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MINISTÈRES DE LA MARINE ET DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.

MISSION SCIENTIFIQUE

CAP HORN.

1882-1883.

(Li MINISTÈRES DE LA MARINE ET DE L’'INSTRUCTION PUBLIQUE.

——

MISSION SCIENTIFIQUE

DU

CAP HOR

1882-1885.

TOME VI.

LOOLOGIE.

PREMIÈRE PARTIE.

MAMMIFÈRES, par A. MILNe-EDWaARDs. OISEAUX, par E. Ousrazer. POISSONS, par Léon VAILLANT. ANATOMIE COMPARÉE, par le H. Paul GERVAIS.

PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, DU BUREAU DES. CF F Quai des Grands-Augustins, 55. 1891

(Fous droits réservés.)

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AVANT-PROPOS.

La Zoologie de la Mission scientifique du cap Horn a commencé à paraitre par fascicules en 1887, date à laquelle ont été publiés les Arachnides. En 1888, ont paru les /nsectes, les Poissons, les Priapu- lides, les Bryozoaires ; en 1889, les Mollusques, les Protozoaires ; en 1890, les Mammuferes; en 1891, les Échinodermes, l’Anatomie comparée, les Oiseaux, les Crustaces.

Aujourd'hui toutes ces Parties forment trois Volumes comprenant :

Premiere Partie :

Maumirères, par À. Milne-Edwards. Oiseaux, par E. Oustalet.

Porssows, par L. Vaillant.

ANATOMIE cOMPARÉE, par H.-Paul Gervais.

Deuxième Partie :

Insectes, par L. Fairmaire (Coléoptères), Signoret (Æémiptères), J. Mabille (Vévroptères), P. Mabille (Lépidoptères), J.-M.-F,. Bigot (Diptères).

ARACENIDES, par E. Simon.

Crusracés, par À. Milne-Edwards, Mocquart et Dollfus.

Morzusques, par de Rochebrune et J. Mabille.

Troisième Partie :

PrraPuines, par J. de Guerne. Bryozoaines, par J. Jullien. Écmnopenus, par E. Perrier. Prorozoatres, par A. Certes. Mission du cap Horn, NI. b

VI AVANT-PROPOS.

Voici la Liste des Planches de chacun de ces trois Volumes :

PREMIÈRE PARTIE (23 planches dont 14 en couleur; 3 Cartes : baie Orange, archipel du cap Horn, détroit de Magellan).

Mammifères. PI, 1. Conepatus Humboldtii. PI. ?. Reiïthrodon cuniculoides. PI. 3. Hesperomys Edwardsii. Reithrodon chinchilloides. PI. 4. Hesperomys longicaudatus. Hesperomys Coppingeri. PI. 5. Hesperomys olivaceus. Hesperomys longipilis. PI, 6. Hesperomys xanthorhinus. Hesperomys xanthopigus.

PI, T. Conepatus Humboldtii. PI. 8. Hesperomys Edwardsii. Hesperomys Coppingeri.

Oiseaux. PI. 1. Tinamotis Ingoufi. PI. 2. Rallus rhytirhynchus. PI. 3, Larus Scoresbyi. PI. 4. Micropterus cinereus. PI. 5. Micropterus patachonicus. PI. 6. Phalacrocorax carunculatus. Poissons. PI, 1. Scyllium chilense. Acanthias Lebruni. PI. 2. Raja brachyura. Clupea arcuata. Maurolicus parvipennis. PI. 3. Lycodes latitans. Nothotenia macrocephala. : PI. 4. Cottoperca Rosenbergii. Murænolepis orangiensis. Enantioliparis pallidus.

Anatomie comparée.

PI. 1 et 2. Balænoptera Sibbaldii. PI. 3 et 4. Balænoptera Schlegeli.

DEUXIÈME PARTIE (29 planches dont 12 en couleur).

Insectes.

PI. 1 et 2. Coléoptères. PI, 1. Névroptères.

Pl, 1 à III. Lépidoptères. PI, 1 à IV. Diptères.

AVANT-PROPOS. VI

Arachnides. PI. I. Araneæ. PI, II. Araneæ. Opiliones,

Crustacés. PI, 1. Libinia Habni. PI, 2. Munida gregaria. Munida subrugosa. PI. 3. Bernhardus barbiger. Anchistiella Seneuili. PI, 4. Anchistiella Hyadesi. A. Hahni. PI. 5. Hippolyte Romanchei. H. Magellanicus. H. Dozei. H. Consobrinus. PI. 6. Hippolyte Martiali. Pasiphæa forceps. PI. 7. Squilla armata. PI. 8. Isopodes.

Mollusques.

PL. 1. Céphalopodes.

PI. ? à 6. Gastéropodes. PL. T et 8. Lamellibranches. PI, 9. Chitons.

TROISIÈME PARTIE (36 planches).

Priapulides. PI, 1 et 2. Priapulus tuberculato-spinosus. Priapuloïdes australis. Bryozoaires. PI. 1. Buffonella rimosa. Lacerna de Carforti. Osthimosia otopeta. Osthimosia evexa. Aimulosia australis. Phonicosia Jousseaumei. PI. 2. Smittia monacha. Smittia purperea. Smittia sigillata.

PI. 3. Exochella longirostris. Porella Hyadesi. Porella malouinensis. Lepralia collaris. Lepralia monoceros.

PI. 4. Cellepora hyalina. Hippothoa patagonica. Diazeuxia reticulata. Adonea punctu- lata. Fenestrulina Hyadesi. Inversiula nutrix. Micropora uncifera.

PI. 5. Romancheina Martiali. Flustra spinosa. Membranipora galeata.

PI. 6. Membranipora Hyadesi. Flustra ramosa. Eschara gigantea.

PI. . Diachoris Hyadesi. Diachoris maxilla. Bugula Hyadesi. Ætea fuegensis. Menipea fuegensis.

PI, 8. Menipea benemunita. Pedicellina australis. Membranipora Hyadesi.

PI, 9. Flustra margaritifera. Exochella longirostris. Aïmulosia australis.

VIII

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AVANT-PROPOS.

10. Diachoris inermis. Diachoris costata.

11. Diachoris magellanica. Diachoris maxilla.

12. Menipea fuegensis. Diachoris magellanica.

13. Ostimosia evexa. Cristia Boryi.

14. Micropora uncifera.

15. Cellepora Malusii. Flustra spinosa.

Échinodermes.

1. Asterias Spirabilis Bell. Gestation et jeunes.

? à 6. Organisation des jeunes Asterias spirabilis Bell.

7. Organisation des jeunes Asterias spirabilis.

8. Asterias spirabilis Bell et Labidiaster radiosus Lutken. ù

9. Cribrella Hyadesi. C. Stüderi. Lophaster pentactis. Lebrunaster paxillosus.

10. Crossaster australis. Poraniopsis echinasteroïdes. Anasterias minuta (var, Astero- derma papillosum ).

11. Ganeria robusta. Cribraster Sladeni. Ganeria Hahni. Asterodon granulosus.

12. Ganeria papillosus. Goniopecten Fleuriaisi. Pentagonaster austrogranularis: Pteraster Ingoufli. Asterina fimbriata.

13. Asterodon pedicellaris. Astrogonium patagonicum. Asterodon singularis. Pteraster Lebruni. | *

Protozoaires. 1. Infusoires. Rhizopodes. 2. Rhizopodes.

3 à 6. Radiolaires.

En même temps que ces trois Volumes de Zoologie, parait le

Tome VII et dernier de la Mission scientifique du cap Horn, consacré

à l’Anthropologie et à l'Ethnographie. Cette publication est donc entiè-

rement terminée; nous pouvons maintenant en présenter l’ensemble

et jeter un rapide coup d'œil sur les travaux mis à jour. Ï |

La Commission chargée par l’Académie des Sciences de préparer la

Mission du cap Horn se composait de :

MM. J.-B. Dumas, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Pré- sident, J. Benrran», Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Croué, Vice-Amiral, Membre du Bureau des Longitudes,

AVANT-PROPOS. IX MM. | ALexonse Mure Enwarps, Membre de l’Académie des Sciences, Fouqué, Membre de l’Académie des Sciences, Perrier, Colonel, Membre de l’Académie des Sciences, Lowy, Membre de l'Académie des Sciences, Mascarr, Directeur du Bureau central météorologique, Ereurrais, Capitaine de frégate, Axcor, Météorologiste au Bureau central météorologique, secrétaire.

Au mois de juin 1882, cette Commission avait réglé tous les points concernant l’organisation de l'expédition et arrêté le programme des recherches confiées à chacun des membres de la Mission du cap Horn qui, dès leur retour, le 19 novembre 1883, présentèrent à l’Académie des Sciences les Rapports préliminaires établissant la réussite complète de leurs travaux.

La Commission du cap Horn s’occupa immédiatement d'organiser la publication des documents scientifiques résultant de la Mission du cap Horn. Son président M. J.-B. Dumas, qui avait donné à la Mission tant de marques précieuses d'intérêt, mais que la maladie devait tenir éloigné de l’Académie jusqu’au moment de sa mort, eut du moins la satisfaction de voir revenir l'Expédition tout entière, après une tâche bien remplie. Il fut remplacé à la présidence de la Commission par M. J. Bertrand, qui dirigea avec le plus grand zèle les délibérations relatives à la publication des documents de la Mission du cap Horn.

Le Tome |, Histoire du Voyage, avait été préparé par M. le capitaine de frégate Marriar, commandant la Romanche pendant l'expédition du cap Horn; la mort prématurée de cet officier distingué l’empêcha de terminer cet Ouvrage que nous avons été chargé de publier au moyen des papiers du Commandant Martial communiqués par sa famille, sous le contrôle de la Commission du cap Horn et avec le concours des offi- ciers qui avaient été embarqués sur la Romanche. Ces détails sont

exposés dans l’avant-propos du Tome I, qui contient aussi la liste du

X AVANT-PROPOS.

personnel ayant pris part à l'expédition du cap Horn. L’Zntroduction du même Volume renferme les renseignements relatifs aux origines de l’expédition et à l’organisation de la Mission du cap Horn.

Le Tome I, outre l'Histoire du voyage par M. L.-F. Martias, con- tient les Observations météorologiques faites à bord de la Romanche par les soins de M. ne LA Monneravr, enseigne de vaisseau, et les Observa- tions de marées par M. CourceLLE-SeNEUIL, lieutenant de vaisseau. Il est accompagné de trois Cartes (Baie Orange, archipel du cap Horn, détroit de Magellan), et de 9 planches en héliogravure (photogra- phies prises pendant l’Expédition).

Il à été publié en 1888, il est le quatrième en date des volumes de la Mission du cap Horn.

Le Tome II, Météorologie, a paru le premier de cette série, en 1885. Il a été rédigé par M. J. Lepnay, lieutenant de vaisseau, et se divise en deux parties : Observations régulières, considérées comme obligatoires dans le programme des expéditions polaires, Observations comple- mentaires, qui répondent aux recherches considérées comme faculta- tives dans le même programme. Il se termine par 12 planches dont les 10 premières sont relatives aux courbes des éléments météorolo- giques observés à la baie Orange, les deux dernières planches repré- sentant l'archipel du cap Horn, et le plan des bâtiments et des obser- vatoires de la Mission.

Le Tome III, Magnétisme terrestre, par M. Le CanneLuter, lieutenant de vaisseau, a été publié en 1886. Il contient toutes les observations magnétiques recueillies au cap Horn d’après le programme tracé par la Commission polaire internationale qui avait été complété par l’en- registrement photographique continu; la première Partie renferme les déterminations absolues de la valeur des éléments magnétiques, et la

AVANT-PROPOS. XI seconde les variations de ces éléments relevées d'heure en heure. M. Pavex, lieutenant de vaisseau, avait été chargé de la rédaction de cette deuxième Partie, dont il avait arrêté le plan pendant son séjour à la baie Orange. Cet excellent officier, dont le souvenir reste cher à tous ses camarades, a été emporté par une cruelle maladie en juin 1884, quelques mois après le retour de la Mission, et M. Le Cannellier, com- pagnon de ses travaux scientifiques au cap Horn, est resté seul pour mettre la dernière main à cette importante partie de la publication, qui est suivie de ro planches de courbes des éléments magnétiques.

Le Tome III contient encore les Recherches sur la constitution chi- mique de l’atmosphère, par MM. À. Muxrz et E. Ausw, d’après les expé- riences que nous avons effectuées à la baie Orange et, en mer, à bord de la Romanche. Ce travail est principalement relatif au dosage de l’acide carbonique de l'air du cap Horn et de l’océan Atlantique. Xl est complété par une Note sur la détermination de la quantité d'oxygène contenu dans l'air, au cap Horn, et par une planche reproduisant les appareils employés pour les recherches sur les proportions d'acide carbonique contenu dans l’air.

Le Tome IV, Géologie, par le D' Hyanes, médecin principal de la Marine, a paru en 1887. Nous l'avons rédigé en entier au Collège de France, dans le laboratoire de M. le professeur Fouqué qui, nous témoi- gnant une bienveillance inépuisable, a bien voulu vérifier lui-même la structure de tous les échantillons rapportés par la Mission du cap Horn.

Dans cette région, l’enchevêétrement des roches, la nature du terrain et le manque de moyens de transport, ne nous ont pas permis de recueillir les éléments d’une carte géologique, si incomplète qu’elle dût être.

Notre étude est donc limitée à la description pétrographique des

XII AVANT-PROPOS:

roches en suivant l’ordre des explorations, méthode qui, à défaut d'autre avantage, offre celui de fournir aux naturalistes voyageurs un moyen de retrouver les gisements des roches que nous avons exa- minées au laboratoire. Cette recherche est encore facilitée par les Tables analytiques placées à la fin du volume pour les localités parcou- rues et pour les roches de ces localités.

Nous avons donné en appendice la description des roches rapportées de la Terre de Feu, en 1882, par M. Lovisato, professeur à l’Université de Cagliari. L'examen de cette série complète les documents recueillis par la Mission du cap Horn.

À ce volume sont annexées trois cartes (baie Orange, archipel du cap Horn, détroit de Magellan), 14 héliogravures (photographies prises dans les environs de la baie Orange), 6 reproductions de dessins com- muniqués par M. Lovisato, ro planches de dessins de coupes miero-

scopiques de roches.

Le Tome V, Botanique, publié en 1889, est l'œuvre de plusieurs auteurs. Les Cryptogames ont été décrits par

MM. Paur Harror, Algues, Champignons; Pauz Perir, Diatomacées ; Énice Bescuerezte, Mousses, Hépatiques (celles-ci en collaboration avec C. MassaLoNGo).

M. A. Franouer a étudié les plantes phanérogames rapportées par la Mission du cap Horn, après une « introduction » dans laquelle il à établi la part considérable qui revient aux botanistes français dans la connaissance de la flore magellanique.

Trois cartes (baie Orange, archipel du cap Horn, détroit de Magel- lan) et 33 planches sont jointes à ce Volume (pour la Cryptogamie,

AVANT-PROPOS. XII 21 planches dont 7 en couleur; pour la Phanérogamie, 12 planches dont 4 en couleur).

Le Tome VI, Zoologie, signalé au commencement de cet Avant- Propos, a été commencé en 1887 et terminé en 189r. Il devait, primi- tivement, être complet en un Volume; l’abondance et l'intérêt des matériaux recueillis par l'Expédition, le zèle des savants chargés de les étudier ont amené la Commission du cap Horn à autoriser la publi- cation de trois Volumes de Zoologie avec 87 planches dont un grand nombre en couleur.

Enfin, le Tome VII et dernier, Anthropologie, Ethnographie, par MM. Hvanes et Denixer, a été publié en 189r. Il est réservé à l’étude minutieuse, sous le rapport physique et sous le rapport moral, des Fué- giens que nous avons observés dans les environs du cap Horn. Le Volume est accompagné d’une carte ethnographique en couleur et de 34 planches dont 21 héliogravures représentant des photographies, 8 dessins d’après nature relatifs à l’anatomie (Ostéologie) et 5 planches de dessins d'objets concernant l’ethnographie fuégienne.

Il ne nous appartient pas de juger la valeur du monument scienti- fique constitué par les neuf Volumes de la publication du cap Horn. Si nous avons cru devoir le présenter nous-même au publie, c’est qu'après l'apparition des Tomes IT (Weteorologie) et II (Magnétisme terrestre), nous avons été chargé, par la Commission du cap Horn et sous sa sur- vetllance, de la direction matérielle pour la publication des autres Volumes. Nous avons consacré tous nos efforts à cette lourde tâche,

dans laquelle nous avons été aidé par la bienveillance continuelle Mission du cap Horn, NI. C

XIV AVANT-PROPOS. de la Commission. Qu'il nous soit permis de lui en témoigner ici

notre profonde reconnaissance.

C’est aussi un devoir pour nous de remercier nos éditeurs, MM. Gau- thier-Villars et fils, pour le soin qu'ils ont apporté à l'exécution aussi parfaite que possible de la publication des documents scientifiques

résultant de la Mission du cap Horn.

Paris, seplembre 18917.

D' Hyapes.

MAMMIFÈRES.

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MAMMIFÈRES,

PAR

A. MILNE-EDWARDS.

Les instructions zoologiques rédigées par les soins de l’Académie des Sciences ont été suivies par les membres de la Mission du cap Horn et les résultats obtenus à la suite des explorations qu'ils ont accomplies, soit à terre, soit à bord de la Romanche, sont considérables et augmen- tent beaucoup nos connaissances relatives aux productions naturelles des terres qui appartiennent à l'extrême Sud de l'Amérique.

Si les Mammifères terrestres de ces régions sont peu nombreux, leur étude n’en offre pas moins un grand intérêt, et les collections faites à Santa Cruz de Patagonie et à la baie Orange peuvent donner une idée très exacte de cette partie de la faune. Les grands Mammifères marins ont été attentivement recherchés, et une belle série de Phoques à oreilles ainsi que deux squelettes de Baleine ont été préparés par les membres de la Mission.

Nous donnons la liste des espèces recueillies, en y ajoutant quelques détails de nature à mieux les faire connaître.

Orpre pes CARNASSIERS. 1. Fezis GEOFFROI.

A. d’Orbigny et P. Gervais, Bulletin de la Société philomathique, 181,

À .4 MISSION DU CAP HORN. p. 40, et Voyage dans l'Amérique méridionale, t. IV, p. 21, pl. XIT et pl. XIII, fig. 1, 1847.

Cette espèce, de formes plus grèles et à pattes plus longues que l’Ocelot, est plus forte que le Chat Margay. C’est, après le Puma, le carnassier le plus robuste de l'extrémité Sud du continent américain. D'Orbigny l’a trouvée sur les bords du Rio Negro en Patagonie et ce voyageur signale sa présence dans les pampas jusqu'au 44° degré de latitude Sud ; M. Lebrun l’a observée aux environs de Santa Cruz etil a pu s’en procurer un bel exemplaire. Ce voyageur n’a jamais vu dans cette région une autre espèce indiquée par Ch. Darwin, le Chat pampa de d’Azara ou Felis pajeros de Desmarest, dont la queue est plus courte et les taches disposées en bandes longitudinales.

Le Chat de Geoffroy est, comme toutes les espèces du même genre, sujet à des variations de taille et de pelage assez considérables, et l’exemplaire provenant de Santa Cruz diffère notablement de ceux rap- portés par d'Orbigny. Chez ces derniers, la teinte générale est plus fon- cée, les taches sont très petites, ce sont plutôt des mouchetures répan- dues en très grand nombre sur les épaules, le corps et les cuisses; au contraire, dans le premier, ce sont des taches plus espacées, irrégu- lières de formes, les unes arrondies, d’autres affectant l’apparence d'une demi-rose, d’autres allongées; elles sont d’une teinte noire intense et non brunes comme chez le Chat du Rio Negro. La disposition des bandes de la tête, du cou et des pattes n’offre rien de particulier à noter.

La queue, au contraire, offre de grandes différences : elle est longue et grêle chez le Chat adulte rapporté par d'Orbigny et l'on compte 13 anneaux noirs occupant les trois quarts de sa longueur dans la portion terminale; près de l’origine de la queue, ce ne sont plus des anneaux, mais des mouchetures seulement. Chez le Chat de Santa Cruz, la queue est plus grosse, plus courte, et ne porte que 9 anneaux qui se succèdent à partir de sa base, sans laisser d'espace pour les mou- chetures. Un des Chats du Rio Negro, plus jeune que celui qui a été figuré par d'Orbigny, ressemble davantage à l’exemplaire dont il est ici question, car sa queue est plus longue et plus grêle et l’on y compte 10 annelures dans sa portion terminale.

MAMMIFÈRES. A.5

Le Chat que Gray a désigné sous le nom de Felis Warwick, et qu'il

supposait originaire de l'Inde, n’est que celui de Geoffroy, ainsi que

l’a montré le D' Selater. J’ajouterai qu’il est probable que l'animal dont

parle Molina sous le nom de Guigna, et qui appartient à la faune du Chili, doit être rapporté aussi au Felis Geoffroyt.

Longueur du Chat de Santa Cruz, mesuré du museau à la base de la queue

D an DO AO ERA DR CE GE UE R 0,62 DONCUEUTEEMQUEUC EEE EE CRE 0,29 Longueur du pied postérieur jusqu’au talon.......... 0,12

92, CANIS MAGELLANIGUS.

Gray, Proceedings of the zoological Society of London, 1836, p- 88.

Vulpes magellanicus Gray, Magazine of natural History, 1837, p. 578.

Ganis magellanicus Waterhouse, ir Darwin, Zoology of the voyage of H. AM. S. « Beagle »; Mammalia, p. 10, pl. V.

Pseudalopex magellanicus Burmeister, Fauna brasiliensis, p. 24-57. Gray, Catalogue of Carnivorous Mammalia, 1869, p. 199.

Ganis magellanicus Cunningham, Votes on the natural history of the straits of Magellan and West coast of Patagonia, 1871, p. 110.

Le Cars magellanicus n’est pas rare à la Terre de Feu. Les ofti- ciers de la Mission à terre en ont tué à la baie Orange et les officiers de la Romanche en ont constaté la présence sur les bords du canal du Beagle, à l’anse Banner. Cet animal est beaucoup plus grand et plus fort que notre Renard. La tête et le cou sont d’un roux grisâtre, les oreilles d’un roux vif en dehors, ainsi que les pattes antérieures à partir du coude et les pattes postérieures. Le dos et les flanes sont d’un roux plus gris, l'extrémité des poils étant noire; cette teinte tend à dominer, surtout sur la ligne médiane. La queue est médiocre, très touffue, terminée par un bout noir précédé d’un anneau de poils roux.

Longueur du corps, du museau à la base de la queue.. o",79 Lonstieur do Qe@s-vo0ovo0occocoenoceuodoessec 022

Le Musée britannique possède le Chien rapporté de Port-Famine

A.6 MISSION DU CAP HORN.

par le capitaine King et qui a servi de type à Gray pour la description de l’espèce. Il ressemble entièrement à ceux de la baie Orange; peut- être cependant, sa teinte générale est-elle plus sombre.

Le commandant Martial, dans son séjour aux iles Malouines, n’a vu aucune trace du Chien antarctique qui au commencement du siècle était encore fort abondant, et il nous apprend que cette espèce a com- plètement disparu de ces îles (!).

Genre GONEPATUS (?).

Gray, Charlesworth Magazine of natural History, t. 1, pe °81, 1837: Marputius Gray, op. cit, p. 581.

Thiosmus Lichtenstein, Abhandlung. Akademie Berlin, 1836.

Les animaux de ce genre sont les Moufettes de l'Amérique du Sud: ils se distinguent de ces dernières par les caractères très tranchés de leur dentition, par la forme de leur crâne et par plusieurs autres carac- tères ; au lieu de 34 dents, ils n’en ont que 32, les prémolaires supé- rieures n'étant qu'au nombre de 2 et non de 3 comme dans le genre Mephitis. La tête, osseuse, est tronquée en avant et la crête sagit- tale à une forme régulièrement arquée. Le museau est avancé et les narines s'ouvrent en bas. La queue est plus courte que celle des Moufettes. La coloration des Conépates est généralement du noir le plus intense ou d’un brun plus ou moins teinté, traversé par des bandes blanches dont la largeur et l'étendue varient dans des limites assez étendues. Aussi la délimitation des espèces est-elle fort difficile à faire, et 1l serait nécessaire pour y arriver de pouvoir comparer entre eux un très grand nombre d'individus pris dans des localités différentes.

3. ConeparTus HumBoLpru. (PL. 1 et PL. VII.)

Gray, Magazine of natural History, t. 1, 1837, p. 581. Blainville, Ostéographie, genre Mustela, pl. XIIT.

(1) Mission scientifique du cap Horn, t. I. Histoire du voyage, p. 151. (2) Ce nom est dérivé du nom local (Conepatl) donné au Mexique à l’un de ces animaux.

MAMMIFÈRES. A.7

Mephitis patagonica Lichstentein, Abhandl. Akad. Wissenschaft. Berlin, 1836. ÿ

Mephitis castaneus Gervais, dans le Voyage de d'Orbigny, t. IV, p. 29, 1846.

Deux Conépates adultes capturés aux environs de Santa Cruz de Patagonie par M. Lebrun diffèrent à quelques égards des individus rapportés par d'Orbigny et décrits par P. Gervais sous le nom de Mephitis castaneus. Toutefois, les différences ne sont pas assez grandes pour qu'il y ait lieu de les séparer spécifiquement. Chez ceux de la collection d’Orbigny, la tête, le dessous du cou, le menton, la gorge, la poitrine, le ventre, les côtés du corps et les pattes ont une couleur marron clair. Le dos est garni de longs poils raides, assez rigides, rap- pelant par leur nature les soies d’un pore, et d’un roux pâle. Une bande blanche étroite naît de chaque côté de la tête, au-dessus des oreilles, parcourt les côtés du cou, passe sur les omoplates et se prolonge laté- ralement sur le corps, pour se terminer en avant des cuisses, ne se prolongeant pas sur la queue. Celle-ci est longue et revêtue de poils gris brun à la base, bruns à la pointe; son extrémité constitue un pin- ceau effilé.

Chez les Conépates de Santa Cruz, les parties inférieures sont d’un brun foncé, le dessus du cou et du corps est un peu plus clair, les poils du dos sont doux au toucher et un peu roussâtres; les bandes blanches latérales, au lieu de naître au-dessus des oreilles, prennent leur ori- gine plus en avant, sur le dessus de la tête, formant là, par leur réunion, une sorte de bandeau; elles se dirigent ensuite en arrière, parcourent le corps dans toute sa longueur, puis se prolongent sur la queue. Celle-ci est courte, remarquablement fournie, blanche dans sa partie moyenne, rousse en dessus vers son tiers postérieur.

Les jeunes ont le poil presque ras et presque noir, mais les carac- tères de la coloration sont d’ailleurs les mêmes.

Dimensions du Conepatus castaneus de d’Orbigny.

Longueur mesurée du museau à la base de la queue.... 0,36 Lonaronr ce MEME oacs-cc00c00e0os00cc000060000 0,18 Longueur du pinceau terminal de la queue............ 0,05

Longueur du pied postérieur........................ 0,05

A.8 MISSION DU CAP HORN.

Dimensions du Conepatus de Santa Cruz.

Longueur mesurée du museau à la base de la queue... o,41 Loncuour doll qQUENG.: 50 0500000000000023200c606600 Oo, 11 Longueur du pinceau terminal de la queue............ 0,08 PoneueundupiediPoSténeUTE ere ee CCE EE 0,06

La comparaison de ces dimensions indique de grandes différences dans les proportions relatives de la queue et du corps chez ces animaux, et peut-être aurais-je été disposé à les considérer comme spécifiquement distincts si l'examen du crâne n’était venu, au contraire, affirmer leur identité. Effectivement, les crânes de Conépates tués à Santa Cruz, comparés à ceux du Conepatus castaneus provenant du voyage de d’Or- bigny, ne different que par des caractères peu importants et l’on ne peut les attribuer à des espèces différentes (').

Nous donnons ici les dimensions principales des têtes osseuses, en indiquant sous le 1 celle qui provient du Conépate de Santa Cruz et sous les 2, 3 et 4 celles qui appartiennent aux exemplaires rapportés par d’Orbigny et décrits comme Conepatus castaneus.

N°1. N°2. Nour. m m m m Longueur totale de la tête osseuse.. 0,068 0,062 0,065 0,058 Largeur du crâne au niveau des apo- physes mastoïdes.............. 0,038 0,032 0,032 0,033 Rapport entre ces nombres, le der- nier étant pris comme diviseur... 1,789 1,937 1,890 1707

La recherche du rapport entre la longueur de la tête et la largeur du crâne conduit à des nombres très voisins.

Nous n’avons pu mesurer le développement de la tête au niveau de la partie la plus saillante des arcades zygomatiques et le rapporter à la plus grande longueur de la tête que sur un unique échantillon de Conepatus castaneus. Le nombre que nous avons trouvé est presque

identique à celui que nous avons constaté, d’autre part, sur le Conépate de Santa Cruz.

(1) Voir P/. VIII.

MAMMIFÈRES. A.9

N°1. N°2 Plus grande longueur de la tête (mesurée comme il a m m été indiqué précédemment)....................... 0,068 0,0620 Plus grande largeur de la Lête, au niveau de la plus grande saillie des arcades zygomatiques ................... o,041 0,0355 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de TIVISEUR EEE Ce eee ere eee de mie Lee 1,058 1,653

Le développement en largeur de la face au niveau des trous sous- orbitaires (les pointes du compas touchant la paroi interne de ces ori- fices) est également tres sensiblement le même, entre ces différentes têtes comparées entre elles :

NE N°2. N°3. N°4: m Lui nl e m Fr Plus grande longueur de la tête.... 0,068 0,062 0,0605 0,058 Largeur de la face au niveau des trous sous-orbitaires................. 0,023 0,020 0,02 0,019 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de diviseur...... 2,996 Set 3,029 3,092

Le rapport entre la plus grande longueur de la tête et sa largeur en arrière du front, au niveau du point elle est rétrécie, varie très peu suivant les Conépates qu'on observe, et les animaux rapportés de Santa Cruz sont compris dans la série des variations constatées :

N°1. N°2. NAS! N°4. , m m m mi Plus grande longueur de la tête.... 0,068 0,062 0 ,0605 0,058 Largeur de la tête au niveau de sa portion la plus rétrécie.......... 0,017 0,016 0,0160 0,017 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de diviseur...... 4,000 3,875 3,781 4,11

Le même fait s’observe lorsqu'on recherche le rapport entre la plus grande longueur de la tête et la largeur du front au niveau des apo- physes sus-orbitaires :

No N°. N°5, NO Lu m In A in Plus grande longueur de latête.... 0,068 0,062 0,0605 0,058 Largeur de la tête au niveau des apophyses sus-orbitaires........ 0,021 0,019 0,020 0,017 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de diviseur...... 3,238 3,263 3,025 3,411

Les proportions relatives de la face et du cràne sont différentes, la

Mission du cap Horn, VI A.2

A.10 MISSION DU CAP IHORN. première de ces parties étant un peu plus développée sur le Conépate rapporté par M. Lebrun :

N°1 N°2 N°3 N°» Longueur de la face, mesurée enligne

droite, depuis l’espace inter-incisif

jusqu’à une ligne passant par le m m m m

point le plus rétréci de la tête.... 0,038 0,034 0,034 0,032 Longueur du crâne mesurée à partir

du dernier point indiqué jusqu'à

la ligne occipilale ......:....... 0,030 0,030 0,029 0,028 Rapport entre ces deux nombres, le

dernier servant de diviseur...... 1,266 PSS TE 2 1,14

Les rapports existant, au point de vue de la largeur, entre les diffé- rentes parties de la tête indiquent, comme les précédents, les plus grandes affinités spécifiques :

NON N°2. N°3 Largeur de la tête au niveau des om m mn m

orifices sous-orbitaires.......... 0,023 0,020 0,020 0,019 Largeur de la tête au niveau des apo-

physes mastoïdes...... "1" 0,038 0,032 0,032 0,033 Rapport entre ces deux nombres, le

premier servant de diviseur..... 1,652 1,0 1,6 1,736 Largeur de la tête au niveau des apo-

physes sus-orbitaires........... 0,021 0,019 0,020 0,017 Largeur de la tête au niveau des apo-

physes mastoïdes .............. 0,038 0,032 0,032 0,033 Rapport entre ces deux nombres, le

premier servant de diviseur..... 1 ,809 1,681 1,6 1,941

La crête sagittale existe sur certains Conépates dont nous avons les crânes sous les yeux, tandis qu’elle fait absolument défaut sur d’autres. Ainsi, sur le crâne 2 elle apparait sous la forme d’une mince lame osseuse, ayant 0,22 d'étendue, alors que sur le crâne 4 la portion supérieure de la boîte cranienne est complètement lisse. Sur le crâne 3 les crêtes frontales à partir de la portion antérieure du crâne se portent directement en arrière, restant indépendantes l’une de l’autre, et atteignent ainsi le bord occipital supérieur. L'espace compris entre ces saillies est de 0,007. Cette disposition ressemble à celle que l’on observe sur les Zorilles parmi les animaux actuels, et à celle qui était

MAMMIFÈRES. A.11 propre aux Plesictis parmi les animaux fossiles. Sur les Conépates de Santa Cruz, on retrouve cette dernière disposition, mais les crêtes sont moins espacées et elles tendent à se réunir au moment elles atteignent le bord occipital supérieur.

L'étude de la face inférieure de la tête ne révèle que des variations de peu d'importance. Le rapport entre la longueur de la tête et la lon- gueur de la voûte palatine coïncide presque sur certains échantillons :

Longueur de la lêle, mesurée à sa face inférieure, Ma à Fe depuis l’espace inter-incisif jusqu’au bord in- m m m IÉHEUMAUMROUNOCCIPIAIER EEE EEE EEE CEE 0,058 0,051 0,051

Longueur de la voûte palatine, mesurée sur la Jeneimédiane ere re Te Cet 0,026 0,023 0,024

Rapport entre ces deux nombres, le dernier ser-

VAN CO CMECIPosacccccecoscocpocsoobobe 2,230 2,217 2,125

L'écart assez grand qui existe entre le crâne 3 de notre série et les deux autres que nous lui comparons tient au mode de terminaison de la voûte palatine, qui se prolonge en arrière sur la ligne médiane en formant une sorte de petit lobe dans le premier de ces échantillons. Ce petit lobe est absolument indépendant de la cloison de séparation des fosses nasales, qui se termine en avant de lui. Sur les deux autres pièces, la voûte palatine donne naissance à une petite épine osseuse se confondant par sa face-inférieure avec la cloison interne des fosses nasales qui se prolonge tres en arrière, formant ainsi une crête divisant en deux parties la fosse gutturale.

Les proportions de la voûte palatine ne varient presque pas, ainsi qu'on le verra par l’examen du Tableau suivant :

LA m mn m Longueur de la voûte palatine . .. 0,026 0,023 0,024 0,022

Plus grande largeur de la voûte pa-

latine (les pointes du compas pla-

cées en dehors de la racine anté-

rieure de la tuberculeuse)....... 0,026 0,024 0,023 0,023 Rapport entre cesmesures,lenombre

correspondant à la seconde d’entre

elles servant de diviseur...... +. 1,000 0,998 1,043 0,99

A.12 MISSION DU CAP HORN.

L'aspect de la face postérieure du crâne parait être fort variable sur les Conépates, et ce fait tient probablement à l’âge des sujets. Les modi- fications qu’on observe sont dues à la plus ou moins grande saillie des crêtes occipitales. Nous avons recherché le rapport existant entre la hauteur et la largeur de cette partie de la tête et nous n'avons trouvé, comme on le verra en se reportant aux nombres suivants, aucune différence notable entre les crânes de Conépates décrits par d'Orbi- gny et ceux de Patagonie :

: N°1. N°2. N°3.

Hauteur de la face postérieure de l’occipital,

mesurée à partir du bord supérieur du trou m ni m

COR oc oos0000veco00ovcacobbaoocasos 0,018 0,016 0,015 Plus grande largeur de la face postérieure de

POSE 00 o900000002000000200000000060 0,025 0,021 0,023 Rapport entre ces mesures, le nombre corres-

pondant à la première d’entre elles servant

de diviseur tente bin Re Re 1,388 1,312 1,533

La forme du trou occipital est différente sur le crâne de Santa Cruz; le diamètre transversal l'emporte sur le diamètre antéro-postérieur, ce qui est l'opposé sur les têtes rapportées par d'Orbigny :

N°1. APE N°3. Diamètre transversal . . . ................. o",010 0", 008 0",009 D'ametrevVentiCal RE FPE E EP EE Er CECe 0", 009 0,009 0",010

L'examen qui précède montre de la manière la plus nette qu'il n'existe aucune différence importante dans la structure de la tête des animaux que nous venons de comparer.

Le système dentaire supérieur possède le même développement sur les différentes pièces que nous avons comparées les unes aux autres, et nous n’avons pu reconnaitre aucune particularité distinctive dans les éléments qui le composent, si ce n’est pour la tuberculeuse. Cette dent, sur les Conépates de d’'Orbigny, possède dans sa partie interne un fort talon prenant naissance au niveau de la partie antérieure de la pointe interne de la couronne. Sur le Conépate de Santa Cruz, ce talon naît plus en arrière et il se projette en même temps plus en arrière et en dedans. Il résulte de cette disposition une modification dans la

MAMMIFÈRES. A-13 forme de la couronne, qui dans le dernier cas possède un aspect plus ovalaire.

Le maxillaire inférieur a des proportions semblables, ainsi que l’ac- cusent les mensurations suivantes :

N°1. 2. NES N°:

Longueur du maxillaire inférieur,

mesuré du bord incisif à la partie m m m m

la plus reculée du condyle ...... 0,043 0,040 0,038 0,044 x Hauteur du maxillaire mesurée ver-

ticalement à partir du sommet de

l’apophyse coronoïde........... 0,020 0,018 0,019 0,021 Rapport entre ces deux nombres, le

dernier servant de diviseur...... 2,15 2,22 2,000 2,09

Les proportions relatives de différentes parties du système dentaire inférieur ont également les plus grandes analogies. Nous transcrivons le rapport existant entre l’espace occupé par les prémolaires et l’espace occupé par la carnassière et la tuberculeuse.

N°1. N°2. 2 m ni Espace occupé par les prémolaires.. 0,009 0,008 Espace occupé par la carnassière et laMiuberculeuse tree ce rrecree 0,012 0,012 Rapport entre ces deux nombres, le premier servant de diviseur..... 1,33 1,5

Il existe une similitude absolue de structure entre les dents infé- rieures des Conépates de Santa Cruz et celles des individus rapportés par d’Orbigny, si ce n’est pour la tuberculeuse qui est un peu plus développée en dedans, fait qui correspond à celui dont nous avons parlé au sujet de la tuberculeuse supérieure. En examinant les maxil- laires de ces derniers, nous avons noté sur l’un d’entre eux (n° 2) une structure très singulière de la troisième tuberculeuse. Cette dent, au lieu de former une pointe simple, présente une pointe principale externe et une petite pointe interne plus abaissée, mais bien détachée. Le reste du système dentaire est normal, et il n’existe aucune ano- malie de la dentition supérieure.

Il résulte de la série d'observations que nous venons de rapporter qu’il n'y a aucune différence spécifique entre les Conépates recueillis

A.14 MISSION DU CAP HORN.

par M. Lebrun et ceux de d’Orbigny et, d’autre part, que chez les ani- maux de cette espèce on ne constate que de bien petites variations individuelles. Les seules particularités distinctives des premiers con- sistent dans la forme du trou occipital, dont le grand diamètre est transversal, et dans la disposition un peu différente de la tuberculeuse supérieure. |

4. LUTRA CHILENSIS.

Bennett, Proceedings of the zoological Society of London, 1832, p. 1. Waterhouse t2 Darwin, Zoology of the voyage of H.M.S. « Beagle » ; Mammalia, p. 22, 1839.

Cette Loutre, signalée d’abord sur les côtes du Chili, paraît avoir une aire de répartition géographique étendue, car elle habite jusqu’à l’extré- mité de l'Amérique et elle a été tuée par les membres de l’expédition du cap Horn sur les bords de la baie Orange.

Cet animal est de la taille de notre Loutre d'Europe; comparé à la Lutra brasiliensis, 11 en diffère non seulement par ses proportions, mais aussi par sa coloration. Chez cette espèce, le poil est de longueur médiocre et peu fourni de duvet; au contraire, la fourrure de la Loutre de la baie Orange est plus fournie, le jars est long et le duvet fort épais.

La coloration générale est d’un roux jaunâtre en dessus et plus clair en dessous. Le museau, la tête, le cou, le dos et la face externe des membres sont d’un brun chocolat; les pieds et la queue, plus foncés. Le duvet caché sous le jars est légèrement bleuté, au lieu d’être roux. La queue est plus courte que chez les Loutres qui habitent plus au nord de l'Amérique méridionale; elle est forte et renflée à sa base.

m Longueur du corps, mesuré du museau à la base de la queue. 0,63

Lonsrenr do IE QUEME,,s 2 0006000%000200c00200900000002000 o,31 Longueur du pied postérieur jusqu’au talon ................ 0,08

Cette espèce a été décrite par Bennett d’après un exemplaire pro- venant du Chili.

Elle est très commune dans les innombrables canaux de l’archipel Chonos Darwin l’a observée; elle n’est pas moins abondante dans la

MAMMIFÈRES. A.15 région magellanique, et sa peau constitue généralement le vêtement des Fuégiens. Les officiers de la Romanche l'ont observée à la baie Orange, à l'ile Grévy, à l’anse Banner (canal du Beagle) et à la Terre des États. Les exemplaires rapportés au Muséum ont été tués à la baie Sea-Gull, au nord de Wollaston. Cette Loutre se nourrit de poissons et de crustacés qu’elle prend à la nage ou qu’elle ramasse sur le rivage. Les indigènes la chassent avec ardeur et à l’aide de leurs chiens. Dès qu’ils aperçoivent la tête d’une Loutre au-dessus des goémons, ils la poursuivent en pirogue jusqu’à ce qu’elle se réfugie sous les pierres du rivage. Les chiens se lancent alors à sa suite et cherchent à la saisir; si elle fuit, les hommes placés à l'entrée des trous la harpon- nent au passage. Parfois les chiens reviennent cruellement déchirés, mais ils attaquent néanmoins leur ennemi avec fureur; s'il parvient à s'échapper, la chasse recommence en pirogue jusqu’à ce que la Loutre épuisée succombe. On la dépouille et on tend la peau jusqu’à ce qu'elle soit sèche et puisse servir de vêtement.

Orpre DES AMPHIBIES.

Au commencement du siècle, le Phoque à trompe ou Eléphant de mer, désigné aussi sous le nom de Macrorhine ('), se montrait fréquem-

(2) En 182f, Frédéric Cuvier plaça l’Éléphant à trompe ( PAoca proboscidea de Péron) dans le genre Macrorhine (Mémoires du Museum, t. XI, p. 200, pl. XII) qu'il traduisit, en 1826, en celui de Macrorhinus (Dictionnaire des Sciences naturelles, t. XXXIX, p. 552). Aussi a-l-on peine à comprendre pourquoi, en 1827, Gray, tout on adoptant le groupe générique reconnu par Fr. Cuvier (Gréffith's Anirnal hingdom, 1, 1, p. 80, 1827), en ait changé le nom pour l'appeler Aérouga, mot emprunté à la langue des indigènes de l’Aus- tralie, et que, quelques années plus tard, il ait transformé ce nom en celui de Aorunga (List of osteological specimens of British Museum, 1847, p. 33, et Catalogue of Seals and Whales 1866, p. 38). On s'étonne plus encore que d’autres auteurs aient accepté ce changement si contraire aux règles basées sur le droit de priorité. La confusion a encore été augmentée par un zoologiste allemand, J. Wagler, qui a donné au même animal le nom nouveau de Rhënophora (Nat. Syst. Amphib., 1830, p. 27). Ces changements peu. vent prêter une apparence de nouveauté à des choses anciennes, mais ils ne seront jamais légitimement adoptés.

A.16 MISSION DU CAP HORN.

ment à l'extrémité Sud du continent américain. Cet animal colossal, dont la taille atteint jusqu’à 8" ou ro" de long et 6" de circonférence, peut être considéré comme le géant de la famille des Phoques. Le museau des mâles se termine par un prolongement proboscidiforme qui n’est pas un organe de préhension, et leur corps est tellement chargé de graisse que parfois il suffit de 3 ou 4 individus pour obtenir une tonne d'huile (*). Cette espèce est répandue tout autour du globe entre les glaces circompolaires antarctiques et le 35° degré de latitude Sud. À l’époque de la reproduction, les Macrorhines viennent à terreet se réunissent en troupes très nombreuses sur diverses iles, mais ils n’y restent que le temps nécessaire à l'éducation des jeunes et ils rega- gnent ensuite la mer. Leurs principales stations étaient la Terre de Palmer ou de Louis-Philippe (?), la Géorgie australe (*), les Shetland du Sud (*), les Sandwich australes (*), les iles Malouines (°) et dif- férents ilots de la côte adjacente de l'Amérique. Les poursuites inces- santes dont ces Phoques étaient l’objet en ont beaucoup diminué le nombre et les ont chassés de toutes les stations dont l’abord est relati- vement facile.

Déjà en 1860, le capitaine C.-C. Abbott constatait leur rareté et remarquait que le nombre des peaux que l’on voit entre les mains des pêcheurs est peu considérable. Il dit cependant que ces animaux se montraient souvent dans une ou deux des baies situées au nord des Malouines orientales les rivages sont d’un accès dangereux et, par conséquent, rarement visités par les navires. Les Éléphants de mer s’éta- blissent alors, prétend cet auteur, dans les grottes dont l’ouverture est

(1) En général, il faut 7 de ces Phoques pour obtenir cette quantité de graisse.

(2) MorRez, À narrative of four voyages to the South sea, p. 69. L'auteur désigne ces îles sous le nom de Groenland du Sud.

(3) FANNING, Voyages round the world, p. 440.

(*) En 1822, Weddell trouva un si grand nombre de Phoques à trompe réunis aux Shetland australes que les matelots placés sous ses ordres purent en tuer plus de 2000 et obtinrent ainsi un chargement considérable d'huile.

(5) MoRRELL, op. cit., p. 66.

(5) FANNING, 0p. cit, p. 93. ABBorr, On the Seals of the Falkland islands (Procee- dings of the zoological Society of London, 1868, p. 189). Ce dernier voyageur n’a jamais : observé de Macrorhine vivant, il a vu leurs dépouilles entre les mains des pêcheurs.

MAMMIFÈRES. A.17 baignée par la mer. On ne les voit plus qu’accidentellement dans l’ar- chipel fuégien ou aux îles Malouines, et les naturalistes de l'expédition du cap Horn les y ont vainement cherchés : il est probable qu’ils dispa- raitront complètement de ces parages (‘).

Les Sténorhynques, appelés vulgairement Léopards marins ©), n’ont pas été moins pourchassés, quoique la quantité de graisse qu'ils four- nissent soit peu considérable et que leur dépouille ne puisse être employée comme fourrure. Ils se montrent dans les iles qui sont éparses entre la pointe de l’Amérique et la grande banquise australe, mais on ne les voit guère à la Terre de Feu et sur les côtes de la Pata- gonie. Abbott, pendant le séjour qu'il fit aux Malouines, ne vit qu’un

(1) Un arrêté du gouverneur des Malouines a mis un terme à cette destruction regret- table; il est maintenant défendu aux pêcheurs de poursuivre les Phoques du octobre au avril de chaque année dans les eaux de l’Archipel. Toute contravention à cet arrêté est punie d'une amende qui peut atteindre 2500!', elle entraîne en outre le payement de la somme de 125" par chaque Phoque tué. La moitié de l'amende est versée au Trésor, l’autre moitié est acquise à celui qui a dénoncé le délit. Pendant les six mois d'interdiction de chasse, la division navale de l'Atlantique Sud détache un de ses bâtiments pour assurer l'exécution de l’arrêté du gouverneur (voër MARTIAL, Hést. du voyage, p. 15r et 154). Plusieurs ten- tatives de ce genre avaient déjà été faites pour réglementer l'exploitation des Lions marins, mais sans succès; ainsi, en 1830, le gouverneur des Malouines, qui relevait alors de Buenos Ayres, fit emprisonner plusieurs pêcheurs américains qui, malgré sa défense, continuaient leurs chasses; mais, par représailles, une corvette des États-Unis détruisit l'établissement et rendit toute liberté aux baleiniers.

(2) Lesson désigne cette espèce sous le nom d’'Oraria Weddelli (Bulletin des Sciences naturelles de Ferrussac, t. NIX, p. 438, 1826) el plus tard sous celui de Stenorhynchus Weddelli (Manuel de Mammalosie, p. 200, 1827). C'est aussi le Leptonyx Weddelli de Gray (Annals and Magazine of natural History, t. X, p. 582, 1836, et Zooloey of « Erebus» and « Terror », Mammalia, p. 2, pl. N et VI). I existe d’ailleurs beaucoup d'incertitude quant à la distinction qu’il y a lieu d'établir entre les Léopards de mer de la Terre de Feu, ceux des mers situées plus au Sud et ceux de la Nouvelle-Zélande. Ces derniers, autrefois appelés Phoca leptonyx par de Blainville (Journal de Physique, 1820, p. 288), ont été rangés par Fr. Cuvier dans le genre Stenorhynchus, que Peters a débaptisé et nommé Ogmorhinus, parce que le nom employé par Cuvier avait déjà été appliqué à un Crustacé décapode (Peters, MWonatsb. Akad. Berlin, 1875, p. 393). En même temps, le mot Leptonyx, ayant déjà servi en Ornithologie, a été remplacé par Gill par celui de Zepronychotes (Arrang. fam. Mamm., 1872, p. 70). Il résulte de tous ces changements une confusion d'autant plus regrettable que les différences entre ces prétendus genres sont loin d’être nettement établies et qu'il y a sinon identité, du moins une grande ressemblance entre tous les Léopards des mers du Sud.

Mission du cap Horn, NI. A.3

A.18 MISSION DU CAP HORN. seul exemplaire de cette espèce échoué près de Port-Louis; les pêcheurs lui en apporterent ensuite une peau (‘).

1. OTARIA JUBATA. Phoca jubata Schreber. Otaria jubata Desmarest, MWammalogie. D'Orbigny et Gervais, Voyage dans l'Amérique méridionale, Mammi-

Jfères, p. 17.

L'Otarie à crinière ou Lion marin de la plupart des auteurs est encore fort commune dans la région magellanique; les officiers de la Romanche en ont vu un grand nombre et en ont rapporté au Muséum une belle série d'individus de sexe et d'âge différents qui furent tués au mois de février sur la côte Est de la Malouine de l'Est. Une troupe de ces animaux avait élu domicile sur un ilot de la baie Edwards, au milieu de touffes de tussac (?). Quelques vieux mâles, dont le corps couvert de cicatrices attestait les luttes violentes livrées au moment du rut, étaient entourés par de véritables harems de femelles; celles-ei, effrayées à la vue des hommes, se précipitaient à l’eau, appelant leurs petits avec des cris plaintifs; un mâle blessé chargeait les assaillants ; un jeune fut capturé vivant, mais il était tellement sauvage qu’on fut obligé de le tuer.

On prépara la dépouille de six individus qui font aujourd’hui partie des collections du Muséum et parmi lesquels on remarque deux mâles complètement adultes, mesurant 2%, 50 de longueur et pourvus d’une crinière bien développée. Leur pelage est d’un brun foncé, mélangé de gris; le dessus de la tête et les membres sont roux, ainsi que le dessus du cou.

Une femelle très adulte mesure près de 2" de longueur, mais elle est beaucoup moins grosse que les précédents et elle ne porte aucune trace de crinière. Sa couleur générale est beaucoup plus claire et tire sur le jaune.

Les jeunes, dont la taille varie de 1" à 1,50, ont une teinte brune

(1) A8Borr, Proc. Zool. Soc., 1868, p. 192. (2) Voir Histoire du voyage, p. 142.

MAMMIFÈRES. A.19 souvent mélangée par places de poils d’un gris jaunâtre formant des taches plus ou moins étendues; leur fourrure, entièrement dépourvue de duvet comme celle des parents, est cependant plus douce.

D'autres Lions marins ont été observés par les naturalistes de la Romanche dans le canal du Beagle, à l'anse Banner et à l'ile Picton. Les cadavres de trois mâles furent trouvés échoués sur la plage de la baie Lort (Saint-Joachim), dans la presqu’ile Hardy. Enfin, la présence de ces mêmes animaux a été constatée par le D' Hahn sur les plages de l'ile des États.

Buffon et la plupart des naturalistes de la fin du siècle dernier ou du commencement du siècle actuel réunissaient sous la dénomination générale de Lions marins toutes les Otaries à crinière, dont Frédéric Cuvier forma plus tard une division générique particulière appelée Platyrhinque ('). Aujourd'hui, les zoologistes sont généralement d’ac- cord pour les considérer comme constituant deux espèces, et ils réser- vent le nom d'Otaria jubata pour les Otaries des mers antarctiques, tandis qu'ils appellent Otaria Stelleri le représentant boréal du même type organique (?). Peters a poussé ces distinctions plus loin et il à réparti Les Otaries à crinière de l'hémisphère austral en 3 ou 4 espèces, pour l’une desquelles il emploie la désignation Ovaria leonina (*) considérée d'ordinaire comme synonyme d’Ofaria jubata, tandis que, à l'exemple de Blainville, il en appelle une autre Otaria Byron (*) et qu'il donne le nom d’Otaria Godefroy à une espèce qu’il considérait comme non décrite (°). Enfin l'Otarie rapportée du cap Horn en 1862 par le matelot Leconte et qui vécut quelque temps à la Ménagerie du Muséum de Paris, puis au Jardin zoologique de Londres, et qui fut identifiée par

(1) Mémoires du Muséum, t. XI, p. 208, 1824. Le nom de Platyrhinque appartenait déjà à un genre d'oiseau et, par conséquent, n’a pu être conservé à ces Phoques qui, dans le système de classification de Gray, constituent le genre Otaria proprement dit (Catalogue of Seals and Whales).

(2) LEsson, Dictionnaire classigne d'Histoire naturelle, t. XII, p. 420, 1828. PeTERs, Monatsb. Akad. Berlin 1866, p. 274 et671. Eumetopias Stelleri Gray, Ann. and Mas. of nat. Hist., série, t. XVIIL, p. 233, 1866.

(3) PETERS, op cit., p. 269.

(4) Brave, Journal de Physique, t. XCI, p. 287, 1820. PETERS, 0p. cit., p. 264 à 271.

(5) PETERS, 0p. cit., p. 264 à 271.

A.20 MISSION DU CAP. HORN. le D' P.-L. Sclater à l’Otaria Hookert ('}), n’était qu'une Otaria jubata mâle et non completement adulte, comme le reconnut plus tard le savant secrétaire de la Société zoologique de Londres (?). Ces diver- gences d'opinion suffisent pour établir que les différences organiques entre les Phoques à crinière sont peu tranchées et que les caractères assignés aux formes zoologiques que les naturalistes classificateurs sont convenus d'appeler des espèces n’ont peut-être pas dans ce groupe naturel la signification qu’on leur attribue; j'incline à penser que ces types réputés spécifiques ne sont que des races locales ou des modifi- cations d’une même espèce primordiale amenées par des conditions biologiques différentes. Leur distribution géographique vient à l’appui de cette opinion; en effet, ils sont répartis de distance en distance le long du continent américain et ils semblent différer d'autant plus entre eux qu'ils s’éloignent davantage du pôle Sud. Ainsi l’Otaria Jubata de Peters ou Otaria Forsteri de Lesson, qui est le représentant principal de ce petit groupe zoologique, occupe la pointe australe de l'Amérique et les iles avoisinantes. L’Ozaria Pernettyt de Lesson (*}, ou Otaria leornina de Peters, se trouve à l'embouchure de la Plata, sur les parties adjacentes du littoral de la Patagonie, et un peu plus au Nord vers le Brésil. Or j'ai pu constater, en étudiant un exemplaire femelle et adulte tué par M. Lebrun, que cette prétendue espèce différait à peine des Otaries des iles Malouines et qu'évidemment elle appartenait au même type spécifique.

Les Phoques à crinière du versant opposé de l’Amérique ne me paraissent pas pouvoir être distingués avec certitude de l’Otaria jubata ; tels sont l’Oraria chulensis (*) des rivages du Chili et l'Oraria Ulloæ (*)

des côtes du Pérou et des iles Gallapagos (°). \

(1) SezarTEr, Proceedings of the zool. Soc., 1866, p. 80. (2) SCLATER, op. cit., 1868, p. 190 (en note). (3) Loup de mer ou Lion marin. PERNETTY, Histoire d'un voyage aux îles Malouines,

t. Il, p- 37.

(*) Phoca leonina. MouiNA, Histoire naturelle du Chili, p. 261. Otaria chilensis, . Muzrer, Archio für Naturgeschichte, 1841, p. 333.

(5) Tsonupr, Fauna peruana, x842-1844, p. 135, pl. VI.

(5) FaNNING, op. cit., p. 352, et Expédition du « Hassler ». Voir ALLEN, History of north american Pinnipeds, 1880, p. 208.

ee

MAMMIFÈRES. A.21 Ces animaux, si nombreux dans la région antarctique, semblent être remontés vers le Nord sur les côtes de l'Amérique, à l'Est et à l'Ouest: mais dans l’océan Pacifique ils ont été aidés dans leur mouvement d'extension par le courant austral ou courant de Humboldt qui en refroidit les eaux jusque sous l’équateur, tandis que dans l'Atlantique ils ont rencontré les eaux plus chaudes du Gulf-Stream qui ont constitué pour eux une véritable barrière.

2. ARCTOCEPHALUS AUSTRALIS.

Phoca australis Zimmermann, Geograph. Geschichte, t, 1, p. 276, 1782.

Phoca falklandica Shaw, General Zoology, 1. 1, p. 256, 1800.

Otaria falklandica Desmarest, Dictionnaire d'Histoire naturelle, t. XX, p- 601, 1817.

Arctocephalus falklandicus Gray, Peters, etc.

Arctocephalus australis Allen, Zistory of N. american Pinnipeds, p.210, 1880.

Le Phoque à fourrure, nommé par les marins anglais Fur Seal, est l’un des plus intéressants sous le rapport zoologique et sans con- tredit le plus important au point de vue commercial de tous ceux qui habitent ces parages. Autrefois il était très commun et, pour donner une idée du nombre de ces animaux, je ne saurais mieux faire que de rappeler les résultats obtenus par divers navires frétés en vue de la pêche ou plutôt du massacre de ces amphibies qui, lorsqu'ils sont à terre, ne peuvent ni fuir ni se défendre et se laissent assommer sans résistance.

Ce fut vers la fin du siècle dernier que les marins américains com- mencèerent à expédier dans les mers australes des navires spécialement destinés à la chasse des Phoques à fourrure, dont les peaux étaient pour la plupart vendues en Chine et dont on tire une huile abondante. Plusieurs des découvertes géographiques accomplies dans les régions antarctiques sont dues à ces expéditions commerciales, et l’on a peine à comprendre qu’elles n'aient pas déjà amené la destruction complète de ces animaux; car ils ne produisent généralement qu’un seul petit à chaque portée, la gestation est longue et la croissance très lente. Il

A"22 MISSION DU CAP HORN-.

faut que leur nombre ait été incalculable pour que l’espèce ne soit pas éteinte. En 1808, lorsque Fanning visita les iles de la Géorgie aus- trale, un navire venait de quitter ces parages emportant 14000 peaux de Phoques; il s’en procura lui-même 57000 et il évalue à 112000 le nombre de ces animaux tués pendant les quelques semaines que les marins y passèrent cette année-là. En 1822, un autre capitaine, Weddell, visita ces îles et il constata que les produits de la chasse n'avaient pas diminué; il évalue à r200000 le nombre des peaux déjà obtenues dans cette localité dont l'étendue est peu considérable. La même année, 320000 Phoques à fourrure furent tués aux Shetland australes. Ces animaux abondaïent aussi à l’ile Beauchêne située à une vingtaine de lieues à l’est des îles Malouines. Dans ces iles ils étaient très communs ('), et le capitaine Abbott nous apprend qu'il y a un quart de siècle environ ils se montraient en grand nombre à l’entrée du détroit de Berkeley, les rochers sont d’un accès difficile. Aujour- d'hui ils sont devenus plus rares et, quoique les naturalistes de la Romanche en aient aperçu plusieurs, il leur a été impossible de les cap- turer; ils en ont vu dans le canal du Beagle, à l’anse Banner et à l’ile Picton, ainsi que sur les bancs de goémons de la pointe Sud-Est de la baie de Packsadlle (iles Guffern). Il est très difficile de les atteindre, car la guerre acharnée qui leur est faite les a rendus méfiants. Ils se jettent à l’eau et disparaissent dès qu'ils voient arriver une embar- cation. On ne peut les approcher qu’en débarquant à l'abri de quelque anfractuosité du rivage et en leur coupant la retraite du côté de la mer. Le commandant Martial nous apprend que, pendant son séjour, les mate- lots d’une goélette américaine, le Thomas Hunt, chassaient les Phoques aux iles Diego Ramirez et que, dans la saison, ils en tuèrent 1300 (2). À Punta-Arenas, l'exportation de ces peaux s’élève à environ 300000" par an. On peut espérer que les mesures de protection qui ont été prises par le gouverneur des Malouines, et dont il a été question pré- cédemment, hâteront le repeuplement de ces iles et faciliteront la reproduction des Phoques à fourrure.

(1) HamivroN, On the Fur Seal of commerce ( Annals and Magazine of natural History, t. II, p. 80, 1838). (2) Histoire du vo) age, p. 44.

MAMMIFÈRES. A.93

Cette espèce remonte sur la côte de l'Amérique jusqu'au rio de la

Plata, d’une part, et, d'autre part, jusqu’au Chili; elle a été trouvée par les naturalistes de l'expédition du Æassler aux iles Gallapagos.

ORDRE DES RONGEURS.

Les Rongeurs recueillis par M. Lebrun en Patagonie et par les offi- ciers de la Romanche à la baie Orange sont nombreux sinon en espèces, du moins en individus. M. Olfield Thomas, aide-naturaliste au Musée britannique, a bien voulu se charger d'étudier cette belle série de Murides et d’en déterminer les espèces. Il a pu les comparer à ceux pro- venant du voyage du Beagle, et décrits autrefois par Bennett et par Waterhouse, et à ceux rapportés par l'expédition de l’A/ert qui font partie des collections du Musée britannique. M. O. Thomas a reconnu une forme nouvelle du groupe des Hesperomys, qu'il a désignée sous le nom de Notomys.

Genre HESPEROMYS.

Sous-genre NOTIOMYS (1).

Olfield Thomas, Description manuscrite :

Forme cricetine (?), queue courte, poilue; oreilles petites, pieds antérieurs à griffes très allongées, comme chez les Orychomys; pouce pourvu d’une griffe au lieu d’un ongle (*); pieds postérieurs assez courts, à doigts proportionnellement longs, face plantaire nue à six pelotes.

Crâne court et large (‘), interpariétal, très petit et étroit; espace

(1) De vdruos, méridional.

(2) Poir pour les diagnoses des autres sous-genres les Proceedings of the zoological Society, 1884, p. 448.

(3) Les mots ongle (zail) et griffe (claw) ont été transposés par erreur dans la diagnose de l'Oxymycterus (loc. cit., p. 450), dans ce sous-genre le pouce étant armé d'une griffe et non d’un ongle.

(*) Voir PL VIII, fig: 1.

A.24 MISSION DU CAP HORN- interorbitaire large à arêtes arrondies; trou préorbitaire large, trian- gulaire, son bord externe très court et ne s’avançant pas en une lame saillante, trou palatin allongé, narines postérieures très étroites. Dents ayant les caractères essentiels de celles des Habrothrix, mais la dernière molaire supérieure petite, ayant à peine À des dimensions de la seconde et également de forme ovale, le grand axe de l’ovale étant disposé transversalement.

1. Hesperomys (Noriouys) Enwarps Olfield Thomas. (PI. LI, fig. x, PL. VIII, fig. 1.)

Cette espèce ressemble beaucoup par sa taille et son aspect général à l’Hesperomys (Calomys) bimaculatus Waterh. et surtout à la variété lepidus Thomas (‘), mais elle s’en distingue sans peine par les griffes extrémement longues et puissantes des pattes antérieures. La couleur de l'animal est en dessus d’un fauve grisâtre, en dessous blanche. La base des poils est partout d’un gris ardoisé. La queue est revêtue de poils courts et serrés, cachant entièrement les écailles; elle est fauve pâle en dessus et blanche en dessous. Les pieds antérieurs sont armés de griffes longues et fouisseuses, semblables à celles de l’Æes- peromys (Habrothrix) megalonyx Waterh. Le pouce porte aussi une petite griffe. Les pieds postérieurs ont la portion tarso-métatarsienne assez courte, mais les doigts sont bien développés et leurs griffes sont plus longues que d'ordinaire. Le pouce s'étend jusqu’au niveau de la base du second doigt, le cinquième doigt atteint le milieu de la première phalange du quatrième; les faces plantaires sont rues, excepté au talon, elles sont couleur chair, lisses et dépourvues de gra- nulations. Les pelotes plantaires sont au nombre de six, lisses et arrondies. Les oreilles semblent petites, malheureusement elles sont imparfaites sur l’exemplaire unique connu jusqu à présent.

(1) Cette variété est décrite et figurée dans Proceedings of the zool. Soc., 1884, p. 454, pl. XLII.

MAMMIFÈRES. A.95

Mesures de l'échantillon type emparllé et probablement un peu trop étendu.

m MÉFETeCONDS Eee ere eee mener cree 0,080 DUETOR EE EE En ne ane ee ne eine ie 0,035 Pet Made dbcbooncmedossebseococe eco es Ua 0,016 Duifalontnlaibaseldus Aloe REPARER EP EC ER EEE PE ECS 0,012 Du talon en avant de la dernière pelote plantaire. ......... 0,0071 Hrosiemercnfelanténieune REP EEE EC EE CC cree 0,004 NSÈNE AE TOMÉRELNNE STE OS MNT EEE 0 0,003 Dimensions du créne. m

ÉGDEUEUNR AN ANRAS CE ARENA A EN ATEN TER RT 0,020 Plus erande A ReeUT EE Eee En ee Le 0,013 Ponsveurideanboitelcérébrale PERFECT EEE CCE 0,010 Larsour de A bot céomle. 656080200000 0e 008 o,07118 LOMTENr COIN oc ocondacoscdoacpescaooseoucce 0,013 PORCUEUMAESTOSINASAUX EE EE CE CC PE CC 0,0097 LARSONP CES CS MARS 2 o0ecocc02Boderocstescobeuces 0,0031 Largeur de. l'espace interorhitaire..""""" "0 RO CO Lonsmetr ce Mmes 02e 00e 02e 000 0,010 Latour de Pinto ss ooncubsoaooacscocosane 0,006 Largeur mesurée entre les angles supéro-externes des trous

SOUS-OLDLAITOS RER EP tete ce ee mn ee eee 0 ,0083 Longueur de la racine zygomatique antérieure. ........... 0,016 Longueur du palais...... SCO ÉDAPO DE Don po eue besace o,01I1 Largeur en dehors de la première molaire. .......... PC CON 0008 LEON ON CAMES sac dot sr ceovacseoaonc booter 0,0032 Distance entre les incisives et la molaire.............. 0 ,0067 PONS UEUIUNTTOURPaIA NP EEE CE CE CS 0,005 Longueur de la sérieides Molaires-- "M NN 0,0032 LonouevaderaRrEMOlAILe PERRET EC EE 0,0017 Lonenene de la SMOANE,L460800000eodoccoc0sevsouaue 0,001 Lonarenr don mA, 400200 d020Meco00te-croucos 0 ,0004 Longueur dela mâchoire inférieure..." O,0141 Longueur jusqu'à l'extrémité des incisives................ 0,0156

Un seul exemplaire de cet intéressanf Muride a été recueilli par M. Lebrun dans la Patagonie, au sud de Santa Cruz, vers le 5o° degré de latitude Sud.

Le Nouomys offre dans son organisation une combinaison de carac- tères empruntés à divers sous-genres d’Hesperomys. Ainsi, par son

Mission du cap Horn, NI. A.4

A.26 MISSION DU CAP HORN.

aspect extérieur il ressemble aux Calomys, par ses grifles allongées aux Onychomys, par la griffe dont le pouce est pourvu aux Scapteromys et aux Oxymycterus. D'autre part, par la structure de son crâne et de ses dents, il se rapproche des Habrothrix dont on doit le considérer comme très voisin, malgré les différences extérieures que l’on constate. La nécessité d'établir pour cet animal une distinction subgénérique ne peut être mise en doute et peut-être même, quand on aura pu étu- dier des exemplaires conservés dans l’esprit-de-vin, reconnaïitra-t-on la nécessité de le placer au rang de genre distinct.

2. Hesperomys (CaLomys) CoPPINGERI. (PI. IP, fig. 2, et PL, VII, fig. 2)

Olfield Thomas, Account of the zoological collection made during the survey of H. M.S. « Alert » in the straits of Magellan and on the coast of Patagonia (Proceedings of the zoological Society, 1887, p. 4).

Ce petit Rongeur est très commun à la baie Orange, les natura- listes de la Mission en ont capturé un grand nombre. Les poils sont longs et doux. Sur la tête et sur le dos ils sont de couleur ardoise à leur base et dans presque toute leur longueur, leur extrémité est noire précédée d’un anneau jaunâtre. Quelques poils noirs et plus longs sont mélangés à la fourrure générale, donnant au pelage une grande ressemblance avec celui du Rat d’eau (Arvicola amphibius). La face externe des membres est de la même teinte foncée, les pieds sont cou- verts de poils courts, blanchâtres et brillants. Sur les flancs le pelage : est plus clair, et sur le ventre il est d’un blanc presque pur, quoique la base des poils soit aussi ardoisée. La queue est longue et peu velue; les écailles qui la couvrent en dessus sont grises et Les poils d’un brun roux. Les écailles inférieures sont d’un jaune pâle et les poils sont blanes, à l’exception de ceux qui garnissent la ligne médiane et qui forment une étroite-ligne d’un brun foncé contrastant avec la couleur blanche des côtés. Les oreilles sont courtes, arrondies sous leur bord et presque cachées par la fourrure; elles portent vers le tiers de la hau- teur de leur bord interne un petit lobule qui existe chez beaucoup

NAMMIFÈRES. A.27 d'espèces du même genre et qui semble très constant chez celles il se trouve. Les pieds postérieurs sont étroits et la face plantaire est garnie de cinq pelotes petites et séparées par une peau granuleuse.

Le crâne présente tous les caractères propres aux Hesperomys, il montre une faible trace des crêtes susorbitaires que l’on considère comme caractéristiques du sous-genre Calomys auquel cette espèce appartient certainement.

Les espèces qui se rapprochent le plus de l’Æ. Coppingert sont l'A. lutescens Gray et l’Æ. Phahippu Landb., originaires du Chili. Le premier est plus grand, la queue plus courte et le crâne est pourvu de crêtes susorbitaires plus fortes.

L’A. Phihippu se distingue par la grande brièveté de la portion tar- sienne du pied et par ses poils plus courts et plus fins.

3. HESPEROMYS (ORYZOMYS) LONGICAUDATUS. (PI. IF, fig. 1.)

Mus longicaudatus Bennett, Proceedings of the Comnutiee of Science and Correspondence of the zoological Society of London, 1832, p. 2.

Waterhouse, Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Manrmatia, P--29,pl--XT: ;

Cette espèce a d’abord été décrite par Bennett en 1832 d'après des exemplaires recueillis au Chili par Cuming; elle a été capturée égale- ment dans la même région par Darwin lors de l'expédition du Beagle et elle s'étend plus au Sud puisque la Mission française l’a trouvée à la baie Orange, elle semble d’ailleurs fort rare. Ce Rongeur se distingue facilement par le développement de la queue qui est le double de la longueur du corps; cet appendice porte quelques poils épars, sa cou- leur est brunàtre en dessus, plus päle en dessous les poils sont blancs. Le pelage du corps est long et doux, d’une couleur brune tirant sur Le jaune, les poils laineux étant de cette dernière teinte vers leur extrémité, le jars est brun. Le jaune domine sur les flancs et sur la face externe des membres; les parties inférieures du corps et internes des membres sont blanchätres. Les oreilles sont petites et velues en

A.98 MISSION DU CAP HORN. dessus. Les moustaches sont longues et noires. Les pieds sont blancs, leur portion tarsienne est allongée.

4. Hesperomys (HABROTHRIX) OLIVACEUS. CAR LS Es 0)

Mus olivaceus Waterhouse, Proceedings of the soological Society, 1837, p. 16.

Cette espèce est très commune à la baie Orange. Les collections de la Mission en comprennent 28 exemplaires, provenant pour la plupart de cette localité; quelques-uns ont été trouvés à la baie Cook. Elle se distingue facilement de l’X. Coppingert, si abondante dans les mêmes parages, par sa taille moindre, sa queue relativement plus courte et ses oreilles moins développées.

5. HEspEromYs (HABROTHRIX) XANTHORHINUS. (PL FI, fig. 1.)

Olfield Thomas, Proceedings of the zoological Society, 1881, p. 5.

Mus xanthorhinus Waterhouse, Proceedings of the ‘zoological Society of London, 1837, p. 17. Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Mammalia, p. 53, pl. XVI, fig. r.

Ce Muride, découvert par Ch. Darwin à la Terre de Feu (péninsule Hardy), a été trouvé par M. Lebrun à Santa Cruz de Patagonie, il paraît peu abondant. La description très exacte qui en a été donnée par Waterhouse nous dispense d’insister sur ses caractères extérieurs.

G. Hesprromys (HABROTHRIX) LONGIPILIS. (PL P, fig. 2.)

Mus longipilis Waterhouse, Proceedings of the soological Society, 1837, p. 16. Zool. of the voyage of « Beagle », p. 55, pl. XVI. Cette espèce fait aussi partie des collections formées par M. Lebrun à Santa Cruz de Patagonie; elle n’est représentée que par un seul exem- plaire, remarquable par sa fourrure aux poils doux et tres longs.

MAMMIFÈRES. AÀ.99

7. Hesperomys (PuyLLotis) XANTHOPYGUS. (PI. VI, fig. 2.)

Mus xanthopygus Waterhouse, Proceedings of the soological Society of Lon- don, 1837, p. 28. Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Mam- malia, p. 63, pl. XXII.

Cet Hesperomys, découvert à Port-Désiré et à Santa Cruz par Ch. Darwin, a été capturé par M. Lebrun dans cette dernière localité; il est à peu près de la taille du Mus rattus. Son pelage est d’un jaune gri- sätre. La queue est beaucoup plus velue que chez les espèces dont il vient d’être question; elle est blanche en dessous, fauve en dessus, et ces deux teintes sont nettement séparées. Les oreilles sont grandes et revêtues de poils assez longs.

8. Mus MAGELLANICUS.

Bennett, Proceedings of the zoological Society, 1835, p. 197. Waterhouse, Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Mammalia, ne din DIONINE

Ce Muride, plus grand que la Souris, a été découvert à Port-Famine par Darwin; les naturalistes de la Mission de la baie Orange n’en ont capturé qu’un exemplaire, ce qui semble indiquer que l’espèce est rare dans cette région.

9. RELTHRODON CHINCHILLOIDES. (PI. III, fig. 2.)

Waterhouse, Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Mammalia, D: 92 Ie

Ce Reithrodon provient de la baie Orange, deux exemplaires seu- © . , lement ont été capturés pendant le long séjour qu’y fit la Mission fran- çaise.

A.30 MISSION DU CAP HORN.

10. REITHRODON GUNICULOIDES. (PL. IL.)

Waterhouse, Proceedings of the zool. Soc., 1837, p. 30.

Zoology of the voy. of « Beagle »; Mammalia, p. 69, pl. XXVI.

M. Lebrun a recueilli deux exemplaires de cette espèce à Santa Cruz de Patagonie ; elle est de plus forte taille que la précédente; ses oreilles sont plus développées, sa queue est plus longue. La forme de sa tête rappelle celle d’un petit Lapin.

CÉTACÉS.

Les grands Mammifères pisciformes ne sont pas rares dans les mers antarctiques, et les officiers de la Romanche ont eu à plusieurs reprises l’occasion de les observer. Des troupes de Dauphins, d'Orques et des Baleines ont été vues en mer, mais il était difficile d'approcher ces ani- maux et ils échappaient aux poursuites dont ils étaient l’objet; deux squelettes de Baleinoptères échoués sur la côte ont été préparés avec soin et rapportés par la Mission du cap Horn. Ces squelettes sont décrits par M. H. Gervais dans un autre Chapitre de cet Ouvrage; nous n’avons donc pas à nous en occuper ici.

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANGHE 1.

Conepatus Humboldiü Gray, individu femelle et provenant de Santa Cruz de Patagonie (réduit de moitié).

MAMMIFÈRES. A.31

PLANCHE 2.

Reithrodon cuniculoides Waterhouse, provenant de Santa Cruz (représenté de grandeur naturelle).

Fig. Fig. Fig. Fig.

CT & 00

PLANCHE 3.

. Hesperomys (Notiomys) Edswardsi Olf. Thomas, de Santa Cruz,

(représenté de grandeur naturelle).

. Reilhrodon chinchilloides Waterhouse, de la baie Orange (représenté

de grandeur naturelle).

PLANCHE 4.

. Hesperomys (Orysomys) longicaudatus Bennett, de la baie Orange

(représenté de grandeur naturelle).

. Hesperomys (Calomys) Coppingeri O. Thomas, de la baie Orange

(représenté de grandeur naturelle).

PLANCHE 5.

. Hesperomys (Habrothrix) olivaceus Waterhouse, de la baie Orange

(représenté de grandeur naturelle).

. Hesperomys (Habrothrix) longipilis Waterhouse, de Santa Cruz

(représenté de grandeur naturelle).

PLANCHE 6.

. Hesperomys (Habrothrix) zanthorhinus Waterhouse, de Santa Cruz

(représenté de grandeur naturelle).

. Hesperomys (Habrothrix) xanthopygus Waterhouse, de Santa Cruz

(représenté de grandeur naturelle).

PLANCHE 7.

. Crâne du Conepatus Humboldtit Gray, vu en dessus, de grandeur natu-

relle ainsi que les figures suivantes.

. Le même vu en dessous.

. Face occipitale du même.

. Màchoire inférieure.

. Crâne du Conepatus provenant du voyage de d’Orbigny, vu en dessus.

A.32 MISSION DU CAP HORN.

Fig. 6. Le même vu en dessous. Fis.'T. Kace occipitale du même. Fis. 8. Mâchoire inférieure.

P£ANCHE 8.

Fig.1. Crâne de l’Æesperomys (Notiomys) Edwardsi O. Thomas, vu en des- sous et grossi.

Fig. 1. Face supérieure du même.

Fig. 1°. Le même vu de côté.

Fig. 1°. Dents molaires de la mâchoire supérieure.

Fig. 11. Dents molaires de la mächoire inférieure.

Fig. 1°. Crâne représenté de grandeur naturelle.

Fig. 2. Cràne del'Æesperomys Coppingeri O0. Thomas, vu en dessous et grossi.

Fig. 24. Face supérieure du même.

Fig. 2. Le même vu de côté.

Fis. 2%. Dents molaires de la mâchoire supérieure.

Fig. 2%. Dents molaires de La mâchoire inférieure.

Fig. 2%. Cràne représenté de grandeur naturelle.

Mission da Cap Horn . x Marmafères. DT

PBidearut Lithr. Zmplemercier ebCFFarés

Conepatus Humboldu

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Marnrapères. Le.

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l. Hesperomys Edwardsn. 2H Coppinéer:.

de

Æ

OISEAUX,

PAR

E. OUSTALET,

DOCTEUR ÈS SCIENCES, AIDE NATURALISTE AU MUSEUM.

Immédiatement après l'arrivée au Muséum des riches collections formées par M. le D' Hyades, M. le D' Hahn et M. Sauvinet, je m'étais occupé de la détermination des Oiseaux, dont chaque spécimen pût figurer, avec son étiquette, dans l'exposition générale des objets rap- portés par la Mission du cap Horn. Je m'étais livré en même temps à un travail analogue pour les Oiseaux recueillis dans la Patagonie aus- trale par M. Lebrun et par les officiers du Volage, de telle sorte que, dès les premiers mois de l’année 188/, j'avais entre les mains les élé- ments nécessaires pour dresser des listes d’Oiseaux de la Patagonie, de la Terre de Feu et des Malouines. Mais je n’ai pas tardé à reconnaitre qu'une simple énumération d'espèces, accompagnée de quelques indi- cations de provenance, constituerait un travail singulièrement aride et presque entièrement dépourvu d'intérêt. Profitant de la latitude qui m'était laissée par la Commission de publication des documents de la Mission du cap Horn, j'ai donc cru devoir donner à cette étude sur Les Oiseaux de l'Amérique australe une certaine extension, en comparant aux spécimens obtenus par la Mission française en 1882 et 1883 les exemplaires que le Muséum avait reçus précédemment d’Alcide d'Or- bigny et des naturalistes attachés aux expéditions de l’Urante, de la Coquille, de l’Astrolabe et de la Zelee. Il m'a paru également nécessaire

B.4 MISSION DU CAP HORN-

de tenir compte des travaux publiés en France et à l'étranger sur la faune ornithologique des mêmes régions par lillustre Darwin et MM. Sclater, Salvin, Sharpe, de Pelzeln, Giglioli, Alph. Milne Edwards, ete.; de mettre à profit les documents fournis par les expé- ditions du Beagle, de la Novara, du Nassau, du Challenger et de l’ Alert, et d'essayer, en les combinant avec les observations que j'avais faites, de tracer les limites de l’aire d'habitat de chaque espèce. Les notes manusérites et les croquis qui m’avaient été remis par MM. Hyades, Hahn, Lebrun et Sauvinet, renfermaient sur la date de capture, le contenu de l’estomae, la coloration des yeux, du bec et des pattes, des renseignements qui venaient corroborer ou compléter les renseigne- ments fournis par les naturalistes anglais, et que je ne pouvais laisser de côté, pas plus que je ne devais omettre de décrire les espèces nou- velles ou peu connues dont j'avais sous les yeux d'excellents spé- cimens. Enfin, quoique mon travail eût surtout pour objet l’étude des Oiseaux rapportés par les naturalistes de la Mission du cap Horn, il m'a semblé qu'il y aurait un certain intérêt à le compléter en y joi- gnant, en appendice, une liste aussi complète que possible des espèces qui ne figuraient pas dans la collection.

1. CoNurus SMARAGDINUS.

La Perruche émeraude Buffon, Æist. nat. des Oiseaux, t. NI, p. 262.

La Perruche des terres magellaniques Daubenton, Planches enluminées de Buffon, 1770, pl. LXXXWV.

Psittacus smaragdinus Gmelin, Syst. nat., 1788, t. 1, p. 322.

La Perruche émeraude Levaillant, Æist. nat. des Perroquets, 1801-1805, pl. XXI.

Conurus smaragdinus G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844-1849, t. II, 42.

O. Finsch, Papageien, 1867, t. I, p. 525, 72.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nomenclator Avium neotropicalium, 1873, p. 112. Birds of Antarctic America ( Voy. « Challenger »), in Proceed. sool. Soc. Lond., 1878, p. 434, 20. Report on the Birds collected in Antarctic America, in Report on the scientific results of the voyage of H. M. S. « Challenger », Zoology, t. 1, 1881, p. 104, 20.

OISEAUX. B.5 Pyrrhura smaragdinea A. Reichenow, Conspectus Psiltacorum, Journ. of

Ornith., 1881, p. 286, 50 (tirage à part, p. 194, 50), et Vôgelbilder,

pl. XXII, fig. 3.

Cette espèce est assez répandue dans le sud du Chili et en Patagonie et s’avance jusque sur la Terre de Feu elle est connue des indigènes sous le nom de Xinarh. L'expédition du passage de Vénus en a fourni dix-neuf individus de sexes différents, savoir six spécimens obtenus au mois de janvier 1883, par M. Lebrun à Agua Fresca, et treize spécimens obtenus par les naturalistes de la Mission du cap Horn, le 11 no- vembre 1882 sur les bords de la baie Orange, le 2 mars 1883 sur les bords des Murray's narrows (passes de Murray), et le 16 août de la même année à Packewaïa au sud de la Terre de Feu. Ces spécimens étaient accompagnés des indications suivantes qui concordent par- faitement avec les renseignements recueillis par les naturalistes du Challenger : « Iris rouge; bec noirâtre passant au jaune corne à l’ex- trémité des mandibules: tarses d’un gris foncé en dessus, d’un blanc jaunâtre sur la face inférieure; cire et parties nues d’un gris noirâtre; estomac contenant des graines. »

On ignore si les Perroquets observés par Bougainville dans les mêmes parages se rapportaient au Conurus smaragdinus ou s'ils appar- tenaient au Conurus patagonus N., espèce de taille plus forte et plus voisine des Aras, qui a été signalée récemment par M. Burmeister et par plusieurs naturalistes anglais sur divers points de la Patagonie et de la République Argentine (voir Selater et Salvin, On the Birds col- lected in the Strauts of Magellan by D' Cunningham, in Ibis, 1868, p- 187, n' 16; H. Durnford, Notes on the Birds of central Patagonia, in Ibrs. 1978, p. 400; W.-H. Hudson, On patagonian Birds, in Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 549, n°31; H. Burmeister, Notes on Conurus hilaris and others Parrots of the Argentine Republic, in Proceed, zool. Soc. Lond., 1878, p. 75, etc.), et dont le Muséum possède quelques spécimens pris au Chili par MM. Lesson et Garnot (voyage de la Coguille) et par M. Gay.

Le Conurus smaragdinus et le C. patagonus habitent à peu près les mêmes contrées; toutefois, la dernière espèce parait plus largement répandue.

B.6 MISSION DU CAP HORN.

D. CATHARTES AURA.

Vultur aura Linné, Systema Naturæ (édit. 1766), t. [, p. 122.

Vieillot, Oiseaux de l’Amér. septentr., pl. I bis.

Wilson, Arner. Ornith., 1814, t. IX, p. 96, et pl. LXXV, fig. 2.

Cathartes aura Illiger, Prodromus, 1811, p. 236.

J.-J. Audubon, Birds Amer., in-fol., pl. CLI, et 1839, édit. in-8, t. I, p. 15, pl. IT.

J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. IN, Birds, 184r, p. 8.

Œnops aura R.-B. Sharpe, Cat. Birds Brit. Museum, 1874, t. 1, Accipitres, Dr20:

Rhinogryphus aura Rideway, Æist. N. Amer. Birds, 1. IE, p. 335.

R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Museum, t. 1, p. 455 (Addenda).

? Cathartes aura Ph.-L. Sclater, Cac. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 383, 1.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, in This, 1869, p. 284, 10.

Cathartes aura Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birds of Antarctic Amer., in Proceed. 3001. Soc. Lond., 1878, p. 435. Report on the Birds collect. in Antarctic Amer., in Rep. scient. Results of the voy. of A. M. S. « Chal- lenger », Zoology, t. I, 1887, p. 185, 26.

Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 300.

?Œnops falklandica R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. I, Accipitres, p.27.

Dans quelques Ouvrages modernes on trouve cette espèce dési- gnée sous le nom générique de Rhinogryphus, qui a été proposé par M. Ridgway et adopté par M. R.-B. Sharpe; mais j'ai cru devoir, à l'exemple de M. Sclater, restituer au Vulur aura de Linné le nom générique de Cathartes, sous lequel il est généralement connu. En effet, comme le disent fort bien MM. Sclater et Salvin (Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 435), dès 1816, Vieillot (Analyse, 1816, p. 21) crut devoir établir deux genres aux dépens de l’ancien genre Cathartes d’'II-

OISEAUX. B.7 liger : il nomma Catharista le Vuliur aura et le Vultur atratus, et Gypagus le Vultur papa. Néanmoins, on conserva l'habitude d'appeler Cathartes le Vultur aura et les espèces voisines, tandis que l’on associa quelquefois le Vultur papa au Condor, dans le genre Sarcorhamphus. Si donc on veut suivre rigoureusement les lois de la nomenclature, il faut donner au Ro des Vautours le nom générique de Gypagus et au Vautour aura le nom de Catharista ; mais il n’y a pas lieu de transporter au premier de ces oiseaux le nom de Cathartes, qui convient tout aussi bien au second. Enfin, il ne parait pas nécessaire de distinguer sous le nom d’OEnops ou de RAt- nogryphus les Cathartes à tète rouge des Cathartes à tète noire qui seraient appelés Catharista Catharistes.

Comme MM. Sclater et Salvin, je conserve aussi quelques doutes au sujet de la valeur spécifique de l’OEnops ou Cathartes falklandica, qui serait propre aux iles Falkland ou Malouines et qui, d'après M. R.-B. Sharpe, se distinguerait du Cathartes aura par la nuance grise des cou- vertures médianes et des pennes secondaires de ses ailes, par la teinte rose des parties dénudées de sa tête et par les dimensions un peu plus faibles des diverses parties de son corps. En effet, si j'ai constaté qu'un Catharte rapporté des Malouines, en 1820, par l'expédition de l’Uranie a les pennes secondaires et les couvertures moyennes distinc- tement bordées de gris (‘), comme les spécimens décrits par M. Sharpe et provenant de l'expédition antarctique anglaise; si j'ai reconnu que les dimensions de cet oiseau des Malouines étaient un peu plus faibles que celles des autres Cathartes de la collection du Muséum, je n'at- tache pas une grande importance à ces différences de taille et de colo- ration, puisque, parmi les Cathartes adultes de l'Amérique continen- tale, on observe certaines variations de grosseur et de plumage. M. Sharpe lui-même a vu, dans la collection recueillie par le natura- liste de l’expédition de l’A/ert, une femelle de Cathartes aura dont la tête était d’un rouge clair, dont les pennes alaires étaient plus dis- tinctement lisérées de gris que chez un mâle tué dans la même localité

(1) Quant à la coloration des parties nues, il est impossible de dire ce qu’elle était chez l'oiseau vivant. La tête et les pattes ont élé teintées récemment, et peut-être à tort, en rose chair sur l'exemplaire monté d’après les indications fournies par M. Sharpe dans son Cata- logue.

B.8 MISSION DU CAP HORN.

(Tom Bay) à la même époque, et qui offrait, par conséquent, une tran- sition vers le Cathartes ou Rhinogryphus falklandicus (*). D'un autre côté, on ne peut soutenir que le Cathartes falklandicus soit strictement confiné dans l'archipel dont il porte le nom et qu’il y représente l’es- pèce ordinaire, puisque certains spécimens obtenus par le Cunnin- gham, et attribués par R.-B. Sharpe à son OEnops falklandica, pro- viennent d'Hasleyn Cove (Messier Channel), c'est-à-dire d’un point de la côte orientale de la Patagonie (?).

Il est d’ailleurs aujourd’hui bien établi qu’on avait assigné au véri- table Cathartes aura une aire géographique encore trop restreinte, en disant qu’il se trouvait sur le continent américain depuis le 49° degré de latitude Nord, sur le versant du Pacifique, et depuis le Nouveau- Brunswick, sur le versant de l’Atlantique, jusqu’au Brésil et peut-être jusqu’au Chili (*). En effet, d'après M. P.-W. White (*), le Cathartes aura est commun aux environs de Conception, dans la République Argentine, et je n’ai constaté aucune différence digne d’être signalée entre un spécimen de la collection du Muséum, provenant de Virginie, et les spécimens rapportés de Patagonie par la Mission du cap Horn. Ces spécimens, au nombre de huit, avaient été obtenus, les uns dans la baie Orange, les autres à l’ile Horn, et portaient tous le même costume noir, avec quelques lisérés bruns peu distincts sur les plumes des ailes. Tous avaient l'iris brun, le bec d’une teinte jaunâtre, couleur corne blonde ou griffe de lion avec la pointe plus ou moins noire, les pattes d’un gris noirâtres ou d’un gris blanchätre sale; mais ils offraient, dans la coloration de la cire et des parties nues, certaines différences, dépendant sans doute de la saison. Ainsi un mâle, tué le 5 avril 1883 sur les bords de la baie Orange, avait la cire d’un gris perle foncé et les parties nues de la tête d’un gris nuancé de rouge vineux, tandis

(1) R.-B. Sxarpe, Zoological collections made during the Survey of H. M. S. « Alert », Birds, 26, in Proceed. zool. Soc. London, 1881, p. ro.

(2) CunninGnam, Zbis, 1868, p. 494, et Séraits of Magell., 1871, p. 355. ScrATER et SALVIN, Zbës, 1869, p. 284, 10 (sous le nom de Cathartes aura).

(3) SHarPe, Cat. B. Brit. Mus., t. I, p. 26.

(*) On Birds from the Argentine Republic, in Proceed. zool. Soc. Lond., 1882, p. 624, 165.

OISEAUX. B.9 qu'un mâle et une femelle tués, l’un perché, l’autre au vol, dans la même localité, le 22 septembre et le 24 novembre 1882, avaient ces mêmes parties d’un rouge framboise.

Il est probable que les Cathartes ne visitent pas seulement à cer- taines époques la pointe méridionale de l'Amérique, comme on le supposait primitivement, mais qu'ils y séjournent pendant toute l’année, puisque les exemplaires rapportés par les naturalistes de l'expédition du cap Horn portent des dates diverses des mois d’avril, juin, septembre et novembre. On sait, du reste, que des Cathartes (Cathartes aura ou ©. falklandicus) se reproduisent dans les îles Ma- louines (!) et que leurs œufs sont d’un blanc jaunâtre avec quelques taches plus ou moins larges et des stries d’un brun rouge, exactement comme ceux des Cathartes aura de l'Amérique du Nord.

J'ajouterai que, d’après les indications fournies par les étiquettes des individus que j'ai eus sous les yeux, l'estomac d’un de ces Cathartes de Patagonie était complètement vide et que celui d’un autre ne renfer- mait que des herbes, tandis que l'estomac d’un Catharte tué dans les iles Malouines par les naturalistes de l’expédition du Challenger conte- naitles débris d’un petit oiseau.

Le Cathartes aura porte chez les Fuégiens du Sud le nom vulgaire d’Jloër.

3. POLYBORUS THARUS.

Falco tharus Molina, Saggio St. Nat. Chil., 1782, p. 264.

Falco plancus et F. brasiliensis Gmelin, Sysé. nat., 1788, t. I, p. 262.

Polyborus vulgaris Spix, Aves brasil., 1. I, p. 3, et pl. I.

Vieillot et Oudart, Gal. des Ois., 1825, t. I, p. 23, et pl. VII.

D'Orbigny, Voy. Am. mérid., Zoologie, Oiseaux, 1835, p. 55, et pl. L, fig. r.

Polyborus brasiliensis J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. NI, Birds, 'CÉPENNE

(1) J. Gourn, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 93 (List of the Birds from the Falk- land Islands, with descriptions of the eggs of some of the species, from the specimens collected by capt. C. C. Abbott). Scrarer, Loc. cit., Proceed. zool. Soc. Lond., 1879, p. 309 (Zgss collected during the « Challenger » expedition).

Mission du cap Horn, VI. B.2

B.10 MISSION DU CAP HORN.

Polyborus tharus Slrickland, Ornith. Syn., 1855, p. 18.

Cunningham, Zbrs, 1868, p. 120.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected by D' Cunningham in the Straits of Magellan, Ibis, 1868, p. 188, 18, et 1870, p. 499. Birds from the Argentine Republic, Proceed. zool. Soc. Lond., 1869, p. 634, 2%. Nom. Av. neotrop., 1873, p. 123. Report on the collections of Birds made during the voyage of H. M. S. « Challenger », IX; Birds of antarctic America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 435. Birds from Bolivia, Proceed. zool. Soc. Lond., 1879, p. 639, 465. Voyage of H. M. S. « Challenger », 1881, Zoology, t. I; Report on Birds antarctic America, p. 105, 25.

Ph.-L. Sclater, Votes sur le Mémoire de M. Hudson, On the patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 536. Additions to the Mena- gery, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 333, et pl. XXV.

R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1854, Accipitres, |. À, p. 31, 1.

H. Durnford, Notes from the neighbourhood of Buenos Ayres, in Zbts, 1876, p. 161. On the Birds of the province of Buenos Ayres, Ibis, 1877, p. 188. /Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1838, p. 398.

- Polyborus vulgaris H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput

Valley (Patagonia), Ibis, 1878, p. 398.

Polyborus tharus L. Taczanowski, Supplément à la liste des Oiseaux recueillis au nord du Pérou occidental par MM. Jelski et Stolzmann, Proceed. zool. Soc. Lond., 1877, p. 749, 12. Ornithologie du Pérou, 1884, t. T,

P- 92.

H. Gurney, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 230.

E. Gibson, On the Ornithology of the Cape San Antonio (Buenos Ayres), Ibis, 1879, p. 415, 8.

R.-B. Sharpe, Zoological collections made during the Survey of H. M. S. « Alert », Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 10, 28.

Le Polyborus tharus ou Caracara de l'Amérique méridionale habite la partie de ce vaste continent située au sud de la République de l'Équateur et du fleuve des Amazones; mais il est déjà beaucoup moins répandu dans le nord du Pérou que dans le sud de cette contrée, dans la République Argentine et en Patagonie, il séjourne toute l’année et se reproduit régulièrement. Son nid, dont M. Durnford et M. Stolz-

OISEAU X. B.11 mann ont donné la description, est placé tantôt sur des arbres entourés de lianes, tantôt sur des buissons élevés, et contient parfois, à côté des œufs ou des jeunes, des arêtes de poissons, du cuir, de la paille, etc. Les œufs, dont le Muséum possède plusieurs spécimens, rapportés jadis par M. d'Orbigny et par M. Gay, sont d’un brun rou- geâtre ou chocolat fortement tacheté de brun foncé et ressemblent un peu à certains œufs de Percnoptères, avec des formes plus ramassées et plus arrondies.

Cette espèce est sujette à de très grandes variations sous le rapport des dimensions des ailes et des pattes, des teintes du plumage et de la coloration des parties nues, variations sur lesquelles Ch. Darwin, M. Sclater et M. Gurney ont déjà appelé l'attention des naturalistes. L'aile, par exemple, peut mesurer 38%, 4o°%, 43°? ou même 45° de long, le tarse 7°%%ou 9°, le doigt médian Gt; la livrée prend parfois des teintes grises ou jaunâtres à peu près uniformes, comme cela a été observé chez deux Caracaras provenant de Patagonie, qui ont véeu aux Zoolopical Gardens à Londres, et la cire change de couleur, passant du rouge carmin au rose, à l’orangé et au jaune, chez le même individu et presque dans la même journée, ainsi qu’on peut s’en con- vaincre en observant les Polyborus vivant dans les jardins zoologiques. Il n’est donc pas étonnant qu’à défaut de grandes différences de plu- mage il y ait eu, chez les neuf Caracaras tués en Patagonie et sur la Terre de Feu par les naturalistes attachés à la Mission du cap Horn, de notables différences dans la coloration du bec, des pattes et de la cire, différences qui sont indiquées sur les maquettes, sur les catalogues et sur les étiquettes que j'ai sous les yeux. Je vois, par exemple, que deux mâles tués à l’ile Pavon, le 29 septembre 1882, et un autre individu tué à Santa Cruz par les officiers du Volage avaient les yeux jaunes; qu’un mâle tué le 1% janvier 1883, sur les bords de la baie Orange, avait le bec d’un blanc sale et la cire rose; une femelle tuée presque à la même époque, le 4 janvier, le bec couleur de corne tirant au bleuâtre à la base et au verdâtre à la pointe, la cire d’un jaune orange, les pattes de la même couleur, mais d’une nuance moins foncée, et les yeux d’un gris brun; une femelle tuée le 12 mars 1883, dans la même localité que les deux premiers individus, le bec couleur de corne

B.12 MISSION DU CAP HORN. blonde, un peu grisètre sur les bords et à l'extrémité, légèrement bleuâtre sous la mandibule inférieure et à la base de la mandibule supérieure, la cire d’un jaune rougeûtre, les tarses d’un jaune citron clair avec les écailles de la face antérieure d’un jaune citron pur, les phalanges également d’un jaune citron pur, les parties dénudées tirant au jaune rougeâtre au-dessus de la mandibule supérieure, au jaune citron sous la mandibule inférieure et offrant une légère tache jaune citron en avant et au-dessous des yeux qui étaient de couleur brune. Je vois aussi que chez un mäle, tué le 20 mars 1883, sur le bord de la plage à la baie Orange, le bec était d’un blanc bleuâtre, avec les com- missures d’un blanc grisâtre et l'extrémité des mandibules d’une teinte corne blonde, la cire rougeûtre, l’iris brun, les tarses d’un gris blan- châtre à écailles opalines, la pulpe des phalanges blanchätre, légère- ment teintée de jaune, les parties nues tirant au rougeâtre clair au- dessus de la mandibule supérieure, au gris clair, un peu rosé, sous la mandibule inférieure, et offrant une nuance framboisée dans la partie antérieure de la région infra-oculaire. Enfin, je trouve encore les indi- cations suivantes dans les notes qui me sont communiquées par M. le D'Hyades et par M. le D' Habn :

Mâle tué sur les bords du New Year Sound, le 17 avril 1883 : iris brun, bec jaune, cire rose; pattes grises.

Mâle tué le 21 juin 1883 sur les bords de l’Anse aux Canards, à la baie Orange : iris brun clair, cire rouge orangé, bec corne blonde tirant au bleuâtre à la base; tarses d’un jaune pâle sur la face anté- rieure, d’un jaune très clair sur la face postérieure; phalanges d’un jaune citron, plus foncé en avant; parties nues rouge orange vif au- dessus du bec et autour des yeux.

Jeune femelle tuée près de la plage, à la baie Orange, le 25 juil- let 1883 : iris brun clair, cire jaune peau d'orange, bec corne blonde nuancé de gris perle; parties nues à la base du bec d’un jaune peau d'orange clair; tarses d’un jaune citron.

Mâle tué à la pointe Sauvinet, près de la baie Orange, au bord de la mer, le 29 juillet 1883 : iris brun marron, cire jaune orange, bec corne brune avec la pointe blanchâtre; tarses jaune citron; parties nues d’un jaune orangé vers la base du bec.

OISEAUX. B.15

Individu de sexe indéterminé, tuëé le 29 juillet 1883, sur les bords

de la baie Fleuriais, dans le canal du Beagle : yeux bruns, bec d’un ton

jaunâtre pàle, nuancé de bleuâtre en arrière, cire et parties nues des côtés de la tête d’un jaune orangé; pattes jaunes, ongles bruns.

Jeune femelle tuée à la baie Orange le 28 septembre 1882 : yeux bruns, bord des paupières jaune pâle, cire orangée, bec gris verdâtre; pattes jaunes.

Chez les deux individus (màles) obtenus par l'expédition anglaise du Challenger à Isthmus Harbour et à Port Churrucha (Magellan), les yeux étaient bruns; mais chez l’un le bec était bleu et la cire et les pattes offraient une teinte chair, tandis que chez l’autre le bec était bleuâtre, la cire jaune orange, les pattes jaunes. Des trois individus rapportés de Patagonie par l'expédition de l’A/err, l’un (une femelle adulte tuée à Tom Bay en mars 1879) avait le bec gris, la cire jaune orange, les tarses gris, les pieds jaunes et les ongles noirs; un autre (une jeune femelle tuée à Port Henry le 25 janvier 1879), la cire orange, les tarses gris ct jaunes; le troisieme (un jeune mâle tué le même jour et dans la même localité que l'individu précédent), la cire d’une teinte grisâtre tirant au rose chair et les yeux noirs.

Chez les Caracaras à plumage anormal qui ont vécu au Jardin zoolo- gique de Londres, la cire passait seulement du rouge carmin au rose päle, les pattes étaient d’un jaune uniforme et les mandibules d’un jaune bleuâtre. Enfin les mâles adultes de la même espèce, envoyés du Pérou par M. Stolzmann au musée de Varsovie, offraient de leur vivant les teintes suivantes : bec cendré à la base, passant graduellement au gris jaunâtre pâle; cire et pattes orangées ; iris d’un gris bleuâtre assez clair, tandis que les jeunes avaient les pattes d’une nuance bleuätre.

On voit par les documents que je viens de citer que le Polyborus tharus s’avance jusque sur les îles situées au sud de la Terre de Feu, entre le 55° et le 56° degré de latitude Sud, et l’on peut conclure du nombre des spécimens qui ont été obtenus par les expéditions anglaises et françaises que l'espèce doit être très répandue dans les iles Malouines et surtout en Patagonie (‘); elle fréquente les plaines marécageuses et le

(1) Un individu de cette espèce avait déjà été rapporté, en 1879, du détroit de Magellan

B.14 MISSION DU CAP HORN. bord de la mer et se nourrit de toutes sortes d'animaux, vivants ou morts. L’estomac de quelques-uns des Caracaras tués par M. le D' Hahn à l’île Wollaston renfermait des débris de petits oiseaux.

Katéla est le nom vulgaire par lequel les Fuégiens désignent cette espèce de Rapace, qui est appelée Carrancho par les habitants de la République Argentine.

4. IBYCTER AUSTRALIS.

Statenland Eagle et New-Zealand Falcon Latham, Gen. Syn., 1781, L. I, p. 4o, et pl. IV.

Falco australis Gmelin, Syst. nat., 1788, t. [, p. 259.

Morphnus Novæ-Zelandiæ Cuvier, Règn. anim., 1"e édition, 1819, t. I, p. 318. Falco Novæ-Zelandiæ Temminck, PL. col., 1823, t.1, pl. CLXXXXII et CCXXIV. Circaetus antarcticus Lesson, Trait. d’'Orn., 1831, p. 49.

Polyborus Novæ-Zelandiæ Darwin, Journ. et Ado. « Beagle », 1839, p. 66.

Milvago leucurus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. IL, Birds, 1841, 15 (ex Forst. Icon. ined., 34).

Vultur plancus Forster, Descr. anim., éd. 1844, p. 323. Milvago australis G.-R. Gray, Cat. Accip., 1848, p. 30.

Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 383, 2.

Milvago leucurus J. Gould, List. of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 92.

Milvago australis Abbott, Zbis, 1861, p. 150.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 122.

À. v. Pelzeln, On Birds in the imp. collection of Vienna, Ibis, 1853, p. 17.

Ibycter australis R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. 1, Accipitres, p.38.

? Milvago australis Ph.-L. Sclater, On eggs of Birds, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1879, p. 309.

L'Ibycter australis, il est presque inutile de le rappeler, n'appartient

par M. l'amiral Serres et un autre avait été rapporté, en 1820, des iles Malouines par l’expé- dition de l'Uranie.

OISEAUX. B.15 pas, comme le supposaient Gmelin, Latham, Temminck et Lesson, à la faune de la Nouvelle-Zélande, sa présence n'a été indiquée que par erreur, peut-être par suite d’une confusion avec l’Æeracidea ou Harpa Novæ-Zelandiæ. I est même fort douteux que cette espèce bien distincte du genre Zbycter se trouve sur le continent américain ("), et tout porte à croire que son aire d'habitat, des plus restreintes, ne comprend que l'archipel des Malouines, la Terre des États et quelques petites iles voisines. C’est des Malouines (Berkeley Sound, San Sal- vador, etc.) que proviennent les spécimens dontil est fait mention dans les Catalogues de J. Gould, de Gray et de R.-B. Sharpe, et ceux qui figurent depuis bien des années dans les galeries du Jardin des Plantes. Ces derniers ont été rapportés soit par Lesson et Garnot (voyage de la Coquille, 1825), soit par Quoy et Gaimard (voyage de l’Uranie, 1820), et deux d’entre eux, ceux du voyage de l’Urante, sont précisément les types du Circaëte funèbre (Circaetus antarcticus) de Lesson. Ils res- semblent entièrement aux quatre individus qui ont été obtenus par les officiers de la Romanche soit à la baie Edwards (Malouines), soit sur les bords du New Year Sound ou à la baie Cook, sur la Terre des États. ; Cette espèce porte, d’après M. Hahn, le nom fuégien de Ouina/fkara.

5. MILYAGO CHIMANGO.

Chimango d'Azara, Apunt., 1802, t. I, p. 47.

Polyborus chimango Vieillot, Mouv. Dict. d’Hist. nat., 1816, t. V, p. 260.

D'Orbigny, Voy. dans l'Am. mérid. Zool., Oiseaux, 1835, p. 60, et pl. HW, fig. 3 et4.

Milvago chimango et M. pezoporus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. LIL, Birds, 1841, p. 13 et 14.

Milvago chimango Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, 17.

(1) Les quelques spécimens qui portent, dans les collections publiques, la mention Pata- gonieou Amerique du Sud ont été acquis à des marchands, et leur provenance est incer- taine..

B.16 MISSION DU CAP HORN.

Milvago chimango Ph.-L. Sclater, Votes sur le Mémoire de M. Hudson, Or patagonian Birds, in Proceed. zoo, Soc. Lond., 1872, p. 536.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotrop., 18793, p. 122.

Ibycter chimango R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., Accipitres, p. 41.

Milvago chimango H. Durnford, Zbis, 1876, p. 161; 1877, p. 4o et 188, et 1875, p. 398.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birdsof antarctic America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 435, 2%; Birds from Bolivia, Ibid., 1879, p. 638, 462, et Voy. of « Challenger », Zool., t. Il, Report on Birds; On the Birds col lect. in ant. America, 1881, p. 105, 2#.

E. Gibson, On the ornithology of cape San Antonio (Buenos Ayres), in bis, 1870, p. 420.

Ibycter chimango R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert», in Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1881, p. 10, 27.

Milvago chimango L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 97, n°7.

Ce Rapace, auquel je conserve le nom générique de Mkago qui doit s'appliquer, d’après Gray, à toutes les espèces plutôt terrestres qu'arboricoles de l’ancien genre Zbycter ('), occupe toute la région australe de l’Amérique du Sud, y compris la Terre de Feu. Il remonte, vers l'Ouest, un peu plus haut que ne l'indique R.-B. Sharpe, puisqu'il a été observé par d’Orbigny en Bolivie et sur la côte péruvienne, aux environs d’Arica (?), par 16° de lat. Sud; mais dans les régions cen- trales et orientales il ne dépasse guère le tropique du Capricorne. Il est extrêmement répandu dans la République Argentine et en Pata- gonie (*), dans les plaines découvertes, d’Orbigny, M. Durnford et M. Gibson ont pu successivement étudier ses mœurs, son régime et son mode de nidification. Les renseignements fournis par ces diffé- rents naturalistes ont été publiés dans des Recueils et dans des Ouvrages assez répandus pour que je puisse me contenter à cet égard

(1) Gurney, Notes on R. B. Sharpe's Cat. of Accipures, Ibis, 1873, p. 95.

(2) D'ORBIGNY, op. cit., el TAGZANOWSKI, 0p. cit.

(3) En 1877 et en 1859, le Muséum d'Histoire naturelle avait déjà reçu de M. l'amiral Serres plusieurs individus de cette espèce, tués à Puerto Bueno et sur les bords du détroit de Magellan.

OISEAUX. B.17 d'un simple renvoi. Je me bornerai donc à relever les indications relatives à la coloration des yeux, du bec, des pattes et de la cire, qui ont été recueillies par les naturalistes attachés soit aux expéditions anglaises de l’Alert et du Challenger, soit à l'expédition française du cap Horn :

Deux femelles tuées à Porto Bueno, en face de l’ile de Hanovre, du 8 au ro janvier 1876 (Challenger) :

Yeux bruns; pattes d’un gris bleuâtre.

Mâle tué à Sandy Point (détroit de Magellan), du 14 au 17 janvier 19706 (Challenger) :

Yeux bruns; bec jaunätre; pattes bleues.

Mâle tué à Cockle Cove (détroit de Magellan), le 9 février 1879 (Alert) :

Yeux d'un gris foncé; cire grise; pattes d’un vert olive; ongles noirs.

Mâle tué à Talcahuano (Chili), en septembre 1839 (Alert) :

Yeux d’un brun clair; bec gris et blanc; pattes grises.

Mâle tué à Agua Fresca par M. Lebrun :

Yeux bruns.

Mâle tué sur les bords de la baie Gretton, au nord des iles Wol- laston, le 24 décembre 1882 (expédition du cap Horn) :

Yeux d’un gris terne; cire jaune; bec couleur de corne pâle; pattes d’un gris pâle.

Mâle pris à la baie Orange, au fond de l’Anse aux Canards, le 9 janvier 1883, dans un piège posé pour les Renards (expédition du cap Horn) :

Yeux d’un brun clair; cire gris perle; bec jaune verdâtre; tarses gris perle sur la face supérieure, gris en dessous.

Deux mâles tués le 27 janvier, dans la même localité (expédition du cap Horn) :

Yeux bruns; cire gris perle: bec blanc verdâtre; pattes gris perle.

Mle tué à Oushouaïa, sur les bords du canal du Beagle, le 2 février 1883 (expédition du cap Horn) :

Yeux bruns; cire d’un blanc sale; parties nues d’une teinte bleuâtre ; bec bleuâtre; pattes d’un gris bleuté.

Mission dn eap Horn, NI. B.3

B.18 MISSION DU CAP HORN.

10° Femelle provenant de la même localité (expédition du cap Horn) : ù

Yeux brun clair; cire jaune citron; bec d’une teinte cornée tirant au bleu; parties nues jaunâtres; pattes jaunes.

11° Femelle tuée le 9 avril 1883, à la baie Orange, dans un petit bois près de la plage :

Iris d’un brun très clair; cire gris perle; bec couleur corne brune sur la mandibule supérieure, corne blonde sur l’extrémité et gris perle foncé sur les trois quarts postérieurs de la mandibule inférieure; tarses gris perle; doigts gris blanchâtre.

12° Femelle tuée au New Year Sound, le 9 avril 1883 (expédition du cap Horn) :

Yeux bruns; cire d’un rose pâle; bec jaunâtre; pattes d’un gris bleuàtre.

13° Femelle de la même localité (expédition du cap Horn) :

Yeux bruns; cire d’un gris päle; bec couleur de corne blonde; pattes gris perle.

14° Femelle tuée Le G mai 1883 sur les bords de la baie Orange (expé- dition du cap Horn) :

Yeux bruns; cire couleur de chair; bee brun légerément verdâtre avec la pointe couleur corne blonde; pattes gris perle avec une légère teinte jaunâtre sous les doigts; parties dénudées au-dessus du bec, gris perle.

De la comparaison de ces documents, il ressort : que la coloration de la cire, du bec, des parties nues et des pattes n’est nullement con- stante chez les Milvago chimango; que ses variations ne corres- pondent pas à des différences de sexe; qu’elles sont indépendantes de la saison.

Le Chimango, que les Fuégiens connaissent sous le nom de Foakala, se nourrit de toutes sortes de proies vivantes ou mortes, et même de substances végétales : l'estomac des individus disséqués par M. le D' Hyades et par M. le D' Hahn renfermait des pelotes de poils de petits Rongeurs (esperomys?), des débris d’Oiseaux (notamment les frag- ments de la patte d’un jeune Huitrier), des Insectes coléoptères ou diptères, tantôt seuls, tantôt associés à des baies sauvages.

OISEAUX. B.19

G. CIRGUS CINEREUS.

Ceniciento d'Azara, Apunt., 1802, t. I, p. 145, et G. Hartlaub, Znd. d’Azara, 1847, pe

Circus cinereus Vieillot, Vous. Dict. d’Hist. nat., 1816, t. IV, p. 454.

Falco histrionicus Quoy et Gaimard, Voy. del’ « Uranie ». Zoologie, Oiseaux, 1824, p. 93, et pl. XV et XVI.

Circus histrionicus King, Zoo!. Journ., 1827, t. IE, p. 425.

Circus cinereus d'Orbigny, Voy. dans l’Amér. mérid. Zoologie, Oiseaux, 1835, P- 110.

Circus cinereus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., 1. III, Birds, 184, p. 30.

Circus poliopterus J. Cabanis et V. Tschudi, Faun. peruana, Aves, 1845, p.113, et pl. II.

Circus cinereus J. Gould, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1859, p. 94.

-— Abbott, Zbis, 1861, p. 192.

Ph.-L. Sclater, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1860, p. 384, n°5, et 1867, p. 330 et 338.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Proceed. zool. Soc. Lond., 1868, p. 143; 1869, p- 155; 1870, p. 636, n°438, et VNomencl. Av. neotr., 1873, p. 118.

W.-H. Hudson, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 536 (note).

W.-B. Lee, Votes from Argentine Republic, Ibis, 1873, p. 13r, 2.

R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1894, t. I, Accipitres, p. 57.

H. Durnford, Zbis, 1877, p. 38 et 187, et 1878, p. 397.

E. Gibson, Zbis, 1879, p. 411.

L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, &. I, p. 171, 52.

Le Busard cendré habite toute la portion méridionale de l'Amérique du Sud. Sa limite septentrionale se trouve, du côté de l’Ouest, au niveau du 25° degré de latitude Sud (Sharpe) ou vers le tropique du Capricorne (d’Orbigny) et, du côté de l'Est, au niveau du 32° degré de latitude, dans les provinces méridionales du Brésil. Quant à sa limite méridionale, elle dépasse certainement le 52° degré de latitude (Jelski), puisqu’un exemplaire de cette espèce, qui fait partie des collections du

B.20 MISSION DU CAP HORN.

British Museum, provient du détroit de Magellan et qu'un autre spécimen a été obtenu, au mois de février 1883, à Punta-Arenas, par les officiers de la Romanche (*). Le Circus cinereus est commun au Chili, au Pérou, dans la République Argentine, aux iles Malouines et en Patagonie, au moins à certaines saisons. Il est probable, en effet, que ce Rapace ne séjourne que pendant quelques mois ou pendant une saison dans les mêmes localités et qu’en Patagonie, par exemple, il ne réside que pen- dant l'été, se retirant ensuite, à l'approche des grands froids, dans des régions moins éloignées de l'équateur. Cette circonstance nous expli- querait la rareté ou même l’absence totale de cette sorte de Busard dans des collections formées sur divers points de l'Amérique australe. En tout cas, nous savons par M. Durnford qu’en Patagonie le Bu- sard cendré niche au mois d'octobre et qu’il dépose dans une simple dépression du sol, au milieu des grandes herbes des terrains maréca- geux, ses œufs qui sont d’un blanc sale et au nombre de deux ou trois par couvée. Un individu de cette espèce, disséqué par M. Durnford, avait dans l’estomac les restes d’un Thënocorus rumicivorus et un autre individu, examiné par M. Gibson, avait dévoré un Zuco-Tuco, Rongeur du genre Ctenomys. Ceci concorde parfaitement avec ce que d’Orbigny rapporte des instincts du Circus cinereus qui, dit-il, fait la chasse aux petits Mammifères et aux Tinamous, aussi bien qu'aux Reptiles, aux Mollusques, aux Insectes.

Les individus adultes de cette espèce ont, pendant la vie, les yeux jaunes ou orangés (Durnford), le bec ardoisé (Whitely) ou noir avec la base cendrée (Jelski), la cire jaune, les pattes d’un jaune de chrome (Whitely) ou d’une teinte orangée pàle (Durnford ).

D’après MM. Sclater et Salvin (Jbes, 1868, p. 188, 22, et Nomencl. A9. neotrop., 1873, p. 118), un individu encore jeune d’une autre espèce de Busard (Cercus micropterus V.) aurait été obtenu par M. Cunningham à Sandy Point (détroit de Magellan).

(1) Un autre spécimen de Circus cinereus avait été tué et préparé à Santa Cruz (Pata- gonie) par M. de Lartigue, enseigne de vaisseau, au mois de décembre 1882.

OISEAUX. B.21

7. ACCIPITER CHILENSIS.

Accipiter chilensis Philippi et Landbeck, Arch. f. Naturg., 1864, p. 43. Accipiter Gooperi v. Pelzeln, Reis. Novar., Vôügel, 1865, p. 13.

Accipiter chilensis Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 329. Æxot. Ornith., 1867, p. 73, 170, et pl. XXX VIL. Birds collected inthe Straits of Magellan by D' Cunningham, Tbis, 1868, p- 188, 20. Womnencl. Av. neotrop., 1853, p. 120.

R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. 1, Accipitres, p. 195.

H. Gurney, Notes on R.-B. Sharpe’s Catal. of Accipitres, Ibis, 1895, p. 460.

L'Accipiter chilensis appartient au groupe des Éperviers à plumage plus ou moins tacheté sur les parties inférieures du corps. Dans la livrée du premier âge, il rappelle beaucoup l’A. Coopert Bp., de l'Amé- rique du Nord, avec lequel il a été parfois confondu, et il se rapproche encore davantage de l’A. pileatus Tem., du Brésil et du Pérou, espèce à laquelle il pourrait même être rattaché à titre de simple race (voir Sclater et Salvin, Exot. Ornuh.; Gurney, loc. «t., et A. Newton, Zbis, 1868, p. 336). Il habite le Chili et la Patagonie; mais, dans cette der- nière région, il doit être moins répandu, au moins à certaines saisons, puisqu'il n’a pas été rencontré par les naturalistes attachés aux expé- ditions anglaises du Beagle, de l’Alert et du Challenger. Le Musée bri- tannique possède cependant deux exemplaires de cette espèce qui ont été obtenus dans le détroit de Magellan par King, et j'ai eu sous les veux les dépouilles de huit autres individus rapportés des mêmes pays par les naturalistes attachés à la Mission française du cap Horn. Sur ces huit individus, tous mâles, il y en a six qui proviennent de Punta- Arenas (février 1883), un qui a été tué à la baie Orange (13 juin 1883) et l’autre à l’ile Gable (17 mars 1883). L'Épervier tué à la baie Orange avait les yeux d’un jaune citron, avec un petit fragment de pigment noir sur l'iris en dehors, à l’œil droit; le bec noir à la pointe et gris perle foncé à la base; la cire d’un jaune verdätre et les pattes d’un

B:22 MISSION DU CAP HORN-. jaune citron. Son estomac renfermait un Passereau tout entier, de l'espèce appelée Toutou par les Fuégiens (*).

Les Fuégiens donnent à cette espèce de Rapace le nom de Chouhchoul.

8. Bureo PoLiosomus.

Falco polyosoma Quoy et Gaimard, Voy. « Uranie », Oiseaux, 1824, p. 92, et pl. XIV.

Astur poliosoma G. Cuvier, Règne animal, édit. 1829, t. I, p. 332.

Buteo poliosoma Lesson, 7raité d’Ornithologie, 1831, p. 82.

Buteo poliosomus Ph.-L. Sclater, Proceed. sool. Soc. Lond., 1860, p. 384.

Abbott, Zbis, 1861, p. 151.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nomenclator Avium neotrop., 1873, p. 119. R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus.,t. 1, Accipitres, 1874, p. 171.

J.-H. Gurney, Votes on M. R.-B. Sharpe's Catalogue of Accipitres, Ibis, 1876, p. 68 et suiv.

Le type de cette espèce a été rapporté au mois de décembre 1820, des îles Malouines, par l'expédition de l'Uranie, commandée par M. de Freycinet. Il figure encore dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle et portait les indications suivantes : « Épervier gris des Ma- louines ; espèce nouvelle; Buteo polyosoma Lesson, type; Falco polyo- soma Quoy et Gaimard, type. Pieds d’une teinte plombée jaunâtre. » Dans cet oiseau, dont le sexe nous est malheureusement inconnu, le plumage est, en majeure partie, d’un gris cendré tirant au gris noirâtre sur les lores et le tour des yeux et relevé par quelques taches blanches sur les couvertures des ailes et les pennes secondaires; mais les sous- caudales sont d’un blanc jaunâtre, légèrement rayées de gris, et la queue offre une teinte analogue, avec des raies transversales fines, d’un gris brunâtre, et une bande ante-apicale noirâtre, de 2°" de large; le bec est brun à la pointe, jaunâtre à la base, et les pattes, actuel- lement décolorées, paraissent avoir eu la nuance marquée sur le pla- teau du spécimen empaillé.

(1) Scytalopus magellanicus Lath.

OISEAUX. ; B293

Les dimensions principales sont :

m Loneuanr IHilec :-cococcosevrececcoodsoocerccoeeos 0,54 environ » CE Be suc PO Son Rose RATE eo 0,37 » Ce la GENE: -c0000000va9caeccovocécctee 0,21 » UNTATS CRE RP An rte 0,08 » du doigt médian (sans l’ongle)............. 0,04 » du bec, mesuré en dessus (cire comprise)... 0,35

En comparant à ce type du Falco polyosoma ou Buteo polyosomus les quatre Buses, en divers plumages, qui ont été tuées sur différents points de la Fuégie par les naturalistes attachés à la Mission fran- çaise du cap Horn, j'ai reconnu que deux de ces Rapaces, provenant l'un des bords de la baie Orange (6 juin 1883), l’autre d'Oushouaïa, sur les bords du canal du Beagle (18 août 1883), offraient avec le type en question unc identité presque complète, les dissemblances ne portant que sur la largeur de la bande eaudale (3 au lieu de 2°") et sur la vivacité des teintes du plumage, naturellement plus fraiches et plus pures chez les oiseaux de Patagonie récemment obtenus que chez l'oiseau des Malouines, dont la dépouille est conservée depuis longtemps dans notre Musée. La même livrée d’un gris presque uniforme se retrouve chez un mâle adulte qui fait partie des collections du Musée britannique et qui a été décrit par M. R.-B. Sharpe sous la rubrique Buteo poliosomus. Ce spécimen, obtenu à Port-Famine (Patagonie), ne diffère des deux Buses rapportées par la Mission française que par la teinte blanchâtre des lores (‘}, par la présence de quelques vestiges de barres transversales noirâtres sur la base des pennes primaires et par les dimensions un peu plus fortes des diverses parties du corps. La détermination des deux Rapaces tués sur les bords du canal du Beagle et de la baie Orange, en 1883, ne présente donc aucune incertitude. IL n’en est pas de même de celle d’un autre oiseau du même genre, qui a été tué, Le 1% octobre 1882, par M. le D' Hahn sur les bords de la baie Orange et qui, d’après l'étiquette, serait un jeune mâle. Ce spécimen provient de la même localité que l’un des individus que j'ai rap- portés sans hésitation au Buteo poliosomus, mais 11 porte une tout autre

(1) Le type du Zuteo poliosomus offre déjà un peu de blanc dans la région frontale.

B.24 ° MISSION DU CAP HORN.

livrée. Les parties supérieures du corps sont d’un gris cendré assez clair, avec une raie noirâtre au centre de chaque plume, et la région frontale tire même fortement au blanc, mais les lores et le tour des yeux sont noirâtres comme chez le Buteo poliosomus typique; quelques plumes d’un roux vif se montrent sur la région interscapulaire et dans le voisinage des ailes et quelques raies d’un brun grisâtre coupent les pennes secondaires et même certaines rémiges; en revanche, les raies transversales de la base de la queue sont presque entièrement effacées, de telle sorte que la bande ante-apicale, qui, elle, subsiste dans son intégrité, se détache encore plus nettement et mesure de large. La longueur totale de l'oiseau est de o",600 environ; celle de l'aile, de 0",/00; celle de la queue, de 0",235; celle du bee, de 0,058 à o",040; celle du tarse, de 0,075 à 0,080 et celle du doigt médian, de o",035 (sans l’ongle).

D'autre part, il existe de notables différences entre l’oiseau que je viens de décrire et un spécimen provenant des iles Malouines et con- servé au musée de Norwich, que M. Gurney considère comme repré- sentant le premier âge du Buteo poliosomus. « Ce spécimen, dit M. Gurney ('), offre dans son ensemble une grande ressemblance avec les individus de même âge, de l’espèce erythronotus, mais son plumage a des teintes plus fuligineuses. Sur les scapulaires, les interscapu- laires et principalement sur les couvertures alaires les taches brunâtres sont plus nombreuses, les taches fauves plus clairsemées que chez le jeune Buteo erythronotus, et il existe sur la nuque une marque d’un jaune d’ocre clair, avec des traits d’un brun foncé sur le centre des plumes.

» Les parties inférieures du corps du jeune Buteo poliosomus l'exception de la gorge) sont incontestablement plus foncées en cou- leur que chez le 2. erythronotus, teintées presque uniformément de brun fuligineux, la gorge, les flanes, les cuisses et la région sous-cau- dale offrant seuls des bordures étroites ou des taches fauves. La queue offre dans les deux espèces le même système de coloration.

» Le spécimen décrit par M. R. Sharpe comme étant une femelle (en

(1) Zbés, 1856, p 69.

OISEAUX. B.25 plumage de transition ?) parait plutôt, si l’on en juge par les dimen- sions, être un mâle qui n’a pas encore revêtu sa livrée définitive (!), et comme, d'autre part, un individu presque adulte, provenant du Chili (musée de Norwich}), conserve encore des taches rousses au bout de quelques-unes des plumes des côtés du cou, je suis porté à croire que, chez le Buteo poliosomus, comme chez le B. erythronotus, le mâle pré- sente entre la livrée du jeune àge et la livrée définitive une phase de plumage qui correspond à la livrée d’adulte de la femelle.

» Je crois également que la livrée décrite par M. Sharpe comme la livrée d’adulte appartient au mâle seulement, la femelle adulte offrant toujours une teinte rousse sur le dos et même sur une étendue plus ou moins considérable de la région inférieure du corps.

» En admettant cette hypothèse, voici quelles sont les dimensions principales des deux mâles et des quatre femelles qui figurent dans la collection du musée de Norwich et qui sont presque adultes ou complè- tement adultes :

8 Mûles. Femelles. Longueur de l'aile, à partir de l'articulation AUPCALDE SEE EE CN 14P,9 à 15P 15P,8 à 16,4 LONMENT Gi (HAS ce 205000000000620009000 37,9 à 3P,5 3P,25 à 3,5 = Longueur du doigt médian. ............... 1,6 à 17,8 11,6 à 1,8

» Une de ces femelles a toute la tête, la gorge, les côtés et le devant du cou et le haut de la poitrine d’un gris ardoisé clair et uniforme, la nuque, le manteau et les scapulaires supérieures de couleur rousse, les scapulaires inférieures d’un roux mélangé de gris ardoise; la plupart de ces dernières plumes étant de deux couleurs et offrant le long de leur tige une teinte gris ardoise, qui s'étend du côté droit de la tige sur les plumes les plus rapprochées de l'aile, et du côté gauche de la tige sur les plumes voisines du dos. Chez le même individu, le reste des parties supérieures du corps ressemble par son mode de coloration aux parties correspondantes du mâle adulte, si ce n’est que les bandes

«

(1) La teinte noirâtre qui rabat les teintes grises du plumage de cet individu dénote d’ailleurs un oiseau qui n’est pas tout à fait adulte, puisque, chez les individus des deux sexes parvenus à leur développement complet, les parties supérieures du corps sont d’un gris clair. y

Mission du cap Horn, NI, B. 4

B.26 MISSION DU CAP HORN.

comprises entre les barres transversales foncées, sur les pennes ter- tiaires, sont blanches au lieu d’être d’un gris pâle. Le bas de la poitrine, l'abdomen et les flancs sont d’une teinte brunâtre légèrement mélangée de gris et plus foncée que celle du manteau; les sous-caudales, d’un gris ardoise barré transversalement de blanc, et les cuisses, d’un gris ardoise uniforme.

» Une autre femelle, tuée près de son nid, au mois d’octobre, diffère de la précédente par la coloration brunètre foncée de toutes les parties inférieures de son corps, depuis le menton jusqu’à l'anus, cette teinte étant cependant mélangée de gris ardoise foncé sur le haut de la poi- trine et sur l’abdomen, mais non sur le bas de la poitrine.

» Une troisième femelle ressemble à la deuxième, mais présente un mélange de gris encore plus accusé sur les parties inférieures de son corps. L’indication relative au sexe de cet oiseau a été fournie par la personne même qui l’a tué, et l'étiquette porte en outre que, chez cet oiseau, l'iris était d’un brun rougeûtre.

» La quatrième femelle, enfin, ne diffère pas beaucoup de la deuxième, mais conserve encore sur les couvertures alaires la teinte fuligineuse du premier plumage. »

Évidemment, la Buse à plumage gris et blanc tuée sur les bords de la baie Orange n’est identique à aucun des spécimens dont je viens d’em- prunter la description à M. Gurney; elle ne l’est pas davantage à la prétendue femelle de la collection du British Museum, femelle que le même naturaliste considère comme étant plutôt un mâle n'ayant pas encore revêtu sa livrée définitive. Cette femelle, ou ce mâle, est en effet d’un gris ardoise tirant au noirâtre, avec la nuque, le dos, les scapulaires, le milieu de la poitrine et de l'abdomen d’un brun roussâtre plus ou moins rabattu de gris ardoise; ses rémiges sont noires sur la plus grande partie de leur étendue, d’un gris argenté avec des barres noires dans leur portion basilaire, et d’un blanc grisàtre légèrement barré de brunâtre sur leur face inférieure; ses reins et les couvertures inférieures de sa queue sont d’un gris cendré, avec une légère teinte roussätre du côté du dos, et sa queue, d’un blanc grisâtre, est marquée de neuf raies transversales étroites et d’une large barre subterminale grise, plus ou moins distincte sur la face inférieure. Les dimensions

OISEAUX. B.27 mêmes ne concordent pas absolument avec celles de notre spécimen, la longueur totale de l'oiseau étant de 22,5 pouces (0®,57 environ), la longueur de l'aile de 15 pouces (0",38), celle de la queue de 9 pouces (0,228), celle du tarse de 3,5 pouces (0%,089) et celle du bec seule- ment de r,75 pouce (0,044).

D'autre part, si la Buse de la baie Orange ressemble à la femelle adulte du Buteo erythronotus par la teinte rousse qui tend à envahir sa région dorsale, elle en diffère par la teinte grise de sa gorge, cette région étant, chez le Buteo erythronotus adulte, d'un blanc aussi pur que le reste des parties inférieures du corps. Elle conserve d’ailleurs certains traits caractéristiques du plumage du Buteo polosomus, et, tout étant bien pesé, crois qu'il faut la considérer non comme un jeune mâle, ainsi que le porte l'étiquette, mais comme une femelle, en plumage de noces presque complet, du Buteo poliosomus. Plusieurs raisons militent

_en faveur de cette hypothèse. On sait, en effet, que, chez le Buteo erythronotus, la livrée du jeune âge est, somme toute, plus foncée que celle de l'adulte, et que la femelle en plumage de noces diffère du mâle par la présence d’une large tache rousse sur le dos, aussi bien que par ses dimensions. Il ne serait done pas étonnant qu'il en fût de même chez le Buteo poliosomus; le jeune serait de teintes foncées, le mâle adulte d'uu gris plus clair et plus uniforme et la femelle adulte, qur r'aurait pas encore été décrite, aurait les caractères du spécimen que j'ai sous les yeux, c’est-à-dire qu’elle offrirait entre les épaules une large plaque rougeàtre, comme celle du B. erythronotus. I] faut remarquer, d’ailleurs, que l'oiseau qui fait le sujet de cette discussion a été tué sur les bords de la baie Orange au mois d'octobre, précisément à la même époque de l’année une femelle, dont la dépouille est conservée au musée de Norwich, a été tuée près de son nid, tandis que les Buteo poliosomus à plumage gris ont été obtenus au mois de juin ou au mois d'août. Ceux-ci peuvent, par conséquent, être des oiseaux plus jeunes ou en livrée d'hiver, tandis que le premier individu doit porter le costume de noces. Enfin, ce qui tend à prouver encore que la Buse à plumage gris et blanc et à dos roux est une femelle adulte, c’est qu’elle offre des dimensions supérieures à celles des autres individus de notre musée, qui sont incontestablement des mâles.

B.98 MISSION DU CAP HORN.

9. BuTEO ERYTHRONOTUS.

Haliætus erythronotus King. Zool. Journ., 1827, t. II, p. 424. Buteo varius J. Gould, Proceed. zool. Soc. Lond., 1837, p. ro.

Buteo tricolor et B. unicolor d'Orbigny et de Lafresnaye, Synops. Ao., 1838, p.6 et 7; et d’Orbigny, Voy. Amér. mérid. Zoologie, Oiseaux, 1840, p. 69 et 106, pl. XXX.

Buteo varius et B. erythronotus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zoo- logy, t. III, Birds, 1841, p. 26.

Buteo varius Cassin, Unit. Stat. expl. Exped., Ornith., 1858, p. 92, pl. HE, fig. 1.

B. varius et B. erythronotus J. Gould, Proceed. sool. Soc. Lond., 1859, p. 93 et 94.

Ph.-L. Sclater, Proceed. sool. Soc. Lond., 1860, p. 384, n°° 3 et k.

Buteo erythronotus Ph.-L. Sclater, Zbis, 1860, p. 25, pl. I, fig. 3.

Abbott, Zbis, 1861, p. 11.

Buteo poliosoma Schlegel, Muséum des Pays-Bas, Accipitres, 1862, p. 1°, et Rév. Accipil., 1873, p. 109.

Buteo erythronotus Ph.-L. Sclater, Proceed. =ool. Soc. Lond., 1867, p. 329, et 1872, p. 536 (note).

Buteo erythronotus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, et 1869, p. 284, 12, Nomencl. Av. neotrop., 18793, p. 119.

K.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., t. 1, Accipitres, 1874, p. 172.

H. Gurney, Votes on M. R. B. Sharpe’s Catal. of Accipitres, in 1bis, 1856, p. 68 et suiv.

H. Durnford, Zbis, 1877, p. 38, et 1878, p. 397.

L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 115, 18.

Je rapporte à cette espèce une Buse qui a été tuée par M. Lebrun à Punta-Arenas, au mois de février 1883, el qui, d’après les indications fournies par ce voyageur, comme d’après les dimensions et l'aspect du plumage, paraît être un jeune mâle. Ce spécimen ne diffère pas d’un

OISEAUX. B.29 oiseau qui à été rapporté en 1877, précisément de la même localité, par M. l’amiral Serres.

Le Buteo erythronotus est d’ailleurs assez répandu en Patagonie et, s’il ne se trouve point mentionné dans les listes d'oiseaux recueillis, dans le sud de cette région, par les naturalistes attachés aux expéditions anglaises de l’Alert et du Challenger, il figure, en revanche, dans le Catalogue des collections du D' Cunningham, qui l’a rencontré à Sandy Point (détroit de Magellan). Il est sédentaire et se reproduit réguliè- rement dans la Patagonie centrale, M. Durnford a trouvé à plusieurs reprises des nids de cette espèce, en octobre et en novembre. Le 15 octobre, un de ces nids renfermait deux œufs d’un blanc bleuître, légèrement striés et mouchetés de roux, principalement au gros bout. Un autre nid, trouvé le 18 novembre, au sommet d’un buisson, à neuf pieds du sol environ, renfermait deux poussins, probablement nés de la veille et couverts d’un duvet blanc, parsemé sur le dos de quelques petites plumes rousses. La cire de ces jeunes oiseaux était d’un gris ardoise foncé; les yeux étaient d’un brun sombre et les pattes d’un jaune orangé pâle. Le nid, qui mesurait trois pieds anglais de diamètre, se composait de branches entrelacées auxquelles étaient associés les matériaux les plus divers, tels que des morceaux de cuir, des touffes de poils de lièvre, des fétus de paille et même du crottin de cheval.

C’est également en Patagonie (41° degré de latitude Sud) qu'ont été tués les deux oiseaux, mâle et femelle, que MM. d’Orbigny et de Lafresnaye ont pris pour types de leur Buteo tricolor et qui figurent encore dans la collection du Muséum d'Histoire naturelle.

Le mäle, complètement adulte, a les parties supérieures de la tête et du corps d’un gris clair, passant au blanc sur le front et au gris noirätre sur les ailes, avec de nombreuses rates longitudinales foncées marquant le milieu des plumes du vertex, de la nuque et de la région interscapulaire; les pennes secondaires sont légerement bordées de gris blanchâtre à l'extrémité et les rémiges sont d’un brun très foncé à la base, sur les barbes internes, de petites raies transversales brunes se détachent sur un fond blanc ou gris perle. Les rectrices sont d’un blanc légèrement lavé de gris très clair, avec une large bande

B.30 MISSION DU CAP IORN.

subterminale noire et quelques vestiges de petites raies transversales dans leur portion médiane et basilaire. Ces raies s’effacent même com- plètement sur la face inférieure des pennes caudales. Toutes les parties inférieures du corps, depuis le menton jusqu’à la région sous-caudale inclusivement, sont d’un blanc de neige, sans aucune trace de cette teinte grise qui occupe la gorge chez l’exemplaire, précédemment décrit, du Buteo polosomus. C’est tout au plus si chez le mâle adulte du 8. erythronotus quelques taches grises, se rattachant à la teinte géné- rale du manteau, descendent sur les côtés de la poitrine, près des ailes, dont les couvertures inférieures sont elles-mêmes d’un blane pur. Les dimensions de cet oiseau sont les suivantes : longueur totale, o",550; longueur de l'aile, 0,400; de la queue, 0",250; du bec (culmen), cire comprise, 0,035; du tarse, 0,080; du doigt médian (sans l’ongle), o®,04o.

La femelle, non moins adulte, obtenue dans les mêmes parages par M. d'Orbigny, offre exactement les mêmes teintes que le mâle sur les ailes, sur la tête, sur les parties inférieures du corps ct sur la queue, les raies transversales des pennes caudales étant seulement un peu plus marquées; quelques vestiges de raies semblables à celles de la queue apparaissant sur les jambes et sur l’abdomen, et les pennes secondaires étant recoupées par des barres transversales foncées; mais le dos est couvert par une large plaque d’un roux vif qui envahit même les côtés de la poitrine, en se mélangeant de gris noirâtre. Les dimen- sions principales sont aussi, en général, sensiblement plus fortes chez cette femelle que chez le mâle précédemment décrit : la longueur totale de l'oiseau étant de 0,620; la longueur de l’aile, de 0", 420; celle de la queue, deo”, 270; celle du bec (culmen, cire comprise), de o",0357; celle du tarse, de o0",083 et celle du doigt médian, sans l’ongle, de 0",040. En revanche, je ne trouve aucune différence à signaler dans la colo- ration du bec et des pattes, le bec étant, chez le mâle comme chez la femelle, d’un brun foncé, avec la base de la mandibule inférieure jaunâtre, les tarses et les doigts d'un jaune plus ou moins brunûtre et les ongles noirâtres; mais il importe de remarquer que ces teintes sont relevées sur des spécimens desséchés et conservés depuis longtemps dans nos galeries.

OISEAUX. B.31

Les deux types du Buteo tricolor portent exactement le même costume que les deux Buses, mâle et femelle, tuées près de leur nid, dans la vallée de Chuput, en Patagonie, par le voyageur anglais H. Durnford ; ils ressemblent non moins complètement par leur plumage aux deux spécimens adultes, mâle et femelle, de 8. erythronotus que M. R.-B. Sharpe a décrits dans son Catalogue des Accipitres du Musée britannique et qui sont, je crois, originaires des îles Malouines, les différences entre les exemplaires du Musée de Paris et ceux du British Museum ne por- tant que sur les dimensions de certaines parties du corps et ne dépas- sant pas la limite des variations que l’on observe dans une même espèce (!). D'autre part, il y a une identité presque complète, sous le rapport du plumage, entre la Buse femelle tuée en Patagonie par d’Or- bigny et une Buse du Chili donnée par M. Gay au Muséum, en 1845. Cette Buse, toutefois, qui, à en juger par les dimensions, doit être une femelle, offre des raies transversales un peu plus marquées sur les flancs. Ce caractère est encore plus accusé sur un autre spécimen, provenant également du Chili et envoyé par l'amiral Du Petit-Thouars en 1849, spécimen dont la taille concorde assez bien avec celle du mâle adulte tué par d’Orbigny, et qui doit par conséquent être un mâle. Mais chez cet oiseau, le manteau est en même temps assez foncé, d’un gris noirâtre, comme le vertex, et offre des bordures d’un roux vif sur toutes les plumes de la région interscapulaire.

Trois autres Buses, tuées dans la même région que les types du Buteo tricolor, c’est-à-dire en Patagonie, avaient été considérées primi- tivement comme appartenant à une autre espèce; mais, en examinant deux de ces oiseaux qui figurent encore dans les galeries du Muséum, j'ai pu me convaincre facilement que c’étaient seulement de jeunes indi- vidus du Buteo erythronotus. Ces spécimens, en effet, ressemblent tout à fait à ceux qui ont été obtenus plus récemment en Patagonie par M. l'amiral Serres et par M. Lebrun, et par M. Fronsacq dans une autre partie de l'Amérique du Sud, et ils portent précisément la livrée

(:) La longueur totale du mâle adulte du Britisth Museum est de 0",530; celle de la femelle, de 0",630; la longueur de l’aile est, chez le premier, de o",380, chez la seconde, de 0,047; la longueur de la queue, de 0",230 et de 0",255, etc.

B.32 MISSION DU CAP HORN.

qui est assignée au jeune Buteo erythronotus par M. R.-B. Sharpe dans son Catalogue des Accipitres du Musée britannique, par M. Taczanowski dans son Ornüuhologie du Pérou et par M. Durnford dans ses Notes sur les Oiseaux de Patagonie. Ils ontles parties supérieures du corps d’un roux maculé de brun ou plutôt d’un brun foncé varié de roux, le brun, qui occupe le centre des plumes, l’emportant de beaucoup sur le roux, qui dessine les bordures; le front blanchâtre, les oreilles rousses, la gorge et la poitrine d’une teinte café au lait, avec des flammèches brunes tres larges du côté du menton; l'abdomen et les sous-caudales de la même nuance, avec des marques brunes, confluentes, et dessinant une sorte de treillis; la queue grise, avec de nombreuses raies transversales brunes ; les ailes brunes avec la base des primaires d’un gris pâle barré de brun, les dernières pennes secondaires grises, rayées de brun noi- râtre ; les couvertures inférieures colorées et tachetées comme l’ab- domen, et quelques-unes des axillaires plus ou moins teintées de rouge brique.

Je crois encore devoir rapporter au Buteo erythronotus deux jeunes oiseaux qui ont été tués par d'Orbigny en Bolivie et dont les dépouilles sont conservées dans la galerie d’Ornithologie. Ces oiseaux avaient été attribués au Tachytriorchis ou Buteo albicaudatus N.; mais ils offrent bien plus d’analogies par leur système de coloration avec les spéei- mens envoyés de Patagonie par l’amiral Serres et par M. Lebrun qu'avec les jeunes 7. albicaudatus envoyés jadis du Brésil par A. Saint-Hilaire. La Bolivie se trouve d’ailleurs comprise dans les limites de l'aire d'habitat que l’on assigne au B. erythronotus.

C’est également de Bolivie (Chiquitos) que vient le type du Buteo unicolor d'Orb. et Lafr. Cet oiseau, qui figure également dansles galeries du Muséum, ‘porte, comme son nom même l'indique, une livrée de teintes à peu près uniformes, la tête, le corps et les ailes étant en général d’un brun très foncé, tirant au noir. Cependant quelques taches d’un blanc pur, correspondant à la base des plumes, se montrent sur la nuque, les lores sont presque entièrement blancs; les pennes secon- daires et même quelques-unes des primaires, d’un brun plus clair que le reste de l’aile, sont recoupées par des barres transversales d’un brun noirâtre; quelques-unes des grandes couvertures alaires sont légère-

OISEAUX. B.33 ment maculées de blanc; les premières rémiges elles-mêmes présentent à la base, sur leurs barbes internes, une téinte blanche, traversée par de larges bandes brunes; enfin la queue, d’un brun grisâtre en dessus et d’un gris assez clair en dessous, est ornée d’un grand nombre de raies transversales brunes. Le bec est brun avec la base de la mandibule inférieure jaunâtre, et les pattes sont jaunâtres, avec les ongles bruns. Le sexe de cet individu n’est malheureusement pas indiqué; mais, à en juger par les dimensions et par la gracilité des formes, c’est probable- ment un mâle. La longueur totale de l'oiseau est de 0,52; la longueur de l’aile, de o®, 38; celle de la queue, de o", 25; celle du tarse, de 0", 08; celle du doigt médian, de 0,035 et celle du bec (culmen, eire com- prise), de 0,035. En d’autres termes, la taille et les proportions de ce spécimen sont un peu plus faibles que celles du mâle, type du Buteo tricolor de d’Orbigny et de Lafresnaye; mais les longueurs de l'aile, de la queue et du tarse sont exactement les mêmes que chez le mäle du Buteo erythronotus décrit par M. R.-B. Sharpe, et généralement un peu plus fortes que celles de l'individu de même nom décrit par M. Tacza- nowski. En résumé, le type du Buteo unicolor ne dépasse point, dans ses proportions, les limites des variations que l’on observe chez les mâles du Buteo erythronotus et il ne diffère des individus adultes que par son mode de coloration; mais comme chez les Buses, celles d'Amérique ainsi que celles d'Europe, on rencontre de temps en temps des individus mélanisés, comme dans le groupe auquel appar- tient le B. erythronotus les jeunes ont généralement des teintes plus sombres que les adultes, comme enfin le Buteo unicolor offre dans ses proportions, dans ses formes générales, dans la coloration et dans le dessin de ses rémiges, de ses rectrices, de ses pennes secondaires et de ses plumes frontales, des caractères distinctifs du Buteo erythronotus, je crois, malgré les doutes exprimés à cet égard par M. Gurnev, que M. Sharpe a été bien inspiré en identifiant les deux espèces et en leur réunissant encore le Buteo tricolor. En adoptant cette manière de voir, on est conduit à assigner au Buteo erythronotus une aire d'habitat beaucoup plus vaste que celle qui est indiquée par M. Sharpe et à lui donner pour limite septentrionale une ligne allant obliquement du nord du Pérou à l'Uruguay, en embrassant la Bohvie et la République

Mission du cap Horn, NI. B.5

B.34 MISSION DU CAP HORN. Argentine. En Patagonie et aux îles Malouines, cette espèce rencontre le Buteo poliosomus et du côté du Nord elle cède la place au Buteo albicaudatus N., qui habite Le Brésil, la Guyane, la Colombie et l'Amé- rique centrale. De ces trois formes, les deux premières présentent, l’une par rapport à l’autre, de telles ressemblances qu’elles pourraient facilement être confondues dans certaines phases de leur plumage; la troisième est un peu plus distincte, grâce à la longueur relative des ailes, qui au repos atteignent ou dépassent l'extrémité de la queue, grâce aussi à la disposition de la teinte rousse qui, chez les adultes des deux sexes, dessine une simple bande le long des ailes et n’en- vahit jamais l’espace interscapulaire; toutefois, je ne vois pas de motif pour la placer, comme le fait mon ami R.-B. Sharpe, dans un autre groupe que le Buteo erythronotus. Je crois au contraire, avec M. Gur- ney (!), que le Buteo albicaudatus, le 2. erythronotus, le B. poliosomus, le B..hypospodius Salv., de la Colombie, du Venezuela et du Brésil, et le Buteo exul Salv., de Mas-afuera, appartiennent à une même section du grand genre Buteo, pour laquelle on peut adopter le nom de Zachy- triorchis, proposé par Kaup en faveur du B. albicaudatus. Peut-être même faudra-t-il placer sinon dans la même section, au moins dans une section très voisine, la grande espèce que l’on a prise d’abord pour un Pygargue, le Buteo melanoleucus V. qui se trouve irrégulièrement répandu depuis la Colombie jusqu’en Patagonie (?). En dépit de la grande différence des dimensions, cette espèce rappelle-en effet les Buteo erythronotus, albi- caudatus, ete, par les teintes noirâtres et fauves du plumage des jeunes, par les raies grises qui recoupent la couleur blanche des flancs chez les adultes, en même temps que par les barres transversales des pennes secondaires et de la base des primaires.

Pour terminer ce qui est relatif au Zuteo erythronotus, nous dirons que cette espèce est souvent désignée par les colons européens en Patagonie sous le nom de Cheval blanc, à eause de la couleur blanche immaculée des parties inférieures du corps chez l'adulte, couleur qui est seule apparente quand l’oiseau se présente de face, perché sur un

(1) Notes on R.-B. Sharpe's Catalogue of Accipitres, Ibis, 1876, p. 76. (2) Durnrorp, Zbis, 1877, p. 38.

OISEAUX. B.35 rocher. Lorsqu’elles sont parvenues à leur développement complet, les Buses à dos roux ont la mandibule supérieure d’un brun corné, la man- dibule inférieure d’un gris ardoisé, les pattes d’un jaune orangé clair et les yeux d’un jaune orangé foncé, tandis que dans leur jeune âge elles ont le bec et les pattes d’un gris ardoisé et les veux d’un jaune orangé clair (Durnford). Ces Rapaces ont à peu près les mêmes habi- tudes que nos Buses d'Europe, planent comme elles et s'arrêtent de temps en temps pour se reposer ou pour dévorer une proie sur un buisson ou sur un quartier de rocher. Leur nourriture consiste en Lézards, en Serpents, en Batraciens, en Oiseaux de différentes espèces (notamment en Tinamous) et probablementaus si en petits Rongeurs du genre Cobaye ('). Cette espècese reproduit aussi dans les iles Malouines, M. Abbott a recueilli ses œufs il y a une trentaine d'années (?).

10. Burro MELANOLEUCUS.

Aquila obscura y blanca et Aquila parda d’Azara, Apunt., 1802, t. I, p. 61 et 65.

Spizaetus melanoleucus et Sp. fuscescens Vieillot, Nouv. Dict. d’Hist. nat., 1819, t. XX XII, p. 57.

Falco aguia Temminck, P/. col., 1824, t. I, pl. 302. Haliaetus aguia G. Cuvier, Règn. anim., édit., 1820, t. I, p. 327.

Haliaetus melanoleucus d'Orbigny et de Lafresnaye, Synop. Av., 1838, p. 3, et d'Orbigny, Voy. Amér. mérid. Zoologie, Oiseaux, 1847, p. 76.

Haliaetus aguia Bridges, Proceed. zool. Soc. Lond., 1843, p. 108.

Buteo aguia J. Cabanis et de Tschudi, Arch. für Naturgesch., 1844, p. 264, et Faun. peruan., 1844, p. 89.

Geronaetus melanoleucus Strickland, Orn. Syst, 1855, p. 55.

Ph.-L. Sclater, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1867, p. 320, et Notes ajoutées au Mémoire de M. Hudson, On patagonian Birds (Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 236).

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vomnencl. Av. neotrop., 1873, D. 119.

(2) D'OrBrGNy, op. cit, et Jecskt, 2 Taczanowskr, Orrithologie du Pérou, t. I, p. 116, (2) Goucn, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 93.

B.36 MISSION DU CAP HORN.

Buteo melanoleucus R.-B. Sharpe, Cat. B. Bric. Mus., t. |, Accipitres, 1854, ;p- 168.

Geranoaetus melanoleucus J.-H. Gurney, Votes on M. R.-B. Sharpe’s Cata- logue of Accipitres, 1856, t. I, p. 66.

H. Durnford, On some Bürds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 38, et Notes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, P. 397.

Ph.-L. Sclater et O. Salviu, On the Birds of antarctic America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 434, 9, et Voy. of the « Challenger », Zoo- logy, Report on the Birds, p. 104, 22.

FL. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 124, 24. , on

Cette espèce, beaucoup trop connue pour que j'aie à rappeler ses caractères, est largement, mais inégalement répandue sur la plus grande partie de l'Amérique du Sud, depuis la Colombie jusqu’en Patagonie. Dans cette dernière contrée cependant, elle est beaucoup moins commune que dans les régions équatoriales, et dans les parages du détroit de Magellan elle devient si rare qu’elle a pu échapper aux recherches du D'Cunningham et des naturalistes attachés à l'expédition anglaise de l’Alert. L'expédition anglaise du Challenger n’en a rapporté qu'un seul spécimen, une femelle tuée à l'ile Élisabeth dans le détroit de Magellan, et les naturalistes attachés à la Mission française ne l'ont point observée dans les parages du cap Horn. Les trois spécimens qui nous sont parvenus ont été tués par les officiers du Volage et par M. Lebrun plus au nord, à Santa Cruz (21 et 29 septembre 1882), à Salinas (15 décembre 1882) et à la pointe Delgada (juin 1883). Parmi ces oiseaux, il y avait deux mâles qui n'étaient pas tout à fait adultes et qui avaient les yeux d’un jaune foncé, la cire d’un brun orangé et les pattes d’un jaune citron. Ces indications, fournies par M. Lebrun, ne différent pas beaucoup de celles que nous trouvons dans les notes de M. Durnford, ce dernier auteur assignant au jeune Buteo melanoleucus des yeux d’un jaune orangé clair et des pattes d’un jaune primevère. D'après M. Taczanowski, les adultes ont, au contraire, les yeux d’un brun noisette, la peau dénudée au-dessus des yeux d’un gris noirâtre, la cire et l’angle de la bouche d’un jaune sale et les pattes d’un jaune pâle avec les ongles noirs. Telles étaient en effet les couleurs de la

OISEAU X. B.37 femelle obtenue par l'expédition du Challenger. L’estomac de cette femelle renfermait des débris de jeunes oiseaux. Les Rapaces de cette espèce se nourrissent en effet de Rongeurs et de volatiles sauvages ou domestiques. Au Pérou ils commettent, dit-on, de fréquentes dépréda- tions dans les basses-cours, et en Patagonie ils font la chasse aux bandes de Pigeons migrateurs. Dans cette dernière région, ils se repro- duisent dans les derniers mois de l’année, en novembre ou décembre, et établissent sur des rochers escarpés leurs nids qui contiennent géné- ralement deux œufs d’un blanc sale, très légèrement mouchetés de brun et mesurant 2 pouces 6 lignes (0%,065) de long sur 2 pouces (0%,050) de large.

Tels sont du moins les renseignements qui nous sont fournis par M. Durnford; car, d’après les informations recueillies auprès des indi- gènes et consignées dans l’Orrnithologie du Pérou de M. Taczanowski, le Buteo melanoleucus nicherait parfois au sommet des arbres et pondrait deux œufs d’un rouge brun foncé. Je dois constater, d'autre part, qu'un œuf envoyé au Muséum par M. Morelet, en 1840, et attribué au Gera- noaetus agua Buteo melanoleucus, est d’un blanc sale uniforme et mesure 0%,080 sur 0,055.

11. TINNUNGULUS SPARVERIUS Var. CINNAMOMINUS.

Falco sparverius Linné, Systema Naturæ, 1566, t. I, p. 128 (part.).

Bidens sparverius et B. dominicensis Spix, Ae. Bras., 1824, p. 16.

Falco sparverius Max, Bertr. orn. Bras., 1830, t. III, part IL, p. 116.

D'Orbigny et de Lafresnaye, Synops. Av., t. I, p. 8.

D'Orbigny, Voy. Am. mérid., Zool., Oiseaux, p. 119.

J. Cabanis et de Tschudi, Faun. peruan., Vôg., 1845, p. 110.

Burmeister, Thier. Bras., 1856, t. II, p. 93, et Reis. La Plata, 1861, t. IL, p.437:

Falco cinnamominus Swainson, Anim. în Menag., 1837, p. 281.

Tinnunculus sparverius J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zoology, t. WE, Birds, 1841, p. 41.

Bridges, Proceed. zool. Soc. Lond., 1843, p. 109.

B.38 MISSION DU CAP HORN.

Tinnunculus sparverius Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 330 et 338, et Notes ajoutées au Mémoire de M. Hudson, Or Patagonian Birds, Proceed. z0ool. Soc. Lond., 1872, p. 536.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On Peruvian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 988, 42. On Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, 21, et 1870, p. 499. Nomencl. Avium neotrop., 18393, p. 121. Birds of antarctic America, Proceed. of the zool. Soc. of London, 1858, p. 434, 93, et Voy. of the « Challenger », Zoology, Reports on Birds, antarctic America, p. 104%, 23. Birds from Antioquia, Procced. zool. Soc. Lond., 1859, p. 541, 400. Birds from Bolivia, Ibid., p. 638, 457.

W. Hudson, Proceed. zool. Soc. Lond., 1871, p. 260.

W.-B. Lee, Ornithological Notes from the Argentine Republic, Ibis, 1875, p. 191, 4.

H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1855, p. 59. On the Birds of the province of Buenos Ayres, Ibid., p: 188, 81. Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 398.

E. Gibson, On the ornithology of cape San Antonio, Buenos Ayres, Ibis, 1879, p.412, n°6:

Tinnunculus sparverius var. cinnamominus et var. australis Ridgway, Proceed. Philad. Acad., 1870, p. 149.

Tinnunculus cinnamominus L. Taczanowski, Bérds of Central Peru, Proceed. zool. Soc. Lond., 1874, p. 500, 7.

Cerchneis cinnamomina R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., t. 1, Accipitres, 1854, p. 437. Zool. coll. made during the survey of the H. M. S.« Alert», Proc. zool. Soc. Lond., 1881, p. 10, 30.

L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, 1. I, p. 194, M.

Tinnunculus sparverius O. Salvin, On South American Birds collected by the late H. Durnford, Ibis, 1880, p. 363.

H. Gurney, Votes on M. R. Sharpe's Catalogue of Accipitres, Ibis, 1881, p.45, 013 et 554.

Le Muséum d'Histoire naturelle possède de nombreux représentants de cette variété, à laquelle je restitue, avec M. Gurney, le nom de Tinnunculus sparverius Var. cinnamominus et qui est largement répandue dans l'Amérique méridionale depuis la Colombie jusqu’au canal du

OISEAUX. B.39 Beagle. Aux spécimens obtenus précédemment dans le Paraguay par M. Cochelet, en Bolivie par M. d'Orbigny et sur les bords du Tocantins par M. de Castelnau, sont venus en effet s'ajouter, dans ces derniers temps : un spécimen rapporté du détroit de Magellan par M. l'amiral Serres en 1879; quatre mâles et une femelle tués à Punta-Arenas et à Agua Fresca, en janvier et février 1883, par M. Lebrun; trois spéci- mens (femelle adulte, mâle adulte et jeune femelle) pris à l’entrée du détroit de Magellan le 11 novembre 1882, à Oushouaia le 29 janvier et le 18 août 1883 par M. le D' Hahn et M. Sauvinet.

Les notes prises par les membres de la Mission française nous four- nissent les renseignements suivants au sujet de quelques-uns de ces spécimens :

Mâle et femelle de Punta-Arenas et d’Agua Fresca, tués en janvier et février : yeux jaunes ou jaunâtres.

Jeune mâle de l’entrée du détroit de Magellan, tué le 11 novembre : yeux bruns; bec jaune päle; bec gris; pattes Jaune orange.

Femelle tuée à Oushouaïa le 29 janvier 1883 : yeux bruns; bec bleu foncé; cire jaune orange; paupières jaunes; pattes jaunes.

Ces renseignements concordent parfaitement avec les notes fournies par M. Stolzmann, par M. Durnford et par les naturalistes du Challenger.

Un mâle adulte tué au Pérou par M. Stolzmann avait, en effet, l'iris d’un brun foncé, le bec d’un cendré bleuûtre à la base, passant au noi- âtre à l'extrémité, la cire orangée, le tour de l'œil d’un jaune plus pâle ainsi que les pattes.

Une femelle adulte, provenant de la même région, avait la cire d’un jaune verdàtre.

Un mâle tué le 29 janvier, à Salta, dans la République Argentine, par M. Durnford avait l’iris d’un brun chocolat, le bec d’une teinte cornée, avec la pointe d’un brun très foncé, la cire d’un jaune orange pâle, les pattes d'un jaune orange.

Enfin les deux femelles tuées à Sandy Point et à l'île Élisabeth par les naturalistes attachés à l'expédition du Challenger avaient les yeux bruns, le bec bleuètre, la cire et les pattes jaunes.

Au contraire, les pattes étaient grises chez la femelle tuée à Coquimbo, au mois de juin, par les naturalistes de l’Alert.

B.40 MISSION DU CAP HORN.

Tous les spécimens adultes de cette variété que j'ai sous les yeux ont des marques très nettes et assez nombreuses sur les parties infé- rieures du corps; mais les uns offrent sur le vertex une tache rousse assez étendue, tandis que d’autres n’ont que quelques plumes rousses sur le sommet de la tête ou sont coiffés d’un capuchon gris uniforme. Le même fait avait été constaté par M. Taczanowski sur des Cresserelles tuées aux environs de Lima et par M. Gurney sur une nombreuse série d'individus provenant de diverses localités de l'Amérique du Sud, de sorte qu'un des caractères au moins que l’on a invoqués pour dis- tinguer le Tinnunculus cinnamominus du T. sparverius ne paraît nulle- ment constant. Quant à la largeur de la bande caudale, elle est égale- ment sujette à varier dans les deux formes, quoique chez les Cresserelles des États-Unis et de l'Amérique centrale elle reste, en général, nota- blement plus large que chez les Cresserelles du Pérou, du Paraguay, de la Bolivie et de la Patagonie. J'ai, en effet, sous les yeux un mäle du Mexique, donné par M. Biart, mâle chez lequel la bande subter- minale noire des rectrices ne mesure que 0,020, comme chez un autre mâle tué à Albuquerque, sur les bords du Tocantins; et de son côté M. Gurney a cité dans ses Tableaux comparatifs (Zbis, 1881, p. 553 et 55) un mäle tué sur les pentes du volean de Chiriqui (Centre-Amé- rique), chez lequel ladite bande n’avait que 0,90 pouce ou 0,022, comme chez un oiseau de même sexe provenant de la République Argentine, Comme le disent MM. Sclater, Salvin et Gurney, le Tirnun- culus cinnamominus constitue done tout au plus une variété méridionale du T. sparverius.

Il est probable que les Cresserelles de Patagonie émigrent à l’ap- proche de l'hiver, comme nos Cresserelles d'Europe, mais en sens inverse, c'est-à-dire du Sud au Nord, ce qui d’ailleurs revient au même, puisque dans les deux cas les oiseaux se rapprochent de l'équateur. A l'appui de cette hypothèse, M. Gibson a rappelé que, sauf une femelle tuée à la fin de mars, c’est-à-dire en automne, tous les spécimens qu'il a eus sous les yeux avaient été pris dans les mois d’août et de juillet, c’est-à-dire en plein hiver. D'autre part, comme le dit le même auteur, un nid de Ténnunculus sparverius Var. cinnamomi- nus a été trouvé par M. Durnford dans la vallée de Chuput, en Patagonie,

OISEAUX: B.41 au mois de novembre, et des oiseaux de la même espèce ont été observés, également pendant l’été,sur le territoire de la Patagonie par M. Hudson.

Je dois faire observer cependant que, si la plupart des spécimens obte- nus à l'ile Élisabeth, à Punta-Arenas et à Oushouaïa par l’expédition du Challenger et par la Mission française du cap Horn ont été pris de novembre à février, c’est-à-dire au printemps et en été, un spécimen provenant d’Oushouaïa porte la date du 18 août, ce qui correspond à l'hiver. Il faut en conclure que toutes les Cresserelles ne quittent pas la Patagonie à l'approche de la mauvaise saison.

12. BuBo MAGELLANICUS

Hibou des terres magellaniques Daubeuton, PL. enl. de Buffon, 1770, 1. , pl. CCCEXXXWV.

Bubo magellanicus Gmelin, Syst. Vat., 1788, L. I, p. 2

Nacurutu d’Azara, Apuntiam., 1803, t. Il, p. 192.

Strix nacurutu Vieillot, Voe. Dict. d’Hist. nat., &. VIE, p. 44.

Bubo magellanicus d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Zoologie, Oiseaux, 1833- 1844 D. 137.

À. de Pelzeln, Voy. der üster. Fregatte « Novara », Vüg., 1865, p. 26.

Bubo crassirostris C.-H. Burmeister, Sysé. ueb. d. Thière Brasiliens Vôgel,

1855, t. IE, p. r2r, et Syst. Verseichn. d. in La Plata Staaten beobacht. Vôgelarten, Journ. f. Ornith., 1860, p. 242, 16.

Bubo magellanicus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, bis, 1868, p. 188, 24.

Bubo virginianus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Von. Av. neotr., 1873, p. 116 (pare).

Bubo magellanicus R.-B. Sharpe, Cat. B.-Brit. Mus., 1.11, Sériges, 1875, p. 29, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S.« Alert », Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 10, 31.

L. Taczanowski, Orn. du Pérou, 1884, (. E, p. 189, 61.

Deux femelles de cette espèce ont été tuées à l’Anse de la Forge (baie Orange), le 18 mars, et à l'ile Scott, le 7 juillet 1883, par les naturalistes de la Mission française du cap Horn; un autre individu avait été pris à Port Désiré, au mois de décembre 1882, par les officiers

Mission du cap Horn, NI. B.6

B.42 MISSION DU CAP HORN.

du Volage; trois spécimens, deux mâles et une femelle, avaient été obtenus, au mois de janvier 1870, au cap Gregory, à Port Henry et à Mayne Harbour (détroit de Magellan), par le D' Coppinger, naturaliste de l'expédition anglaise de l’A/ert; enfin, deux autres spécimens ont été obtenus dans la baie de Santiago et à Sandy Point, dans les mois de février 1867 et de décembre 1866, par le D' Cunningham, attaché à l'expédition du Nassau. On peut en conclure que le Bubo magellanicus séjourne pendant toute l’année dans les régions australes de la Pata- gonie, il est connu sous le nom fuégien de Yapoutela (de Fapou, Loutre et téla œil), tandis qu'il est appelé Nacurutu au Paraguay. Sa nourriture se compose principalement de petits Rongeurs (!). Les femelles difièrent, dit-on, des mâles non seulement par leur taille un peu plus forte, mais encore par le nombre un peu plus considérable des bandes claires qui recoupent leurs pennes caudales; mais l'iris à la même couleur d’un jaune d’or dans les deux sexes; le bec est noir, avec la mandibule inférieure blanchâtre et la cire noire, et les parties visibles des pattes d’un gris bleuâtre, avec les ongles noirs.

De la pointe méridionale de l'Amérique, le Bubo magellanicus remonte jusque dans le Chili, le Pérou, la République Argentine, le Paraguay et les provinces méridionales du Brésil, peut-être même plus haut encore, jusque dans l'Équateur (2), la Colombie et la Guyane, de facon à rencontrer la forme septentrionale Fubo virginianus.

13. Orus BRAcuyoTus var. CASSINI.

La Grande Chouette Brisson, Ornaithologie, 1. I, p. 511 (part.). Strix accipitrina Pallas, Reis. Russ. Reichs., {. 1, p. 455 (part.).

(1) Une femelle de cette espèce dont M. le D' Hyades a fait l’autopsie avait dans l’esto- mac des poils d'un Rongeur paraissant appartenir au genre Ctenomys.

(2) Une femelle de l’Équateur occidental, tuée en juillet r883 par M. Siemiradski et décrite par M. Taczanowski(Orn. du Pérou, t. 1, p. 190), différait d’un individu de même sexe, pris au Pérou, par sa coloration en général plus foncée et par le défaut presque absolu de teintes rousses, ces teintes étant remplacées ordinairement par du blanc pur. Les mêmes particu- larités se retrouvent chez un Grand-Duc, provenant également de l’Équateur, qui m'a été communiqué par M. le D' Jousseaume. Néanmoins je ne crois pas possible de séparer ce dernier oiseau du Z. magellanicus.

OISEAUX. B.:3 Strix brachyotus Forster, Philos. Trans., 1770, t. LXII, p. 384 (part... Wilson, American Ornithology, 1808-1814, t. IV, p. 6, et pl. XXXIIE, fig. 3. J.-J. Audubon, Birds America, p. 4ro, et Orn. biogr., t. V, p. 273. Strix palustris Bechstein, Vaturg. Deutsch., 1804-1809, t. I, p. 906 (part.). Otus brachyotus d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Oiseaux, p. 134. Brachyotus Cassinii Brewer, . Am. Ool., t. I, p. 68. Cassin, Un. St. expl. Exped., p. 108. Baird, B. N. Amer., p. 54. Otus palustris J. Gould et Darwin, Voy. « Beagle », Zoology, Birds, t. III, p. 33. J. Gould, Proceed. sool. Soc., 1859, p. 94.

Otus brachyotus Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. sool. Soc. Lond., 1860, , p. 384, 6.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n°93, et Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 116.

Asio accipitrinus R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., t. IL, Sériges, 1875, p. 234 (part.) et 238.

Otus brachyotus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds of antarctic Ame- rica, Proceed. sool. Soc. Lond., 1878, p. 434, 91, et Voy. of the « Challen- ger ». Zoology, Rep. on Birds, ant. Amer., p. 104, 21.

H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 396.

E. Gibson, On the ornithology of cape San Antonio, Buenos Ayres, Ibis, 1879, p. 133, 10.

L. Taczanowski, Ornithologie du Pérou, 1884, t. I, p. 196, 63.

Trois spécimens de la variété américaine du Hibou brachyote ont été rapportés en 1879 du détroit de Magellan par M. l'amiral Serres et deux autres (femelles) ont été obtenus en 1883 à Oazy Harbour et à la baie Orange (5 mai) par M. Lebrun et par M. le D' Hahn. Ces oiseaux avaient, comme les spécimens (mâles) rapportés de Sandy Point et de l’ile Élisabeth par l’expédition du Challenger, les yeux d’un jaune d’or, la cire d’un jaune pâle, les pattes d’un gris jaunâtre et le bee noir, et leur estomac renfermait les restes de petits Rongeurs. L’Otus bra- chyotus var. Cassini est répandu sur tout le continent américain, depuis

B.44 MISSION DU CAP HORN. le Canada et la Colombie britannique jusqu’au cap Horn et à la Terre de Feu, et se retrouve également aux iles Malouines. il est sédentaire en Patagonie, ainsi que M. Hudson l'avait déjà constaté. Les spécimens auxquels je viens de faire allusion ont en effet été pris aux époques les plus diverses, en mai, en juin, en janvier, etc.

14. ATnExE (SPEOTYTO) GUNICULARIA.

La Chouette de Coquimbo Brisson, Ornith., 1760, L. I, p. 525.

Strix cunicularia Molina, Compendio della storia geogr. nat. e ci. del regno del Chile, 1756, p. 343.

Urucurea d’Azara, Apuntiam., 1803, t. Il, p. 21r.

G. Hartlaub, Zadex d'Azara, p. 4.

Strix grallaria Spix, Av. Bras., 1. I, p. 21.

Temminck, Planches coloriées, 1829-1839, pl. CXLVI.

Noctua cunicularia Darwin, Journ. Nat. « Beagle », p. 145.

d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Zoologie, Oiseaux, 1835, p. 128.

Burmeister, Syst. ueb. d. Th. Bras. Vigel, 1855, t. IT, p. 149, et Syst. Ver- zeichn. d. in La Plata staaten beobacht. Vôgelarten, Journ. f. Orn., 1860, DA249 an0nt0;

Athene cunicularia J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Birds, 1841, p. 30.

Pholæoptynx cunicularia Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Onthe Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, 26, et Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 117.

L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 174.

Speotyto cunicularia R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., t. Il, Striges, 1855, p. 142, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. Alert, Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 10, 32.

Noctua cunicularia H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 38, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 397.

Un individu de cette espèce, qui se trouve répandue depuis les États- Unis jusqu’à la pointe de l'Amérique méridionale, est tombé à bord de

OISEAUX. B.15 la Romanche au mois d'août 1882, à de latitude au sud de Montevideo, pendantla traversée de France au cap Horn, et trois autres spécimens (mâles et femelle) ont été capturés par M. Lebrun, au mois de décembre de la même année, à Salinas (Patagonie). Ces trois oiseaux avaient les yeux d’un jaune d’or, comme la femelle obtenue à Coquimbo par Le D' Coppinger, naturaliste de l’A/ert, et comme les indi- vidus, mâle et femelle, tués au Pérou par MM. Jelski et Stolzmann. Chez les adultes, le bec est d’un brun grisâtre ou d’un brun de corne, pas- sant au jaunâtre vers la base et sur la mandibule inférieure, et les pattes sont grisâtres en avant et jaunes en arrière, avec une teinte verdàtre sur la face plantaire (D' Hahn).

La Chouette des terriers est sédentaire en Patagonie et fort commune sur certains points de cette vaste région, tandis que sur d’autres points elle se montre beaucoup plus rarement.

15. GLAUCIDIUM NANUM.

Strix nana King, On the animals of the Straïtsof Magellan, Zool.Journ., 1827, t. LIL, p. 427.

Glaucidium nanum Boie, Zsis, 1826, p. 970.

Athene nana Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844, 1. E, p. 35, pl. XIT.

Hombron et Jacquinot, Voy. au pôle Sud, Zoologie, 1841-1845, t. LL, p. 54.

Glaucidium nanum Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Séraits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, 5, et Von. Ap. neotrop., 1873, P. 117.

Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. 300l. Soc. Lond., 1872, p. 549.

= R°B. Sharpe, Cat. B Brit. Mus.,t'AT Siriges 1879, p.190, 1015, 197, p. 41 et 259, et Zool. coll. made during the Survey of H. M.S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 1r, 33.

La Mission française a rapporté de la Terre de Feu deux Chouettes naines dont l’une, prise à Oushouaïa sur les bords du canal du Beagle, le 26 novembre 1882, avait le bec d’un gris verdâtre, la cire grise, les pattes grises en avant et jaunes en dessous, et l’autre, tuée près des mares, à la baie Orange, au sud de la Mission, le 5 février 1883, avait

B.46 MISSION DU CAP HORN.

la cire verdâtre, le bec verdâtre, passant au blanc verdâtre à la pointe, les yeux d’un jaune d’or et les tarses d’un jaune verdâtre. D’autres individus de la même espèce avaient été capturés précédemment, au mois de mai et au mois de janvier, à Sandy Point par le D' Cunningham et par le D' Coppinger, chirurgien de l’Abert. Le type décrit par King a été pris à Port-Famine, de même qu’un spécimen signalé dans le Voyage au pôle Sud. On peut donc supposer que la Chouette naine est sédentaire et assez répandue dans les parages du cap Horn et sur la Terre de Feu elle porte le nom de Lafkgouia. Il est certain, d’autre part, que ce petit Rapace habite le Chili, comme le dit M. Sharpe, puisque le Muséum en possède deux spécimens venant de cette région et donnés par M. Gay et par M. Hénault (‘). Enfin, les galeries du Jardin des Plantes renferment encore un exemplaire tué dans la République Argentine et donné, il y a quelques années, par l’Université de Cordova. L’aire d'habitat du Glaucidium nanum s'étend, par conséquent, jusque vers le 30° degré de latitude Sud.

16. Picus (Mecaricus ou CAMPEPHILUS) MAGELLANICUS.

Picus martius Molina, Stor. Nat. Chil., 1789, p. 209.

Picus magellanicus King, Zoo. Journ., 1827, t. IX, p. 430.

Picus jubatus de Lafresnaye, Rev. et Mag. de Zool., 1841, p. 242 (fem.). Picus magellanicus À. Malherbe, Mag. de Zool., 1843, pl. XXXI. Dryocopus magellanicus Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1850, t. I, p. 137.

Megapicus magellanicus A. Malherbe, Monogr. des Picidés, 1862, t. I, p.8, et pl. I, fig. 1-3.

R. Cunningham, Lettre £n Zbis, 1868, p. 128.

Picus (Ipocrantor) magellanicus G.-R. Gray, andlist of genera and species of Birds, 1871, t. IF, p. 86, 8619.

Campephilus magellanicus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotrop., 1873, p. 98. Birds of antarctic America, Proceed. zool. Soc. Lond.,

(1) Le spécimen donné par M. Hénault est de taille notablement plus forte que les spécimens de la Terre de Feu.

OISEAUX. B.47 1878, p. 434, 18, et Voy. of the « Challenger », Report on Birds, ant. JE) | ) ) ) (o] 70 America, p. 103, 18.

Le Megapicus magellanicus paraît être plus commun au Chili et dans les parages du détroit de Magellan et sur la Terre de Feu que dans le centre de la Patagonie. La Mission française du cap Horn n’en a pas rapporté moins de sept spécimens, mâles et femelles, d’ailleurs com- plètement semblables aux spécimens provenant du Chili qui avaient été donnés précédemment au Muséum par M. Gay. Une femelle, obtenue au mois de février 1883, à Punta-Arenas, par M. Lebrun, avait les yeux rouges; chez un mâle, tué à Oushouaïa au mois de décembre 1882, le bec et les pieds étaient noirs, et un couple, mâle et femelle, tué le 11 avril 1853, à la baie Orange au nord du lac de la Mission, à 158" d'altitude, ne présentait pas de différences, d’un sexe à l’autre, dans la coloration des yeux, du bec et des pattes, l'iris étant d’un rouge brique, les mandibules d’une teinte noirâtre, plus foncée à l'extrémité, et les tarses d’un gris verdàtre. Au contraire, un mâle et une femelle obtenus à Porto Bueno par l’expédition du Challenger avaient les yeux jaunes, le bec et les pieds noirs.

Lana (") est le nom fuégien de cette espèce, qui se nourrit non seu- lement d'insectes, mais aussi de graines, ainsi que M. le D' Hyades à pu s’en assurer en faisant l’autopsie du mâle et de la femelle tués le 11 avril 1883 à la baie Orange.

17. CERYLE TORQUATA Var. STELLATA.

Alcedo stellata Meyen, Voe. Act. Acad. Leopold., t. XVI, Suppl. 93, pl. XIV. Alcedo torquata J.-J. v. Tschudi, Faun. peruan., 1844, p. 254.

Ceryle stellata R.-B. Sharpe, À Monograph of the Alcedinidæ, 1867-1869, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc., 1881, p. 9, 23.

Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 327.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of Birds collected during the Survey in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 283,

(1) Lan, en fuégien, signifie langue.

B 48 MISSION DU CAP HORN.

ee

7. VNomencl. A+, neotrop., 1873, p. 103. Birds of antarctic Ame- rica, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 434, 19, et Voy. of the « Chal- lenger », Report on Birds, antarct, Amer., p. 104, 19.

Le Ceryle stellata ne me paraît constituer qu’une race locale du Ceryle torquata L., race qui habite le Chili, la Patagonie et la Terre de Feu, tandis que la forme typique se trouve depuis la République Argentine jusqu’au Mexique. Comme M. Scelater l’avait fait avant moi, j'ai constaté, en effet, que certains individus qui, par leur origine, devraient être attribués au Ceryle torquata avaient le dos et les ailes aussi fortement mouchetés de blanc que les individus du Chili, et, en revanche, j'ai vu un spécimen de Patagonie chez lequel les points blancs tendaient à disparaître et dont les teintes du manteau et de l’abdomen étaient presque aussi pures et aussi vives que chez des oiseaux pris au Guatémala par M. Bocourt ou au Brésil par MM. de Castelnau et Deville. Le spécimen de Patagonie auquel je viens de faire allusion a été tué par M. Tracou, enseigne de vaisseau, sur les bords de la baie Butler (détroit de Magellan), le 2 février 1883, et a été préparé par M. de Lar- tigue, enseigne de vaisseau à bord du Volage. Un autre Ceryle, un mâle, a été pris au mois de février 1882 par M. Lebrun, à la Terre de Feu; cinq autres individus ont été tués successivement par les natura- listes de la Mission du cap Horn, les 5, 7et ro février, sur les bords du anal du Beagle, sur les iles Burnt et O’Brien le 31 mars, et le 10 avril 1583 à la baie Orange. Huit exemplaires de la même espèce avaient été obtenus précédemment à Fortescue, à Port Grappler, à Eden, au Havre Gray (sud-ouest de la Patagonie), dans le cours de la croisière effectuée par la Magicienne, sous les ordres de M. l’amiral Serres; enfin, trois spécimens avaient été pris précisément dans les mêmes parages, à Port Otway, à Cove Harbour et à Gray Harbour (Havre Gray) et à Sandy Point, en décembre 1875, janvier 1876 et janvier 1869, par les naturalistes de l'expédition du Challenger et par le D' Cunningham; de telle sorte qu'on peut affirmer que les Ceryle de la variété stellata sont très répandus, au moins pendant le printemps, l’été et le commence- ment de l’automne, dans la portion australe de la Patagonie et à la Terre de Feu, ils se nourrissent principalement, sinon exclusive-

OISEAU X. B.49 ment de poissons. Chez ces oiseaux, le bec est toujours noir, mais la couleur de l'iris et celle des pattes sont sujettes à certaines variations : ainsi, une femelle tuée le à février 1883 sur les bords du canal du Beagle (Mission française) avait les yeux bruns et les pattes ver- dâtres; une femelle tuée le o février à la baie Orange, sur la plage (Mission française), le bec noir passant à la couleur corne blonde à la pointe et à la base de la mandibule inférieure, l'iris brun et les pattes d'un jaune verdâtre avec le dessus des doigts noir; un mâle tué à l'ile O'Brien (Mission française), le ro février, les yeux d’un gris bleuâtre et les pattes d’un jaune sale; un mâle tué à Port-Otway (Challenger), à la fin de décembre, les yeux noirs et les pattes d’un vert jaunâtre; un autre mâle tué à Cove Harbour (Challenger), les yeux bruns, et un mâle tué à Gray Harbour, au mois de janvier (Challenger), les yeux noirs.

Le nom fuégien du Ceryle stellata est Chakatakh.

18. Hiruno (TACHYGINETA ) MEYENrI.

Hirundo leucopyga Meyen, Voe. Act. Acad. L. C. Nat. Car., 1834, t. XVI, Suppl. 73, pl. X.

Hirundo Meyeni Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1867, p. 321 et 337.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185, et 1870, p. 499, 3. Nomencl. Ao. neotrop., 1873, p. 114. Report on the collections of Birds made during the voyage of H. M.S. « Challenger », n°1X, Birds of antarct. Amer., Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 432, 2, et Voy. of the « Challenger », 1881, 1. II, Rep. on the Birds, antarct. Amer., p. 100, 2.

Tachycineta Meyeni R.-B. Sharpe, Cac. B. Brit. Mus., t. X, Fringilliformes 1885, p. 116.

Cette espèce, qui avait déjà été signalée au Chili, en Bolivie et en Patagonie, s’avance, au moins pendant l’été, jusque dans la Terre de Feu, elle est connue des indigènes sous le nom de Lazikh. La Mis-

sion française en a rapporté sept exemplaires, savoir : Mission du cap Horr, NI, B. 7

B.50 MISSION DU CAP HORN.

Un jeune mâle et une jeune femelle, tués le 6 novembre 1882 à Punta-Arenas (détroit de Magellan );

Un jeune mâle, une femelle et un individu de sexe indéterminé, tués les 8, ro et 14 janvier 1883, sur les bords de la baie Orange; ces oiseaux avaient le bec et les yeux noirs et les tarses d’un gris noirâtre (l'estomac de l’un d’eux renfermait quelques débris d'insectes) ;

Une femelle trouvée morte, le 16 janvier 1883, sur l'herbe dans la vallée, auprès du lac (Terre de Feu); cet individu avait le bec et les yeux noirs et les tarses d’un gris noirâtre;

Une femelle, aux yeux d’un brun clair, tuée à la fin de l’année 1882 par M. Lebrun, à Santa Cruz, lorsque le navire le Volage a touché en ce point de la Patagonie.

D’autres individus de la même espèce avaient été obtenus précé- demment à Sandy Point (ou Punta-Arenas) par le Cunningham et par les naturalistes attachés à l'expédition du Challenger.

Ces derniers oiseaux avaient été tués au mois de janvier et ceux qui ont été rapportés par l'expédition française ont été abattus en novembre, décembre et janvier : on peut en conclure que c’est durant l'été seule- ment que l’on peut rencontrer dans les parages du cap Horn les Hirondelles de Meyen, qui remontent sans doute, à l'approche de l'hiver, dans les contrées plus voisines de l’équateur.

19. AGRIORNIS STRIATA.

Agriornis microptera et A. striataJ. Gould, 2 Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. III, Bérds, p. 56 et pl. XII.

Agriornis microptera Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185.

G.-R. Gray, Aandlist of Birds, 1850, t. IL, p. 34r, 5154.

Agriornis striata Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. AV, p. 5.

Cette espèce paraît être spéciale à la Patagonie, elle a été ren- contrée par Darwin et d’où M. Lebrun en a envoyé, en 1883, un spé- cimen au Muséum. Dans la même contrée vit une autre espèce d’Agriornts, l’A. maritima, qui parait être plus commune que la pré-

OISEAUX. B.ÿ1 cédente (!) et qui remonte jusque dans le Chili, se trouve aussi l'A. lvida (?).

L'oiseau envoyé par M. Lebrun a été pris à Santa Cruz dans les der- niers mois de l’année 1882. Il avait les yeux d’un jaune de chrome.

20. MYIOTHERETES RUFIVENTRIS.

Tyrannus rufiventris Vieillot, Nour. Dict. d'Hist. nat., t. XXXN, p. 93, et Encycl. méthod., p. 856.

Pepoaza variegata Lafresnaye et d'Orbigny, Synops. Ae., t. I, p. 63.

D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Zool., Oiseaux, 1835-1844, p. 349 ct pl. XXXIX. :

Xolmis variegata G.-R. Gray, ër Darwin, Voy. « Beagle », Zool. Birds, 1841, t. IL -p-.»5*et-pl. XT°

Myiotheretes rufiventris Ph.-L. Sclater, Cat. of Amer. Birds, 1862, p. 106, 1202.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, 10. VNomencl. Av. neo- trop., 1873, p. 394.

H. Durnford, Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 391.

Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t XIV, p. 8.

Dans les collections réunies par les soins de M. Lebrun, naturaliste voyageur, de M. de Lartigue, enseigne de vaisseau, et des autres offi- ciers du Volage, se trouvent trois Mytothereles rufiventris (äont deux mâles) tués à Missionares en octobre et novembre 1882, et dans le Catalogue des collections formées par le D' Cunningham figure égale- ment un de ces Tyrannidés à ventre roux, tué à Possession Bay, en janvier 1867. Les époques de ces trois captures concordent fort bien avec les renseignements fournis par M. Durnford, qui nous apprend que les Myiotheretes rufiventris arrivent en petit nombre en Patagonie au printemps et y séjournent jusqu'à la fin de l'été. En revanche,

(1) Serarer et SALviN, Zbis, 1868, p. 185, el H. Durnronp, bis, 1878, p. 394. (2) Scrarer, Proc. 001. Soc. Lond., 1867, p. 325, et R.-B. Sarre, Proc. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, 14.

B.52 ! MISSION DU CAP HORN.

M. Durnford dit que les oiseaux de cette espèce ont le bec, les pattes et les ongles noirs et les yeux d’un brun foncé, tandis que M. Lebrun porte dans ses notes la mention « iris jaune de chrome », pour les spé- cimens obtenus à Missionares.

Le Muséum possédait déjà une dépouille de Myriotheretes rufiventris provenant de Yungas, en Bolivie (voyage de d'Orbigny). C'est sans doute dans cette contrée et dans la République Argentine queles oiseaux de cette espèce se retirent à l'approche de l'hiver.

91. TÆNIOPTERA PYROPE.

Muscicapa pyrope Kittlitz, Ueber einige Vogel von Chili, Mém. Acad.

Saint-Pétersbourg, 1831, p. 191, pl. X Pepoaza pyrope de Lafresnaye et d'Orbigny, Synops., p. 63, 6. D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., 1835-1844, p. 348, 72. Xolmis pyrope J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. XII, Birds, p. 55. Tænioptera pyrope G.-R. Gray, Genera of Birds, 1847, t. I, p. 241. Ph.-L. Sclater, On the Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1865, p. 326.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185. Nomenclator Av. neotrop., 1893, p. 42, 6. Birds of antarct. America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 433, 11, et Voy. of the «Challenger », Rep. on the Birds, antarct. Amer., p. 102, 11.

R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. sool. Soc. Lond., 1881, p 8, 13. Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIN, p. 1r.

Cette espèce doit être très commune, au moins à certaines époques de l’année, en Patagonie et à la Terre de Feu, elle a été observée successivement : par le Cunningham, à Port-Famine; par les natura- listes attachés à l'expédition du Challenger, à Sandy Point; par Île D' Coppinger, chirurgien de l’Aert, à Skyring Water (détroit de Magel- lan), et par les membres de la Mission du cap Horn, sur divers points de l'Amérique australe. L'expédition française n'a pas procuré au

OISEAUX. B.55 Muséum moins de 15 spécimens de Tænioptera pyrope, parmi lesquels nous citerons :

Plusieurs mâles, tués à Punta-Arenas par M. Lebrun, au mois de janvier 1883. Yeux d’un rouge vermillon.

Une femelle, tuée sur les bords de la baie Orange, à 200" d’alti- tude, par M. le D' Hahn, le 26 septembre 1882. Iris rose; pattes et bec d’un brun foncé.

Un mâle, tué par le même voyageur, dans la même localité, le 23 octobre 1882. Iris rouge brique.

Une femelle, de même provenance. Iris rose.

Une autre femelle, tuée par M. Hahn à Oushouaïa, sur les bords du canal du Beagle, le r7 mars 1883.

Un mâle tué par M. le D' Hyades à la baie Orange, le 14 avril 18853. Iris rouge brique; tarses noirs, face inférieure des doigts jaune.

Deux mâles et une femelle, tués par M. Hahn à Punta-Arenas, le 22 mai 1883.

Un mâle, tué par M. Hahn sur les bords de la baie Orange, Île 14 avril 1883. Iris rouge brique; bec et tarses noirs.

Une femelle, tuée par M. Hahn dans la même localité, le 25 mai 1883. Iris rose brique; bec et tarses noirs.

Je ferai remarquer qu'il existe une concordance remarquable entre ces divers renseignements pour ce qui concerne la coloration de l'œil chez le Tænioptera pyrope : V'iris est toujours indiqué comme étant rouge, la nuance variant d’ailleurs du rose au rouge brique. Au con- traire, les naturalistes du Challenger attribuent des yeux notrs à un Tœænioptera pyrope mâle tué à Sandy Point, et le D' Coppinger donne au sujet d’une femelle tuée à Skyring Water (détroit de Magellan), au mois de janvier 1879, les indications suivantes : «Bec, tarses et pieds noirs; iris jaune clair.» Il semble donc que, dans cette espèce, la coloration de l’iris n’est pas constante.

Le Tœænioptera pyrope est, du reste, sujet à de grandes variations sous le rapport du plumage, des dimensions et même de la forme des rémiges. En effet, si beaucoup d’oiseaux de cette espèce se font remar- quer par leurs deux premières rémiges brusquement rétrécies et effi- lées à l'extrémité, comme celles de certains Pigeons du genre Ptlopus,

B.54 MISSION DU CAP HORN. d’autres Tœænioptera pyrope ne présentent pas ce caractère qui n’a point, par conséquent, comme on l'avait admis primitivement, une valeur spécifique. Cette particularité, très accusée chez un spécimen envoyé de Valparaiso par d’'Orbigny et chez un autre exemplaire du Chili donné par M. Gay, disparait au contraire chez trois autres individus de la même région, donnés par le même voyageur en 1845; elle manque également, ou est à peine indiquée, sur trois individus provenant du voyage de l’Assrolabe et de la Zélée (voyage au pôle Sud) et pris, l’un dans les parages du détroit de Magellan, les autres à Taleahuano. Elle n'existe pas davantage chez cinq Tænioptera de la baie Orange et de Punta-Arenas, rapportés par la Mission du cap Horn, tandis qu’elle se retrouve à un degré très marqué sur deux oiseaux originaires des mêmes localités et obtenus dans le cours du même voyage. Entre ces types extrêmes, l’un à ailes normales, l’autre à ailes découpées, on trouve d’ailleurs des gradations : ainsi un spécimen de Talcahuano, provenant de l'expédition de l’Astrolabe, a les deux ou même les trois premières rémiges légèrement échancrées, du côté interne, depuis le milieu jusqu'à la pointe. Il en est de même chez un oiseau faisant par- lie des collections de la Zélée et obtenu à Port-Famine, de même encore chez trois oiseaux tués à la baie Orange et à Punta-Arenas et rapportés par la Mission française du cap Horn. En d’autres termes, on voit net- tement le processus par lequel s'effectue cette découpure bizarre des rémiges, qui n’estaucunement en rapport avec le sexe des individus (!), mais qui s'accentue probablement par les progrès du développement. Il faut noter, du reste, que la même particularité, tantôt très marquée, tantôt à peine accusée, peut être observée chez d’autres Tyrannidés de l'Amérique australe, notamment chez les Myiotheretes rufiventris. J'avais cru constater d’abord que les Tænioptera pyrope du Chili étaient de taille constamment plus faible que ceux de la Patagonie; mais il n’en est rien : cela résulte clairement du Tableau suivant :

(1) Un spécimen de Zæioptera pyrope ayant les ailes normales avait, pour ce motif, été considéré comme étant peut-être une femelle (voir Zbés, 1868, p. 185).

OISEAUX. B.55

BEC

TÆENIOPTERA PYROPE. QUEUE. (culmen).

LU] mm

De Valparaiso (d'Orbigny, 1830) Du Chili (Gay, 1837)

» De Magellan De la baie Orange (exp. Cap Horn)

D'Oushouaïa De Punta-Arénas

Enfin, si chez les individus de Patagonie et de la Terre de Feu la coloration générale est un peu plus foncée, si Le dos est plus fortement nuancé de verdâtre, et si le ventre est d’un gris plus accusé que chez les individus du Chili, on remarque aussi parmi ces derniers certaines variations qui tendent à effacer les différences de plumage.

Les Fuégiens désignent le Tæntoptera pyrope sous le nom de Xac/poul.

En Patagonie, on rencontre encore deux autres espèces du même genre, le Tœænioptera murina Lafr. et d’Orb. et le Tænioptera rubetra Burm. (').

929, MuscISAXICOLA MACGLOVIANA.

Sylvia macloviana Garnot, Voy. de la « Coquille », Zoologie, Oiseaux, 1826, t. 1, p. 540.

(1) Voir Hupson, Proceed. zool. Soc. Lond,, 1852, p. 541, et Durnronn, Ibis, 1878, p: 394:

B.56 MISSION DU CAP HORN.

Muscisaxicola mentalis de Lafresnaye et d’Orbigny, Synops. Av., 1837, p. 66, 2.

d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Oiseaux, 1835-1844, p. 355 et pl. LXI, fig. 1.

Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 326.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, 12, et VNomencl. Av. neotrop., 1873, p- 44e

H. Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 541.

R.-B. Sharpe, Zoo!. Coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, 15.

L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. IE, p. 218, 560.

Muscisaxicola macloviana Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV’ p. 56.

Cette espèce, dit d’Orbigny, est de celles qui paraissent habiter l’été les régions les plus méridionales du continent américain. « En Pata- gonie, elle arrive en juin et y reste jusqu’en septembre, se tenant sur le haut des coteaux dans les lieux sablonneux;..... elle y est par troupes de trois à quinze individus, vit familièrement avec l’homme, saute à terre, sur les points élevés, les murailles, les mottes de terre, reste longtemps à la même place et fait souvent balancer sa queue, puis court à terre avec vivacité, cherchant les insectes dont elle se nourrit. »

M. Hudson constate, de son côté, qu'il n’a jamais vu de Muscisaæicola mentalis en Patagonie avant le mois de juin, c’est-à-dire avant l'hiver, etil suppose que ces oiseaux arrivent du Sud au moment les grands froids commencent à se faire sentir. Cette hypothèse est confirmée par les renseignements plus récents fournis par les naturalistes attachés aux expéditions françaises et anglaises, qui ont rencontré la Muscisaxt- cola mentalis sur les bords du détroit de Magellan et à la Terre de Feu précisément dans la saison elle manque dans le centre et le nord de la Patagonie, c’est-à-dire en été. Un individu de cette espèce a été tué en effet, au mois de mai, à Sandy Point par le D' Cunningham, etles

OISEAUX. B.57 spécimens rapportés par la Mission du cap Horn portent les dates et les indications suivantes :

16. Fauvette des montagnes. Màle tué à la baie Orange, à 200" d'altitude, le 15 septembre 1882.

29. Mâle tué à une altitude de 200" à 500, le 26 septembre 1882. OEil brun foncé.

30. Femelle tuée dans la même localité, à la même date.

198. Mâle tué à la baie Cook, sur la Terre des États, le 19 novembre 1882.

363. Femelle tuée sur la plage de la baie Bourchier l’ouest de la presqu'ile Hardy, près du faux cap Horn) le 25 janvier 1883. Nom fuégien Chkanakooko. Iris brun; tarses noirs; mandibule supé- rieure noire avec l'extrême pointe couleur corne blonde; mandibule inférieure d’un jaune orange, sauf à l'extrémité antérieure qui est noire avec un peu de jaune corne blonde à la pointe.

616. Mâle tué à Punta-Arenas, au mois de février 1883. OEil brun.

On peut donc admettre que la Muscisaxicola macloviana habite pen- dant la plus grande partie de l’année l’extrémité méridionale du con- tinent américain et la Terre de Feu, elle doit se reproduire, et qu’elle ne se retire dans le centre et le nord de la Patagonie, en Bolivie, au Chili et au Pérou, que pendant la mauvaise saison. En Patagonie, on trouve encore une autre espèce du même genre, Muscisaxicola macult- rostris Lafr. et d'Orb. (voir Sclater et Salvin, Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 44, et Durnford, Jbes, 1878, p. 395), sans compter les autres espèces propres au Pérou,au Chili et à l'Équateur.

93. CENTRITES NIGER.

Alouette à dos roux Daubenton, PL. enl. de Buffon, 1770, p. 738. Alauda nigra Boddaert, Table des PI. enl. de Daubenton, 1783, p. 788.

Alauda rufa Gmelin, Syst. nat., 1788, L. [, p. 792. Mission du cap Horn, NI. B.8

B.58 MISSION DU CAP HORN.

Alondra espalda roxa d'Azara, Apunt., 1803.

Sylvia dorsalis King, Zool. Journ., 1827, t. II, p. 428.

Gay, Hist. fisic. Chil., Zool., 1847, t. I, p. 318.

Anthus variegatus F. Eydoux et P. Gervais, Voy. « Favorite », 1839, t. V, Zoologie, Oiseaux, p.38 et pl. XV.

Muscisaxicola nigra J. Gould, x Darwin, Voy. « Beagle », Zool. Birds, p. 84.

Centrites rufus J. Cabanis, Wiegmans Arch., 1847, t. XII, p. 256.

Centrites niger J. Cabanis, Mus. Hein., t. I, p. 48.

Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1867, p. 326.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, 13. Nomencl. Av. neotr., 1853, p. 44. Birds of antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 432, 7, et Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, antarct. Amer.., p. 101, 7.

H. Durnford, On the Burds of the Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 392.

R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. I. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, n°9.

Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, 61.

Ch. Darwin a observé le Centrites niger jusqu’à Copiapo, dans le nord du Chili, contrée M. Gay et M. Hénault se sont procuré plusieurs spécimens qu’ils ont donnés au Muséum d'Histoire naturelle ; d'Orbigny a rencontré la même espèce à Corrientes, dans l’est de la République Argentine, aux environs de Buenos Ayres et dans les Pampas d'Orugo (Bolivie); M. Hudson l’a trouvée fréquemment dans le centre de la Pata- gonie, où, parait-il, elle est sédentaire. Enfin, MM. Hombron et Jac- quinot, naturalistes attachés à l'expédition de l’Astrolabe et de la Zélee, le D' Cunningham, le D' Coppinger et, plus récemment encore, les membres de la Mission française du cap Horn en ont obtenu d'assez nombreux exemplaires à Port-Famine, à Sandy Point et à Cape Gregory, dans la Patagonie australe, sur les bords de la baie Orange et du canal du Beagle, à la Terre de Feu.

Dans cette dernière région, le Centrites niger est connu des indigènes sous le nom de Ski/ouchanoa.

Les spécimens rapportés par la Mission française ont été tués du

OISEAUX. | B.59 12 octobre 1882 au 9 janvier 1883, et quelques-uns d’entre eux portent les indications suivantes :

Mâle tué à la baie Orange le 12 octobre 1882, près des mares, sur les buissons : bec noir, tarses d’un noir de jais;

Femelle tuée dans la même localité le 27 novembre 1882 : iris brun, bec et pieds noirs; estomac renfermant des restes de mouches;

Femelle tuée dans la même localité le janvier 1883 : iris gris brun, pieds noirs.

Les individus rapportés par les naturalistes du Challenger avaient

. été tués également au mois de janvier, de même que l'oiseau rapporté par le D' Coppinger; ils avaient aussi les yeux noirs et leur estomac contenait également des débris d'insectes. On peut conclure de ces renseignements que les Centrites sont des Passereaux essentiellement insectivores, qui sont fort répandus pendant la belle saison dans les régions australes du Nouveau-Monde et qui, pendant l'hiver, se con- tentent de changer de canton, sans remonter beaucoup vers le Nord. Il est mème certain que l'espèce se reproduit dans ces contrées désolées, puisque M. Sauvinet a obtenu sur les bords de la baie Orange non seu- lement un couple de Centrites en plumage de noces, mais encore le nid de ces oiseaux.

Ce nid, découvert le 4 décembre 1882, renfermait trois œufs blancs, à peine piquetés au gros bout et au milieu de quelques points d’un brun foncé, et mesurant plus de 20" de long sur 14%% à 158 de large, c’est-à-dire très volumineux par rapport à l’oiseau. Il était placé sur le sol, entre des chaumes, et ses parois, assez épaisses et faites de lichens et de racines entrelacés, étaient tapissées intérieurement avec des plumes parmi lesquelles j'ai reconnu facilement des plumes de Bernaches.

Au Pérou, le Centrites niger est remplacé par une espèce ou plutôt par une variété, Centrites oreas Scl. et Salv., qui ne diffère de la forme typique que par ses rémiges largement bordées de blanc du côté interne (‘), et qui fait son nid exactement dans les mêmes conditions

(1) Deux spécimens de cette variété avaient été envoyés, dès 1847, des Andes du Pérou par M. de Castelnau.

B.60 MISSION DU CAP HORN. et avec les mêmes matériaux, mais à une autre époque de l'année. « Le 23 juin, dit M. Jelski (‘), en pêchant des pimélodes pendant la nuit, J'ai aperçu un petit oiseau s'envoler dans la prairie d'un endroit labouré par les cochons et j'ai eu la chance d’y trouver son nid sous une motte de gazon renversée. Ce nid est petit, mais profond, composé à l'extérieur et en dessous de duvet de synanthères, mélangé à de la mousse et à des radicelles, tapissé à l’intérieur de plumes de canards, de poules d’eau et d'ibis. Il contenait trois œufs blancs, tachetés plus ou moins de brun pres du gros bout. Un de ces œufs avait une tache assez grosse. Longueur 21°" sur 15%" de largeur.

» Le 31 septembre, plusieurs paires construisaient leurs nids dans une prairie labourée par les cochons. »

24. KELAINEA ALBICEPS.

Muscipeta albiceps de Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Ap., p. 47, 5. D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., 1835-1844, Oiseaux, p. 319. Elainea modesta Tschudi, Consp. Ae., 7h, et Faun. per., p. 150.

Elainea albiceps Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 71, et On the Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 327.

Elainea modesta Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185.

Elainea albiceps Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vomencl. A6. neotrop., 1873, p. 48. Birds of antarct. Amer., Proceed zool. Soc. Lond., 1858, p. 433, 10, et Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, antarct. Amer., p. 102, 40.

L. Taczanowski, Orn. du Pérou, 1884, t. 1, p. 263, 611.

Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, 1. XIV, p. 141.

L’'Elainea albiceps habite une partie du Brésil, le Chili, le Pérou, la République Argentine, la Patagonie et la Terre de Feu, elle est connue sous le nom de Pouyou. Elle a tout à fait les mœurs de nos Fauvettes, vit sous bois, dans les jardins ou dans les broussailles,

(1) Taczanowskt, Ornith. du Pérou, 1884, t. Il, p. 222.

OISEAUX. B.61 suivant les localités, et sautille de branche en branche à la poursuite des insectes.

Le 21 janvier 1883, MM. Hyades et Sauvinet ont trouvé à la baie Orange, sur une branche de Fagus betuloides, un nid de cette espèce, renfermant deux œufs que la mère venait de quitter quand elle fut tuée. Ce nid, qui figure dans la collection rapportée par la Mission du cap Horn, mesure environ 10% de diamètre extérieur sur de pro- fondeur et affecte la forme d’une coupe dont les parois sont faites de brindilles et de radicelles grossièrement entrelacées et dont l’intérieur est tapissé de plumes (de Bernaches ?). Il ressemble exactement aux nids d'£lainea albiceps trouvés au Pérou et décrits par M. Taczanowski; seulement ces derniers offraient, dans la texture de leurs parois, des brins de laine et quelques crins de cheval, matériaux que l'oiseau ne pouvait se procurer dans les parages du cap Horn. Les œufs sont d’un blanc légèrement rosé, marqués, principalement au gros bout, de points d’un brun marron foncé (au lieu de points d’un rouge de rouille plus ou moins päle, comme les œufs décrits par M. Taczanowski) et mesurent environ 20% ou 21%% sur 13m,

La femelle tuée le 21 janvier 1883, et à laquelle ce nid appartenait, avait les veux bruns, le bec noir, nuancé de rougeûtre en dessus, et les tarses noirâtres. Elle avait dans l'estomac les restes de petites chenilles vertes. Une autre femelle, tuée le 14 janvier dans la même localité, avait les yeux gris, le bec d’un gris brunâtre et les pattes brunes; un mâle, tué le 16 janvier, également à la baie Orange, les yeux, le bec et les pattes d’un gris brun. Un quatrième spécimen, un jeune mâle, a été tué sous bois à Punta-Arenas, le 11 novembre 1882.

Une Elainea albiceps, aux yeux noirs, avait été obtenue précédem- ment à Port Churrucha par les naturalistes attachés à l'expédition anglaise du Challenger.

25. CINCLODES NIGROFUMOSUS.

Uppucerthia nigrofumosa d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., 1835-1844, Oiseaux, p. 372, 314, et pl. LVIL, fig. 2.

B.62 MISSION DU CAP HORN.

Opetiorhynchus nigrofumosus G.-R. Gray, ir Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. III, Birds, p. 68 (part.).

Cinclodes nigrofumosus G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844, t. I, P. 192.

Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1867, p. 324

- (part.).

Ph.-L. Sclatér et O. Salvin, Vomencl. Av. neotrop., 1873, p. 62 (part.).

L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. IL, p. 110, 443 (part.).

Sous le nom de Cénclodes nigrofumosus, la plupart des auteurs et d'Orbigny lui-même ont confondu, sinon deux espèces, au moins deux races distinctes, dont l’une correspond au C. lanceolatus Gould (ms.), tandis que l’autre peut conserver le nom de C. rigrofumosus d'Orb. En effet, en étudiant les spécimens envoyés au Muséum par d’Orbigny, en 1830 et 1831, j'ai reconnu qu'il n’y en avait qu’un seul, venant de Valparaiso, qui répondit exactement par ses dimensions et par sa colora- tion à la description et à la figure de l'Uppucerthia rigrofumosa publiées par d’Orbigny dans son Voyage dans l'Amérique méridionale (p. 372, pl. LVIT, fig. 2). Tous les autres spécimens obtenus par le même voya- geur, soit dans la même localité, soit à Cobija, en Bolivie, spécimens dont il est également fait mention dans la deseription de l’Uppucerthüa nigrofumosa, sont de plus forte taille, portent une livrée d’un brun plus foncé, offrent sur la poitrine des stries blanches plus nettes et plus accusées et ressemblent tout à fait à l’oiseau figuré dans la Zoologie du Voyage du « Beagle » sous le nom de Cénclodes lanceolatus et assimilé par feu M. Gray au C. nigrofumosus. Je rapporte, d'autre part, à la première race ou espèce, c’est-à-dire au C. nigro/umosus proprement dit, d’abord un spécimen rapporté du Chili par M. de la Narde et donné au Muséum en 1877, ensuite deux oiseaux tués à Port-Famine par les naturalistes attachés à l'expédition de l’Astrolabe et de la Zélée, en 1847, et enfin les spécimens, au nombre de 10, rapportés de la baie Orange par la Mission du cap Horn. Quelques-uns de ceux-ci portent les indications suivantes :

Femelle tuée le 23 septembre 1882 : yeux d’un brun foncé; bord des paupières et pattes Jaunes;

OISEAUX. B.63

Femelle tuée le 11 décembre 1882: bec noir, yeux bruns, tarses d’un brun noirâtre; estomac renfermant du gravier fin;

Mile tué le 14 janvier 1883 : bec et tarses noirs; iris brun; nom fuégien Tatçigh.

D'autre part, les deux spécimens obtenus à Port- Famine par l’expé- dition de la Ze/ée portent ces indications :

Bec et pattes noirs; yeux noirs.

Ces deux derniers individus sont de teinte plus franchement brune, moins lavés de gris fuligineux que les individus de la Terre de Feu. J'ignore si les Cenclodes nigrofumosus séjournent pendant toute l’année dans cette dernière région; mais, en tous cas, ils paraissent y être com- muns pendant l'été et y vivent dans les mêmes conditions qu’au Chili et au Pérou où, d’après d'Orbigny, ils se rencontrent par couples sur le littoral maritime.

26. CINCLODES FüSCUS.

Alondra parda d’Azara, Apunt., t. IX, p. 1.

Anthus fuscus Vieillot, Encycl. méthod., p. 325.

De Lafresnaye et d'Orbigny, Syn., p. 22, 8.

Uppucerthia vulgaris d'Orbigny, Voy. dans Ares mérid., Zool., Oiseaux, 1839-1844, p. 372, 313, et pl. LVIT, fig.

Opetiorhynchus vulgaris Gray, c2 Darwin, ui « Beagle », Zool., Birds, 1841, p. 67.

Ginclodes vulgaris G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844, t. I, p. 132.

Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland islands, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1860, p. 385, 13.

Cinciodes fuscus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 186, n°6. VNomencl. Ap. neotrop., 1873, p. 62.

R.-B. Sharpe, Zoo!l. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, 16.

Cette espèce est largement distribuée à travers la républiqne de l’'Équateur, la Bolivie (?), le Pérou (?), la République Argentine, la Pata-

B.64 MISSION DU CAP HORN.

gonie, les iles Malouines, et s’avance même, au moins à certaines sai- sons, jusqu'à la Terre de Feu, elle est connue des indigènes sous le nom de Zoularatatçigh (*) ou de Tatçigh (?). De cette dernière région, la Mission française du cap Horn a rapporté six individus, mäles et femelles, de Cinclodes fuscus, tués tous sur les bords de la baïe Orange, les 10 et 17 octobre 1882, 3 décembre 1882, 27 janvier et 13 mars 1883. Ces oiseaux avaient les yeux bruns, le bec et les pattes noirs, et l’es- tomac de l’un d’eux renfermait des débris d'insectes. De son côté, M. Lebrun à envoyé au Muséum cinq individus de la même espece, tués en Patagonie et portant sur leurs étiquettes les renseignements suivants :

Mâle et femelle, tués le 26 décembre 1882 à l'embouchure du rio de los Gallegos;

Mâle et femelle, tués au mois de janvier 1883 à Punta-Arenas : œil brun ;

Mâle, tué au mois de juin 1883 au cap Negro.

Antérieurement, le Muséum d'Histoire naturelle avait déjà reçu, de diverses contrées de l’Amérique du Sud, un grand nombre de Cénclodes Juscus, parmi lesquels je citerai seulement les spécimens suivants :

Mäle et femelle, tués à Talcahuano et rapportés, en 184r, par l’expé- dition de l’Astrolabe et de la Zélée : yeux, bec et pattes bruns;

Deux spécimens, sans indication de sexe, provenant du Chili et donnés par M. Gray en 1843;

Un spécimen du Chili, rapporté par l'expédition de la Bonte (1838 );

Quatre spécimens provenant de Santa et de Buenos Ayres (juil- let 1829) et envoyés par M. d'Orbigny;

Un spécimen de Patagonie (février 1831), envoyé par le même voya- geur.

Enfin, parmi les exemplaires obtenus récemment par les naturalistes anglais, je mentionnerai :

Un spécimen provenant de Sandy Point (mai 1867) et rapporté par le D' Cunningham;

(1) Zoulara, en fuégien, signifie montagne. (2) Ce dernier nom s’applique également à l’espèce précédente.

OISEAUX. B.65

Un mâle tué à Peckett Harbour, le 4 janvier 1879, par le D' Coppin- ger, chirurgien de lAlert;

Un mâle tué à Coquimbo, sur les falaises, au mois de janvier 1879, par le même voyageur;

Un spécimen acquis de M. Fronsacq, en 1864, et provenant peut-être de l’Équateur.

Les spécimens du Musée de Paris offrent, en général, une assez grande uniformité sous le rapport des teintes du plumage; cependant, chez quelques-uns, et notamment chez des spécimens de la République Argentine, on voit déjà les taches fauves des grandes rémiges et des pennes secondaires s’éclaireir et acquérir plus d'importance, en un mot manifester une tendance vers la disposition en large et double bande blanche qui a valu son nom au Cnclodes bifasciatus (Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 448; Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 234, 1874, p. 6798, et Nom. Av. neotr., p.62; L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. II, p. 111, 444). De cette dernière espèce, ou plutôt de cette dernière race, du Cénclodes bifasciatus, le Muséum possède d’ailleurs trois exem- plaires typiques, savoir : un spécimen du Pérou ou de Bolivie, donné par M. Pentland, en 1839; un spécimen de La Paz (Bolivie), envoyé par M. d'Orbigny, en 1834, et un spécimen en très mauvais état tué dans la région des Andes du Pérou, entre Arequipa et Cuzco, par M. de Castelnau, en 1846.

Je n’ai pas sous les yeux de spécimens de l’autre espèce ou race péru- vienne, Cénclodes rivularis (Cabanis, Journ. f. Ornith., 1873, p. 319; L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. Il, p. 112, n°445); maisj'at pu examiner, en revanche, quatre exemplaires de Cenclodes patagonicus [Motacilla patagonica Gmelin, Syst. nat., 1788, t. I, p. 958; Furnarius chilensis Lesson, Zool. du Voyage de la « Coquille », 1.1, p. 677, et Manuel d'Ornith., 1829, t. Il, p. 17; Fournier de Lesson Dumont, Duct. des Sc. nat., et Lesson, Trait. d'Orn., 1831, Atlas, pl. LXXV, fig. r (inexacte); Uppucertha rupestris de Lafresnaye et d’Orbigny, Syn. Ae., p. 21; Cin- clodes patagonicus G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844, t. I, p. 132; Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 62].

Ces spécimens ont été envoyés ou rapportés au Muséum, soit du

Mission du cap Horn, NI. B.9

B.66 : MISSION DU CAP HORN.

Chili par d’Orbigny en 1830 et par M. l'amiral Dupetit-Thouars en 1845, soit de Patagonie (Havre Grey) par M. l'amiral Serres en 1877. Ils portent une livrée généralement un peu plus foncée que le Cn- clodes fuscus et offrent, sur les parties inférieures du corps, des stries blanches assez apparentes; en un mot, ils sont, par rapport aux Cn- clodes fuscus, à peu près dans la même situation que les Cnclodes lanceolatus par rapport aux Cinclodes nigrofumosus : ils représentent une race à plumage plus rembruni, sur le fond duquel les raies et les marques blanches se détachent plus nettement.

La Mission du cap Horn n’a rencontré ni en Patagonie ni à la Terre de Feu aucun Cinclodes qui puisse être rapporté à cette race; mais de vrais Cénclodes patagonicus ont été obtenus, suivant MM. Sclater, Sal- vin et Sharpe (bis, 1868, p. 186, 5; Proceed. zool. Soc. Lond., 1978, p. 433, 12; Voy. of the « Challenger », p. 102, 12; Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, 17), à Sandy Point, au mois de mai 1867, par le D' Cunningham, à Port Otway et dans le Messier Channel, au mois de janvier 1876, par les naturalistes de l'expédition du Challenger. Les oiseaux adultes des deux sexes rapportés par l’expé- dition du Challenger avaient les pattes d’un brun corné et les yeux d’un brun noisette. Dans la même collection se trouvait un jeune Cinclodes patagonicus, pris au mois de janvier à Cold Harbour (Messier Channel) et pouvant à peine voler. Ceci nous prouve péremptoirement que cette espèce ou cette race du C. fuscus se reproduit en Patagonie; mais, en l'absence de renseignements analogues pour la Terre de Feu, je doute encore que le C. patagonicus franchisse en été le détroit de Magellan.

Aux iles Malouines, le genre Cinclodes est représenté non seulement par le vrai Cënclodes fuscus (C. vulgaris Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 385, 13), mais encore par une espèce voisine, Cinclodes antarcuicus (Certhia antarctica Garnot, Ann. des Sc. nat., 1826; Furnarius fuliginosus Lesson, Zool. de la « Coquille », t. 1, p.670 ; Opetio- rhynchus vulgaris G.-R. Gray, ir Darwin, Voy. « Beagle », zool. Birds, p. 67; Cinclodes antarcticus Ph-L. Sclater, Proceed. Zool. Soc. Lond., 1860, p. 385, 14).

Si l’on ajoute aux espèces ci-dessus mentionnées deux espèces du

OISEAUX. B.67 Pérou et de la Bolivie, Cénclodes montanus (Uppucerthia montana d'Or- bigny et de Lafresnaye, Syz., p. 22, 4; d’Orbigny, Voy. Am. mérid., Os 1p 71 Rn00 MEN pl. LVI, fig. 1; Cinclodes montanus L. Tacza- nowski, Orn. du Pérou, &. Il, p. 108, 441) et Cénclodes palhatus (Cillurus palliatus Tschudi, Faun. per., p. 235, et pl. XVI, fig. 2; Cenclodes palliatus L. Taczanowski, Proceed. zool. Soc. Lond., 1874, p. 526, et Ornith. du Perou, t. 11, p. 109, 442), on obtient un total de huit espèces ou races pour le genre Crrclodes. Toutes ces formes appar- tiennent à la portion de l'Amérique méridionale située au sud de l'Équateur et quelques-unes d’entre elles s’avancent jusque sur les iles Malouines et la Terre de Feu. Toutes ont à peu près les mêmes mœurs et le même régime. Ce sont des oiseaux insectivores, se plaisant sur les plages ou dans les endroits rocailleux, courant avec une grande rapidité sur le sol et ne se perchant jamais.

97. UPUCERTHIA DUMETORIA.

Uppucerthia dumetoria Is. Geoffroy et d'Orbigny, Ann. du Mus., p. 393 et 394.

Uppucerthia dumetorum d'Orbigny et de Lafresnaye, Synops. Ao., t. [, p. 20.

J. Gould #2 Darwin, Voy. « Beagle », Zool. Birds, p. 66, et pl. XIX.

Ochetorhynchus dumetorius H. Burmeister, Syst. Verz. der in La Plata- Staaten beob. Vogelarten, Journ. f. Ornith., 1860, p. 249, 90.

Upucerthia dumetoria Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 324.

Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, 7, et Nom. Av. neotr., 1873, p. 62.

H. Hudson, On Patagon. Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 544, 19.

H. Durnford, Votes on some Birds observed in the Chuput Valley, Pata- gonia, Ibis, 1897, p. 35, et Notes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 399.

R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the