades qui la composent sont toujours restées barbares.
On a appelé caucasique la race dont nous descen- dons , parce que les traditions et la filiation des peu- ples , semblent la faire remonter jusqu'à ce groupe de montagnes situé entre la mer Caspienne et la mer Noire, d'où elle s'est répandue comme en rayonnant. Les peuples du Caucase même , les Circassiens et les Géorgiens, passent encore aujourd'hui pour les plus beaux de la terre. On peut distinguer les principales ])ranches dé cette race par l'analogie des langues. Le rameau araméen ou de Syrie , s'est dirigé au jaiidi ; il a produit les AssyHens , les Chaldéens, les Arabes toujours indomptés^ et qui, après Mahomet, ont pensé devenir maîtres (\\\ monde ; les Phéniciens, les Juifs, les Abyssins, colonies des Arabes : il est très- probable que les Egyptiens lui appartenaient. C'est dans ce rameau, toujours enclin au mysticisme, que sont nées les religions les plus répandues. Les sciences et les lettres y ont fleuri quelquefois , mais toujours avec des formes bizarres, un style figuré.
y6 M A M M I F È R E s.
Le rameau indien , germain et pclasgique , est beaucoup plus étendu , et s'est divisé bien plus an- ciennement; cependant, l'on reconnaît les affinités les plus multipliées entre ses quatre langues princi- pales : le sanscrit , langue aujourd'hui sacrée des In- dous, mère de toutes les langues de llndostan ; lan- cienne langue des Pelages, mère commune du grec , du latin, de beaucoup de langues éteintes^ et de toutes nos langues du midi de l'Europe; le gothique ou tu- desque , d'où sont dérivées les langues du nord et du nord-ouest , telles que l'allemand , le hollandais , l'an- glais , le danois , le suédois et leurs dialectes ; enfin _, la langue appelée esclavonne , et d'où descendent celles du nord-est , le russe , le polonais ^ le bohé- mien et le vende.
C'est ce grand et respectable rameau de la race caucasique , qui a porté le plus loin la philosophie, les sciences et les arts, et qui en est depuis trente siècles le dépositaire.
11 avait été précédé en Europe par les Celtes , dont les peuplades venues par le nord , et autrefois très- étendues, sont maintenant confinées vers les pointes les plus occidentales , et par les Cantabres passés d'Afrique en Espagne , et aujourd'hui presque fon- du3 parmi les nombreuses nations dont la postérité s'est mêlée dans cette presqu'île.
liCS anciens Perses ont la même origine que les Indiens ;, et leurs descendans portent encore à présent les plus grandes marques de rapports avec nos peuples d'Europe.
Le rameau scjthe et tartare , dirigé d'abord vers le
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nota et le nord-est, toujours vagabond dans les im- menses plaines de ces contrées, n'en est revenu que pour dévaster les établissemcns plus heureux de ses frères; les Scjtbes , qui firent si anciennement des irruptions dans !a haute Asie ; les Parthes , qui y détruisirent la domination grecque et romaine ; les Turcs, qui y renversèrent celle des Arabes , et sub- juguèrent en Europe les malheureux restes de la nation grecque , étaient des essaims de ce rameau ; les Finlandais , les Hongrois , en sont des peuplades en quelque sorte égarées parmi les nations escla- vonnes et tudesques. Le nord et l'est de la mer Cas- pienne , leur patrie originaire , nourrissent encore des peuples qui ont la même origine et parlent des lan- gues semblables; mais ils y sont entremêlés d'une infinité d'autres petites nations d'origines et de lan- gues diverses. Les peuples tartares sont restés plus intacts dans tout cet espace d'où ils ont si long- temps menacé la Russie , et où ils ont eniin été sub- jugués par elle , depuis les bouches du Danube jus- qu'au delà de l'Irtisch. Cependant les Mongoles , dans leurs conquêtes, y ont mêlé leur sang, et l'on en voit surtout beaucoup de traces chez les petits Tartares*
C'est à l'orient de ce rameau tartare de la race caucasique que commence la race mongolique ^ qui domine ensuite jusqu'à TOcéan oriental. Ses branches , encore nomades , les Calmouques , les Kalkas, parcourent le grand désert. Trois fois leurs ancêtres, sous Attila, sous Gengis et sous Tamer- ' TOM. I . f
q8 m a m m i F ê r e s.
lan , ont porté au loin la terreur de leur nom. Les Chinois en sont une branche la plus anciennement civilisée , non-seulement de cette race , mais de tous les peuples connus. Une troisième branche ( les Man- tchoux) ;, ont conquis récemment la Chine , et la gou- vernent encore. Les Japonais et les Coréens , et presque toutes les hordes qui s'étendent au nord-est de la Sibérie, sous la domination desRusses, y appartiennent aussi en très-grande partie. Si Ton en excepte quelques lettrés Chinois , toute la race mongolique est adonnée aux différentes sectes du culte de Fo.
L'origine de cette grande race paraît être dans les monts Altaï j comme celle de la nôtre dans le Cau- case ; mais il n'est pas possible de suivre aussi-bien la filiation de ses différentes branches. L'histoire de tous ces peuples nomades est aussi fugitive que leurs établissemens; et celle des Chinois, concentrée dans leur empire , ne donne que des notions courtes et peu suivies des peuples qui les avoisinent. Les affi- nités de leurs langues sont aussi trop peu connues pour diriger dans ce labyrinthe.
Les langues du nord de la péninsule au delà du Gange ont, aussi-bien que celle du Thibet, quel- ques rapports avec la langue chinoise, au moins par leur nature monosyllabique, et les peuples qui les parlent ne sont pas sans ressemblance avec les au- tres Mongoles pour les traits; mais le midi de cette- péninsule est habité par les Malais , peuple beau- coup plus beau , dont la race et la langue se sont répandues sur les côtes de toutes les îles de lar- chipel indien , et ont occupé presque toutes celles
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de la mer du Sud : dans les plus grandes des pre- mières , surtout dans les lieux les plus sauvages , haLltent d'autres liomines à cheveux crépus , à teint Tioir^ à visage de nègre, tous extrêmement barbares. Les plus comms portent le nom de Papous : on peut le généraliser.
Ni ces Malais , ni ces Papous, ne se laissent aisé- ment rapporter à l'une des trois grandes races ; mais les premiers peuvent- ils être nettement distingués de leurs voisins des deux côtés, les Indous cauca- siques et les Chinois mongoliques? Nous avouons que nous ne leur trouvons pas encore de caractères suffisans pour cela. Les Papous sont-ils des nègres anciennement égarés sur la mer des Indes? On n'en a pas encore de figures ni de descriptions assez nettes pour répondre à cette question.
Les habilans du nord des deux contlnens, les Sa- nioyèdeSjles Lapons, les Esquimaux, vieniien!;, selon quelques-uns, de la race mongole ; selon d'autres , ils ne sont que des rejetons dégénérés du rameau scythe et tartare de la race caucasique.
Les Américains eux - mêmes n'oui pu encore être ramenés clairement ni à l'une ni à l'autre de nos races de l'ancien continent, et cependant ils n'ont pas non plus de caractère à la fois précis et constant qui puisse en faire une race particulière. Leur teint rouge de cuivre n'en est pas un suf- fisant; leurs cheveux généralement noirs, et leur barbe rare , les feraient rapporter aux Mongoles , si leurs traits bien prononcés, et leur nez assez saillant^ ne s'y opposaient; leurs langues sont aussi innom-:-
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100 MAMM TFfcnES.
brables que leurs peuplades, et l'on n'a pu encore y saisir d'analogie ni entre elles , ni avec colles de. ^'ancien monde.
DEUXIÈME ORDRE DES MAMMIFERES.
LES QUADRUMANES.
Outre les détails anatomiques propres k l'homme , et exposés a son article, cette famille diffère de notre espèce par le caractère très- sensible , que ses pieds de derrière ont les pouces libres et opposables aux autres doigts , et que les doigts des pieds sont longs et flexibles comme ceux de la main; aussi toutes les espèces grimpent-elles aux arbres avec facilité , tandis qu'elles ne se tiennent et ne marchent debout qu'avec peine , leur pied ne se posant alors que sur le tran'chant extérieur , et leur bassin étroit ne favorisant point Téquilibre. Elles ont toutes des intestins assez semblables aux nôtres , les yeux dirigés en avant, les mammelles sur la poi- trine , la verge pendante , le cerveau à trois lobes de chaque côté , dont le postérieur recou- vre le cervelet , la fosse temporale , séparée de l'orbite par une cloison osseuse ; mais pour le reste elles s'éloignent de notre forme par degrés, en prenant un museau de plus en plus alongé ^
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QUADRUMANES. lOI
une queue, une marche plus exclusivement quadrupède ; néanmoins , la liberté de leurs avant - bras et la complication de leurs mains leur permettent à toutes beaucoup d'actions et de gestes semblables à ceux de l'homme.
On les divise depuis long -temps en deux genres , les singes et les makis , cjui sont deve- nus , par la multiplication des formes secon- daires, deux petites familles ,e*t entre lesquels il faut placer un troisième genre , celui des ouis- titis 5 qui ne se rapporte bien ni à Tim ni a Fautre.
Les Singes. (Simia. Linn,)
Sont tous les quadrumanes qui ont à chaque mâ- choire quatre dents incisives droites, et à tous l'es doigts des ongles plats ; deux caractères qui les rap- prochent de rhomme plus que les genres suivans; leurs molaires n'ont aussi, comme les nôtres, que des tubercules mousses, et ils vivent essentiellement de fruits ; mais leurs canines , dépassant les autres dents, leur fournissent une arme qui nous manque^ et exigent un vide dans la mâchoire opposée, pour sy loger quand la bouche se ferme.
On peut les diviser en deux principaux sous- genres, qui se subdivisent eux-mêmes en des grou- pes nombreux.
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\<t-
102 MAMMIFÈRES.
Les Singes proprement dils, ou de ranclen conliopat,
îls ont le même nombre de mâclieliëres que l'homme , mais diffèrent d'ailleurs entre eux par des caractères qui ont fourni les subdivisions suivantes :
Les Orangs (i) ( Simia Erxl. Pithecus. GeoCTr. Vuîg,
Hommes Saunages ),
A museau très-peu proéminent, ( angle facial de G5'') sans aucune queue : ce sont les seuls singes dont l'os hyoïde , le foie»et le cœcura ressemblent à ceux de l'homme. Les uns ont les bras assez longs pour atteindre à terre quand ils sont debout.
UOran^-Outang; ( Simia satfrus. L. ) (2)
Kaul de trois à quatre pieds : le corps couvert de gros poils roux • le front égalant en hauteur la raoîlié du reste du visage , la face bleuâlre ; point d'abajoues ni de cal- losités : les pouces de derrière très-courts. Ce singe cé- lèbre est de tous les animaux celui qui ressemble le plus à riiomme par la forme de sa têle et le volume de son cerveau. Son histoire a été fort altérée par le mélange que l'on en a fait avec celle des autres grands singes, et sur- tout du Chimpansé. Après l'avoir soumise à une critique sévère , on trouve qu'il n'habite que les contrées les pbis orientales j comme Malaca , la Cocbinchine, et surtout la
(;) Oranf; est un mot malais , signifiant être raisonnable , et qui s'ap- plique à l'homiue , ù roiaR^'-OMlang et f. VtUiyhant. Outarîg vent àke sauvage ou f? -5 bois. C'est pourquoi les voyageurs traduisent orang- çuUnig par homme des bois.
{•>.) La seule bonne figure Je Toran^-outanî; e^^î celle o'e T'osmaev ,h\ie d'après un individu qui a vécu à (a Haye. Celle de BuJJ'on , Supl. Vîï , pi. 1 , pèche ■> tous égards : relie a'Allamand { "Rufr. d'îlcll. XV, pK xl' est un peu lîieillcurc ^ elle a été copiée dans Schreber , yX. n R. Ccile de Camper , coptc?^ ib. ,p1. ii C. ne manque pas d'exactitude ; mais on voi trop qu'elle est faite d'après un cadavre. Bontius , Méd. ind. n'en donne qu'une tout-à-fait imaginaire, quoique Llnneus en ait fait le type de sou Jrogk'dytc. (Ainœn.ac. Vî,p!.î, 5 i-j
QUADRUMANES. I o3
cramle île c!e Bornéo, d'où on l'a fait venir par Java en Europe, mais très-rarement-, que c'est un animal assez doux , qui s'apprivoise et s'attache aisément ; qui , par sa conformation , parvient à imiter un grand nombre de nos actions ; mais dont l'intelligence ne paraît pas s'élever à beaucoup près autant qu'on l'a dit , ni même surpasser l)eaucoup celle du cbien. Camper a découvert et bien décrit deux sacs membraneux qui communiquent avec les ven-» tricules de la glotte de cet animal , et qui assourdissent sa voix ; mais il a eu tort de croire que les ongles man- quent toujours à ses pouces de derrière.
Le Gibbon noir. ( Simia Lar. ) Buff. XIV. ir.
Couvert de grossiers et longs poils noirs 5 le tour du visage et les mains cendrées ; presque point de front, et le crâne fuyant en arrière; de petites callosités sur les fesses. Des. Indes orientales (1).
Le Gibbon cendré , Vomvou. [Simia Lmcisca. Sc\\.)Mo- loch. Audeb. Fam. I. Sect. II , pi. 11.
Semblable au précédent j mais couvert d'une laine douce et cendrée. Le visage noir. Commun à Java et aux Molu- ques , où il se lient dans les roseaux et grimpe sur les plus bautes tiges de bandjou, s^y balançant avec ses longs bras. Dans les autres Orangs, les bras ne descendent que jus- qu'aux genoux ; ils n'ont point de front, et leur crâne fuit lînmédialement derrière la crête des sourcils.
(ï) Le petit gibbon, décrit par Danbenton , ne se trouvant plus ; il est diificile de dire si c'est une espèce ou tme variët(!. Les gibbons en général ont été peu remarqués par les voyageurs , et on connaît mal les limites des. pays où ils vivent.
he féfé de la cbine de iVe?/Ao/ paraît un ttre fal-uleux ,• on lui faÎÊ- man^er des hommes.
Le goIoJdx du Bengale , grand comme un liomme , flg. par Dcvisuje ^. Trans. phi!. LIX, pi. ni , n'est pas bien authen'fcfue, et ne peut dailleu^s être le gibbon , dont il n'a pas les longs bras.
Ï04 MA3Î3Î1FÈRES.
Le Chimvansé, (Simla Troglodites ^ I.) (i)
Couvert de poils noirs , ou bruns, rares en avant. Si l'on s'en fiait aux rapports des voyageurs , il approcherait de la taille de l'iiomme , ou la surpasserait ; mais on n'en a vu encore en Europe aucune partie qui indiquât cette gran- deur. Il habite en Guinée et au Congo j vit en troupes j se construit des huttes de feuillages , sait s'armer de pierres et de bâtons, et les emploie à repousser loin de sa demeure les hommes et les éléphants ; poursuit les négresses et les etilève quelquefois dans les bois , etc. Les naturalistes l'ont presque tous confondu avec V Orang-Oiitang. En domesti- cité, il est assez docile pour être dressé à marcher, à s'as- seoir et à manger à notre manière.
Tous les singes de notre ancien continent qui vont suivre, ont le foie divisé en plusieurs lobes ; le cœcum gros , court et sans appendice • l'os hyoïde en forme de bouclier.
Les Guenons. Vulg. Singes à Queue. ( Cercopitiiecus
Erxl. : en partie. )
A museaiî médiocrement proéminent ( de 60^) des aba- joues : une queue; les fesses calleuses; la dernière molaire d'en bas a quatre tubercules comme les autres. Leurs espèces très nombreuses , de grandeurs et de couleurs très- variées , rempliss:nt l'Afrique et les Indes, vivent en troupes, et font de grands dégâts- dans les jardins et les champs cuitivés. Elles ^'apprivoisent encore assez aisément.
(1) C'e^t le quQJwi morou ou le satyre d'angola de Tulpius, qui en donne une mauvaise ligure. (Obs. med. p. 271.) Le /^yw^ec, beaucoup mieux repré- senté par Tyson. ( Anat. of a Py^niy, p!. i , ) et copie' par Schieher., pi. i B. Scotin en avait donné une autre figure passable copiée Atnœn. iicad. PI pi. l , f. 3 , et Schieb. i C. Ua individu qui ft vécu chez Biiffon , et que 3'on conserve au muséum , est représenté, quoique assez mal , Hist. nat, XIY, I, où il est nommé Jocko. Le même individu est beaucoup mieux dans Lecat ( Traité du mouvement musc. , ;;/. 1 jjf;g. 1 , ) sous le nom de Quinipesé ; c'est aussi !ui que donne Audsvsrt , uiuh d'après rempailla seulement. II ie nomme pcn^c\
QU ADÎiUMÂNES. Io5
VEntelle. (Simia enteîlus. Dufrcsiie. ) Audeb. Fam. JV. Sect. II , pi. II.
Blanc jaunâtre ', les sourcils et les cj[uatre mains noires. C'est une des grandes espèces, et de celles qui ont la queue la plus longue. Le Patas. (Simia rithra. Gm. ) 13uff. XIV, xxv^ xxvi.
Fauve roux assez vif en dessus, blanchâtre en dessous j un bandeau noir sur les yeux, quelquefois surmonté de blanc j du Sénégal.
J,e Miingabej- à collier. (Simia œthiops.lj.) Buff. XIV, xxxTir,
Brun de chocolat en dessus , blanchâtre en dessous et sur la nuque ; calotte d'un roux vif, paupières blanches.
Buffon le dit de Madagascar : Hasselquist d'Abyssinie; eu effet , Sonnerat affirme qu'il n'y a point de singes à Madagascar.
Le Mangabej- sans collier. ( Simia fidiginosa. Geoff. )
BalF. XIV , xxxTT.
Brun de chocolat, unifonne en dessus, fauve pâ'e en dessous , les paupières blanches, Buffon le dit de Mada- gascar , et le croit une variété du précédent.
Le Maure. (Simia maura. L. ) I/adulte Edw. 3ii. Le
jeune Sclneb. XXÎl. Tout noir, fauve dans la jeunesse. M. Léchenaud Fa pris plusieurs fois à Java. Le Callitriche. (Simia sahœa, L.) Buff. XIV, xxxvir. Verdâtre en dessus, blanchâtre en dessous, face noire, joues blanchâtres et touffues, bout de la queue jaune. Du Sénégal.
Le Malbrouc. Buff. (Simiafauniis.Gm.)!^^^. XIV,xxix. Simia cjnosuros scopol. Schr. Var. du caliitriche. Audeb. (i)
Verdâtre en dessus, cendré sur les membres, face couleur
(î) Le ccrcop. harhalus de Clusius , que Linn. cite ccmrue exemple de ^ujauiius j c.stpiutôl V.U ciiundcr^u nu\ui nuilhivuct
loO M a:mmifêpies.
de cbalr , point de jaune à la qncup, lui banJeau Waiic et v.n noir sur les sourcils. BufTon le dit du Bengale. Son ialapoin (jdI. xl) ne nous paraît qu'un jeune malbiouc.
La Mone. ( Simia mona et S. monaclia. Schr. ) BulT,
XIV, XXXVI.
Corps hrun, membres noirs, poitrine, intérieur des bras et lourde la tcte blancliâtres ^ bandeau noir sur le front, une taclie blancbe de cliaque coté de la queue.
JaQRoIowai. (Simiadiana.h.) Exquima TVIargr. (i) Audeb. 1V° Fam. sect. II, pi. vi, et BufF. Supp. VU, xx.
INoirâtre pointillé de blanc en dessus, blanc en dessous, la croupe d'un roux pourpré, la face noire entourée de blanc et une petite barbe blanchâtre au menton.
Le Moustac, {Simia cep/ius. L. ) Buff. XiV , xxxiv.
Cendré bruilâtre , une touffe jaune au devant de cKaque oreille , une bande bleu clair, en forme de chevron renversé , sur la lèvre supérieure.
XJ.'/scagne. [Simia pelaurisîa. Gm. } Audeb. IV* Fam.
sect. ÎI, pi. XIII. Brun olivâtre en dessus, gris en dessous, visage bleu, nezidanc , touffe blanche devant chaque oreille, moustache noire.
Le Hocheur. [Simia nictiians. Gm. Audeb. ib.XIV. Noir brun pointillé de blanc , le nez seul blanc au milieu (Vnw visage noir, le tour des lèvres et des yeux roussatre.
Ces cinq dernières espèces, toutes petites, joliment variées en couleur, et d'un naturel très-doux, sont communes en Gainée.
U y a une rjrande g\ienon qui se fait remarquer par la forme extraordinaire de son nez, c'est
■■ (\) La figure , jointp à la clescription de Texquima dans Margrave, est cciîe dune ouarine," et celin de l'pxquima rst à la descrip'ion de Vouarine on pf(ir;^in. C.rVe. transpo^^iiion .1 cansc depuis bcaucoi'p d'erreurs de s}T^o- nvaiie.
QUADRUMANES. IO7
Le Nasique ou Kahaii, [Simia nasicii. Sclir. ) Buff. Supp. VII, XI et XII.
Fauve, teint de roux, le nez excessivement long, en
forme de spatule écliancrée. Elle vit à Bornéo en jurandes
troupes, qui s'assemblent rtiatln et soir sur les branches des
grands arl)res aux bords des rivières : kahau est son cri. On
la dit aussi de la Cochincbine.
Une autre guenon , également assez grande , se distingue en ce qu'elle n'a point de callosités aux fesses (1) ; c'est
Le Doue. ( Simia nemœits. L. ) Bu 3*. XIV , xli.
Le plus agréablement peint de tous les singes; corps et ])ras gris, collier roux et noir, touffes jaunes de chaque côté de la télé, bandeau noir sur le front, cuisses, mains et pieds noirs, jambes rousses, grande tache triangulaire sur le croupion et queue blanches. Il habite aussi à la Cochincbine. Doue ou dok signifie singe dans ce pajs-là.
Les Babouins. ( Paimo. Erxl.;
Ont des abajoues et des caliosités co;^irnn les giionons ; mais leur museau est plus saillant, et leur dernière màelieliète d'cîi bas a un tubercule impair de plus. Ils varient pour la longueur de la queue et pour celle du museau. La plupart sont plus ou moins féroces; et tous ont un sac qui commu- îîique avec le larynx sous le cartilage tjroïde , et qui se remplit d'air quand ils crient. î'^ous les divisons comme il suit :
Les Magots.
Ont le museau gros et médiocrenlèntlong; un pellt tubercule leur tient lieu de queue.
(1) Je ne rcpondrais pas que les calîositc'-i du doue du muséum , le seul .qu'on ait vu en Europe , n'aient disparu lors de fempaillage. Je doute donc hcancOMp que le genre uislopys^a d^ïliger soit fondé. Pennant indique aussi certaines guenons sans ponces, S. polycon^os et S.^/e/TM^///ea,dont îliger a fait le genre coluhus , mais qui ne sont peut-être pas assez authen- tiques.
o8
MAMMIFERES.
Le Magot (i). (Simia sjlvama; , pilhecits et inuiis. L. Gm. et Schr. ) BufF XIV, vu, viii.
^ Couvert tout entier d'un poil gris brun-clair; c'est de tous les singes celui qui supporte le plus aiséiuent notre climat. Il est originaire de Barbarie , d'où on l'apporte souvent en Europe. Il produit quelquefois chez nous, et s'est même naturalisé dans les parties les moins accessibles du rocher de Gibraltar.
Les Macaques (2)
Se distinguent des magots par une queue plus ou moius longue , et des cynocéphales, parce que leurs narines sont obliques à la face supérieure du museau.
Le Macaque à crinière. (Sim, silenus et leonina. L. et Gm.) ' Ouanderou de BufF. Audeb. IP Fam. sect. I, pl. m.
Noir; une crinière cendrée et une barbe blanchâtre lui entourent la tète. Il paraît qu'il y a des individus blancs en tout ou en partie, et d'autres de diverses teintes de brua et de fauve. De Ceylaa.
Le Bonnet chinois et la Guenon couronnée de BufF. ( Simia sinica. Gm. ) BulF. XIV, xxx.
Brun fauve assez vif dessus, blanc dessous j la face couleur
(i) Le pithèque décrit par Buff. , Suppicni. VII , n'élait qu'un jeune ma- got. Son petit cynocéphale , ib. , et les grands et petits cynocéphales sans queue, de Prosper-AJpin , ne sont pas antre chose.
Tïl'ài)KO(T ^^^ le ïiom grec du singe en général, et cekti dont Galien a donné l'analomie n'est autre chose qu'un magot , quoique Camper ait pensé que c'était l'orang-outang, parce qu'il avait mal entendu ce que Galien dit de son larynx. M. de Blainviile s'est aperçu de cette méprise , et je l'ai cons- tatée en corapaxant tout ce que Galien dit de ranaioraie du singe avec ces deux espèces.
(2)Macaco, macaque, est le nom générique des singes à la côte de Guinée et parmi les nègres transportés aux colonies. Margrave en indique une es- pèce, dont il dit qu'elle a nares elatas bijidas ; et ces mots vagues, em- ployés uniquement d'après lui , sont restes dans le caractère que ion appli- que au niaciique de Cullon , quciqu'cu i/y vtie lien de ici.
Q tr A D K U M A K E S. 1 OQ
âe cliaîr, les poils du sommet de la tête disposés en rayons et formant une sorte de chapeau. Du Bengale , de Ceylan.
I/Ais^relte. (Simia aj^gula.h.) BufF, XIV, xxi.
Gris olivâtre dessus , plus pale ou jaunâtre des ous; un bouquet de poils plus long au sommet de la tête. D'Afrique.
Le Macaque de Buff. ( si^nia cj-nomol^os et cynoce- phalus. L. Buff. X1"V , xx.
Yerdatre en dessus, jaunâtre ou blancliatre en dessous. De Guinée et de l'intérieur de l'Afrique, d'où on l'importe quelquefois en Egypte.
Deux espèces de macaques se distinguent par une queue assez courte et grêle.
Le Maimon. (Simia nemesirina, L. et si>nia platypigos. Sclircb. ) Audeb. M*'. Fam. sect. I, pi. u (i).
Brun foncé dessus ; une bande noire commençant sur la tête et s'affaiblissant le long du dos; jaunâtre autour de la lête et aux membres; queue grêle pendant jusqu'à moitié des cuisses seulement.
Le Rhésus. Audeb. Patas à queue courte, ib. pi. iy, et BulT. Supp. XIV , pi. xïv ; le premier maimon repré- senté par Buff. XIV, pi. xix (2}.
Grisâtre; teint de fauve à la tête et au croupion, quel- quefois sur tout le dos (5).
Les Cynocéphales (CY^'ocEPITAL.us. G.)
Ont un museau qui est allongé et comme tronqué au I)out , où sont percées les narines, ce qui le fait ressembler à celai
(1) La seule bonne figure est celle d'Audebert. Celle de Buffon appar- tient plutôt au rhésus.
(2^' Les deux individus qui ont servi à Audebert sont an muséum. Je les ai examinés ; ils ne font qu'une espèco.
(3) Le macaque à queue courte de Bnff. , SnppL VIT , pi. XIII ( Sim. crythrœa , Schr.) me paraît un vrai macaque ( cynomvigos) , dont la queue était coupée. Audeberi J'a confondu à tort avec son rhésus . qni est le patas 4 queue courte de Buffon.
liO MAMMIFÈRES.
u'un chien plus que ceux des autres singes j leur queue varie en longueur.
Le P avion. BufF. [Simia spJijnx. L.)
D'un jaune verdâtre tirant plus ou moins sur le brun ; le visage noir, la queue longue (i). On en voit de plusieurs grandeurs qui ne diffèrent probablement que par Tàge. Adulte, il effraie par sa férocité et sa lubricité bj utale. De Guinée.
Le Papion noir. { Simia porcaria. Bodd. Ursina. Penn. Sphj'ngiola. Herni. La guenon à face allongée. Penn. , et Bufi". Supp. Vil, pi. sv. Singe norr de Vaillant.) (2)
D'un noir glacé de jaunâtre ou de vrrdâlre, surtout au front, du reste semblable au précédent pour la forme et pour les mœurs. Du Cap.
Le Tartarin de Belon , ou Papion à perruque. {Simia ha- madrj-as. Linn. Papion à face de chien. Penn. Sinu^e de Moco, Buff. Supp. \'IÎ, x (5).
D'un cendié un peu bleuâtre; les poils ducamail et surtout ceux des côtés de la télé très-louiis: le visa«;e couleur de chair. Ce grand singe est aussi l'un des plus lubriques et des plus horriblement féroces. Il vit en Arabie.
L Papion à queue courte. {Sim» silvestris. Scbreb. Papion des bois. Penr. Sim. Lucophœa. Fred. Cuvier, Ann. du Mus. d'hist. natur. )
Gris jaunâtre clair; le visage noir, la queue très-courle et irrs-menue.
(1) Ceux à qui on la représente courte couuiie les papions de EulTon , XIV, pi. XI u ef XIV , etc. , Fuyaient coupcie. La meilleure figure a été donnée par M. Bron^niard (choix de JNlcui. d'hist. nat.) , niais sous le nom impropre de sim. cynocephalus, E41e est copiée dans Schrebcr , pi. xiii B.
(oi) Toutes ces espèces factices ne tiennent qu'au plus ou moins boa état CCS individus , ou à leur âge.
(3) Copié dans Schreber, mais mal enluminé. Voyez aussi Belon , Por- traits d'ois. , fol. 101 , vers. Gesner 8G2.
QUADRUMANES. III
Les Maki)Rili.s
Sont de tous les singes ceux qui ont le museau le plus long (de 5o°) ; leur queue est très-courte j Ils sont aussi ivl^- brutaux et très-féroces. On n'en connaît qu'une espèce.
Le Mandrill y Boggo , Choral. Buff. XIV, xvi , xvii, et Supp. y\\, IX. {Slmia maimvn.et mormon, Linu. )
Gris brun, olivâtre en dessus^ une petite barbe jaune citron au menton, les joues bleues et sillonnées. Les malts adultes prennent un nez rouge surtout au bout où il devient écarlate; et c'est mal à propos qu'on en a fait une espèce particulière (i). Les parties génitales et le tour de l'anus ont la même couleur. Les fesses sont d'une belle teinte violette. On ne peut se figurer un animal plus extraordinaire et plus hideux. Il atteint presque la taille de l'homme. Les nègres de Guinée le redoutent beaucoup. On a mêlé plusieurs traits de son histoire à celle duchimpanséj et par suite à celle de l'orang-outang.
Les Pongos (2)
Ont les longs bras et l'absence de queue des orang- outangs, avec les abajoues des guenons et babouins , et une forme de tête toute particulière ; le front en est trcs-recuîé , le crâne petit et comprimé ; la face de forme p^^ramidale , à cause de l'élévation des branches montantes de la mâchoire inférieure, qui indique dans les organes de la voix quelque disposition analogue à celle qui a été observée dans les alouat-
(i) Nous avons vu nous-mêmes , ainsi que M. Geoffroy , deux ou trois mandrills ou S. viaimon se changer en choras ou S. mornion , dans la iuéuagerie du musëtun. Le bouquet de poil qu'on ajoute comme caractère du mormon est souvent aussi dans le maimon.
(a) Ce nom , corrompu de celui de boggo , qvie l'on donne en Afrique au chimpansé ou au mandrill , a éic appliqué , par Buffon , ;\ une grande espèce d'orang-outang, qui n'était qu'un produit imaginaire de ses com- binaisons; Wurmb l'a transporté à cet animal-ci , qu'il a décrit le premier , et dont Buffon n'avait nulle idée. Mém. de la soc. d^ Batavia , tome îl , page 245.
IÎÎ2 MAMMIFÈRES.
tes. On sait déjà qu'ils ont unepoclie membraneuse atliiérente
au larynx, comme les babouins.
On n'en connaît encore qu'une espèce, qui estle plus j:;rand de tous les singes , et l'un des animaux les plus redoutables. Elle est brune , à face et à mains noirâtres, et habite à Bor- néo. Plusieurs des traits de son histoire ont sans doute aussi été mêlés à celle de l'orang-outang, d'autant que la longueur de ses bras , celle des apophyses épineuses de ses vertèbres cervicales, la lubérosité de son calcaneum peuvent lui faci- liter la station verticale, malgré l'allongement de son mu- seau , et que sa taille est à peu près celle de l'homme. Son squelette est représenté , Audeb. , pi. ii , f. S.
Les Sapajous ou Singes d'Amérique
Ont quatre mâchelières de plus que les autres, trente-six dents en tout , la queue longue , point d'abajoues , les fesses velues et sans callosités , les narines percées aux côtés du nez , et non en dessous. Tous les grands quadrumanes du nouveau continent appartiennent à cette division 5 leurs gros intestins
sont moins boursoufHés , et leur cœcum plus long et plus grêle
que dans les précédens.
Les uns ont la queue prenante ; c'est-à-dire , que son extré- mité peut s'entortiller avec assez de force autour des corps pour les saisir comme une main. Ils retiennent plus particu- lièrement le nom de Sai»ajoi s. ( Cebus erxleben. )
A leur tète peuvent se mettre les Alouattes ( Mycetes. lh*g.), qui se distinguent par une tète pyramidale, dont la mâchoire supérieure descend beaucoup plus bas que le crâne , attendu que l'inférieure a ses branches montantes très-hautes , pour loger un tambour osseux , formé par un renflement vésicu- laire de l'os hyoïde, qui communique avec leur larynx, et donne à leur voix un volume énorme et un son effroyable. Delà leur nom de Singes hurleurs. La partie prenante de leur queue e&t nue %X calleuse en dessous.
OTTÀBÏITTMANES. I l3
X^Aloiiatte ordinaire ( Simia senicidus ) , vulg. Hurleur roux. Bu£f. , Su{>. , YÏI, XXV. Des bois de la Guyanne , où elle vit en troupes ; de la taillô d'un fort renard j d'un roux-maron vif. JJOuarine, ( Sim, Beelzehut. L. ) (i) , vulg. Hurleur brun ^ Caraj^a de d'Azzara, Guariba de Margr. Commune au Brésil , au Paraguai ; le mâle est noir des- sus , roux dessous , la femelle brunâtre (2). Les Sapajous ordinaires. Ont la tête très-plate , le museau peu proéminent. ( Angle fac. de 60**. )
11 en est quelques-uns dont les pouces de devant sont ca- chés sous la peau, et la partie prenante de la queue nue en dessous. M. Geoffroy en fait un genre sous le nom d'AxÈLEs (3). La première espèce , le chaniek ( ateles pentadactylus , Geoff. ) y diffère encore des autres , parce qu'elle a le pouce un peu saillant, quoique d'une phalange seulement, et sans ongle , et que sa mâchoire inférieure est presque aussi haute que celles des alouattes ; aussi a-t-elle un os hyoïde a&sez semblable au leur : tout son pelage est noir.
Le Coaïta. ( siinia paniscus. L. ) Buff. , XV, i. Couvert tout entier d'un poil noir, comme le chamek, mais absolument sans pouce visible. Le Coaïta à face bordée. {Aleles margijiatus. GeolT.)
Ann. mus. Xlil , pi. x. Noir , un bord de poils blancs autour de la face. Le Coaïta à ^ventre hlanc. (Simia Beelzehut. Briss.) Geoff,
Ann. mus. VU , pi. xvi. Noir en dessus, blanc en dessous ; le tour des yeux cou- leur de chair. Le Coaïtafaui^e {Ateles arachnoïdes. Geoff.) An. mus.
XIII , pi. IX. Fauve ou roux.
(i) Le beizëhut de Brisson est un coaïta.
{1) Ajoutez les espèces ou variét<?s indiquées par M, Geoffroy , Ann. du mus. XIX, 107-108.
(3) Ann. du muséum , Vit , ^60 et suiv.
TOME I. 8
Îi4 MAMMIFÈRES.
Tous ces animaux viennent de la Guyanne et du Brésil ; leurs pieds de devant sont très-longs, très-grêles, et toute leur démarche singulièrement lente (i). Les autres sapajous ( Cebcjs, Geoff. ) ont les pouces distincts €t la queue toute velue , quoique prenante.
Le Sajou. ( Simia apella. L. ) et le Saï ( sùnia capucina. L. ) BulF. , XV , IV, V et VllI, ix(2). L'un et l'autre de différens bruns \ le premier a le tour du visage noirâtre , l'autre l'a blanchâtre ; mais toutes les nuances du reste de leur corps varient entre le brun-noir et le fauve, quelquefois même le blanchâtre. La région des épaules et de la poitrine est cependant d'ordinaire plus pâle , et la calotte et les mains sont plus foncées* lie Sajou, cornu, {Siiniafatuellus. Gm. ) Buff. Sup. VII,
XXIX.
î^e se distingue que par une petite crête de poils de cha- que côté du front.
Tous ces animaux viennent de l'Amérique méridionale ; leur naturel est doux, leurs mouvemens vifs et légers : on les apprivoise aisément. Leur petit cri llûté leur a fait don- ner le nom Ae^in^es pleureurs.
Dans quelques - uns ( les Gallitrtx, Geoff. ) , la queue cesse presque d'être prenante. Tel est
Le Saïmiri. ( Simia sciiirea, ) Buff. XV, x.
Grand comme un écureuil , d'un gris jaunâtre ^ les avant- bras , les jambes et les quatre mains d'un jaune fauve j le bout du museau tout noir (5).
(i) Ils ont avec l'homme quelques ressemblances assez remarquables dans les muscles. Seuls, parmi les animaux , ils ont le biceps de la cuiss» fait comme le nôtre.
il) Les sajous et les saïs varient si fort du brun au jaunâtre et au blan»- châtre , qu'on serait tenté de multiplier leurs espèces si l'on n'avait les va- riétés intermédiaires. Tels sont les sim. trépida , syricnta , lugubrls , Jla^ ^la , L. et Schreb. ainsi que que quelques-uns de ceux que distingue M. Geoffroj^ Ann. du mus. XIX, m et 112.
(5) Ajoutez quelques espèces ou variétés indiquées , Geoff. , Ann. mus. XîX, ii3^ ii4
.-I
Q UADli UM ANES. Il5
Ceux qui n'ont pas la queue prenante s'appellent Sakis. Leur queue est génénilement touffue , ce qui les fait nommer aussi singes à queue de renard : ce sont les Pithecia. de Des- mare ts et d'Iliger (i).
Le